reprendre la classe après trauma cranien

[colonelhathi]

Bonjour,

je suis PES en maternelle, et pendant les vacances j'ai eu un accident de cheval, qui a entrainé une entorse cervicale et un trauma cranien.

Pour info l'entorse cervicale correspond à un mini coup du lapin, j'ai déjà eu de la chance de ne pas être paralysée apparemment, mais l'accident m'a rendu tellement "stone" qu'il m'a fallu deux jours pour en prendre conscience.

J'ai été hospitalisée 5jours et je suis en arrêt maladie officiellement jusqu'à la semaine prochaine.

Seulement voilà, depuis que ma tête a rebondi sur le sol, j'ai des troubles qui me semblent totalement incompatibles avec la reprise de la classe.

Selon mon état de fatigue je vais avoir des grosses difficultés d'expression (non-accord du pluriel, confusion de prépositions, composantes de la phrase énoncés dans le désordre....), ainsi que des problèmes de compréhension orale et écrite. Bizarrement je n'ai aucun problème pour écrire...j'en ai l'impression en tout cas...

J'ai aussi des grosses difficultés en calcul, comme si mes répertoires mathématiques avaient fichu le camp (il m'a quand même fallu deux minutes pour calculer la différence enre 17 et 21, quelques heures après mon accident, et je n'étais même pas sûre du résultat...).

Mais le pire de tout, c'est que j'ai des gros problèmes de concentration, de mémoire, d'attention, d'éveil et une migraine qui n'est jamais passée depuis ma chute. Cela implique que pour l'instant je n'ai pas le droit de conduire (et tant mieux, la seule fois où j'ai essayé je prêtais à peine attention aux voitures ou piétons autour de moi et j'ai failli m'endormir au bout de seulement 5minutes).

L'IRM reste à faire, mais apparemment il n'y aurait pas de lésions, je souffrirais d'un syndrome post-commotionnel. Malheureusement, beaucoup de médecins pensent que c'est seulement psychosomatique, que cela n'a rien à voir avec la violence du choc et que je fais juste une dépression, alors que je rêverais de conduire à nouveau pour être autonome, et que je souffrais déjà de ces problèmes avant même de réaliser ce à quoi j'avais échappé, et les conséquences qu'un tel choc pouvait avoir.

Les médecins en général incitent à une reprise du travail rapide, même si le patient subit ces troubles. Cela doit être possible pour beaucoup de professions, mais pour les profs, je ne pense pas que cela soit négociable.

Je suis censée assurer la sécurité et les apprentissages des élèves, et pour l'instant je n'en suis absolument pas capable. Pour ce qui est d'effectuer des surveillances ce serait certainement encore pire, j'ai la capacité d'attention d'un poisson rouge depuis que je suis tombée. Ca s'améliore tout de même, mais je doute de pouvoir reprendre le travail avant la fin de l'année. Mon médecin traitant pour l'instant prolonge mon arrêt au goutte à goutte, ce qui va très rapidement agacer ma directrice, ma remplaçante, voire même l'IEN. J'aimerais bien leur donner des infos à plus long terme mais je n'en ai pas la possibilité.

Y a-t-il parmi vous des enseignants qui ont subi un TC et qui ont eu du mal à retrouver les capacités nécessaires pour faire classe ?

Merci d'avoir lu ^^

[Amelie375]

Bonjour,

Je n'ai pas eu de problème comparable au tien, mais je me permets juste de te souhaiter un prompt rétablissement et aussi, avec le "petit" recul que j'ai sur la profession et les problèmes de santé qui peuvent nous tomber dessus :

fais passer au second plan ce que pourront dire l'ien ou ta directrice, tu n'auras sans doute pas d'autre choix que d'être arrêtée le temps qu'il faudra pour récupérer complètement.

Ce que tu as eu est suffisamment délicat, il y aura des étapes à franchir jusqu'au rétablissement,

Bon courage

[salazie]

Tout comme Amélie375, ne te préoccupe surtout pas de ce que peuvent penser ta directrice et l'Ien! C'est ta santé qui est plus importante. Il vaut mieux savoir s'arrêter que de provoquer des problèmes au travail car là ils pourront te sanctionner durement!

Prends le temps de récupérer.

Bon rétablissement à toi.

salazie

[Sybilline]

Tout à fait, d'autant que ta directrice et ton IEN râleront certainement après ton médecin de ne pas avoir le courage de t'arrêter franco, plutôt que de te faire des petits arrêts maladie (merci la sécu et ses règles d'économie), ils ne râleront certainement pas après toi !

Prends soin de toi, bon rétablissement.

[Nadikaah]

Je trouve ton médecin assez pointilleux. Soit il ne te prend pas au sérieux, soit en effet, il veut préserver le trou de la sécu (et encore pour nous, ce n'est meme pas la sécu qui paie nos arrêts maladie...)

Je pense qu'il ne faut pas que tu reprennes la classe. Comme tu le dis, ce peut etre dangereux pour toi mais aussi pour les élèves. Alors soit tu insistes grandement auprès de ton médecin pour qu'il fasse un arret un peu plus long et ça marche, soit il continue de te les faire au compte goutte et dans ces cas, ne culpabilise pas, ta santé avant tout.

[Miss Philoména]

Tout plein de courage et de sérénité pour ta convalescence...Et prends le temps qui t'est nécessaire pour te sentir d'attaque...

[colonelhathi]

Merci beaucoup pour votre soutien.

Effectivement quand je pense à chacun des adorables enfants qui me sont confiés, je n'ai absolument pas envie de les mettre en danger.

