coriandre69 Posté(e) 11 juin 2012 Posté(e) 11 juin 2012 Bonjour, Je viens de découvrir (avec effroi) que dans l'école de mon village, les enfants de CE2 (voire d'autres, je ne sais pas si c'est toute l'équipe qui fait ça) classait les élèves. Oralement, les évaluations sont rendues classées, les enfants sont appelés dans l'ordre (du meilleur au moins bon, ou le contraire), et en fin de trimestre ils ont un classement général. Pour moi ce système est totalement contre-productif, ce n'est pas motiver les élèves que de leur dire qu'ils sont 20è sur 24. Bien au contraire, c'est plomber les plus mauvais, sans leur laisser de chance. Même s'ils s'améliorent, ils ne passeront pas devant les premiers, donc ne verront pas leurs progrès, ou alors au dépends des autres : passer de 20è à 16è veut dire qu'un autre aura reculé En fait je trouve cela épouvantable, je me demande d'une part ce que vous en pensez, d'autre part si c'est autorisé de faire cela. J'ai déjà du mal à noter mes élèves, alors faire cela, c'est très très loin! Merci d'avance pour votre participation!
chableu Posté(e) 11 juin 2012 Posté(e) 11 juin 2012 je trouve cela très préjudiciable aux élèves mêmes aux "meilleurs".Ce n'est pas de l'émulation mais de la compétition.Qu'en pensent les parents?
Goëllette Posté(e) 11 juin 2012 Posté(e) 11 juin 2012 Tu es tellement orientée dans ta position qu'il me semble difficile de dire le contraire ... Je ne pense pas qu'il soit interdit de classer les élèves. Pour moi, comme pour la notation, tout dépend de la façon dont c'est présenté aux élèves. (Émulation, compétition, où se situe la frontière ? Pour qu'il y ait compétition, il faudrait qu'il y ait récompense.) Je ne note pas au cycle 2, sauf les évaluations (% de réussite). Par contre, au cycle 3, il me semble difficile de ne pas noter les dictées et le calcul mental. Donc qui dit notes, dit moyennes, et même si officiellement, les élèves ne sont pas classés, il ne faut pas les prendre pour des bêta, ils compareront leurs moyennes. Mes élèves de CP se comptaient bien (à mon insu et sans demande des parents) leurs appréciations en mettant des points : 2 pour un tb, 1 pour un b ! Pourtant, je mets toujours l'accent sur l'importance des commentaires et suis bien plus stricte avec les bons élèves qu'avec les plus fragiles car je déteste le manque de perfection actuel qui fait que, même dans de bonnes classes, on arrive de plus en plus difficilement à avoir un ou deux élèves ayant réussi du premier coup une fiche complète ... Si on doit passer par la notation voire le classement pour y arriver, j'estime que c'est pour le bien des élèves. Un classement serait traumatisant si cela entraînait des conséquences en classe comme dans les années 50 : placement en classe ou droits supplémentaires sans rapport avec le travail. Sinon, c'est un élément parmi d'autres pour se situer, et les élèves comme les parents ont besoin de repères pour se motiver à travailler ou à faire travailler. L'absence de repères, le manque d'ambition ont entraîné une chute vertigineuse du niveau des élèves. Je ne crois pas aux bénéfices des pustules rouge-vert-orange pour encourager les élèves à travailler parfaitement.
GRINCHEUZ Posté(e) 11 juin 2012 Posté(e) 11 juin 2012 Honnêtement, j'ai vécu ça en terminale avec ma prof de maths qui rendait les copies de la meilleure à la moins bonne...en j'en reste "traumatisée" !! J'étais nulle en maths et j'entendais les notes qui descendaient, descendaient ...Au final, j'ai fini par ne plus rien faire en classe et à juste attendre la dernière copie !! Et j'avais 17 ans alors j'imagine le stress pour ces petits de CE2 qui voient leurs noms en dernier !!! Après effectivement, les enfants comparent mais as-t-on besoin d'afficher clairement un classement ?? Moi, j'avais des bonnes notes en primaire, je savais que j'étais dans les premières mais je ne savais pas si j'étais 1ère, 2ème ou 5ème et c'est très bien comme ça ! Je suis d'accord qu'il est bon que les élèves se situent à peu près dans la classe mais de la à faire un classement effectif ...
