Élève avec de gros problèmes de comportement

[helenel]

Honnêtement, je ne comprends pas que l'IEN ne se mouille pas plus que ça. Dans un cas similaire chez nous, en équipe éducative, l'ien a réclamé un aménagement de scolarité pour préserver

- l'enfant : les crises montrent que les journées d'école sont trop longues pour lui

- les autres élèves qui SUBISSENT au quotidien cette situation et la violence qui va avec

- la collègue, qui craque complètement.

Nous avons convaincu les parents d'accepter cet aménagement et l'IEN les a prié de mettre en place un suivi plus intense : sinon, menace de signalement.

Je peux vous dire que ça a fait bouger les choses (dossier mdph pour trouble du comportement, suivi psy, orthophoniste, éducateur à la maison).

Ton élève va mal, il se met effectivement en danger au quotidien!! Maintenir les choses en l'état ne va pas l'aider. Les parents doivent prendre conscience qu'ils n'assument pas leur rôle.

[Solea]

Tu es démunie parce que cet enfant ne semble pas avoir sa place dans une classe. Il a d'autres préoccupations / problèmes qui l'empêchent d'être disponible pour étudier. Et tant que ces problèmes ne seront pas résolus, je ne suis pas sûre que tu puisses réellement faire quelque choses pour changer la situation. Cela ne t'empêche pas de mettre en place de petites choses pour essayer de faire en sorte qu'il ait confiance en toi, qu'il puisse avoir des moments calmes pour travailler un peu, assurer un maximum de sécurité... mais à mon avis le combat se situe ailleurs...

J'avoue que je ne comprends pas la réaction de l'IEN, on voit qu'il n'est pas dans ta classe toute la journée.

Chez nous, ce serait rencontre avec les parents pour demander le renforcement urgent de l'aide extérieure et si rien n'est fait: signalement.

Ton élève me fait plutôt penser à un cas relevant de l'ITEP.

Donc pour moi reste la partie "pedagogique", ça me va en fait (que nous ayons chacun des "points" à gérer dans cette histoire, je me sens un peu soutenue) mais c'est là aussi où je suis démunie parce que je n'arrive pas à imaginer des adaptations qui permettent que cet élève soit... un peu plus élève en fait. Mon souci premier (et au delà des incidents) c'est : comment je peux trouver des mises en place qui l'aident en classe?

[3caille]

Il y a 2 ans j'aurai pu écrire mot pour mot la même chose. J'étais T1 et j'ai hérité du cas de la circo

Il y avait déjà une IP sur le dos, un suivi RASED depuis 5 ans ( là bas tout se passait bien aux dires des réeducateurs successifs).

Le tribunal a mis en place une mesure de sauvegarde en décembre. Surprise une de mes amies était son éduc. Notre classe subissait son comportement depuis septembre. J'ai tenté tout ce que je pouvais pour avec cet élève et sa famille.

J'ai craqué en février avec un arrêt maladie de 3 semaines pour déprime sévère chose qui ne m'était jamais arrivée avant. Une conseillère péda l'avait vue en classe un jour de visite. Ce jour là il s'était particulièrement bien tenu en 1h 30 il avait un peu travaillé,il avait juste jeté son cahier et sa trousse par terre, danser sur sa chaise et lâché un salope. Elle était assez estomaquée et pour la première fois j'ai entendu quelque chose qui m'a fait énormément de bien : " Il ne devrait pas être dans le circuit classique et surtout pas dans ta classe de T1 ".

Ca m'a changé du discours ambiant des collègues qui eux se vantaient d'arriver à le faire tenir 45 min sans grosse crise ben oui il "décompensait" chez moi. Qui me disaient que des enfants difficiles j'en aurai toujours etc..... Qui passaient leur temps à se vanter de leurs "anciens élèves difficiles".

Quand j'ai craqué en février j'ai appelé la conseillère péda en disant : " Je ne peux plus changez moi d'établissement" Finalement c'est l'élève qui a changé d'établissement. L'enseignante qui l'a accueillie avait de la bouteille mais le moins qu'on puisse dire c'est que ce n'était pas encore au top. Le comportement s'est un peu calmé. Aujourd'hui fin CM2 on propose à la famille une orientation SEGPA ou IME.

