Tiswizz Posté(e) 2 juin 2014 Posté(e) 2 juin 2014 Bonjour, je suis enseignante en GS et ce soir j'ai été confrontée à une situation où je me suis sentie mal à l'aise : J'ai demandé à la mère d'un petit garçon de bien vouloir rester après la classe pour qu'on discute du comportement de son fils de 6 ans (manque de concentration, il n'écoute qu'à moitié les consignes et a l'air perdu quand on s'adresse à lui, ce qui peut vraiment agacer !). Et au cours de la conversation, elle a craqué en me disant (devant lui) qu'elle ne savait plus quoi faire avec lui, qu'elle avait beau le punir mais que ça ne servait à rien, qu'elle était totalement démunie, excédée et elle s'est mise à pleurer. Je lui ai dit de ne pas s'en faire pour autant mais je ne pense pas avoir réussi à la rassurer. Avez-vous déjà vécu une situation similaire ? Comment réagir face à un parent qui craque ? Merci de vos réponses.
gigi38000 Posté(e) 2 juin 2014 Posté(e) 2 juin 2014 J'ai été l'an dernier confrontée à une maman en souffrance car le père de son fils ne lui donnait pas de nouvelles donc sentait que son enfant était mal mais ne savait pas quoi faire... La détresse de cette maman m'avait très émue, j'avais eu du mal à retenir mes larmes face à elle qui commençait à pleurer et son fils qui voulait faire croire que tout ça ne le touchait pas... Je lui avais seulement dit que ma collègue et moi faisions tout pour que ce petit ait un maximum de stabilité au niveau de l'école, qu'elle devait s'appuyer sur sa famille... Pour ton cas, peut-être conseiller à la maman d'aller consulter son médecin traitant, qui pourra l'orienter vers un pédopsychiatre..' C'est ce que j'ai fait avec la maman dont je parle car on ne peut dire à un parent de consulter directement un spécialiste.
Maoria Posté(e) 2 juin 2014 Posté(e) 2 juin 2014 Je pense que pour ce genre de réunion un rendez-vous est conseillé plutôt que de demander un soir à un parent de rester. Cela permet au parent de se "préparer" (car on demande rarement un RDV pour dire que tout va bien). Faire le RDV en deux fois : sans l'enfant puis un bilan devant l'enfant permet aussi de parler plus librement des petits et gros soucis qui peuvent y avoir en classe ou dans la famille. Ensuite j'aurais aussi conseillé à la maman de se diriger vers son médecintraitant en lui disant au'il est normal d'avoir des hauts et des bas dans une famille et qu'il faut oser demander de l'aide si on en ressent le besoin. Et puis j'aurais terminé avec une tape dans le dos et un maladroit "la la" (les fans de TBBT comprendront) car moi aussi ce genre de situation me rend inconfortable :-S
Goëllette Posté(e) 2 juin 2014 Posté(e) 2 juin 2014 Oui, ça m'est déjà arrivé. Comme enseignante mais aussi comme directrice. Les parents modernes sont de moins en moins capables de se faire obéir de leurs enfants, ce qui provoque des difficultés nombreuses, et notamment à l'école. De plus, ils ont perdu l'habitude de discuter entre eux hors de leur présence. C'est ce qui se passe quand ils viennent nous voir, convoqués ou de leur initiative. Le plus souvent, ils nous mettent en cause devant eux, et parfois, ils craquent et avouent leur impuissance. Les deux attitudes sont préjudiciables pour les enfants. Ce qui est difficile pour nous, qui les avons convoqués pour un problème précis, c'est que, même si nous éprouvons de l'empathie, il faut trouver une solution. Donc être juste gentil avec les parents ne fait que retarder le moment de la résolution. Quand le parent craque devant son enfant, je gronde ce dernier, je dis au parent que je comprends sa difficulté mais qu'il est nécessaire d'agir pour son enfant mais également pour lui, parce que la situation n'est pas vivable. Un enfant ne doit pas avoir le dessus sur ses parents. Et ensuite, selon les cas, je propose que l'élève soit vu par le psy scolaire, un psy à l'extérieur, une assistante sociale, ..., et nous prenons rendez-vous pour une semaine après. Il m'est arrivé, quand j'étais directrice, qu'une mère, en plus de me demander (et à son enseignant) un bilan quotidien de sa conduite, propose qu'il vienne dans mon bureau me parler de sa conduite à la maison, le lundi matin. C'était une maman quittée par le père du gosse qui ne prenait plus de ses nouvelles. Je ne sais pas si c'était vraiment LA solution, mais en tous cas, cet élève est venu régulièrement discuter avec moi le lundi matin. Au départ, j'étais sévère, et peu à peu, nos rapports ont été plus complices. Sinon, d'une façon générale, pour éviter de se retrouver au dépourvu quand on rencontre des parents, il est important de reporter, de ne pas accepter la discussion "tout de suite maintenant". Ainsi, on a le temps de réfléchir au message qu'on veut faire passer et à notre réaction en fonction de la leur.
