CON-CEN-TRA-TION!!!

[abcdefghij]

Je suis adepte de la "question idiote, réponse idiote" : quand un de mes CE2 me demande "on écrit la date à combien de carreaux ?", je réponds, le plus sérieusement du monde (je suis très pince-sans-rire) :"soixante-douze".

!

[Geopolis]

Je trouve que mes élèves ne savent pas rester sur un exercice sans perdre au moins la moitié de leur temps... ils regardent les autres, rêvent, jouent avec leurs crayons, regardent ce que je fais avec l'autre groupe (quand les CE1 doivent travailler seuls je suis avec les CP et vice versa)... Je ne parle pas d'un exercice qu'ils n'ont pas compris, je ne parle pas du délai de réflexion qu'il faut pour certains exercices, non, je parle du fait qu'ils n'ont pas leur cerveau fixé sur ce qu'ils devraient faire...

[...]

Dites-moi : est-ce pareil dans vos classes???

Je pense que c'est une juste description et que ton ressenti est partagé par tous les enseignants pour au moins quelques élèves chaque année dans chaque classe.

Avez-vous des astuces à mes donner pour leur apprendre à se concentrer??

Depuis quelque mois, je pose moins le problème en terme de concentration qu'en terme d'organisation.

Je m'explique.

Il y a plusieurs années, j'ai lu que les élèves réussissant en 6e (donc à la fin du primaire) étaient performants en calcul mental et en repérage temporel (source perdue), sans que les raisons de cette corrélation soient explorées.

Comme ça me taraudait et que les programmes de maternelles soulignent les compétences du repérage temporel (temps social, chronologie, vocabulaire), j'ai décidé de creusé la question pour cette année scolaire (j'ai déjà 2 ans de cycle 3, 4 ans d'ASH et 6 ans de maternelle révolus derrière moi).

Voici donc le lien que j'établis aujourd'hui entre la réussite scolaire et le repérage temporel, et qui estompe à mon avis, parce qu'elle la sous-tend, cette question de CON-CEN-TRA-TION.

Pour diverses raisons, notamment éducatives et familiales, un enfant développe ou non des capacités de repérages temporels. S'il les développe suffisamment, il peut :

- anticiper (repérages temporels tels qu'une annonce, le suivi d'un emploi du temps, l'attitude de l'enseignant et des camarades...) un type de séance, une tâche, leur déroulement (y compris les consignes et matériels attenant), les résultats et sanctions attendus ;

- mobiliser son attention, sa patience et ses efforts sur une courte durée pour accroître son efficience et dans l'espoir que cette mobilisation soit courte (jusqu'à la fin de la lecture, jusqu'à ce que la maîtresse permette de commencer l'activité individuelle, etc.) ;

- se projeter dans un avenir à long terme (situation statutaire, familiale, professionnelle...), avec une confiance résonnant avec celle de sa famille, AFIN de renforcer la mobilisation citée auparavant.

***

De façon pratique et concrète, nous aurions donc en classe des élèves bien repérés dans le temps, organisés et efficaces, qui réussiront à l'école et dont nous n'avons pas trop à nous occuper ni préoccuper ; et des élèves mal repérés dans le temps.

Arrivé en maternelle, j'ai découvert mon inefficacité en terme de passation de consignes et surtout, lors d'un stage de remise à niveau des élèves durant des vacances scolaires, que les élèves d'élémentaires (et donc mes anciens élèves ) passaient leur temps à deviner les attentes implicites ou expédiées des enseignants, avec plus ou moins de bonheur. Ils s'adaptent à nous (comme nous à eux) en quelques semaines. Les bons élèves d'élémentaire ajustent leurs repères temporels et leur organisation à nos nouvelles exigences (à partir de la rentrée). Les mauvais élèves n'y parviennent presque jamais.

(Je ne sais pas pour vous, mais savoir que les élèves d'élémentaire se démènent au moins quelques semaines pour deviner comment s'adapter à nos attentes implicites me touche beaucoup.)

En maternelle, pas de problème : les élèves sont presque tous trop jeunes pour caler une organisation sur nos attentes implicites (surtout quand on vient de l'élémentaire), alors la sanction morale et professionnelle est i-né-vi-table. Il faut être bon en passation de consignes ! Pas le choix...