Il y a 2 ans on avait proposé un ITEP ou au moins un suivi avec AVS. tout avait été refusé par la psy scolaire qui n'avait juste rien compris manque de bol pour lui elle l'avait "vu" depuis la MS.

Ce que j'ai retenu de cette année ? Un profond dégoût du système. Je pense que si cet élève avait eu des parents pouvant s'investir dans sa scolarité ( parlant la langue, ayant un peu de moyens financiers, davantage de ressources culturelles) le gamin n'aurait pas sa place dans le spécialisé et suivrait un cursus classique.

Deux ans après je pense très régulièrement à cet élève .... du coup le fait d'investir mais de ne pas trop s'investir me semble être le meilleur conseil qui soit.

[nola]

Autre conseil important: ne jamais rester seul avec ce problème, prendre plusieurs avis.

[Krystalin33]

Moi ce que j'en dis, c'est que cet élève a beaucoup de chance d'avoir une maîtresse qui a autant envie de trouver quelque chose pour qu'il s'en sorte, qu'il améliore son comportement et annihile peut-être ne serait-ce qu'un iota d'un seul des soucis qu'il occasionne... C'est un élève, certes, mais il est avant tout un enfant, et il ne peut pas se résumer à un handicap.

Je ne nie pas qu'au quotidien, cela doit être très dur pour toi et je comprends ton besoin de trouver un truc pédagogique qui marchera avec lui. Mais le fait est que tu as une classe à gérer, avec un certain nombre d'enfants, et que tu ne peux te permettre les temps d'observation longue dont disposerait une AVSi par ex.

Je ne connais pas le type de handicap que cet enfant peut avoir, mais je salue ton courage et ta bravoure de vouloir l'aider de ton mieux.

Il y a eu de très bons conseils ici, mais je pense qu'il serait prudent de ne pas lancer d'idée d'orientation à la va-vite : on ne connaît pas cet enfant, et s'il est évident qu'il se met en danger, c'est probablement le seul moyen qu'il ait trouvé pour exprimer son besoin que quelqu'un s'occupe de lui personnellement.

Le fait qu'il soit angoissé n'est nullement étonnant : des changements d'école, alors que son comportement y est pour quelque chose, sont une source d'angoisse supplémentaire (et on ne sait pas ce qui se passe dans la famille, ou ailleurs, et tout ce qui peut le mettre dans cet état. Je pense que connaître un peu mieux son parcours précédent peut apporter de l'eau à ton moulin mais point trop n'en faut. Ensuite, vois ce qui se passera avec ce Maître E, qui viendra pour lui précisément (même si c'est un temps particulièrement court, j'en conviens) à la rentrée. Une nouvelle tête, une nouvelle angoisse pour l'enfant, et donc une nécessaire adaptation qui prendra un temps tout aussi nécessaire, tant le simple fait qu'une personne vienne spécialement pour lui pourrait améliorer les choses d'un pouce, mais pourrait tout aussi bien les aggraver temporairement au départ...

Enfin, je terminerai en mettant le doigt sur un point qui me semble essentiel : est-ce qu'il y a quelque chose qu'il aime beaucoup, un intérêt très fort pour un sport par ex ? Quels sont ses niveaux scolaires jusque là dans les matières principales ? En lui proposant des activités autour de ce qui lui plaît dans ces matières-là, cela pourrait éveiller quelque chose chez lui voire atténuer ses angoisses sur certains points, etc.

Voir aussi son suivi (il me semble que tu disais qu'il y en avait un ?) peut être un plus car malgré le secret professionnel auquel ces professionnels sont tenus, ils peuvent t'aider à trouver les pistes qui aideront cet enfant-là et pas un autre.

En attendant, profite bien à fond des congés (prochains à moins que ce ne soit déjà le cas pour toi), et surtout, tente d'oublier (durant ces deux semaines ou l'une d'elles au moins), ton école, ta classe, ta préparation spécifique et cet enfant lui-même : sinon tu finiras vite dingue.

[flore]

Bonjour,

J'aurai besoin d'avis et de conseils, merci à l'avance aux personnes qui me liront...

