abcdefghij Posté(e) 19 janvier 2014 Posté(e) 19 janvier 2014 D'un autre côté, je peux ne pas chercher à en faire moins (je parle des prép et des corrections). Je peux avoir envie de continuer à bosser beaucoup, parce que je trouve cela nécessaire, et penser que mon travail n'est jamais assez abouti, jamais assez adapté à des élèves qui changent chaque année... Le fait que l'on soit en train de dévier sur "comment en faire moins ?" alors qu'au départ, c'est bien la question du salaire - pas du tout adapté à la somme de travail et de responsabilités que nous assumons (presque) tous, je trouve - est assez représentatif d'une profession qui souhaite s'investir proportionnellement aux reconnaissances diverses dont elle (ne) bénéficie (pas). Et le salaire est une première forme de reconnaissance. Je ne me pose absolument pas en donneuse de leçons - quelle horreur- (ne pas se méprendre sur la teneur de mon message), mais je fais juste un constat. Cette position, qui consiste grosso modo à "leur en donner pour l'argent" est tout à fait normale. J'aimerais pourtant pouvoir continuer à bosser 50 heures par semaine, sans culpabiliser, avec un salaire qui m'y encouragerait.
Nadikaah Posté(e) 19 janvier 2014 Posté(e) 19 janvier 2014 Une petite remarque par rapport au côté de chronophage de notre métier : je connais des instits qui semblent très bien faire leur job sans pour autant y consacrer des heures et des heures. J'ai souvenir d'une collègue de CP, certes expérimentée, qui quittait l'école chaque jour à 16h35 avec son sac à main, arrivait le lendemain à 8h à l'école et oubliait le travail entre temps (sans bosser les week-ends). Je n'ai jamais réussi à fonctionner ainsi, mais suite à mes soucis de santé l'an dernier, j'ai appris à relacher un peu. Je ne remets pas en cause ta parole, mais le souvenir que tu évoques d'une PE partant dès 16h30 sans rien emporter chez elle ne me semble absolument pas représentatif de notre boulot. Au mieux, un fantasme des gens extérieurs. 15 ans d'AGS, huitième année en Ce2, dont 6 dans la même école, et je caresse toujours le doux rêve de faire comme elle, au moins une fois par mois... Mais cela n'a jamais été possible. Il faudrait pour cela que certaines conditions soient remplies - à savoir : - qu'aucun parent ne soit en retard; - qu'aucun parent n'ait quelque chose à te dire au portail, et que toi tu n'aies pas non plus à les voir; - que toutes tes photocopies pour le lendemain soient prêtes; - que tu aies corrigé toute ta matinée à midi, même en cas d'APC; - que tu n'aies fait aucun travail écrit l'après-midi; - que tu aies eu le temps de ranger ta classe, d'effacer ou de préparer tes tableaux avant la sortie des élèves; - qu'il n'y ait aucune réunion entre collègues prévues; - que tu ne fasses aucun travail en équipe, ou commun à deux enseignants au moins - qui imposerait que tu aies besoin d'un temps de concertation; - que tu arrives à faire tout l'administratif sur le temps de classe; - que tes prép' des années précédentes soient suffisamment satisfaisantes pour que tu n'aies rien à améliorer ou à changer; - ... En conclusion, pas une seule fois je n'ai réussi à partir 5 minutes - voire 30- après la classe. Ne faisons pas rêver Glouch avec ça Je fais partie de celles qui quittent l'école à 16h35-40 (oui, les parents sont en retard...) MAIS pour ça j'accepte : - de passer 2x3 h les 2 premiers jours de chaque période à tout photocopier, découper, ranger dans l'ordre chronologique tous mes cours et exo. - de manger en 15 min chrono pour corriger tout le travail du matin. - de corriger collectivement quand c'est possible et pertinent. - de faire tous les services du matin pour avoir le service de l'après midi pour corriger les écrits du début d'aprem. - de ne faire aucun travail écrit après la récré de l'apres midi : donc chant, anglais, sport, finir de colorier la carte de géo ou le dessin