dépression et crises d'angoisse - je ne veux pas reprendre en sept

[Doko]

Bonjour, je suis nouveau sur le forum. Je suis PE depuis 10 ans, actuellement à titre définitif dans un RPI, et j'écris pour avoir vos témoignages car je traverse actuellement un épisode dépressif depuis le premier temps du mouvement (fin mai), qui fait que je ne dors plus depuis cette époque et que je me sens totalement dans l'incapacité d'assumer la classe de CM2 qui m'attend à la rentrée, et que j'ai des crises d'angoisse phénoménales qui m'empêchent jusqu'à de profiter de mes vacances d'été. Je n'ai pas encore vu de médecin mais je suis sur le point de sauter le pas car je ne peux plus continuer ainsi : pensées suicidaires, pleurs quotidiens, impossible de dormir à l’idée de prendre ma classe dans maintenant 28 jours (eh oui, je compte !).

Je m'explique (ça va être un peu long !). J'ai été ZIL pendant 7 ans au début de ma carrière, ce qui m'a permis de me confronter à tous les niveaux et de découvrir ce que j'aimais ou non. J'ai ainsi pris conscience que j'adorais les petits (maternelle, cycle 2) et que j'avais un gros problème avec les plus grands, en terme d'autorité (j'ai souvent des problèmes de discipline, du mal à me faire obéir et respecter). Au bout de 6 ans de ZIL, un évènement douloureux dans ma carrière m'a donné envie d'arrêter les remplacements et de demander un poste à l'année, en maternelle ou cycle 1 (j’en parlerai plus tard). J’ai alors obtenu une ouverture de classe dans un RPI de 7 classes. Quand j’ai postulé sur ce poste, on m’avait annoncé que c’était pour des GS-CP. Seulement voilà, le RPI venait d’être totalement réorganisé suite à l’ouverture, et les niveaux avaient changé de place. Si bien que j’étais nommé sur le village où se trouvait le CM1-CM2, alors que la collègue qui voulait ce niveau (c’était l’ancienne directrice), se retrouvait malgré elle obligée de prendre les GS-CP. Ce que nous ne voulions ni l’un ni l’autre. Notre IEN étant plutôt arrangeant, nous avons réussi à obtenir un ordre de mission valable un an, nous permettant de permuter nos postes pour l’année.

L’année suivante (l’année dernière, donc), la directrice ayant eu des soucis avec la direction et des parents, elle a souhaité quitter l’école. Nous devions normalement participer au mouvement pour régulariser notre situation, et je me suis alors retrouvé coincé sur le CM2 contre mon gré. Ce fut difficile ; bien qu’ayant une très bonne classe, j’ai eu un très gros cas à gérer, un garçon d’une extrême insolence et violence verbale qui passait tout son temps à me provoquer, me répondre, etc. Je savais déjà que je n’avais aucune affinité avec le CM2, ce fut une cinglante confirmation.

Dans le même temps, étant habilité en anglais, je me suis retrouvé à décloisonner en CM1. Et là, catastrophe : je ne les avais qu’une heure par semaine, et en quelques semaines, j’ai totalement perdu la classe en terme d’autorité : insolence, désinvolture, moqueries permanentes, refus de travailler…sur 30 élèves (31 à la rentrée !), une grosse dizaine de garçons et 2 ou 3 filles me posaient problème, et un effet de groupe s’est créé, les enfants semblant considérer que la séance d’anglais était un défouloir où ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient. Malgré tous mes efforts (punitions à répétition), je n’ai jamais réussi à redresser cette situation. Je n’avais qu’une seule idée en tête : participer au mouvement pour fuir cette classe au plus vite.

Seulement voilà : j’ai eu beau faire 30 vœux, mettre des regroupements de communes, etc, avec mes 10 années d’ancienneté, je n’ai eu aucun de mes vœux, même pas le 30^ème !! Le ciel s’est effondré autour de moi ce jour-là, car cela voulait dire que j’étais condamné à prendre ce CM2 dont je ne voulais pas à la rentrée.

Depuis, je suis dans un état de pire en pire, la déprime s’est transformée en dépression, je passe tout mon été à pleurer sans pouvoir dormir, je suis parti en Bretagne 3 semaines sans jamais réussir à me détendre un journée, le pire c’est que pour l’instant je cache cet état à mes proches ; ma copine (qui est instit aussi, en CP), commence à le voir et ce n’est plus tenable. Il est clair que je suis totalement incapable de reprendre cette classe à la rentrée ; dès que j’ouvre mon cahier journal ou que j’entends parler d’école, je me mets à pleurer. J’ai déjà eu des moments difficiles en remplacement par le passé, mais jamais à ce point. J’ai déjà vu un psy en début de carrière pour m’aider, mais là je suis dans une impasse totale. Je suis si mal que je ne peux plus me concentrer sur aucune tache, participer à une conversation et écouter les autres, tout ce qui me procurait du plaisir (lecture, voyages, sport…) ne m’en procure plus aucun. J’ai des idées morbides, suicidaires, et j’ai même essayé de me mutiler la jambe dans l’espoir de me fracturer un tibia ou de me déchirer les ligaments, juste pour trouver un moyen de ne pas aller travailler !! En vain jusqu’ici car la douleur m’a empêché d’aller trop loin pour l’instant. Et tout ça bien sûr en cachette : ma copine et ma famille ne sont pas au courant !