Il y a dans ma classe (ce2) depuis quelques semaines un élève avec de gros soucis au niveau du comportement: refus quasi-systématique de rentrer en classe, quand il s'y trouve refus de travailler, agressions très fréquentes et surtout très soudaines (je n'arrive pas toujours à comprendre ce qui les déclenche) envers les autres élèves de la classe (jet de trousse mais aussi de chaise, cartable, crachats, coups, insultes...).

Il s'échappe régulièrement et dans ces cas là je dois téléphoner à la directrice (impossible de laisser les autres, et je n'ai pas de collègue à côté qui pourrait surveiller ma classe), qui part à sa recherche (heureusement elle est déchargée mais bon il y a des moments où elle n'est pas sur l'école) et elle le retrouve en général soit en train d'essayer de rentrer dans des lieux "interdits" (réserve, salle des maîtres...) soit en train de se mettre en danger (la dernière: cochon pendu sur les rampes d'escalier, le corps dans le vide!).

Lorsqu'on le contraint il entre en crise et cela peut durer, il faut alors le maintenir (sinon il se fait mal ou il fonce sur n'importe qui pour l'agresser, et c'est dangereux parce qu'il ne se maitrise plus du tout dans ces moments là). Après la crise parfois cela va mieux et il peut revenir en classe, mais en général il ne tient pas plus d'une demie-heure (maximum trois quarts d'heure) sans un nouvel incident.

Il est suivi à l'extérieur mais très peu (une demie heure par semaine).

Nous avons fait une réunion aujourd'hui mais rien ne va se passer: ses parents refusent qu'il ne soit pas à l'école à plein temps, c'est leur droit (confirmé par l'IEN), pas de possibilité d'un avs puisque pas de PPS, pas d'emploi du temps aménagé avec les autres collègues parce que dans leurs classes c'est encore plus dur on a déjà tenté.

J'ai mis en place quelques aménagements auxquels j'ai pensé et/ou que j'ai trouvé en parcourant le forum mais c'est un peu tôt pour les évaluer (il est dans ma classe depuis trois semaines, il arrive d'une autre école, le déplacement a été demandé par l'IEN et accepté par les parents, et surtout il est réellement dans ma classe et "calme" moins d'1/4 du temps par jour alors...).

Je voudrai profiter du weekend puis des vacances qui s'annoncent pour 1/ prendre un peu de recul et 2/ décider d'aménagements à mettre en place pour la rentrée.

Je cherche des pistes et des idées, je suis penseuse de tout, j'avoue que je suis très démunie!

J'oubliais: la psy l'a vu mais elle a un très gros secteur et m'a seulement dit qu'elle essayerait de le revoir... Et qu'il était très angoissé (je m'en doutais) et qu'elle allait essayer de voir avec la famille si plus de soins pouvaient être mis en place. Pas de maître G, le maître E libère un créneau de trois quarts d'heure pour lui à partir de la rentrée, elle viendra dans ma classe.

Merci à ceux qui prendront le temps de me lire et/ou de me répondre!

Comment se fait-il qu'il soit si peu suivi à l'extérieur? Ce sont les parents qui s'y refusent? Car si c'est le cas, j'estime alors qu'il y a une mise en danger de leur enfant et un refus de lui porter assistance et tu devrais alors contacter les services sociaux?

Quant à ton IEN, franchement, ils abusent un peu quand même! Je trouve inadmissible, en gros, c'est à toi et à ta directrice de te débrouiller... Je pense qu'une équipe éducative doit être réunie en urgence dès la rentrée pour cet enfant et voir ce qui peut être fait.

Je te trouve bien courageuse, vraiment, mais tu n'es pas toute seule, il faut que cet enfant soit pris en charge rapidement car il ne faut pas oublier tes autres élèves qui subissent tout ça. Et ta directrice? Qu'en dit -elle? Elle n'en a pas marre de lui courir après? Je pense qu'elle a bien d'autres choses à faire! Bon courage et tiens-nous au courant.

