aurelie1209 Posté(e) 6 avril 2012 Posté(e) 6 avril 2012 Bonsoir à tous, Je viens à vous car ayant parlé déjà avec mes proches, je ne me sens pas entièrement comprise. Je sais que les personnes travaillant comme moi en ASH pourront comprendre ce que je ressens et seront peut être déjà même passées par là. Je m'explique. J'ai posté un message d'appel au secours en début d'année car j'avais dans ma classe un élève très très difficile. Vos messages à l'époque m'avaient bien soutenue. Cet élève était violent avec ses pairs, avec moi (m'avait poussée dans le radiateur une fois), était incapable de suivre, montait sur les tables, rampait, faisait des bruits, voulait mon attention en permanence, se sauvait etc. J'ai vécu l'enfer jusqu'aux vacances de février. Réunions avec la MECS (l'enfant est en foyer), un éduc venait les après midi pour le gérer, réunions avec l'inspecteur, avec le père, ESS au mois de novembre. Tests psy réalisés et finalement demande d'orientation en IME accordée par la MDPH. Soulagement.... des parents des élèves de ma classe, de moi même et toute mon équipe (nous ne savions plus quoi faire...) Je précise que malgré tout cela, j'ai toujours maintenu un bon contact avec l'enfant, je revenais avec lui sur toutes les crises (bien que j'étais à deux doigts de la dépression je ne voulais pas lâcher), nous rigolions parfois, il y avait des mots gentils, des "bons" moments. Depuis les vacances de février et ceci, sans que je l'explique, les crises ont cessé. Il n'entre toujours pas correctement dans les apprentissages, continue parfois de ramper sur sa table, se lève, se promène. Il est encore plus "collé " à moi, me raconte sa vie, me rend des services. Bref il est agréable. Je précise qu'il sait qu'il part depuis seulement deux semaines. Donc voilà, après les vacances, il revient deux jours dans ma classe et part en IME. Il a visité, ça a l'air de lui plaire, mais il dit tout de même qu'il n'a pas envie de partir. Donc voilà mon sentiment... J'espère que vous me comprendrez. J'ai beau savoir que cette orientation est la bonne décision, que cet enfant n'est pas fait pour être en CLIS, que l' IME sera beaucoup mieux pour lui ne serait que pour toute l'équipe qu'il comporte... Je ne peux m'empêcher de culpabiliser. J'ai l'impression d'abandonner cet élève, que dans un sens, peut être que c'est la transition qui était si difficile et que peut etre au fil des mois, j'avais fini par un peu le "dompter " (sourires) ... Et maintenant, que peut etre cela pourrait éventuellement fonctionner, il s'en va. C'est ridicule car je sais qu'il sera tout à fait bien en IME. Mais je pense que la relation a été si violente, si entière avec cet enfant qu'il doit y avoir un moment où la relation enseignant/élève a été dépassée. Et je vis assez mal le fait qu'il parte, même s'il y a tout de même un soulagement... Il faisait quand même parti de ma classe, de ma ptite bande de zozos et le fait qu'il va laisser sa chaise vide ma marque. Voilà, si c'est déjà arrivé a quelqu'un j'aimerais avoir vos témoignages, cela me ferait du bien. Merci à vous tous.
petitelaura Posté(e) 6 avril 2012 Posté(e) 6 avril 2012 je vis exactement la même choses meme s'il a l'air mons difficile le mien..... de moment d'acalmie qui m'ont fait regretter l'orientation.... puis de nouveau une période difficile des menaces de mort (il va prendre la carabine de son oncle pour me tuer).... bref personne n'est bien la, veille des vacances, il est dans sa période "je men veux excuse moi"..... j'ai pris mon parti de me dire que je ne eux plus rie pour lui meme si on a fait beaucoup dee chose ensemble.... des bon, des mauvais moments mais il est venu le temps pour moi comme pour ui de tourner la page.... on les abandonne pas, on passe le flambeau simplement
aurelie1209 Posté(e) 6 avril 2012 Auteur Posté(e) 6 avril 2012 j'aime ta phrase "passer le flambeau". Que c'est joli, merci ! Je pense que tout comme toi, il y aurait des retours à ce qu'il y a déjà eu.
Tampopo Posté(e) 7 avril 2012 Posté(e) 7 avril 2012 Chez moi deux élèves dans des cas similaires. Je crois qu'il faut penser qu'on a du terriblement s'adapter pour avoir des moments de calme et que pour les autres élèves c'est pas agréable non plus. Meme les accalmies sont soumises à la tension du risque de retour de la crise... Ces élèves pourront très bien s'épanouir en ime, ce n'est pas comme si on les condamnait, ils pourront y évoluer aussi bien qu'en clis si ca se trouve, mais avec un environnement qui pourra plus facilement s'adapter en cas de retour des crises. C'est ce que je me dis....