Novice avec la petite enfance et peu désireux de traîner longtemps en maternelle, je suis donc parti d'une émission de jeunesse qui me semblait particulièrement adaptée pour capter l'attention des moins de 6 ans : "Tibère et la maison bleue". "Tibère" peut garder un moins de 6 ans réceptif et actif devant la télé une demi-heure !

Chaque épisode est ritualisé. Les mêmes airs, comptines et chansons annoncent les mêmes endroits, personnages, moments et découpent l'épisode en différentes phases (pour susciter et renouveler l'attention). Au bout de quelques épisodes, un moins de 6 ans sait ce qui va se passer (la présentation du thème, l'arrivée d'un personnage, la fin de l'épisode).

En classe, j'annonce les moments, les étapes des moments avec des comptines, un calendrier, un gros emploi du temps et des marqueurs glissant dessus, des déroulements écrits et illustrés de différentes séances, ce qui fait qu'en quelques semaines, les élèves de 3-5 ans (moyenne et grande section) anticipent l'arrivée des heures de sortie, de récréation, la succession des moments de la journée, une prochaine sortie...

Pour les consignes, je commence à employer des pictogrammes (codifiés conjointement avec l'école élémentaire du groupe scolaire) pour résumer les tâches attendues (observer, entourer...), le matériel nécessaire, le résultat attendu... Les élèves parviennent de plus en plus rapidement à deviner et anticiper les consignes. Il est aisé de les énoncer, de les répéter, de les faire répéter. Ce codage figure parfois sur les tables d'ateliers, parfois sur les feuilles de travail. Il permet de revenir individuellement ou collectivement sur les critères de réussite. Sans doute parce qu'elles sont perçues à la fois visuellement et auditivement, et parce que les pictogrammes restent sous les yeux des élèves à côté de leur travail (même en sport) mes consignes sont beaucoup plus efficaces avec les pictogrammes que lorsque je m'en passe.

Ca n'empêche pas de petits rêveurs ou chahuteurs de passer parfois à côté, mais même eux s'accoutument aux consignes ainsi données (et données plus rapidement d'ailleurs) et une fois qu'on les leur a fait reformuler avec les pictogrammes, ils réussissent mieux.

Je retournerai probablement en élémentaire ou dans l'ASH l'année prochaine, et je brûle de tester ces méthodes d'explicitation indispensables en maternelle auprès d'élèves plus âgés.

Modifié 11 mars 2013 par Geopolis

[tina3513]

Cette quatrième période est très speed dans notre école: d'abord parce que nous n'avons que 6 semaines (zone b). Ensuite nous avons le CROSS et deux représentations de chorale qui nous prennent presque une demi journée à chaque fois soit 1 jour et demi en tout.

Donc pas le temps de m'attarder sur les questions idiotes, sur les lamentations des uns et les questionnements des autres.

Et du coup, je trouve mes élèves plus concentrés. Je ne leur laisse pas beaucoup de temps de paroles, ils sont beaucoup dans l'action et cela marche très bien.

J'ai mis en place également un plan de travail pour le français avec des activités en autonomie pour les plus rapides. Une petite journée pour mettre les choses en route et depuis, cela marche superbement bien.

Bref, pour l'instant, que du bonheur!!

Pourvu que cela dure

[lise91]

tout pareil pour les réponses idiotes..

tout le monde est entrain de coller sa feuille comme je l'ai demandé sauf un qui me demande, "où on met la feuille ?"

moi : "Tu la manges !"

Moi aussi !!

Mais parfois j'ai une autre réponse au bord des lèvres

[doubleR]

tout pareil pour les réponses idiotes..

tout le monde est entrain de coller sa feuille comme je l'ai demandé sauf un qui me demande, "où on met la feuille ?"

moi : "Tu la manges !"

Moi aussi !!

Mais parfois j'ai une autre réponse au bord des lèvres

Oui oui je vois

[corazon]

Je suis adepte de la "question idiote, réponse idiote" : quand un de mes CE2 me demande "on écrit la date à combien de carreaux ?", je réponds, le plus sérieusement du monde (je suis très pince-sans-rire) :"soixante-douze". Quand ils demandent "je n'ai plus de place, j'écris où?" je réponds, toujours très sérieusement "sur la table !". Au bout du compte, je n'ai plus de questions idiotes, ou quand ça arrive, ce sont les autres élèves qui fournissent la "réponse idiote"

Tout pareil ! Et j'adore quand dans leur conversation les élèves s'y mettent...