Gribouillette Posté(e) 11 juin 2012 Posté(e) 11 juin 2012 En CE2, ma maitresse nous classait aussi, je me rappelle d'ailleurs n'avoir été "que" 6ème au 2ème trimestre de mon CE2 et ça m'avait reboosté pour le 3ème trimestre. Le classement était juste écrit sur le bulletin, ça ne choquait personne, et ça ne m'a pas traumatisée, même si je n'adhère pas à l'idée. Par contre, au collège, j'avais un prof qui, en plus de nous classer, appelait les élèves 1 à 1 au bureau, devant toute la classe pour commenter nos copie et "casser" certains élèves en les tournant en ridicule. Toute l'heure était consacrée à ça. Ça, ça m'a traumatisée, et pourtant j'étais bonne élève, mais étourdie, ce qui m'a valu quelques remarques. Ça me faisait surtout mal pour les autres qui eux se faisaient littéralement "descendre" devant tout le monde. Donc je pense que, plus que le classement en lui-même, c'est la manière de le présenter qui peut être très nocive.
chableu Posté(e) 11 juin 2012 Posté(e) 11 juin 2012 on peut aussi les situer autrement que les uns par rapport aux autres individuellement...une moyenne de classe? et il est différent que les élèves se classent ou que le PE les classe... Il y a des options intéressantes chez Albert Jacquart (j'ai oublié le titre de l'ouvrage)
Goëllette Posté(e) 11 juin 2012 Posté(e) 11 juin 2012 C'est bien ce que j'écris : tout dépend de la façon dont on présente les choses ... Ce qui n'est pas admissible de nos jours, c'est que dans une bonne classe, pour une dictée de 10 lignes au présent, il n'y a aucun 0 erreur et plus de la moitié de la classe ayant plus de 20 erreurs ... C'est pourtant très courant maintenant, et très regrettable. Un peu de sévérité, la note y aidant, permettrait davantage d'efforts.
GoussZIL Posté(e) 11 juin 2012 Posté(e) 11 juin 2012 Pour ma part, j'en établis de temps en temps (en calcul mental, en résolution de problème, en EPS, en dictée,...) Les "derniers" bénéficient les séances suivantes de toute mon attention : indices supplémentaires, encouragements, aide, valorisation des éléments trouvés, etc. Et bien souvent, quelques séances après, ils remontent. Cela leur fait prendre nettement conscience, de manière quantifiable et irréfutable qu'eux aussi, ils sont capables de progresser. La remotivation peut aussi passer par là. Ensuite, je le pratique de temps en temps en travail de groupe. Les premiers peuvent ainsi se retrouver derniers, et inversement. Ca peut permettre de détendre les élèves du haut du tableau. En effet, vous parlez beaucoup de l'effet négatif sur les derniers, mais quid des premiers, qui subissent eux aussi un effet pervers, celui de la première place à tout prix, et du désarroi éprouvé par ceux-ci sitôt qu'ils chutent ? Je crois que chacun peut retirer quelque chose d'un classement, s'il n'est pas systématique, ni diabolisé, et s'il est accompagné de paroles rassurantes de l'enseignant, et d'un retour de l'élève sur ses progrès et sur les causes de sa réussite ou de son échec. Le classement est un support comme un autre pour aider les élèves à relativiser, pour leur apprendre qu'on a le droit à l'erreur, mais qu'on peut toujours essayer de s'améliorer. Un autre support est la note, un autre encore la mesure d'une performance sportive, un autre enfin le pourcentage de réussite.
titane77 Posté(e) 11 juin 2012 Posté(e) 11 juin 2012 Comme Gribouillette, au primaire on nous classait. j'étais parmi les quatres premières et quand j'étais quatrième ça me reboostait, et quelle joie d'être première! Après c'est sur qu'à l'époque je ne me posais pas la question concernant les moins bons élèves...mais je comprends ce que veut dire goellette, car même mes bons ou très bons élèves se contentent souvent du minimum et pourtant il y a une sorte de compétition entre eux (mais flou puisque je ne tranche pas!), et finalement mettre des ECA/NA... remettre les copies aux élèves qui comparent, ils ne sont pas dupes.Et pui il y aussi les élèves qui se mettent en difficulté tout seul (aucun travail, oubli systématique de la leçon à apprendre, font les exos en 5mn chrono...eux peut être que ça les boosterait??? En tout cas c'est une vraie question.