de poésie, jeux (bingo, domino) des tables de multiplication en collectif, copie de la poésie, questions de lecture, morale etc... - d'arriver 20 min avant le matin pour préparer le tableau - de passer la moitié de mes vacances à bosser. - de passer 15 min le samedi à recopier sur mon CJ ce qui est prévu sur mon ordi - de prendre 30-40 min 6 à 7 fois par période pour préparer les évaluations. - et oui, l'administratif, je le fais sur temps de classe généralement, quand les elèves font les exo, sauf pour les PPRE que je fais pendant les vacances. En fait, c'est juste une autre organisation du temps de travail je pense. Manière, le soir, je ne peux pas travailler, beaucoup trop fatiguée et très peu productive. Mais au moins, le soir, je peux aller à ma gym / profiter de mon homme / regarder une série et surtout me coucher tôt. C'est vital pour moi sinon mes soucis de santé reprennent le dessus. Ton rythme est faisable avec un voire deux niveaux de cycle 3. Mais avec un triple niveau, c'est strictement im-po-ssi-ble. je bosse la moitié des vacances + 50 heures semaine (période 1) // 45 heures semaines les autres périodes. Et encore, je vais à l'essentiel... C'est à peu près ce que j'aiécrit au dessus de ton message Nao
nola Posté(e) 19 janvier 2014 Posté(e) 19 janvier 2014 D'un autre côté, je peux ne pas chercher à en faire moins (je parle des prép et des corrections). Je peux avoir envie de continuer à bosser beaucoup, parce que je trouve cela nécessaire, et penser que mon travail n'est jamais assez abouti, jamais assez adapté à des élèves qui changent chaque année... Le fait que l'on soit en train de dévier sur "comment en faire moins ?" alors qu'au départ, c'est bien la question du salaire - pas du tout adapté à la somme de travail et de responsabilités que nous assumons (presque) tous, je trouve, est assez représentatif d'une profession qui souhaite s'investir proportionnellement aux reconnaissances diverses dont il (ne) bénéficie (pas). Et le salaire est une première forme de reconnaissance. Je ne me pose absolument pas en donneuse de leçons - quelle horreur- (ne pas se méprendre sur la teneur de mon message), mais je fais juste un constat. Cette position, qui consiste grosso modo à "leur en donner pour l'argent" est tout à fait normale. J'aimerais pourtant pouvoir continuer à bosser 50 heures par semaine, sans culpabiliser, avec un salaire qui m'y encouragerait. +1 Ce qui nous est régulièrement proposé comme "améliorations", c'est moins d'heures de classe, les heures de classe supprimées devenant des heures de blabla et de paperasses. En revanche, la question des salaires, et notamment de la différence avec nos collègues des autres pays de l'OCDE mais aussi du secondaire, n'est quasiment jamais abordée. Je ne veux ni moins d'heures, ni moins de responsabilité, ni plus de vacances rattrapées n'importe quand dans des conditions foireuses. Remplir des tableaux excel,participer à des réunions pour couper les cheveux en quatre parce qu'un ministre a décidé de se faire mousser en pondant une énième réforme visant à décharger l'état de ses responsabilités, cocher des petites cases pour faire plaisir à des technocrates, courir après le temps parce qu'on réduit le temps de classe mais se taper 10 ou 12 semaines d'affilée en dernière période pour ne pas fâcher les accrocs aux sports d'hiver, c'est ce qui complique la vie de nos élèves. 1
sgorre Posté(e) 19 janvier 2014 Posté(e) 19 janvier 2014 J'aimerai plus de temps de concertation, du temps utiles avec des collègues qui ont envie de faire aussi avancer les choses... Quand des fois, avec 2 collègues, on va ensemble à l'école le dimanche aprèm pour faire nos photocops et discuter de ce qu'on va faire pendant la semaine, les autres nous regardent avec une condescendance presque vomitive... Si on travaille seule dans ce métier, à mon sens, on est mort... et aigri et blasé ...
