Adoption et scolarité

[lamed]

C'est si vrai Princesse des écoles ....et tu le dis si bien ...

[Maïs]

Demain, nous avons une équipe éducative pour ma fille (arrivée à 4 ans 1/2 de Russie , il y a un peu plus d'un an), elle va être maintenue en GS l'année prochaine car elle n'est pas prête encore à rentrer au CP après 1 an et demi de maternelle. Elle a beaucoup progressé en langage mais se trompe encore entre le féminin et le masculin, n'utilise pas encore systématiquement le "je" déforme encore cetains sons (elle va chez l'orthophoniste chaque semaine). Il faut dire qu'elle ne parlait pas en arrivant (même pas le russe en fait ,à part quelques mots) n'avait jamais tenu un crayon, ne savait pas courir...il y avait plein de choses à rattraper, et même si elle a fait plein de progrès (rien d'inquiétant selon le médecin scolaire qui pense qu'elle risque de nous surprendre ) on lui laisse du temps...

Elle a aujourd'hui "un bon niveau" de moyenne section : elle écrit en capitale d'imprimerie et commence à écrire en cursive, reconnait son prénom, quelques mots simples, compte jusqu'à 30, dénombre jusqu'à 10 , fait des puzzles de 50 pièces mais est encore perdue dans le temps (aujourdhui, demain sont des notions difficiles pour elle) et parfois dans l'espace . Dans la classe, ça va mieux, elle monopolise moins les adultes et gère mieux les temps de regroupement (au début, elle ne comprenait pas tout et c'était dur pour elle de rester attentive.) Après une phase de "séduction" les premiers 6 mois (pour qu'on l'aime), elle s'autorise maintenant à être elle même à l'école. Il y a des jours "avec" et des jours "sans" selon ce qu'elle vit à la maison et à l'école,elle est très sensible aux changements. Elle a des copines (sa meilleure amie est adoptée comme elle et elle se sont "reconnues" tout de suite) et vit tout à 100% .

[lamed]

Maïs : ton témoignage est superbe et me va droit au coeur ! Mes enfants viennent de Roumanie , leur vécu ressemble sans doute à celui de ta puce !Ces orphelinats de l'Est sont affreux .

Ton témoignage est aussi encourageant pour tous , enseignants et parents de ces enfants .Oui , tu as raison , il faut leur laisser le temps de s'adapter à leur nouvelle vie .

Merci pour ce témoignage si beau !

Lamed

Ps : je me permets Maïs de te conseiller de bien suivre le développement de ta puce pour tout ce qui concerne le raisonnement mathématiques .Perso , je n'y ai guère fait attention et quand mon fils est rentré au collège , nous avons découvert qu'il avait de grandes lacunes dans ce domaine ( il classait avec 1 seul critère par exemple ..).Il est suivi depuis par une orthophoniste spécialisée en rééducation logico-mathématiques et il a fait de gros progrès .D'après cette orthophoniste , c'est un problème récurrent pour nos enfants ...qui arrivent à adopter des stratégies (inutilisables au collège) car ils veulent tellement nous plaire ...J'espère ne pas te froisser en te disant cela : ce n'est vraiment pas mon but .

[Maïs]

non t'inquiête pas Lamed tu ne me froisses pas, merci !

[Invité]

Je fais remonter ce post car le sujet m'intéresse toujours. L'idée d'écrire un article sur ce sujet me taraude de plus en plus. Si vous avez des témoignages à apporter notamment en tant qu'enseignant, je reste preneuse.

[elfebleue]

Bonsoir, je te remercie de faire remonter ce post que je découvre donc et que je vais suivre avec plaisir.

J'ai eu lorsque j'étais en centre médicalisé, trois élèves adoptés , 2 élèves venant de Roumanie , les deux avaient la même pathologie à degré différents, bref...

Malgré leur handicap , ils avaient des souvenirs plus ou moins prononcés des orphelinats en Roumanie...

Un d'eux ne supportait pas la musique classique et entrait en une sorte de transe lorsque par malheur un morceau s'échappait du poste radio..

Il avait grand mal à se situer par rapport aux autres et avait constamment peur de l'abandon, je ne pouvais pas sortir de la classe même une minute sans l'avoir préparé au moins dix minutes...

L'autre adopté plus petit avait semble-t-il moins de stress mais supportait difficilement le contact alors que l'autre était plus tactile.

Le troisième élève (dans la même classe) a été adopté à l'âge de 8 ans, en France, il a mal vécu son retrait de la famille d'accueil pour vivre avec la famille adoptante. Avec les années, il le vivait mieux mais évitait de parler du sujet et il a longuement appelé ses parents par leur prénom, le papa et maman sont venus plus tard.

Il s'est longtemps senti doublement différent (son handicap et l'adoption) , il est toutefois resté très discret, parlait doucement et timidement, par contre il se payait de bons fous rires et allait mieux d'année en année.

