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Pour info :

http://www.boycott-lpc.lutter-agir.org/ engagement collectif à ne pas remplir le LPC

Cette année encore, un « livret personnel de compétences » (LPC) nous est imposé par le Ministère et notre hiérarchie. Il nous est demandé d’y recenser les compétences acquises par nos élèves en fin de CE1, de CM2 et de 3ème.

Pourquoi sommes-nous opposés au LPC ?

puce-32883.gif Parce qu’il est inutile : il s’ajoute au livret scolaire en usage dans les écoles et collèges.

puce-32883.gif Parce qu’il est incompréhensible dans sa formulation, beaucoup trop dense et ne laisse aucune place aux commentaires écrits.

puce-32883.gif Parce qu’il est absurde d’évaluer de façon simpliste : dans le LPC, une compétence est acquise ou non-acquise alors qu’en réalité elle s’acquiert de façon progressive.

puce-32883.gif Parce qu’il contribue à remplacer la recherche et les apprentissages par des exercices de bachotage. Nous faudra-t-il enseigner que ce qu’on nous demande d’évaluer ?

puce-32883.gif Parce qu’il contraint les enseignants à des pratiques visant d’abord à se conformer aux souhaits de leur hiérarchie.

puce-32883.gif Parce qu’il participe à la mise en concurrence des élèves, des enseignants et des écoles ; parce qu’il utilise pour l’enseignement des concepts propres à certaines entreprises (contrat d’objectifs, référentiel de compétences…).

puce-32883.gif Parce qu’il est dangereux : il est informatisé pour le second degré et le sera à terme pour le primaire. Les résultats des élèves - qui ne devraient concerner qu’eux et leurs familles - seront fichés dans les bases de données “base-élèves” et “SCONET”, et cela pour leur vie entière... avec quelle sécurisation ?

puce-32883.gif Parce qu’il conditionne l’obtention du brevet des collèges.

puce-32883.gif Parce qu’il tend à se substituer aux diplômes et donc aux conventions collectives.

En conséquence, nous, soussignés, nous engageons collectivement et solidairement à ne pas remplir le LPC et à soutenir activement ceux d’entre nous qui subiraient des pressions ou sanctions de la part de notre hiérarchie.

Cet appel n’est pas une "simple" pétition, c’est un engagement collectif à ne pas remplir le LPC.
Ne sont donc appelé-e-s à le signer que les enseignant-e-s en activité dans une école du premier degré, dans un collège ou dans une section de l'enseignement professionel concernée par le LPC.

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Félicitations !

Cette année, j'avais un CM1, voici ce que je pense donner aux parents en fin d'année :

Nous arrivons en fin d'année scolaire et il est temps pour moi, comme pour mes collègues, de faire le bilan annuel du travail de votre enfant. L'administration me demande de vous communiquer la page d'attestation de compétences ci-jointe après l'avoir remplie (note de service n° 2012-154 du 24-9-2012).

Je me dois donc de la porter à votre connaissance. Toutefois, pour des raisons qui touchent à ma conception du métier d'instituteur, je ne la remplirai pas.

Depuis plusieurs années, la nature même de ce métier a été affectée par une « évaluationnite » aigue, fondée sur les « compétences », qui a détourné l'école de sa mission d'instruction.

Traditionnellement, le métier d’instituteur consistait pour une part à apprécier régulièrement par une note la réussite de ses élèves – et par là même l’efficacité de son enseignement – à l’occasion d’exercices ponctuels comme les dictées, les résolutions de problèmes, et tous autres exercices mobilisant des connaissances répertoriées dans le programme. À ce mode d’évaluation, compréhensible par tous, s'est substituée une évaluation par compétences, dénuée de sens, et graduée dans un premier temps en quatre paliers : « non-acquis, en cours d'acquisition, à renforcer, acquis », puis en trois : « non acquis, en cours d'acquisition, acquis ». C’était le temps de l’ancien livret compétentiel avec ses 110 cases à cocher, vite appelé « l’usine à cases. »

Aujourd’hui, l’institution, sans doute dans une louable volonté de simplification, ne nous demande plus que d’apposer une date en face de chacune des huit compétences retenues par elle pour mesurer la réussite de votre enfant

Maîtrise de la langue française

Pratique d'une langue vivante étrangère

Principaux éléments de mathématiques

Culture scientifique et technologique

Maîtrise des techniques usuelles de l'information et de la communication

Culture humaniste

Compétences sociales et civiques

Autonomie et initiative

Il est donc désormais en mon pouvoir de décréter d'un coup de tampon dateur que votre enfant « maîtrise la langue française » depuis le 15 juin 2013, même s’il oublie ou inverse des lettres, néglige les accords grammaticaux, confond l'infinitif et le participe passé, le futur et le conditionnel ... Le ministère précisant que la validation de la compétence concerne les élèves « ne rencontrant pas de difficultés particulières » chacun sera rassuré. En effet, les difficultés que je viens de citer n'ont rien de « particulier» : elles ne sauraient justifier que je m’abstienne du coup de tampon préconisé !

Cette fiche d'attestation de compétences est un outil merveilleux qui fait disparaître les réalités de l’enseignement et la raison d’être de celui-ci : l’instruction des enfants.

Mais alors, quid de ceux qui rencontrent « des difficultés particulières » ? Pour ceux-là, je devrais renseigner un livret qui n’est pas communiqué aux parents, sa complexité ésotérique le réservant sans doute à des professionnels de l’interprétation. La seule rubrique « maîtrise de la langue » comporte, par exemple, une trentaine de cases. On y retrouve bien sûr quelques rubriques relatives aux contenus du programme, mais un flou artistique y demeure savamment entretenu. Qu’on en juge.

Que signifient, s’agissant d’élèves rencontrant des « difficultés particulières » les critères de jugement suivants ?

Palier 1 : Utiliser ses connaissances pour mieux écrire un texte court

Palier 2 : Utiliser ses connaissances pour réfléchir sur un texte, mieux l’écrire

Palier 3 : Utiliser ses capacités de raisonnement, ses connaissances sur la langue, savoir faire appel à des outils variés pour améliorer son texte.

La logique de l’évaluation par compétences est issue du domaine de l'entreprise où elle se combine avec le concept fluctuant d’employabilité. Les exemples cités montrent qu'elle n’est en rien compatible avec la fonction de l’école qui est d’inculquer des connaissances au plus grand nombre. Appliquée au domaine éducatif, elle ouvre la porte à toutes les dérives. Ainsi ai-je à valider, dans la rubrique « Compétences sociales et civiques », la case « Avoir conscience de la dignité de la personne humaine et en tirer les conséquences au quotidien ». Pensez-vous vraiment que je sois apte à juger si votre enfant « a conscience de la dignité humaine » et à l'écrire noir sur blanc dans un document administratif qui le suivra toute sa scolarité ?

On avancera que ce livret est utile pour unifier les systèmes éducatifs de l'Europe, pour favoriser - encore que j’en doute - l'entrée des jeunes dans le monde de l'entreprise, pour gérer les flux de population, pour maintenir l'ordre social ..., Cependant j'ai le devoir de dire, en tant que professeur des écoles, ce qu'il est au plan pédagogique : une dangereuse imposture. Voilà pourquoi je ne le remplirai pas.

Ce texte est excellent !

Félicitations !

Je ne saurai mieux dire !

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