Refondation : tout commence par la maternelle

[papili]

Il me semble qu'à toute nouvelle notion, en Grande Section, il faut un départ commun. Et bien entendu, je pense qu'il y faut un programme d'écriture-lecture, dont la phonologie et le "graphisme" font partie, et un programme de calcul à ce niveau de l'école maternelle.

Je ne raisonnerais pas de la même façon si l'on me posait la question pour une classe de Toute Petite et Petite Sections, ou pour un classe de Moyenne Section.

Enfin, en maternelle, le mot "leçon" me gêne un peu. Il évoque immanquablement la leçon ex cathedra du professeur d'Université. Vous conviendrez avec moi qu'appliquée à de tout petits enfants, cette idée est pour le moins perturbante !

[Lady Oscar]

papili--> on ne fonctionne pas TOUTE la journée en petits groupes il faut savoir adopter le fonctionnement qui sera le plus efficace en fonction des moyens humains, matériels, et l'attention demandées aux enfants, généralement j'alterne travail en petits groupe et travail en grand groupe, travail de manipulation autonome et travail demandant une attention aux consignes. les enfanst ne peuvent pas être attentifs en continu et c'est pourquoi il faut alterner en proposant des apprentissages de recentration pour avoir des pics d'attention à des moments clé (écriture, dénombrer, apprendre une comptine ou une chorégraphie).

J'espère t'avoir aiguillé sur ma façon de faire classe

Oui, merci. Il me semble pourtant avoir vu ici et là que certains de vos collègues prenaient cinq ou six enfants en "phono" pendant que les autres faisaient autre chose, qu'il était impossible de faire une leçon d'écriture à la classe entière avant de la laisser faire sa fiche d'exercices et qu'en calcul aussi, ils fonctionnaient en ateliers.

Ce n'est peut-être pas de votre fonctionnement dont je parlais mais de fonctionnements dont j'ai entendu parler...

Parce que vous préférez des leçons de phonologie, de graphisme ou de mathématiques en groupe entier ou bien vous pensez qu'il ne doit pas y en avoir ?

En fait je fonctionne en fonction de la difficulté et de mes moyens matériels (pas uen ardoise par élève par exemple) donc c'est parfois lancement en grand groupe, parfois en groupe d e6, bref selon moi il faut varier les fonctionnements pour toucher un maximum d'élèves car ils n'ont pas tous besoin de la même chose (certain ont un cerveau qui a besoin d'oral, d'autres de visuels, d'autres d emanipuler, et enfin il y ceux qui marchent beaucoup à l'affectif et qui travaillent mieux en mini groupe).

[chris83]

BIen sûr, comme Ladyoscar l'a expliqué, on ne fonctionne pas TOUTE la journée en ateliers

[Goëllette]

Je m'adressais surtout à Papili car il me semblait qu'il remettait en cause l'utilité de tels apprentissages à l'école maternelle, maintenant que la mode du "l'école maternelle n'est pas une école pré-élémentaire" revient en force.

Je pense également que toute activité en atelier doit être précédée d'un moment de regroupement pendant lequel on ne fait pas QUE les rituels de date, comptage des présents météo, ...

Cela dit, le principal problème des moments en grand groupe est que ça laisse une grande partie des élèves dans une attitude passive, parce qu'honnêtement, ce sont toujours les 5/6 mêmes élèves qui se portent volontaires pour répondre et agir.

Ce qui me semble être un des problèmes de la maternelle, c'est le bruit, l'agitation, les adultes qui tournicotent autour des élèves et parlent entre eux, distrayant les élèves.

Le fonctionnement des classes n'est pas toujours assez cadré : moment d'accueil jeux libres et récréations trop longs, déroulement des différentes journées pas assez réguliers.

[papili]

Je remets en effet en cause l'utilité des activités de "découverte de l'écrit" autres que la lecture offerte et la dictée à l'adulte, en classes de toute-petite, petite et moyenne sections.

Je défends l'adage selon lequel il faut mettre les enfants à la lecture le plus tard possible pour qu'ils apprennent le plus vite possible et considère donc qu'avant cinq ans, on ne devrait proposer aucune activité autour des lettres de l'alphabet, du calendrier et de la suite des nombres ou de l'écriture des chiffres.