Flb Posté(e) 7 avril 2012 Posté(e) 7 avril 2012 Je suis dans la position inverse. Un élève orienté (erreur?) en SEGPA que je prends depuis deux semaines pour évaluer ses besoins et lui proposer autre chose. Il est très violent, pénible en permanence, dénigre l'ULIS et bien sur les élèves, refuse tout, fuite +++. Et puis est capable de phase d'adoption (courte et rares), alors il ne quitte plus la classe à la récré, me parle de sa maman (mourante), de ses musiques .... pour de nouveau insulter, provoquer et être hyper opposant ... Les deux PE de Segpa qui l'ont depuis le début de l'année, ont fait leur maximum, savent à quel point ce qu'il vit personnellement est difficile, sont persuadés qu'il y a eu erreur d'orientation, que sa place est en ULIS ... se culpabilisent et ont besoin que je confirme le besoin de l'élève. Je comprends. Nous sommes dans le même collège, ça facilite les liens. Mais ça reste dur et dans le contexte familial la crainte d'abandon est en filigramme. Mais je suis aujourd'hui persuadée qu'ils ont raison. C'est un jeune déficient, vraiment, en décrochage complet, qui a besoin de temps individuel et d'accompagnement plus soutenu. C'est aussi un ado perdu et envahit de pulsions. C'est dur pour moi, il me teste, mais je sais que c'est sa place et le soutien des enseignants de la segpa m'aide aussi et les déculpabilise. Peut être peux tu proposer de travailler en lien quelques temps. Courage, tu as fait beaucoup pour lui. Accepté et compris. Il a eu sa place auprès de toi pour trouver son orientation à venir. Sans le passage chez toi, il n'aurait peut être pas eu la chance d'être à la bonne place pour une aide la plus adaptée. Nous sommes des passerelles dans la vie de ces enfants pour qu'ils atteignent leur place dans la société. C'est ça aussi grandir. C'est vrai que passer le flambeau est une jolie expression et j'aime l'idée d'accompagnement, de transmission de ce que tu as compris de lui pour que son chemin reste éclairé.
aurelie1209 Posté(e) 7 avril 2012 Auteur Posté(e) 7 avril 2012 Merci beaucoup pour vos mots qui me font énormément de bien... Je comprends que j'ai fait ce qu'il fallait faire. J'aime l'idée qu'il a eu sa place auprès de moi pour trouver ce qui était le mieux pour lui à venir. Merci beaucoup à tous. Sincèrement.
cal Posté(e) 7 avril 2012 Posté(e) 7 avril 2012 Tout cela est si bien dit ... Juste envie d'ajouter que lui comme toi avez eu à vous séparer. C'est toujours une épreuve, qui pour l'adulte peut prendre la voie d'un sentiment de culpabilité. Mais vous avez noué votre relation au travers de cette épreuve. Tu l'as accompagné à partir pour poursuivre son chemin, tu as passé le relai depuis ta place et ta condition d'humain (en tant que toi aussi prise dans cette question de la séparation). C'est bien quand on quitte que l'on mesure ce que l'on perd, et que perdre c'est grandir. Il part riche aussi de tout cela.
cressie Posté(e) 8 avril 2012 Posté(e) 8 avril 2012 Bonsoir, Ne culpabilisez pas, rejouissez vous plutot de l'avoir poussé au mur et declenché chez cet enfant des tilts de progres. Certains enfants dont le mien ( meme grand maintenant) surmontent leurs reticences ou difficultés que lorsqu'ils sentent une forte conviction ou un lacher prise. Sa chance, sera de surprendre encore et encore, meme en IME car tel sera son fonctionnement le temps qu'il arrive à capter la logique temps, l'espace... et la gestion de la fatigue ( faite par l'adulte accompagnant). Vous lui avez permis de comprendre qu'il peut avancer, c'est hyper important pour lui. Il n'y a pas d'abandon, il y a relais pour lui permettre d'aller à son rythme sans la surchage des peurs ou autres turpitudes qui lui traversent l'esprit. Cet enfant vous a ouvert des connaissances sur vous meme, vos capacites à apprehender la difference meme qd on est impuissant. C'est le sentiment le plus dur à gerer l'impuissance mais les progres sont le moteur de votre metier et de votre sensibilité Je vous souhaite bonne continuation. Vous aurez cet enfant à l'esprit par moment, et ce sera une garantie pour ts les autres à venir d'avoir une ecoute, une observation, de la patience, et une belle part d'estime envers eux.
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