Aska Posté(e) 5 octobre 2013 Posté(e) 5 octobre 2013 Je suis plutôt d'accord sur le fait qu'il y a une grande perte de confiance en l'action collective. Il faut dire que dans le monde enseignant 2003 (grève des retraites réforme Fillon où nous étions très mobilisé/es) a fait beaucoup de mal. Sinon concernant le fait que nous soyons un secteur d'activité très féminin je ne pense pas que ce soit un obstacle à la mobilisation mais par contre c'est problématique que la plupart des représentants syndicaux soient justement des représentants et pas des représentantes, en tout cas que ce soit inversement proportionnel à la réalité de notre profession. De même dans les AG ce sont surtout les hommes qui prennent la parole. Je ne suis absolument pas pour une politique de quotas mais cela veut quand même dire qu(il faut qu'on réfléchisse à ça, surtout que dans la classe on induit plus ou moins consciemment des choses importantes sur les rapports filles/garçons. l'an dernier au rectorat lors d'un stage les intervenantes disaient toujours les maitresses et le directeur. A un moment je le leur ai fait remarqué mais je ne suis pas sûre qu'elles ne m'aient pas prise pour juste une chieuse... En tout cas pour revenir au débat initial, non ce n'est sans doute pas parce qu'on est beaucoup de femmes que nos luttes sont faiblardes, c'est plutôt une question d'époque. Même si, puisque la comparaison a été faite avec edf et la sncf, effectivement dans les moyens de lutte mis en oeuvre il y a des choses qui sont socialement plus acceptables pour un homme que pour une femme. Je pense d'ailleurs que c'est surtout la position et l'image sociales liées à nos profession qui est déterminante dans d'éventuels choix de moyens de luttes ou d'actions (par exemple les instits vont rarement choisir d'entrer en force dans un batiment public type mairie ou rectorat même si il avait décidé de l'occuper car elles et ils auront peur de donner une image violente)
ColdTurkey Posté(e) 5 octobre 2013 Posté(e) 5 octobre 2013 A cela s'est ajouté, comme écrit ailleurs, la féminisation de notre profession. [...] une plus grande difficulté pour les femmes pour s'imposer dans une société toujours très machiste et donc une dévaluation de la profession par le biais d'une féminisation Ce qui est frappant lorsqu'on regarde les différents représentants syndicaux à la tête (par exemple) des fédérations parisiennes, c'est qu'on n'y voit... que des hommes. Alors que la profession est constituée d'environ 85% de femmes. Je n'en déduis rien, mais dans les moments de contestation que nous vivons, je me demande parfois si la lutte ne prendrait pas des formes d'action plus virulentes comme à la SNCF ou à EDF si ce taux de féminisation était inférieur... Homme ou femme, je ne pense pas que ce soit le problème: http://www.france24.com/fr/20130920-greve-femmes-chambre-devant-le-luxueux-hotel-park-hyatt-a-paris La situation n'est pas exactement la même. Là c'est un point chaud très précis, elles peuvent faire bloc. C'est souvent le cas quand une école rencontre un problème très particulier, le groupe réagit solidairement. Dans le cadre EN, faire une bloc est impossible. Chacun vit différemment la situation. Cela ressemble plus à un grand corps mou. Quand on le bouscule, il essaie de réagir, mais c'est très difficile. Dans notre société qui se veut égalitaire, les femmes continuent à exercer deux métiers pendant que les hommes n'en font qu'un (c'est probablement un peu exagéré comme analyse, mais je ne suis pas certain d'être si loin de la réalité). Cela induit des difficultés de temps mais aussi de centres d'intérêt. Impossible de se centrer sur tout et obligation d'accepter certaines contraintes. Ces deux derniers points permettent de plus facilement leur imposer de nouveaux fonctionnements sans qu'elles puissent réagir. Et je trouve que le rôle des syndicats n'a pas été de protéger le personnel. L'exemple du passage aux 4.5 jours de classe est criant. certaines se trouvent à devoir effectuer des jonglages absolument insupportables pour gérer vie de classe et vie de famille. Je suis encore plus révolté par le comportement des dirigeants nationaux du SE, du SGEN et du SNUipp au fur et à mesure que les informations remontent.