Voilà, je ne sais pas si ce témoignage peut t’intéresser mais il est donné

Je précise que je parle au passé car je ne suis plus dans ce centre et n'ai pas de nouvelles récentes de ces trois élèves dont deux avec qui j'ai passé 7 ans.

Nous avions également travaillé autour de l'adoption (je n'ai plus souvenir des livres lus et étudiés à cette époque)

Les débats avaient été très riches .

[blabliblo]

Pour cian, il faut savoir que souvent les enfants adoptés ont des phases de "régression". Quelque part, on ne leur a pas laissé le droit d'être un bébé comme les autres : on me nourrit, on me câline, on me console ... Du coup, plus grand, une fois qu'ils peuvent avoir tout cela, les enfants ont "besoin" de régresser pour connaître tout cela. Ceci pouvant peut-être expliquer cela. Pour aborder le thème de l'adoption en classe, les albums que j'ai cités peuvent être une bonne entrée en matière. Il en existe pour les plus grands. Je vais rechercher.

Je vous mets ici une pyramide que vous connaissez déjà :

Imaginez que ces enfants à un moment (plus ou moins long mais même les enfants adoptés très jeunes comme mon fils sont affectés) ont été privés de ces besoins vitaux - ceux du bas de la pyramide. Or, pour entrer dans les apprentissages, il faut se trouver au sommet de celle-ci. Tout est à reconstruire pour des loulous adoptés ou pour tous les loulous qui ont un vécu difficile (enfants en famille d'accueil). La place de l'école là-dedans ??? Pas évident en effet mais nous pouvons travailler sur l'aspect "sécurité / appartenance et estime de soi". Un autre défi à relever parmi tant d'autres mais quand je lis vos témoignages, c'est le coeur empli d'espoir que je vois l'avenir pour ces enfants !

Bonjour, je fais remonter le post...

Je suis la maman d'un petit garçon que l'on est allé chercher en Éthiopie à 3ans et deux mois. Il a aujourd'hui 5 ans et demi. Il est génial, il aime la vie, il est curieux tout plein, il pose beaucoup de questions, il est très bougeon. Il rentrera en CP en septembre. Il n'a aucun retard par rapport aux enfant de sa tranche d'age... c'est fou comme il a appris à parler le français rapidement. Il commence même à lire pas mal de choses, ce passage en CP il l'attend depuis un au moins janvier.

Il est arrivé fin février et nous ne l'avons mis à l'école qu'en septembre et directement en MS (sa classe d'age). Entre février et septembre il est resté à la maison où nous avons tout fait pour qu'il y trouve ses repères, qu'il se sente chez lui et qu'il nous accepte comme parents. En bref, on a pris le temps de s'adopter mutuellement. Car si on adopte un enfant, ce-dernier doit aussi nous adopter et c'est lui qui a le plus d'effort à fournir. Tous ces repères changent, et encore plus quand il vient d'un autre pays : couleur de peau (lui et les personnes qui l'entourent), langue différente, nourriture différente, bruits et odeurs différentes, coutumes différentes, rapport à l'autre différents, ... Nous, nous étions chez nous... Ces nombreux mois pour s'adopter lui ont permis de devenir un enfant "sécurisé". Quand nous avons senti qu'il pouvait aller découvrir les autres alors on a commencé tout doux : mai - juin il est allé quelques matinées en halte-garderie, c'était l'un des plus grand... il a joué, parlé, découvert même les jeux de bébés. Il se retrouvait de nouveau avec d'autres enfants même si ils étaient plus petits que lui. Ensuite en juillet et aout, il est allé une dizaine de jours (à la journée, donc avec cantine) au centre de loisirs avec sa classe d'age... là, il se retrouvait etre l'un des plus jeunes. La cantine est celle de l'école. Quand en septembre il est entré en MS (dans une classe de PS - MS), il a retrouvé des copains de la halte-garderie (coté PS) et des copains du centre de loisirs (coté GS). Il a tout de suite été à l'école le matin et l'après-midi (sans sieste, il n'en faisait plus) mais sans la cantine. Puis après la Toussaint (je reprenais à mi-temps, je suis PE moi aussi), nous l'avons mis à la cantine 2 fois par semaine (cantine qu'il connaissait déjà). L'adaptation s'est très bien faite et aujourd'hui c'est un petit garçon qui est heureux à la maison, à l'école et au centre de loisirs. Bien sur, il y a encore des pipis au lit, il a besoin qu'on le lave de temps en temps, qu'on lui lave les dents, qu'on l'habille, qu'on le berce, ... mais il a tellement manqué de toute cette affection dans ces trois premières années de vie que cela ne nous dérange pas. Il en a besoin.

Prendre le temps de faire cette adaptation est essentiel pour ces enfants, pensez à tout ce qu'ils doivent faire comme effort pour cela.

Aujourd'hui, nous attendons une attribution d'un enfant qui viendra d'Haiti. Nous prendrons aussi le temps de l'accueillir afin que lui aussi trouve et prenne sa place et se sente bien à l'école aussi.

Prendre le temps...