Je pense que si, dès la toute petite section, en revanche, on habitue les élèves aux regroupements, courts mais nombreux, et qu'on en fait la "marque de fabrique" de l'école en commençant chaque demi-journée par ce type d'activité, et qu'on alerte les professeurs des écoles sur leur rôle de régulateur de parole, le problème des cinq ou six gros parleurs qui mobilisent l'attention en focalisant toutes les conversations autour d'eux peut disparaître.

Je suis entièrement d'accord avec vous sur les moments d'accueil trop longs. Il me semble que les jeux libres étaient bien mieux placés en milieu de demi-journée, juste avant la récréation, après une heure à une heure et quart d'activités variées, mais toutes plus ou moins dirigées.

Lorsque les récréations durent les trente minutes réglementaires, je ne les trouve pas trop longues surtout dans les écoles où les cours de récréation sont bien équipées et que les enfants peuvent y trouver matière à expérimentations et échanges fructueux.

Je les trouve parfois mal surveillées lorsque je vois des tout-petits empêchés de monter sur les trotteurs ou obligés de sortir d'une cabane ou d'un bac à sable par des grands qui font le "coup de main" et profitent de leurs forces toutes neuves pour instaurer une loi du plus fort qui devrait être immédiatement réprimée.

Je vous approuve au sujet du bruit. On peut, sans contraintes et sans répression, obtenir que de jeunes enfants, même nombreux, se déplacent et jouent calmement, en dialoguant à mi-voix. Il faut bien entendu pour cela que les adultes qui "tournicotent" autour d'eux, comme vous dites, leur montrent l'exemple, ce qui n'est pas toujours le cas, surtout du côté des personnels municipaux...

Enfin, je suis encore une fois d'accord avec vous au sujet de la régularité. Dans une classe maternelle, et encore plus une classe de tout-petits ou de petits, le rythme doit être immuable et calqué sur leurs capacités de concentration.

[papili]

Je viens de lire que certaines classes de moyenne ou de grande section ne contenaient pas de jouets... Est-ce possible ?

[Goëllette]

Papili, ça va te plaire :

J'ai déjà vu un travail donné à des MS en novembre :

Reconstituer le titre de plusieurs albums vus (comportant plusieurs mots) avec de toutes petites lettres capitales que l'enfant devait retrouver parmi la trentaine d'autres (avec le nombre pile nécessaire de chaque) et coller (avec de la colle liquide et un pinceau, bien sûr) dans le bon sens à la suite les unes des autres (et il y avait à peine la place de les coller sur une même ligne si on était habile, donc les élèves devaient deviner qu'on va à la ligne quand on n'a plus de place ...), modèle à gauche, avec photocopie de la couverture, et lignes à droite, sans illustration, les lettres à coller n'étant pas dans la même police que les titres.

Je me souviens que j'avais demandé, étonnée, à l'enseignant quel était son objectif et il m'avait répondu : "Je t'assure que certains en sont capables !", ce que j'avais effectivement constaté d'ailleurs.

[papili]

Eh bien, si certains en sont capables, cela leur est inutile ! Et comme c'est néfaste à ceux qui n'y arrivent pas, on abandonne, n'est-ce pas ?

Et avec l'argent économisé en photocopies et en ramettes de papier, on achète des crayons feutres, de la pâte à modeler, des perles, je ne sais quoi d'autre, et on les fait dessiner sur du papier de récupération (et autre chose que ce sempiternel bonhomme du mois, aussi inutile que toutes les lettres à coller du monde), manipuler, jouer, organiser et s'exprimer autour de ce qu'ils font librement...

Que c'est triste une société qui ne sait plus amuser ses enfants pour les faire grandir !

[chris83]

alors là, tout à fait d'accord avec vous, c'est malheureusement un type de travail que j'ai vu dans la classe d'à côté il y a 10 jours (pour les MS).... :bye2:

[dada]

Et bien moi je n'ai pas honte de dire que ce sont des exercices que je propose car oui j'ai des élèves capables de le faire , ils ont le droit d'avoir aussi "à manger" . Pour les autres il y a ce qui s'appelle l'adaptation pédagogique ou la différenciation non ?

