A la manière de... et créativité des élèves?

[sunkiss]

Bonjour,

J'éprouve des difficultés à mettre en œuvre les arts visuels avec mes élèves. Durant mes stages, j'ai vu les enseignants faire réaliser des activités aux élèves, à la manière des artistes. En réalité les élèves ne faisaient que copier le rendu du tableau. Alors que dans les programmes, il est question de développer la créativité des élèves.

Etant encore en formation à l'éspé (ex iufm), on nous incite à se détacher du tableau étudié pour que les élèves le réinterprètent.

En fait, il faut les mettre en situation problème et les questionner: comment peut-on parvenir à ce résultat visuel? quel outil utiliser? comment transmettre cette émotion autrement? Il faut que les élèves tâtonnent, cherchent par eux-mêmes, et donc ne pas leur imposer de méthodes, juste une consigne (pour le cadre) qu'ils mettent en œuvre à leur manière.

Trop souvent sur internet, il y a des productions d'élèves qui montrent bien qu'ils ne font que copier le tableau d'un artiste.

Comment peut-on faire des arts visuels à l'école sans copier l'artiste et en même temps sans trop s'en éloigner de manière à rester dans le thème?

Par exemple, je suis en train de travailler sur un tableau D'Auguste Herbin qui porte sur l'abstraction géométrique. L'artiste a créé un alphabet plastique (à chaque lettre correspond une forme géométrique avec une couleur bien précise). La connaissance de cet alphabet constitue la clé de lecture de ses tableaux qu'il réalise à partir d'un mot ou deux.

J'aimerais que les élèves réalisent un livre de 3 pages racontant une histoire sans utiliser de lettres.

Si je leur demande de réaliser leur propre alphabet plastique avec des figures géométriques comme Herbin, sommes-nous dans la copie ou la création?

Ou est-ce une contrainte nécessaire pour cadrer la thématique "abstraction", qui ne compromet pas pour autant leur inventivité (ils sont libres de raconter l'histoire qu'ils souhaitent et de réaliser leur propre codage tant qu'il contient des formes géométriques).

Merci de votre aide.

[SepH]

Le prof d'arts visuels à l'ICFP nous avait expliqué qu'il ne fallait pas faire "à la manière de ...". Il nous proposait à la place de proposer des techniques, des idées de réalisation, de façon à ce que les élèves fassent à leur manière, et ensuite de leur montrer le tableau de l'artiste.

[Ekole]

bonjour,

Tu pourrais peut-être leur demander d'illustrer un conte ou une fable avec des formes géométriques qui donneraient à la fois une idée des personnages et leur caractère.

Exemple le corbeau et le renard

corbeau: noir, se laisse caresser dans le sens des plumes : arrondi, chante faux:bec en zig zag...

le fromage objet de convoitise: or, rond

renard: orange, rusé: triangle

Position relative des personnages, haut/bas, ...

ainsi tu mets les élèves en sitaution d'associer forme/couleur et sens. Ils pourront comparer avec l'alphabet de Herbin; que donne Corbeau?

(J'ai essayé rapidement sur Publisher, les formes sont disponibles et les couleurs aussi... à parfaire, bien sûr)

[sunkiss]

Merci beaucoup pour vos conseils. J'aime beaucoup l'idée de transposer des fables en abstraction géométrique, le rendu est magnifique, c'est vraiment ce que je souhaite que les élèves réalisent.

Est-ce que j'explique aux élèves comment Herbin s'y prend avant ou après leur mise en activité?

Si je leur montre auparavant l'alphabet du peintre, ils pourront comprendre sa technique, mais ne vont-ils pas être influencés et copier?

[Ekole]

Oui, c'est probable,

c'est pourquoi il vaut mieux dans cet exemple les laisser chercher et produire, puis leur montrer une oeuvre de Herbin et de les laisser s'exprimer dessus; leur expérience leur sera utile.

Ensuite tu pourras leur expliquer la démarche de l'artiste. Ils pourront dans un second temps écrire leur prénom par exemple, en modifiant les formes ou les couleurs pour que leur portrait leur ressemble...

[laflo03]

Il faudrait réserver l'observation de l'oeuvre à une séance ultérieure pour confronter les réalisations des élèves à l'oeuvre de l'artiste. Tu as aussi les différents albums codés de littérature jeunesse qui utilise ce principe.

Tu peux proposer à tes élèves de rechercher une façon d'illustrer une scène de fable, de conte... en n'ultilisant uniquement la règle et le compas. Cela les amènera à faire une recherche par eux même et ça induit forcément des formes géométriques.

Ensuite, confrontation à la consigne et validation.

Amener les élèves à trouver quel personnage est représenté par son camarade et mettre en avant ce qui leur a permis de trouver (forme, couleur, situation spatiale).

Cela permettra déjà d'opérer une sélection et de définir des critères.