Eleais Posté(e) 2 juin 2014 Posté(e) 2 juin 2014 Connais-tu également les dispositifs et les professionnels du secteur social vers qui tu peux envoyer les parents quand ils expriment des difficultés avec leur enfant. Dans mon département, il existe des "éducateurs de prévention" qui reçoivent les parents et échangent avec eux pour mieux cerner les difficultés : éducatives, mal-être des parents, de l'enfant et orientent en fonction vers d'autres professionnels. C'est un lieu d'écoute et d'échange pour aider les parents dans leur rôle et voir ce qu'ils peuvent changer pour que ce soit plus facile. Ils dépendent du Conseil Général, pour savoir s'ils en existent dans ton département n'hésite pas à téléphoner à la circonscription d'action sociale.
matelot Posté(e) 2 juin 2014 Posté(e) 2 juin 2014 Dans ce genre de cas il n'y a qu'une chose à faire...Victor Novak!... Nous on peut rien: faut une moto, une chemise bleue en jean et des shoes rando jaunes... 2
Mel(yMélo) Posté(e) 2 juin 2014 Posté(e) 2 juin 2014 Je pense que pour ce genre de réunion un rendez-vous est conseillé plutôt que de demander un soir à un parent de rester. Cela permet au parent de se "préparer" (car on demande rarement un RDV pour dire que tout va bien). Faire le RDV en deux fois : sans l'enfant puis un bilan devant l'enfant permet aussi de parler plus librement des petits et gros soucis qui peuvent y avoir en classe ou dans la famille. d'acc avec Maoria il y a parfois des assoc' d'écoles de parents; la PMI qui peut donner des renseignements c'est vrai que c'est déroutant de ne pas savoir orienter les parents vers le professionnel idoine... le généraliste dans ces cas peut être un bon début et puis une attitude empathique de j'entends votre désarroi ...
Goëllette Posté(e) 2 juin 2014 Posté(e) 2 juin 2014 Connais-tu également les dispositifs et les professionnels du secteur social vers qui tu peux envoyer les parents quand ils expriment des difficultés avec leur enfant. Oui, très juste. J'ai oublié d'évoquer cette possibilité.
muralth Posté(e) 2 juin 2014 Posté(e) 2 juin 2014 ça me fait bizarre de voir ce sujet : j'en déduis que c'est exceptionnel ? Pourtant, je ne compte plus le nombre de parents qui ont pu pleurer en rendez-vous, en mode empathie bien sûr ! Etre parent est vraiment difficile, et encore plus parent d'élève, selon les situations, et je trouve qu'il y a beaucoup de solitude actuellement, avec des parents qui n'ont personne pour parler et se retrouvent alors à fleur de peau pour parler de leur situation personnelle.
Nao Posté(e) 3 juin 2014 Posté(e) 3 juin 2014 ça me fait bizarre de voir ce sujet : j'en déduis que c'est exceptionnel ? Pourtant, je ne compte plus le nombre de parents qui ont pu pleurer en rendez-vous, en mode empathie bien sûr ! Etre parent est vraiment difficile, et encore plus parent d'élève, selon les situations, et je trouve qu'il y a beaucoup de solitude actuellement, avec des parents qui n'ont personne pour parler et se retrouvent alors à fleur de peau pour parler de leur situation personnelle. Cela montre aussi que les familles nous prennent quelquefois pour le bureau des pleurs, ce qui n'était pas le cas avant. Les enseignants doivent, en plus du reste, être un soutien devant la détresse familiale. L'année dernière, au moins 4 de mes parents ont pleuré devant moi, les mêmes ont refait le coup cette année (à moi et à ma collègue). Bien souvent, ce sont des parents qui ont tellement évité de dire non à leur enfant qu'ils se retrouvent perdus quand le gamins leur tape dessus. Je parle de la population qui fréquente mon école, c'est certainement différent ailleurs. Je trouve extrêmement pesant d'être l'épaule sur qui pleurer quand je sais pertinemment que tout n'a pas été tenté par la famille pour que la situation s'améliore. Je trouve extrêmement pesant de devoir éduquer les familles à la parentalité, car ce n'est pas notre rôle. D'autant plus que, une fois les "bons conseils" dispensés, ceux ci sont rarement suivis. Donc maintenant, au lieu d'avoir un regard d'empathie, je demande aux parents de se ressaisir devant leur enfant. Ce sont eux qui devraient pleurer, pas les adultes qui ont bien souvent provoqué leurs propres difficultés. Je dois paraître monstrueuse là, mais tant pis.