nola Posté(e) 5 octobre 2013 Posté(e) 5 octobre 2013 Et je trouve que le rôle des syndicats n'a pas été de protéger le personnel. L'exemple du passage aux 4.5 jours de classe est criant. certaines se trouvent à devoir effectuer des jonglages absolument insupportables pour gérer vie de classe et vie de famille. Disons la direction nationale des syndicats majoritaires. C'est certes plus long mais aussi plus proche de la réalité. Certains aussi mais bon, ce n'est pas un problème personnel mais politique... Nous sommes d'accord: c'est inconcevable que les dirigeants syndicaux ne se rendent pas compte des conséquences que ça va avoir par exemple sur les collègues qui font de la route. On peut tourner, virer, nous passer la pommade ou brasser de l'air avec une soi disant concertation, nos représentants ont non seulement accepté un recul mais pire, ils ne voient même pas où est le problème. Ils sont probablement de bonne foi et ça, ça fait vraiment peur.
mayre Posté(e) 5 octobre 2013 Posté(e) 5 octobre 2013 Et je trouve que le rôle des syndicats n'a pas été de protéger le personnel. L'exemple du passage aux 4.5 jours de classe est criant. certaines se trouvent à devoir effectuer des jonglages absolument insupportables pour gérer vie de classe et vie de famille. Disons la direction nationale des syndicats majoritaires. C'est certes plus long mais aussi plus proche de la réalité. Certains aussi mais bon, ce n'est pas un problème personnel mais politique... Nous sommes d'accord: c'est inconcevable que les dirigeants syndicaux ne se rendent pas compte des conséquences que ça va avoir par exemple sur les collègues qui font de la route. On peut tourner, virer, nous passer la pommade ou brasser de l'air avec une soi disant concertation, nos représentants ont non seulement accepté un recul mais pire, ils ne voient même pas où est le problème. Ils sont probablement de bonne foi et ça, ça fait vraiment peur. Par pitié, nuancez vos propos: pas tous les syndicats, même au niveau national... Il suffit de voir notre résolution générale... Dans ma logique, certains syndicats ont tout à fait le droit d'être pour cette réforme, tant qu'ils sont honnêtes sur leur ligne. La position du SE-Unsa me choque moins que celle du Snuipp, par exemple, car c'est dans la continuité de ce qu'ils défendent (même si je ne suis pas d'accord, je les respecte pour ça): il n'y a pas de surprise pour moi les concernant.
nola Posté(e) 5 octobre 2013 Posté(e) 5 octobre 2013 Et je trouve que le rôle des syndicats n'a pas été de protéger le personnel. L'exemple du passage aux 4.5 jours de classe est criant. certaines se trouvent à devoir effectuer des jonglages absolument insupportables pour gérer vie de classe et vie de famille. Disons la direction nationale des syndicats majoritaires. C'est certes plus long mais aussi plus proche de la réalité. Certains aussi mais bon, ce n'est pas un problème personnel mais politique... Nous sommes d'accord: c'est inconcevable que les dirigeants syndicaux ne se rendent pas compte des conséquences que ça va avoir par exemple sur les collègues qui font de la route. On peut tourner, virer, nous passer la pommade ou brasser de l'air avec une soi disant concertation, nos représentants ont non seulement accepté un recul mais pire, ils ne voient même pas où est le problème. Ils sont probablement de bonne foi et ça, ça fait vraiment peur. Par pitié, nuancez vos propos: pas tous les syndicats, même au niveau national... Il suffit de voir notre résolution générale... Dans ma logique, certains syndicats ont tout à fait le droit d'être pour cette réforme, tant qu'ils sont honnêtes sur leur ligne. La position du SE-Unsa me choque moins que celle du Snuipp, par exemple, car c'est dans la continuité de ce qu'ils défendent (même si je ne suis pas d'accord, je les respecte pour ça): il n'y a pas de surprise pour moi les concernant. J'ai nuancé Mayre. Je suis aussi d'accord sur le fait que le SE est plus honnête que le SNUIPP, même si on pourrait s'attendre à ce qu'ils reconnaissent aussi les conséquences de leurs choix sur les collègues; mais si prêt des élections professionnelles, ce serait sans doute un trop gros effort de franchise.