Quand j'ai 27 élèves, 2 niveaux, 2 enfants à trouble du comportement important, l'exercice de découpage-collage qui va avec la reconstitution d'un titre , me permet de gérer ce groupe (bon ok , ici mm police de caractère, sur une seule ligne et avec repère spatial )

J'essaie de tendre vers ce que j'aimerai que soit l'école maternelle mais il faut faire avec la réalité du terrain .... Locaux inadaptés, pression des parents, de la hiérarchie, et surtout ces problèmes de comportements de plus en plus fréquents en maternelle....

[chris83]

Dada, moi aussi, il peu m'arriver de donner un travail du genre reconstituer un titre avec 3 mots qu'on a découpé, mais ce que j'ai vu n'était même pas un travail que j'aurai proposé à mes GS (parce que c'était des étiquettes grosses comme mon pouce, parce qu'il fallait retrouver des mots en script mais pas dans la même écriture scripte, genre une complètement fantaisiste, qu'il y avait 15000 petites étiquettes à découper... )bref, pas adapté du tout à des enfants de maternelle, moi je parle du support.

[papili]

Je dirais que l'important, c'est de savoir ce que cela leur apporte exactement... Est-ce que, grâce à cet exercice, ces élèves performants dans cette activité commencent leur apprentissage de l'écriture-lecture, par exemple ? Et sinon, est-ce qu'ils n'auraient pas été tout aussi attirés par un exercice où il aurait fallu découper puis coller dans l'ordre pour reproduire une guirlande des cristaux de neige, des boules décorées et des lutins dont les différences étaient plus ou moins perceptibles ?

Parce que, s'il ne s'agit pas de commencer un apprentissage de la lecture et que l'on cherche seulement à les éveiller au sens gauche-droite de reproduction d'une frise et à la discrimination des formes proches, pourquoi utiliser les lettres ?

En MS, je dirais que celles-ci pourraient apparaître une fois à NOËL, une autre à CARNAVAL et deux ou trois fois en fin d'année, avec reproduction en cursive de maman, papa et été, ainsi que certains prénoms courts et faciles à reproduire graphiquement (formées de lettres pour lesquelles le geste d'écriture, comme l'on dit maintenant, a été parfaitement intégré par les enfants), après que les boucles, les ponts et les rotations anti-horaires ont été étudiées en graphisme.

En revanche, il me semble qu'il est nécessaire, pour que l'enfant comprenne ce qu'on lui fait faire en classe, qu'il en tire un avantage. Donc, il faut obligatoirement selon moi que ces mots reproduits, copiés, "lus", soient repris tout au long de l'année du moment où ils ont été vus.

J'ai vu des classe où, parce qu'on étudiait les insectes, on collait dans l'ordre les lettres des mots ABDOMEN et THORAX, qui bien entendu "passaient au placard" le mois suivant où, parce qu'on étudiait cette fois le conte bien connu, c'étaient LE, PETIT, CHAPERON et ROUGE qui étaient à l'honneur et cela continuait ainsi tout au fil de l'année sans que jamais il ne soit question de l'ABDOMEN ROUGE du PETIT MONSIEUR LAPIN et donc sans que jamais les enfants ne voient l'intérêt et le pouvoir qu'allait leur donner cet apprentissage de mots qui n'en était d'ailleurs pas un...

Quant aux parents, si on leur explique quels sont les pré-requis nécessaires à un apprentissage facile de la lecture et comment les exercices de langage oral, d'observation du milieu, de lectures offertes, de comptines et de chants leur apporteront le vocabulaire et l'attention auditive, ceux de motricité large (EPS) et fine (dessin, graphisme, modelage, peinture, perles, couture, découpage, collage, constructions, ...) leur apporteront à la fois l'aisance manuelle et la bonne organisation de l'espace, les jeux à règles que ce soit en EPS, en classe avec du matériel ou sur fiches leur apporteront la logique et l'idée de stratégies à adopter puis à suivre dans l'ordre, je pense qu'ils seront tout aussi contents que s'ils reçoivent un gros cahier plein de lettres collées que leur enfant ne sait que faire.