Vous avez demandé un temps partiel ? Et bien débrouillez-vous !

[katarinabellachichi]

Je vais faire ma vieille grognon ...

Jadis, c'est à dire il y a moins de 20 ans, les seules possibilités offertes étaient le plein temps ou le mi-temps ( très encadré en sus ) pour les enseignants de premier degré .. Autant dire que peu d'enseignants avaient - financièrement - les reins assez solides pour accéder à cet "avantage".

C'était juste impossible de prétendre pouvoir prendre un temps partiel pour ses enfants ...

Non, ce n'était pas facile de jongler entre la maison, le poste à Saint Blinblin les Alouettes à 50 km du domicile, la nounou ( pas de crèche ), les enfants et la rhonéotypeuse à alcool ( si si ... A Saint Blinblin ! ).

Deux textes pris au hasard :

1995

http://dcalin.fr/textoff/temps_partiel_1995.html

Je cite : Les enseignants exerçant dans les établissements du 1er degré ne peuvent bénéficier que de la seule quotité de 50 p. 100.

2004

http://dcalin.fr/textoff/temps_partiel_2004.html

Je cite : Par ailleurs, s’agissant du temps partiel sur autorisation, un projet de décret en cours de préparation, offre aux personnels enseignants du premier degré une nouvelle possibilité de travail à temps partiel en les autorisant à accomplir un service réduit de deux demi-journées par rapport à un temps complet. De plus, ce projet prévoit l’organisation du mi-temps dans un cadre mensuel afin de vous permettre d’organiser le 50 % dans le cadre de la quinzaine pour les écoles fonctionnant sur quatre jours et demi.

Texte remanié en 2008

http://dcalin.fr/textoff/temps_partiel_2008.html

Lyne heureuse d'avoir pu bénéficier d'un temps partiel pour enfin souffler un peu et parce que, lorsque les enfants sont partis, ce sont nos parents qui vieillissent .

Merci pour ce rappel. J'ignorais ces mesures car il ne m'était pas venu, à l'époque, l'idée de travailler moins, il fallait bien payer les traites de la maison.

[katarinabellachichi]

oui, il me semble qu'avant c'était un métier aussi qui avait l'avantage de laisser les mamans profiter de leurs enfants (pas seulement pendant les vacances), là j'ai l'impression que c'est justement le métier qui ne te permets pas de profiter au max de tes enfants en semaine, car tu as la tête dans le guidon, et dans la paperasse, que tu ramènes en plus chez toi...(et le w end tu bosses aussi)...bref c'est une chance de pouvoir prendre un temps partiel (même si nous financièrement ça va être chaud), mais c'est pas un luxe je trouve...

enfin c'est ma vision mais mon bébé n'a que deux mois et déjà en visualisant ma vie d'avant et ce qui m'attends à la rentrée j'ai peur de ne pas réussir à tout mener de front...(je ne dois pas être très organisée non plus)

J'ai passé le concours de l'IUFM en travaillant (professionnellement ) de nuit et en ayant trois enfants petits. Ensuite, j'ai organié mon temps complet entre le travail à l'école et ma famille, c'était, je pense , aussi dur il y a 20 ans que maintenant.

Il faut juste revoir ses priorités, et en faire moins pour l'école. Bien sûr, les premières années, on est obligé de travailler vraiment dur, mais ensuite, on peut , avec de l'expérience, alléger sa charge de travail. Je me souviens d'une de mes collègues qui avaient quatre enfants dont des jumeaux, qui travaillait à temps plein sur un double-niveau et qui nous racontait qu'elle s'endormait parfois le soir sur son bureau! On est solide, nous, les femmes!

ben ça fait rêver!!!

J'ai une collègue qui a trois enfants, est seule, et gère tout ça trèss bien, elle a même le temps de se préparer de bons petits plats de faire du sport...à côté de ça elle dort très peu et mange très rapidement le midi.....oui tout est possible, mais moi si je ne me pose pas un minimum je pète les plombs!

Et tu as raison ! Ménage-toi, une enseignante au bord du burn out n'est pas une bonne enseignante.

[Goëllette]

Mais mon propos n'était ni de nier que le boulot se complexifie, ni de refuser les temps partiels à qui en veut, mais simplement de recadrer les choses : prendre, ou pas, un temps partiel est, la plupart du temps, un choix, avec ses avantages (indéniables) et ses inconvénients, car il faut bien que le service fonctionne, et enseigner face à des enfants n'est pas vendre de la lessive ou travailler dans un bureau.