Lison Posté(e) 19 janvier 2014 Posté(e) 19 janvier 2014 Je confirme ce qui a été dit plus haut. Le métier de PE est extrêmement chronophage. Après 3 ans d'enseignement, je bosse encore 6 j/7 de 07h45 à 17 h00 le LM J V + 4 heures le mercredi + 7 heures le dimanche sans compter les concertations et autres extras. Je ne prends que 10 minutes de pause à midi pour rentrer le plus tôt possible le soir car je travaille à 45 minutes de chez moi cette année. Je précise que j'ai beaucoup levé le pied ce que la CPC m'a reprochée (je ne suis pas assez passionnée selon elle). Je travaille aussi 8 h par jour une semaine sur 2 pendant les petites vacances scolaires et 3 semaines pendant les grandes vacances. Mon conjoint PE depuis 2007 et sur un poste à titre définitif avec les mêmes niveaux depuis 4 ans (il a eu un énorme coup de chance d'avoir ce poste) bosse autant que moi. Mais il est encore passionné lui! Avec nos deux salaires de PE (3400 euros nets), nous peinons à acheter une maison de 90 m² en province dans un département peu cher alors que nous bénéficions de 50 000 euros par an grâce à un héritage. Nous cherchons depuis 7 mois maintenant en vain mais les maisons à 190 000 en bon état ne courent pas les rues. Pourtant, nous sortons peu et je cuisine beaucoup moi-même, fait attention aux promotions et me fait rembourser des produits dans les supermarchés. Ce n'est pas la misère loin de là mais ce n'est pas non plus la vie confortable d'un couple de catégorie A que j'imaginais avant de devenir PE. Mes parents catégories B et C avaient un bien meilleur niveau de vie et une maison que nous serions incapables de nous payer dans le même département. Certes le pays est en déclin et tout le monde se serre la ceinture mais j'aimerais vraiment avoir d'autres opportunités d'évolution que mes études tournées vers l'enseignement ne permettent pas. Après oui, je fais un métier que j'aime, passionnant mais sans aucune reconnaissance de mon travail ni salarial ni social. Et je vais probablement attendre au moins 6 ans avant de me stabiliser sur un poste dans une zone géographique correcte. J'ai plus de 30 ans d'instit' derrière moi et je me reconnais dans tes horaires; c'est vrai que je suis passée du cycle 3 à la maternelle il y a 3 ans et que cela m'a demandé beaucoup de travail mais je suis toujours arrivé à l'école à 7h50 pour en repartir à 17h30. Je reste à l'école à midi pour préparer tout le matériel d'arts visuels et faire mes affichages.Pour le niveau de vie, il ne faut quand même pas se plaindre. J'ai pu financer mes deux enfants étudiants pendant 5 ans et il m'arrive de me faire des petits plaisirs quand je passe devant une boutique de vêtements . Pourtant je n'ai pas épousé un homme riche ! Simplement il faut bien gérer son budget. C'est sur que si on veut être très à l'aise et avoir une maison de rêve, il ne faut pas faire ce métier! Moi je n'en changerai pour rien au monde. C'est pas mal moralisateur ce message ! Tu es propriétaire ? Tu as acheté il y a combien de temps ? Les choses ont changé, les gens qui ont la cinquantaine ont eu plus de facilités à débuter que les jeunes... Mes parents ont fait vivre 5 personnes sur le seul salaire de prof (du secondaire) de mon père. Il ont pu acheter une belle maison, nous payer des vacances tous les ans, etc. Ils faisaient attention mais on n'a jamais souffert, nous n'étions pas pauvres, en effet. Ils ont pu payer nos études parce que la maison était payée et que ma mère a repris le travail quand la plus jeune est entrée au collège. Il reconnaissaient que maintenant, vu la valeur de leur maison aujourd'hui, vu le coût de la vie et vu le salaire de mon père qui n'a pas bougé, ils ne pourraient plus faire la même chose. Pour acquérir un appartement de 90 m2 avec travaux (que j'ai fait moi même, avec mon compagnon, en y passant mes mercredis et we pendant 2 ans et quelques), nous nous sommes endettés à 40% sur 25 ans, mon salaire entier passe dans le prêt (et encore, c'est parce que nous avions un gros apport personnel). À ça, il faut ajouter environ 300 euros de charges mensuelles. Plus les impôts, etc. Non, on ne met rien de côté, on n'a pas de "logement de rêve" ni la folie des grandeurs. Mais nous devons tout simplement être mauvais gestionnaires, je ne vois que ça.
