élève non lecteur

[lauriem]

Bonjour,

Je viens vers vous car je n'arrive pas du tout à avancer avec un élève.

Il a 11 ans. Il est non lecteur, dyslexique et certainement dyspraxique. (je précise que je travaille dans un centre spécialisé).

J'ai essayé de travailler en lecture syllabique avec une méthode d'imprégnation syllabique, mais je me demande si finalement, il ne fonctionnerait pas plus en global.

En gros, il arrive à lire les sons l, r, m (et je m'arrêterai là car c'est peut-être vraiment les seuls sons qu'il maîtrise).

Ce qui rend bien sûr le travail très difficile et l'autonomie impossible car je ne sais vraiment pas quoi lui proposer.

Auriez-vous quelques pistes?

Merci d'avance

[Goëllette]

Il n'y a jamais eu d’Équipe éducative pour cet élève ? Pas de suivi orthophoniste à l'extérieur ?

[Ecoliere]

Tu es en CLIS ?

[nane28]

Bonsoir,

L'an dernier le plus grand de mes élèves (cad le + vieux car il avait été maintenu un an en CLIS faute de place en ULIS) ne savait pas lire non plus. Blocage psychologique apparemment et l'orthophoniste n'avait pu faire + avec lui.

Mais il avait une mémoire incroyable et avait développé de sacrées stratégies.

Quand il fallait légender une image par exemple, il utilisait les affichages de la classe, savait que tel mot était dans tel imagier...

Et en maths ? pas moyen de lui proposer de l'autonomie dans ce domaine ?

[LouisBarthas]

mais je me demande si finalement, il ne fonctionnerait pas plus en global.

En gros, il arrive à lire les sons l, r, m (et je m'arrêterai là car c'est peut-être vraiment les seuls sons qu'il maîtrise).

Ce n'est pas la peine, la lecture globale n'existe pas.

Il faudrait d'abord qu'il apprenne les voyelles. La méthode Borel Maisonny est une excellente méthode de rééducation de la lecture.

[lauriem]

Je suis dans un centre spécialisé (IES) qui accueille des enfants ayant des troubles du langage.

Il est suivi depuis plusieurs années. Il était déjà dans un centre spécialisé . Il a eu de l'orthophonie (mais cette année, c'est arrêté car il est arrivé au centre et il y a une liste d'attente!)

En maths, je ne sais pas ce qu'il vaut car je ne les fais pas, c'est une collègue. Apparemment, très grosses difficultés également mais il s'en sort un peu mieux.

POur Borel et Maisonny je connais, mais il a vraiment un très gros blocage.

A l'oral, il y a de la compréhension de textes, petits textes niveau CE1, grosses lacunes en étude de la langue et grosses difficultés de mémorisation: lui demander d'apprendre à écrire 2 mots-outils par semaine est trop difficile pour lui.

Je ne sais vraiment pas trop quoi faire.

[Goëllette]

En effet, il manquait un certain nombre d'informations.

Je ne connais pas les IES.

[marikikou]

Une année, j'ai eu un élève bloqué à l'écrit: pas de reconnaissance des lettres, a triplé son cp, pas d'entrée dans la lecture jusqu'au jour où il a fait la connaissance des alphas :-) Une révélation pour lui! (il avait 10 ans de mémoire)

[mooglicola]

Pour mes élèves qui n'ont pas les compétences en phono nécessaires, je ne fais pas d'acharnement et je préfère utiliser la méthode freinet qui procède en étapes : On part du vécu de l'élève pour construire ensemble des phrases qui sont affichées (1 affiche par semaine - numérotée - avec une photo en lien avec l'affiche). On fait des tas d'exercices pour bien s'approprier les mots (reconnaissance "globale" et sens). Par contre, je ne leur demande absolument pas de mémoriser l'orthographe des mots, cela viendra plus tard. Au fur et à mesure que nous construisons des affiches, nous réemployons certains mots connus (et les élèves savent parfaitement les retrouver) puis nous nous appuyons sur certains mots pour retrouver des syllabes. Quand c'est bien acquis, nous continuons à avancer et nous arrivons au niveau du phonème.