prof désécol Posté(e) 5 octobre 2013 Posté(e) 5 octobre 2013 L'an dernier au rectorat lors d'un stage les intervenantes disaient toujours les maitresses et le directeur. Classique. J'espère que le recteur va recadrer ces intervenantes ! Ceci dit, pour occuper un poste à responsabilités, hein... Effectivement dans les moyens de lutte, il y a des choses qui sont socialement plus acceptables pour un homme que pour une femme Oui, et puis un homme qui ne pense pas en priorité au biendézenfants est excusable ; après tout, dans la nature, c'est le lion ou la lionne qui pourvoit aux besoins des petits, hein ? Nan mais oh ! Alors qu'une femme dans ce cas n'est qu'une horrible créature vouée aux flammes de l'Enfer. Lire à ce sujet "L'amour en plus" d'Elisabeth Badinter. Je pense d'ailleurs que c'est surtout la position et l'image sociales liées à nos profession qui est déterminante dans d'éventuels choix de moyens de luttes ou d'actions (par exemple les instits vont rarement choisir d'entrer en force dans un batiment public type mairie ou rectorat même si il avait décidé de l'occuper car elles et ils auront peur de donner une image violente) Oui, l'image de l'instituteur sobre et moralisateur sorti tout droit des romans de Pagnol persiste dans les esprits. "Comment expliquer au petit Kevin qu'il doit évacuer fissa le préau pendant la récré s'il t'a vu squatter le rectorat la veille au 20h ?", etc... Peillon n'a pas hésité à employer ce type d'arguments spécieux quand les CRS ont balancé du gaz lacrymo sur les enseignants qui s'étaient engagés dans la rue de Grenelle...
zouar Posté(e) 5 octobre 2013 Auteur Posté(e) 5 octobre 2013 (modifié) Au rayon com' de combat, je me souviens aussi de ce qui se disait en 2003 lorsque des collègues avaient balancé des programmes: "des enseignants qui ne respectent pas les livres etc..." avec des sous-entendus très tendancieux en prime (autodafés sinistres...). Les attachés de com des ministères sont à la manoeuvre. C'est pourquoi je pense qu'en restant sur des modèles de lutte traditionnels, la bataille de la communication - toujours plus essentielle - est perdue d'avance. D'autant plus que je trouve que les manifs ont perdu leur ambiance dynamique et festive. Désormais, ce sont des défilés moroses, ambiance enterrement des illusions. Les réformes que nous combattons, elles, survivent. nola, qu'entends-tu concrètement par grève du zèle ? Modifié 5 octobre 2013 par zouar
nola Posté(e) 5 octobre 2013 Posté(e) 5 octobre 2013 Refus de tout ce qui sort de nos ORS, décompte précis des 108h, refus des ordres oraux, demande systématique de précisions quand c'est flou (voir le travail que font FO, SUD et la CGT sur le rattrapage de la pré-rentrée), pas de demande de maintien si PPS exigé mais aucun moyen débloqué, renvois systématique des questions vers les IEN ou les mairies si elles ne nous concernent pas et il y a sans doute encore d'autres choses à faire. En gros: refuser de porter seul sur le terrain le poids des contradictions de notre ministère, notre hiérarchie et de l'état. Je rencontre pas mal de collègues qui le font plus ou moins mais ça mériterait d'être organisé. Attention: quand je vois qui nous avons en face, je suis pessimiste et je pense que c'est mission quasi impossible mais nous savons tous depuis 2003 qu'une grève "classique" est vouée à l'échec. 1