abel27 Posté(e) 19 janvier 2014 Posté(e) 19 janvier 2014 Je pense aussi que quand on souhaite accéder à la propriété maintenant avec un salaire d'instit (et un 2ème salaire plus petit), c'est presque impossible, sauf à se retrouver dans des taudis ou dans les quartiers pourris. Et je ne suis pas en région parisienne !
Lena Posté(e) 19 janvier 2014 Posté(e) 19 janvier 2014 Un peu de lecture de graphique? http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Courbe_de_Friggit.jpg
Lison Posté(e) 19 janvier 2014 Posté(e) 19 janvier 2014 merci ! Ou peut-être ? (On a acheté pile dans le "trou" en 2010)
abel27 Posté(e) 19 janvier 2014 Posté(e) 19 janvier 2014 Un peu de lecture de graphique? http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Courbe_de_Friggit.jpg aoutch !
mamou03 Posté(e) 19 janvier 2014 Posté(e) 19 janvier 2014 Je reconnais que la crise de l'immobilier fait qu'aujourd'hui les maisons sont hors de prix.Mais quand j'ai acheté la mienne il y a 20 ans, j'ai pris moi aussi 90m2 et j'ai fait aussi tous les travaux. Mon message ne se voulait pas moralisateur mais quand je vois la misère de certains de mes parents d'élèves je ne me plains pas . Mes parents n'étaient pas enseignants mais ouvriers au SMIC et je me contente de ce que j'ai car je suis quand même plus à l'aise que eux ne l'ont été. Mais je comprends que des PE débutants avec un Master trouve que 1500 euros ce soit un peu juste pour un tel niveau d'études.
gregnalex Posté(e) 19 janvier 2014 Posté(e) 19 janvier 2014 Lena, tu as pris mon idée. Déjà entre 2000 et 2010 c'est plus du tout la même chose. Tout cela est à tempérer en fonction de l'endroit où on habite.
Petit_Gizmo Posté(e) 19 janvier 2014 Posté(e) 19 janvier 2014 Avec un modeste salaire de PE (T11 je crois à l'époque) + un SMIC, nous avons pu acheter sans trop de difficultés une maison assez confortable, avec un peu de terrain, il y a 8 ans. Je précise que nous avions un bon apport (environ un quart du coût de la maison) ayant bien épargné auparavant. Certes nous remboursons chaque mois à hauteur d'1/3 de nos revenus, mais nous parvenons malgré tout à mettre un peu d'argent de côté et à vivre sans nous priver de quoi que ce soit. Je suis donc toujours surpris, sans porter de jugement et sans me la jouer "donneur de leçons", quand je lis qu'avec un salaire de PE + un salaire équivalent ou moins important, les fins de mois sont difficiles. Mais bon, je me dis que plus mes petits loups vont grandir et plus il faudra mettre la main au portefeuille. Les années à venir seront donc sans doute plus tendues ! Quoi qu'il en soit, en fonction de notre lieu d'habitation et de nos contraintes (je bosse à 5km de chez moi, peu de frais d'essence), chaque situation est différente. Impossible de généraliser... Bon courage à tous ceux qui galèrent et se serrent la ceinture !
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