J’ai envie de me soigner et de voir un psy, et j’ai besoin urgent qu’il me mette en arrêt de travail dès la prérentrée, mais j’ai peur qu’il refuse, idem pour mon médecin traitant. Je n’ai jamais demandé un arrêt de travail de ma vie et j’entends de plus en plus dire que les médecins en prescrivent de moins en moins. Je culpabilise énormément d’être dans cet état, et peur de faire du mal à mes proches, qui commencent à le ressentir.

C’est pour cette raison que je prends mon clavier dès le 6 août, en espérant lire vos témoignages et conseils. Désolé de gâcher vos vacances d’été avec mes ennuis, mais l’anonymat de ce forum devrait pouvoir un peu m’aider !

Modifié 6 août 2012 par Doko

[ayla]

Heu là si tu en es au point de te faire physiquement du mal ta détresse est immense, tu n'es absolument pas en état de reprendre, il faut vite aller voir ton médecin et un spécialiste, pour dans un 1er temps te sortir de cette dépression! Et ensuite tu devrais pouvoir exposer ton cas à l'IA pour un "abandon" de ton TD et récupérer un autre poste. Courage!!

[Timis]

Je pense qu'il ne faut pas que tu attendes pour aller voir un psy.

Au pire du pire (et sincèrement je ne pense pas que ça sera le cas) il te refuse l'arrêt. Mais dans tous les cas tu pourras en parler.

Tu ne risques rien à tenter, et sincèrement je ne vois pas comment un médecin pourrait te dire : vous êtes dépressif et très angoissé, mais non allez à l'école comme si de rien n'était.

Je ne suis pas médecin donc je ne peux pas t'assurer de leur réponse, mais il me paraît vraiment logique de t'arrêter.

Après, si tu reprends cette classe à la rentrée ou en cours d'année, tu n'as pas moyen de t'arranger avec tes nouveaux collègues pour changer de classe cette année ? Par ce que ton / ta collègue de CM1 a bien du se rendre compte que ça ne collait pas du tout avec sa classe, donc tu peux peut être justifier que vraiment cette année ce n'est pas possible. Et puis si c'est impossible, être l'intervenant(e) une heure par semaine n'a rien à voir avec les avoir à temps complet.

Autre chose, je pense qu'il faut vraiment que tu en parles à ta copine et à ta famille. Tu ne peux pas rester seul(e) face à cette situation.

[yoanso]

Bonjour,

Il ne faut pas culpabiliser et surtout il ne faut pas que tu restes seul. Selon moi, il faut que tu en parles à tes proches et que tu ailles voir un médecin dans un premier temps. D'après ce que tu dis, tu es vraiment mal donc le médecin le verra et fera ce qu'il faut! Ensuite, il faudrait peut-être que tu réfléchisses si c'est ce métier que tu désires vraiment faire car être stressé toutes l'année ce n'est pas une vie. J'ai une amie qui s'est mise en dispo et à essayer de faire autre chose et ça lui a changé la vie. Après si tu penses que c'est vraiment le métier que tu aimes, il y a des possibilités de voir un médecin du travail pour parler de ta situation qui pourra t'aider dans des démarches pour changer d'école.

Bon courage,

Anso

[mra]

Ecoute, là franchement, avant même de parler d'arrêt ou de quoi que ce soit il faut que tu prennes soin de toi. Va voir ton généraliste le plus vite possible pour voir quelle marche à suivre, tu lui racontes tout comme tu viens de le faire et tu lui demandes l'adresse d'un spécialiste.

Bon courage à toi, mais là fais quelque chose.

Et n'aie pas honte d'en parler autour de toi, franchement, ne reste pas seul avec tes angoisses.

[clag]

Tout d'abord car j'ai déjà été en dépression et je comprends.

J'ai entendu dire qu'en "pleurant " un peu parfois l'ien peut te permettre de changer ton poste pour une année

si ça se passait mal dans ton école...

Tu n'as vraiment pas moyen de changer de niveau??

[Benarmoise]

Bonjour

Pour avoir traversé deux épisodes de cette nature quoi que moins intenses dans ma carrière, je ne peux que t'inciter comme les collègues à en parler à tes proches les plus à même à te soutenir . Ton médecin peut comprendre la situation , s'il ne mesure pas ta détresse n'hésite pas à en parler avec ton psychiatre qui saura lui suggérer de t'arrêter pour te permettre de reprendre le dessus. Si tu arrives en classe aussi fragilisé tu risques de t'exposer encore plus , les élèves le devinent inconsciemment et en profitent surtout quand tu ne viens qu'une heure. Les familles pourraient suivre , l'ambiance de l'école semble déja tendue.