prof désécol Posté(e) 5 octobre 2013 Posté(e) 5 octobre 2013 (modifié) nous savons tous depuis 2003 qu'une grève "classique" est vouée à l'échec. C'est assez agaçant de lire une phrase du type "on sait tous que". Ben non, pas forcément d'accord. Si tu attends un retrait immédiat d'un texte et la démission du ministre le soir même, alors là, évidemment... Mais toutes les grèves effectuées cette année ont glissé un grain de sable dans la belle rhétorique ministérielle, et ont initié un débat dans la société qui est loin de s'apaiser. Si tous les collègues parisiens (dont je suis) avaient pensé comme toi le mercredi 19 décembre 2012 en ne se rendant pas au premier défilé parisien, peut-être y aurait-il déjà 50% de communes dans les nouveaux rythmes. Beaucoup de maires ont sans doute décidé de jouer l'attentisme et la prudence, quand ce n'est pas le pourrissement, suite au barnum de l'année écoulée. La position de Peillon est une ligne dure, mais aujourd'hui il est isolé et horripile les autres ; qui sait la tournure que tout cela va prendre ?... D'autre part, une grève (et la manif qui l'accompagne) permet de se compter. Et ça, les chefaillons du SNUI-pp l'ont bien compris et se sont d'ailleurs retrouvés contraints de faire le grand écart entre leur allégeance au ministre et la colère des militants de base. Rien que pour ça, je suis prêt à reperdre quelques jours de salaire cette année. Modifié 5 octobre 2013 par prof désécol
prof désécol Posté(e) 5 octobre 2013 Posté(e) 5 octobre 2013 [Mode Uchronie on] Le Parisien, mercredi 19 décembre 2012 Vincent Peillon s'est exprimé ce matin pour remercier le soutien unanime de tous les syndicats du primaire à la réforme des rythmes scolaires qui devrait être mise en place dans toutes les communes de France dès la rentrée prochaine. Fort de ce plébiscite, le ministre a annoncé sa volonté de mettre en place un zonage des vacances scolaires dès l'été 2013. Martine Aubry a fait savoir qu'elle se félicitait d'une réforme aussi audacieuse et Gérard Collomb indique que la ville de Lyon est prête à mettre en oeuvre la réforme dès janvier. Jean-François Copé, plus mesuré, reconnaît que les choses vont dans le bon sens même s'il craint une pénurie de pain au chocolat pendant ce nouveau temps éducatif, faute de financement. Sébastien Sihr regrette que la question des rythmes n'englobe pas la question du changement de statut des enseignants. C'était, déplore-t-il, "l'occasion de confier la gestion et le recrutement des enseignants aux collectivités territoriales de manière à répartir au mieux les moyens humains, dans l'intérêt des enfants". Concernant le passage 35 heures, le ministre a tenu à rassurer le SE-unsa : les heures relatives à l'augmentation programmée des obligations de service des personnels enseignants pourront être effectuées dans l'école ou dans un local à proximité immédiate mis à disposition par la mairie (MJC, bibliothèque municipale, etc...) Enfin, une prime de 24 euros annuels est prévue pour revaloriser la profession d'enseignant-animateur qui en avait bien besoin. [mode Uchronie off]
zouar Posté(e) 5 octobre 2013 Auteur Posté(e) 5 octobre 2013 J'ai pris plaisir à lire ton texte. Je crains que tu sois proche de la réalité. La grève a pu participer au choix des maires qui ont repoussé l'application de la réforme - tant mieux, mais je ne pense pas que ce fut le facteur déterminant. Il fallait laisser d'autres essuyer les plâtres afin de disposer de retours d'expérience, surtout que l'échéance des municipales approche à grands pas. Quant à la grève du zèle, ça peut permettre de se faire plaisir, c'est déjà ça. Dans mon école, nous sommes déjà un certain nombre à la faire, naturellement, sans se forcer. Mais comme tu le dis-toi même, ça sent un peu la loose.
elpissou Posté(e) 5 octobre 2013 Posté(e) 5 octobre 2013 J'ai pris plaisir à lire ton texte. Je crains que tu sois proche de la réalité. Et moi j'ai appris un mot !
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