[Pepettebond]

En accueillant des enfants en grande difficulté, en grande souffrance

on apprentd rapidement

que le temps de l'enfant n'est pas celui de l'école (l'enfant explose régulièrement ....)

que le temps de la justice n'est pas celui de l'école (juger juste n'est pas juger dans l'urgence ...)

que le temps des services sociaux n'est pas celui de l'école (laisser aux familles le temps de se déconstruire , reconstruire ,.....)

que le temps des soins n'est pas celui de l'école ( laisse le temps agir , ...)

que le temps des équipes n'est pas celui de l'école ( il faut laisser le temps aux différents acteurs de se mettre en place, .....)

C'est pour cela que l'enseignant peut souffrir parce que du temps de l'école, il en est responsable.

C'est pour cela que l'école peut être lieu de résilience parce c'est le lieu où l'on donne à l'enfant le temps d'attendre que tout se mette en place

C'est pour cela que nous ne sommes pas assez formés.

[graindecafé]

En accueillant des enfants en grande difficulté, en grande souffrance

on apprentd rapidement

que le temps de l'enfant n'est pas celui de l'école (l'enfant explose régulièrement ....)

que le temps de la justice n'est pas celui de l'école (juger juste n'est pas juger dans l'urgence ...)

que le temps des services sociaux n'est pas celui de l'école (laisser aux familles le temps de se déconstruire , reconstruire ,.....)

que le temps des soins n'est pas celui de l'école ( laisse le temps agir , ...)

que le temps des équipes n'est pas celui de l'école ( il faut laisser le temps aux différents acteurs de se mettre en place, .....)

C'est pour cela que l'enseignant peut souffrir parce que du temps de l'école, il en est responsable.

C'est pour cela que l'école peut être lieu de résilience parce c'est le lieu où l'on donne à l'enfant le temps d'attendre que tout se mette en place

C'est pour cela que nous ne sommes pas assez formés.

J'aime beaucoup ton approche, pepettebond.

J'ajouterais que le temps de la famille n'est pas celui de l'école. Or, la famille est essentielle dans la mise en place des aides. Les parents sont parfois très démunis et dans le déni des difficultés de leur enfant.

Ces temps différents nous obligent à mettre la pression sur les partenaires pour que les décisions accélèrent, alors que la famille peut freiner des quatre fers.

Dextermorgane, avec ta directrice, commencez à préparer une EE en y invitant le référent de scolarité, et dans un premier temps, essayez de faire une demande d'AVS.

En attendant, non seulement tu fais bien de tout noter, mais si l'enfant devient parfois incontrôlable, il ne faut pas hésiter à appeler les pompiers pour le calmer.

Lui faire un emploi du temps qui le fasse "tourner" dans les autres classes, par tranche d'1 h 30 par exemple, en gardant la directrice comme recours en cas de grosse crise. Ça te permettrait d'offrir des périodes de calme à tes autres élèves (et à toi aussi).

L'urgence pour ce petit, ce n'est pas le programme scolaire, c'est le soin, prioritairement, donc s'il manque des apprentissages, ce n'est pas grave.

[Esther67]

Comme tout ce qui a été dit, le problème ne se résoudra surement pas à l'école. Il faut juste se dire que l'école permet un lieu rassurant pour l'enfant en perte de repères.

Je crois qu'avec un tel élève la priorité n'est pas, pour lui, les apprentissages. Il faut donc essayer, chercher, tâtonner pour trouver un "truc " qui lui plaise, et l'occupe calmement (enfin le plus possible) pour que tu puisses faire classe au mieux avec les autres qui eux n'ont rien demandé et ont besoin de pouvoir apprendre dans les meilleures conditions.

L'année dernière j'avais aussi un élève particulier : voilà ce que j'ai essayé et qui fonctionnait parfois pour lui : ranger des choses pour moi (photocopies, livre de la bibliothèque,...), afficher / désafficher, dessiner (beaucoup, beaucoup), bricoler avec des feuilles de brouillon et en cas de trop plein : je lui donnais la main. Cela limitait les crises d'insultes et de jets d'objets au travers de la classe.

J'ai adapté mes exigences de comportement et je le lui ai dit, je l'ai aussi expliqué à la classe : il pouvait faire ce qu'il voulait à condition que ça ne soit pas dangereux, et que les autres puissent apprendre et travailler sans être dérangés.

Bon courage,