Le problème avec le trouble que j'ai, c'est qu'il passe en quelques jours, ou quelques années...mais c'est vrai que mon médecin est assez frileux, même si mon médecin traitant au moins prend au sérieux mes problèmes.

[natoo]

Tu peux peut-être voir le médecin de l'EN ? C'est une idée comme ça.

[Invité]

Toi à fait d'accord avec Toinette!

J'ai été malade l'année dernière et arrêtée les 2 mois d'été (mais rien d'aussi grave que vous!). En septembre, je n'étais pas guérie mais j'ai repris quand même parce que le médecin ne m'a pas proposé d'arrêt et que j'avais peur de passer pour une glandeuse en le demandant.

Résultat, au lieu de guérir en 3 mois, j'en ai mis 8. Certes, je n'avais rien de grave, mais c'était handicapant et douloureux. Avec le recul, je me dis que je n'aurai pas du attendre que le chirurgien m'arrête et aller directement voir mon médecin traitant.

En tout cas, bon courage et repose toi bien!

[colonelhathi]

Et bien, tu as un sacré courage Toinette.

Tu n'as jamais pensé à changer de métier, à faire quelque chose qui nécessite moins d'intellectualisation ?

Je dis cela parce que moi j'y pense dans un coin de ma tête, juste au cas où. Surtout que je sais que je ne pourrais jamais travailler correctement dans cet état. Il y a beaucoup de choses qui m'intéressent en dehors d'être prof, donc je commence à envisager les autres options potentielles. En ce moment par exemple je fabrique une bride pour un cheval (oui je recommencerais à monter quand mes cervicales seront bien rétablies, même pas peur !). Alors j'ai commencé à couper les morceaux dans du cuir, à l'aide d'outils spéciaux, ça fait passer le temps et cela ne me fatigue pas trop (même si je dois vérifier plusieurs fois mes conversions de mesure à chaque fois avant de couper).

Attention, je ne dénigre pas les autres métiers qui peuvent exister; d'ailleurs j'ai failli devenir artisan et ne pas faire d'études sup; je dis juste que quand on se retrouve limitée intellectuellement, même temporairement, on se rend compte à quel point ce métier nécessite un fonctionnement parfait et rapide du cerveau.

J'ai essayé il y a deux jours de monter un projet (en plus j'avais déjà la tâche finale, je devais "juste" me focaliser sur les éléments permettant d'y parvenir blabla...) et bien au bout de dix minutes j'ai dû arrêter, j'avais écrit quelques idées mais impossible de me concentrer assez pour mener le boulot au bout.

Je sens une amélioration depuis mon accident, mais j'ai souvent du mal à m'en rendre compte, vu que je vis à l'état larvaire la plupart du temps, pour éviter d'aggraver ma migraine permanente.

J'ai moi aussi l'impression d'être une grande reine de la glande quand je vois mon médecin, ce qui est délirant, car tous les profs, les responsables de ci, de mi, à qui je parle, me soutiennent et me disent de bien prendre mon temps, pour guérir complètement.

Je fais rallonger mon arrêt sous prétexte (réel) que je suis dans l'incapacité de conduire pour l'instant. Déjà en conduisant dix minutes en ville pour aller chez Décatruc j'ai failli envoyer ma voiture dans le mur, alors 1h30 pour rentrer chez moi (je suis chez mes parents), plus 1h aller-retour pour aller à l'école chaque jour....je n'ai pas envie de taquiner le platane...

Je suis d'accord avec toi Toinette, si c'est pour faire des séquences bof, faire du présentiel devant les élèves, c'est même pas la peine.

En plus de ça j'ai un élève qui m'a déjà fait le coup de jouer avec les ciseaux une fois Evidemment depuis le nécessaire a été fait, mais c'est le genre de situations que je ne saurais pas analyser en ce moment. Parfois je vois ou j'entends des choses, mais je ne percute pas. Soit le cerveau n'analyse même pas l'info, soit il n'y a pas de réaction, ça donnerait quelque chose du genre : "oh tiens machin joue avec des ciseaux...ouais normal..."

Du coup je pense qu'effectivement je vais jouer les prolongations, j'ai eu ma remplaçante au téléphone, elle a l'air d'assurer et de savoir improviser, ça c'est bien au moins

[colonelhathi]

ah oui c'est vrai que je n'avais pas du tout pensé à ça...

et c'est vrai que la préparation de ta classe doit rouler beaucoup plus facilement que pour moi, même si ça reste quand même un sacré boulot

[--anonyme--]

Bonjour, j'ai été dans le même cas que toi colonelhathi il y a 4 ans. J'ai reçu une planche sur la tête, donc trauma crânien et tassement des cervicales. Pas de chance, je me remettais juste d'un grave accident de cheval avec des lésions à la moëlle épinière au niveau lombaire ! J'ai donc tenu à m'arrêter juste le minimum, le temps que les vertiges et maux de tête s'attenuent, soit une quinzaine de jours. Après ça j'ai repris le boulot mais ça a été vraiment laborieux : beaucoup de fatigue, des difficultés de concentration, des erreurs d'orthographe, de calcul, et le plus compliqué à gérer était au niveau du vocabulaire. Les mots me venaient en anglais ou en espagnol, ou alors en français des mots voisins me venaient mais pas les bons, par exemple : couteau à la place de fourchette. Au début je ne m'en rendais même pas compte. Tout ça a duré plusieurs mois, ça m'a vraiment éprouvée et avec le recul je pense que j'aurais du me reposer plus longtemps, la fatigue a pris vraiment beaucoup de temps à disparaître.