Nao Posté(e) 3 juin 2014 Posté(e) 3 juin 2014 Quand le parent craque devant son enfant, je gronde ce dernier, je dis au parent que je comprends sa difficulté mais qu'il est nécessaire d'agir pour son enfant mais également pour lui, parce que la situation n'est pas vivable. Un enfant ne doit pas avoir le dessus sur ses parents. Attention. Ce n'est pas parce qu'un parent pleure que son enfant a le dessus sur lui. Ca serait simplifier ce qui est beaucoup plus complexe. Il y a d'excellents parents, pas démissionnaires pour un sou, qui peuvent craquer car ils n'en peuvent plus. Fatigue, soucis, regard de l'institution : c'est beaucoup pour certains. L'essentiel, c'est la confiance, et l'action. C'est dans ce moment là que se construit la confiance, sans jugement. Et après, place à l'action, proposition d'aides (action sociale, PMI, psy), et retour sur les difficultés de l'enfant qui est, on le sait, le coeur du sujet. Ne mélangeons pas tout, et acceptons que les parents soient des êtres humains... comme nous. Donc maintenant, au lieu d'avoir un regard d'empathie, je demande aux parents de se ressaisir devant leur enfant. Ce sont eux qui devraient pleurer, pas les adultes qui ont bien souvent provoqué leurs propres difficultés. Ah oui quand même Je ne suis pas d'accord. Certains enfants sont bien plus difficiles que d'autres. Tout n'est pas si simple. Et un parent excellent éducateur, je le répète, peut "sécher" devant son enfant. Il peut arriver de craquer devant son enfant. Si l'on ne craque pas, l'enfant ressent énormément de choses de toutes façons. Ne généralisons pas. Et c'est donc pour cela que j'ai précisé que je parlais de mon cas, pas des autres secteurs. Il me semble bien avoir précisé que je ne généralisais pas à la France entière. Je sais encore faire la part des choses entre un certain épuisement parental, et une démission. Je suis parent moi même et ce n'est pas toujours simple. Je ne suis cependant pas une épaule sur qui pleurer, pas dans la vie professionnelle en tous les cas.
Goëllette Posté(e) 3 juin 2014 Posté(e) 3 juin 2014 Quand le parent craque devant son enfant, je gronde ce dernier, je dis au parent que je comprends sa difficulté mais qu'il est nécessaire d'agir pour son enfant mais également pour lui, parce que la situation n'est pas vivable. Un enfant ne doit pas avoir le dessus sur ses parents. Attention. Ce n'est pas parce qu'un parent pleure que son enfant a le dessus sur lui. Ca serait simplifier ce qui est beaucoup plus complexe. Il y a d'excellents parents, pas démissionnaires pour un sou, qui peuvent craquer car ils n'en peuvent plus. Fatigue, soucis, regard de l'institution : c'est beaucoup pour certains. L'essentiel, c'est la confiance, et l'action. C'est dans ce moment là que se construit la confiance, sans jugement. Et après, place à l'action, proposition d'aides (action sociale, PMI, psy), et retour sur les difficultés de l'enfant qui est, on le sait, le coeur du sujet. Ne mélangeons pas tout, et acceptons que les parents soient des êtres humains... comme nous. J'ai strictement répondu à la problématique posée et j'ai abordé les miennes. Cela dit, que ça plaise ou non au parent, s'il n'arrive pas à se faire obéir de son enfant, c'est bien que celui-ci a pris le dessus sur lui. Il n'y a pas à tergiverser.
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