Dans un premier temps, nous faisons ce travail de recherche collectivement. Quand les élèves sont prets, nous passons à des phases de dictée sur feuille (collective, mais chacun écrit).

C'est une démarche qui demande un long travail suivi mais c'est efficace, et cela permet de raccrocher beaucoup d'élèves qui ont subit les enseignements "classiques" qui ne leur convenaient pas.

Quand une porte ne marche pas, il faut essayer autrement. C'est une approche assez "globale" dans un premier temps mais cela permet de venir progressivement vers la syllabe puis le phonème. On prend l'apprentissage dans l'autre sens.

En plus, pour faciliter la mémorisation des sons, j'utilise un code couleur pour les sons complexes.

[lauriem]

Merci mooglicola!

Effetivement, je pensais partir des mots qu'il savait déjà écrire sans aide (maman, papa, quelques déterminants...) et construire des phrases à partir de là.

Je vais me pencher sur Freinet voir un peu comment il procédait.

En attendant merci !

[Flb]

Bonjour Lauriem,

J'ai en ULIS pour la deuxième année un jeune en attente de place en IME qui ressemble beaucoup dans son fonctionnement à celui de ta situation.

L'an dernier j'ai très patiemment, chaque jour, abordé la lecture/écriture avec 1/2h (doucement prolongé vers 3/4h) de Borel-maisonny, une à deux fois par jour selon dispo :

- Lecture et production de sons avec la gestuelle Borel et des lettres mobiles plastifiées que l'on met sur la table. J'écris un son ("ra"), on le lit ensemble avec la gestuelle et en en faisant 3 tonnes, puis il l'écrit à son tour. Assez vite nous sommes passés aux mots. L'intérêt des lettres mobiles est que les erreurs ne laissent pas de trace et on peut laisser le modèle réussi. Comme les praxis ne sont pas terribles, on écrivait en collant les lettres sur un bout de moquette agrafé sur une planche de contreplaqué, avec du scratch derrière les lettres. Cette année on est passé aux lettres sans scratch posées sur la table et ça entraine les praxis (faut pas avoir peur de perdre du temps).

Maintenant, après 1 an 1/2 de travail quotidien ou bi-quotidien, mon élève écrit avec ces lettres mobiles des phrases très simples que je prononce en sur-articulant. Il fait seul les gestes en support de ce que je prononce, puis place ses lettres et je valide chaque son. Il est en réussite et ne se lasse pas alors que c'est un vrai zappeur. Je crois qu'il est ravi de m'accaparer pour lui tout seul pendant ce moment.

Je me rend compte que certains sons sont maintenant tellement acquis qu'il ne fait plus le geste et écrit directement.

Quand j'ai validé la phrase, il doit la mémoriser seul (avec l'AVS co pour le re-centrer sur sa tache, il n'a aucune autonomie), et s'entrainer à l'écrire sur son ardoise. Maintenant il prend ensuite son cahier et écrit la phrase entre deux couloirs que je lui trace (genre lignes des cahiers de CP. Au fait, savez vous où on peut se procurer un cahier CP de grand format?).

- Les après midi il choisi 5 mots par semaine (1 par jour) qu'il veut savoir écrire et je lui donne son mot du jour. Il commence à avoir un bon petit capital mot qu'il sait lire en global (il se fait un imagier perso. Les premiers mots qu'il m'a demandé, je sais qu'il les connaissait déjà - moto, Noël, …-, mais ça l'a mis en confiance et on continue. Ca fait un an maintenant qu'il fait cet imagier qui devient bien conséquent et il sait pratiquement tout lire sans s'appuyer sur le dessin. il est super fort pour choisir sur internet l'image correspondant au mot, écrire le mot en script et en imprimerie et l'imprimer seul après la validation par AVS. Tout ça lui prend beaucoup de temps mais il a très peu d'inclusion (c'est très compliqué pour lui d'être confronté aux classes du collège.), ne passera ni l'ASSR des collégiens, ni le CFG … alors on prend le temps et il progresse vraiment.