Tu n'as pas à avoir "honte" , pense d'abord à toi , à reconstruire ta confiance et à faire taire tes peurs.

Pour ton Inspecteur est-il à l'écoute ? Pour ma part lors de mon dernier arrêt il y a cinq ans c'est lui qui m'a conseillé de demander un congé au médecin.

Je commence ma dernière année d'école , je serai en retraite en fin d'année et j'ai retrouvé le plaisir d'aller à l'école.

Bien amicalement

[mra]

Vraiment ne reste pas seul avec ça, il y a plus de personnes que tu ne le pense qui vivent des situations similaires, mais là tu as pris ton courage à deux mains pour nous en parler (merci de ta confiance, au passage), maintenant, une marche supplémentaire à gravir, commencer à voir un personnel de santé, sans honte, sans rien de tout ça.

Tiens nous au courant, et si ça te fais du bien de parler, n'hésite pas, c'est un forum d'entraide mais pas que pédagogique.

J'ajouterai que je suis enseignante en SEGPA, mais que par contre j'aurais les jetons de ma vie à enseigner en CM2 (mauvaises expériences en tant que remplaçante, programmes.....) j'ai fait de l'anglais en CM2 en heure sup mais les avoir à l'année, au secours!!!

On a tous nos peurs, qu'elles soient personnelles (peur de conduire sur l'autoroute, des araignées...) ou professionnelles.

Peut-être que ta "peur" cache autre chose, que ce n'est qu'un révélateur...Mais si tu ne consulte pas tu ne feras pas ce travail sur toi.

Bon courage. Malheureusement les embuches nous en apprennent beaucoup sur nous même. Là tu apprends que tu es vulnérable, mais tu vas apprendre aussi que tu es fort, humain, parce que tu vas remonter la pente, tu vas trouver les ressources nécessaires pour surmonter tout cela, tu vas te découvrir un peu plus.

J'en suis persuadée. Je trouve d'ailleurs que tu exprimes déjà les choses de façons claires, ordonnées, chapeau. Moi quand je déprime y'a ni début ni fin, les propos sont pas structurés...

(COMMENT CA MEME QUAND JE DEPRIME PAS JE SUIS PAS UN EXEMPLE DE CONCISION, D'ORGANISATION DU PROPOS ET DE L'ENCHAINEMENT DES IDEES? QUI A DIT CA? Je rappelle à tous et à toutes que j'ai fait du JU JI TSU)

Bon courage, DOKO, pis tu vois t'es aps seul on es déjà pas mal à t'avoir répondu...

[dromadaude]

Dans mon école qui est dans un quartier dit "difficile" une collègue qui était là depuis 5 ans a craqué au mois de janvier. Les élèves l'ont complétement "demontée" avec leur insolence, leur refus du travail, leur violence (bris de lunettes, tags d'insultes sur son bureau...). Elle a été voir son medecin généraliste qui a decidé de la placer en arrêt maladie + anti depresseurs.

Au final, elle a constitué un dossier médical qui lui a permis de participer au mouvement et d'obtenir une priorité pour le mouvement; Elle quitte l'ecole, est soulagée et n'a plus de crises d'angoisse...

Tu devrais vraiment consulté ton médecin et voir avec lui ce qui serait le meilleur pour toi. Contacter les yndicats et l'inspection pour obtenir un autre poste à la rentrée.

Tu ne peux pas rester dans un tel état à cause du travail.

Bon courage à toi, tu as bien fait de poster sur ce forum, tous les participants seront des oreilles sages à ton écoute

[mra]

Bon courage à toi, tu as bien fait de poster sur ce forum, tous les participants seront des oreilles sages à ton écoute

Euh, là tu t'avances un peu pour mon cas: oreilles à son écoute, oui, mais "SAGES" , j'en suis moins sûre!

[dromadaude]

Coquine va !!!

Tu es toujours de bons conseils...

[titsteph]

Je connais ca aussi, les crises d'angoisse aboninables (moi je n'arrive plus a manger, a boire, je passe mon temps a vomir et je ne suis plus capable de faire quoi que ce soit!).

Raconte tout ca a ton medecin en lui disant que tu as besoin d'aide parce que là tu es capable de te faire du mal (moi j'en arrivais a me faire vomir!!) Demande lui le nom d'un psychiatre en qui il a confiance et prends rdv au plus vite en disant que c'est vraiment urgent.

Si il est compétent il te mettra automatiquement en arret, tu n'auras meme pas besoin de demander! Il verra a quel point tu es mal et que tu ne peux pas continuer comme ca!

La dépression est longue a soigner... mais ca se soigne!

Courage!!