Sybilline Posté(e) 11 juin 2012 Posté(e) 11 juin 2012 En lisant votre discussion, je ne peux m'empêcher de partager ce résumé d'un livre sur la motivation : En psychologie cognitive, on distingue deux types de motivation : la motivation intrinsèque qui est l’attrait pour l’activité elle-même, et la motivation extrinsèque régie par le renforcement (argent, prix). Quand il n’y a pas de motivation, on parle d’amotivation. Les études autour de la motivation, relatées par Alain LIEURY et Fabien FENOUILLET dans Motivation et réussite scolaire (1997), amènent plusieurs conclusions : - La résignation apprise apparait quand l’élève ne perçoit plus l’utilité de son action, quand la demande ou la surcharge est excessive. L’élève devient alors passif, état qui peut s’installer et durer. - La motivation intrinsèque est la résultante de deux sentiments : la compétence perçue et l’auto-détermination ; elle est diminuée par la contrainte extérieure, ainsi que par un style d’enseignement contrôlant. - Les « acteurs » réussissent mieux que les « spectateurs » : agir favorise les apprentissages. - Créer des situations d’implication par rapport à la tâche est un objectif pédagogique intéressant, en ce sens qu’il valorise les efforts et l’apprentissage (p.87), à condition que cela se fasse sans compétition sociale ni évaluation. - Un but d’apprentissage favorise une attitude positive, et un but raisonnablement difficile et spécifique améliore la performance par rapport à un but vague (p.106). - La motivation agit peu sur la mémoire à court terme, mais agit sur les niveaux élevés de la mémoire, notamment sur la mémoire sémantique. Ces études montrent donc que la motivation joue un rôle, positif ou négatif, dans les apprentissages. En particulier, les situations où l’élève s’implique dans la tâche et agit (augmentant ainsi sa motivation intrinsèque) favorisent les apprentissages, sous certaines conditions : sans compétition, sans évaluation, but raisonnablement difficile et clairement explicité. Personnellement, j'évalue les compétences sans classement, chaque élève en regard de ce qu'il sait ou ne sait pas faire. Les échecs sont discutés, les erreurs explicitées, et la recherche de solution en vue d'améliorer les résultats se fait avec l'élève. Pour moi un classement au sein d'une classe n'a pas de sens, un bon élève une année ne serait que moyen dans une autre classe, avoir enseigné dans différents milieux m'aura appris cela. Et puis n'oublions pas que nous sommes en général d'anciens bons élèves, la compétition nous a rarement fait mal quand nous étions enfants...
patounette Posté(e) 11 juin 2012 Posté(e) 11 juin 2012 Honnêtement, j'ai vécu ça en terminale avec ma prof de maths qui rendait les copies de la meilleure à la moins bonne...en j'en reste "traumatisée" !! J'étais nulle en maths et j'entendais les notes qui descendaient, descendaient ...Au final, j'ai fini par ne plus rien faire en classe et à juste attendre la dernière copie !! Et j'avais 17 ans alors j'imagine le stress pour ces petits de CE2 qui voient leurs noms en dernier !!! Après effectivement, les enfants comparent mais as-t-on besoin d'afficher clairement un classement ?? Moi, j'avais des bonnes notes en primaire, je savais que j'étais dans les premières mais je ne savais pas si j'étais 1ère, 2ème ou 5ème et c'est très bien comme ça ! Je suis d'accord qu'il est bon que les élèves se situent à peu près dans la classe mais de la à faire un classement effectif ... idem en maths c'était horribleeeeee
limal Posté(e) 12 juin 2012 Posté(e) 12 juin 2012 Tout dépend la façon de présenter les choses. De tout façon, les élèves se comparent entre eux. Pour ma part, je trouve que le système de notation avec des lettres (type A,B,C,D ou Aquis, En Cous d'Acquisition, Non Acquis) ne reflète pas vraiment le niveau des élèves. Un élève peut avoir ECA avec 80% de bonnes réponses ou avec 50%. Pour moi, ce n'est pas du tout la même chose ! Ma fille a ce genre de notation et elle ne voit pas du tout la différence. Pour elle, ECA est une bonne note même si elle n'a qu'à peine 50% de bonnes réponses. Je trouve qu'avoir une note de 5/10 "parle" plus à tout le monde, parents comme enfants. Mais ce n'est que mon humble avis...
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