Tu peux ensuite proposer les oeuvres d'artistes pour confronter le travail des élèves à celui des artistes.

Tu relances en changeant ta consigne en fonction de critères plastiques que tu souhaites travailler (travailler la peinture, travailler avec du tissu, dessin à l'encre...) ou tu proposes à chaque groupe un matériel différent pour observer différents rendus.

Pour l'illustration de l'histoire écrite par tes élèves ils autont les éléments pour pouvoir créer autant en terme de représentation qu'en terme de matériaux.

[sunkiss]

Merci Laflo03, je viens de voir ton intervention qui m'est très utile. J'ai donc mis en œuvre la séquence d'arts visuels avec mes élèves. J'avais commencé par la découverte de l'œuvre, mais si c'était à refaire je ne l'aurais montrée qu'en cours de réalisation. En effet, je trouve vraiment plus pertinent de les mettre d'emblée en situation de recherche: "comment représenter des personnages de fables avec des instruments de géométrie?".

Donc, pour l' exposé que je présenterai au concours, qui portera sur cette séquence j'ai ajusté mes séances en fonction des obstacles que j'ai rencontrés. Par contre, le professeur d'arts visuels de ma formation m'avait conseillé de na pas utiliser d'instruments de géométrie, mais plutôt des emporte-pièces en forme de cercle, triangle, rectangle et carré. J'avais donc fourni aux élèves des blocs logiques pour qu'ils repassent les formes. Selon lui, il ne faut pas faire de "géométrie cachée", car nous sommes en arts et les élèves pourraient être mis en difficulté lors de la construction des figures. Ainsi, en faisant le contour des formes on élimine la rigueur des mathématiques.

Cela étant, selon vous est-ce que je peux quand même faire un lien avec le programme de géométrie de CE2: "reconnaître, nommer, tracer des figures géométriques". ?

Merci d'avance

[laflo03]

Contente d'avoir pu être utile.

En ce qui concerne les références au programme de géométrie, il est évident que tu peux faire le lien. Ce n'est pas de la géométrie cachée mais plutôt une utilisation différente ou un réinvestissement des connaissances géométriques dans une oeuvre artistique. A l'iufm, j'avais eu tout un module sur le lien maths et arts visuels.

Il est intéressant de proposer des blocs logiques comme gabarits pour ne pas être face à des problèmes de construction mais si un élève a envie de faire un carré avec son compas et sa règle et sait le faire pourquoi l'en empêcher ! Pourquoi un artiste ne pourrait-il pas utiliser le compas ou la règle ?

C'est comme si on disait de ne pas donner de bleu et de jaune mais seulement du vert pour peindre de l'herbe pour ne pas mettre en difficulté ceux qui ne savent pas faire le mélange pour obtenir du vert. Les deux solutions peuvent être proposées, les élèves ont le choix et c'est aussi ça la créativité...

Je ne sais pas si j'ai été claire mais c'est mon opinion.

[sunkiss]

Oui je comprends. Le prof a employé le terme "géométrie cachée" car lorsque j'ai exposé ma séquence j'utilisais un vocabulaire très mathématique (j'insistais sur la vérification des procédures de tracé des élèves) au détriment de l'aspect inventif de l'art. En fait, on voyait que je mettais davantage l'accent sur la rigueur mathématiques et je pense que c'est ce qui l'a gêné.

Il faudrait que je trouve un équilibre entre les deux disciplines (art et géométrie). Dans ma séquence, les élèves travaillent sur papier uni blanc dépourvu de repère, donc je vais quand même devoir vérifier les tracés (angles droits et égalité des longueurs). J'ai peur que le jury me reproche de me servir de l'art pour faire des exercices de géométrie. Après, si certains élèves sont à l'aise avec la construction de figures sur papier uni, je peux vérifier de manière perceptive.

[laflo03]

Alors là je comprends mieux l'intervention de ton prof. Il est difficile de justifier une vérification comme tu le décris dans une séance d'arts visuels. Si tu veux être sûre de l'exactitude de tes figures, il vaut effectivement mieux que tu utilises des gabarits. Le but des arts visuels est l'expression donc si un carré est carré tant mieux pour ton observation et ton lien avec la géométrie mais de mon point de vue tu ne peux être exigente sur la construction dans le cadre des arts visuels. Cela peut être un réinvestissement mais cela ne doit pas constituer une séance de construction en soit sinon c'est de la géométrie et non des arts visuels. Dans le cadre d'une classe cela peut se justifier mais vu que là c'est pour l'option arts visuels il faut que la démarche soit créative.

[FennJA]

Le prof d'arts visuels à l'ICFP nous avait expliqué qu'il ne fallait pas faire "à la manière de ...". Il nous proposait à la place de proposer des techniques, des idées de réalisation, de façon à ce que les élèves fassent à leur manière, et ensuite de leur montrer le tableau de l'artiste.

Tout pareil