La réforme des rythmes n'a rien arrangé.

[petitpinpin]

Moi aussi j'ai une collègue qui a 3 enfants dont des jumeaux et qui n'a jamais pris de temps partiel ..... mais son mari est aussi enseignant.

Perso, je ne sais pas comment j'aurai fait sans cette réduction de temps de travail avec un mari cadre à grosses responsabilités et 2 enfants dont une handicapée. Chaque situation familiale est différente .....

Ma belle-mère, PE aussi a pris un temps partiel après son deuxième enfant (remariage avec mon père) car elle avait du mal à s'en sortir alors qu'avant, elle n'avait pas de souci à tout gérer alors qu'elle était jeune mère célibataire ! Le métier a énormément évolué en 20 ans, elle le dit bien et la possibilité de réduire son activité est parfois vital !

Le souci est l'administration qui ne prévoit jamais ! On a beau envoyer les papier en février-mars et souvent, les articulations ne sont jamais faites ou bien arbitraires. Dans mon cas, CPP et ils n'ont même pas prévu de remplaçant sur mon poste alors que c'est comme cela depuis décembre 2013 !

[graindecafé]

À mon tour de faire la vieille ronchon ;-)

Avant d'entrer à l'EN, je travaillais dans le privé. Beaucoup de responsabilités, gros salaire, 1h30 de trajet le matin, 1h30 de trajet le soir, la maison à payer reposant sur moi car mon conjoint à l'époque venait tout juste de réussir son CAPES. J'ai eu trois enfants en moins de trois ans, j'avais une nounou à la maison, je ne voyais pas grandir mes gosses, je pleurais beaucoup, et j'ai cherché un mi-temps. Impossible dans mon type de job. J'ai profité de la restructuration de ma boîte pour partir. J'ai eu quelques mois à la maison, j'en ai profité pour passer du temps comme maman accompagnatrice à la maternelle de mes deux "grands". À voir bosser les instits, je me disais que c'était ça que je voulais faire ! J'ai passé le concours et je suis entrée à l'IUFM en même temps que mon dernier est entré à la maternelle.

J'avais calculé qu'en terme de temps de travail, le boulot de PE correspondait à peu près à un mi-temps (et le salaire au quart de ce que je touchais avant... No comment). Nous habitions à la campagne. Mon premier poste a été, en T1, l'ouverture d'une classe maternelle dans un village sans école à 50 km de la maison.

J'ai trouvé ça génial, et je n'ai jamais regretté. La vie est devenue bien plus simple, le travail personnel pouvant se faire le soir quand les enfants étaient couchés, j'avais les mercredis et toutes les vacances scolaires, comme mon mari et mes gosses.

Parallèlement, j'avais des responsabilités associatives assez prenantes, avec pas mal de réunions le soir. Je crois que si je m'en sortais aussi bien, c'est que j'étais plus jeune, tout simplement !

C'est lorsque j'ai été balancée directrice que ça a vraiment pesé. J'ai arrêté mon bénévolat à l'extérieur, et là, franchement, j'ai bien plus travaillé. Les enfants ont grandi, ont quitté le nid, que j'ai d'ailleurs quitté aussi peu après. C'est différent maintenant, et je m'investis de nouveau un peu plus dans de nouvelles activités associatives, liées à l'EN, je chante dans une chorale, je refais du sport. Chaque année je me dis que je devrais compter mes heures, chaque année je n'y arrive pas. Grosso modo, je fais 8h / 20 h sur place, sauf le jour où j'ai sport, où je pars à la fin de l'étude à 17h45. Le midi, c'est quasi sans pause, je suis au bureau ou en APC. Je suis souvent à l'école le mercredi matin. Et je bosse tous les soirs et le dimanche après-midi.

Je crois que j'ai une grosse capacité de travail, et d'ailleurs, il faudrait que je songe à préparer ma retraite si je ne veux pas dépérir d'ennui !

Alors Saint Blin-Blin avec la rhonéotypeuse à alcool, mais aussi le cahier journal et tous les documents à la main, avec des stylos de toutes les couleurs, pour des niveaux multiples, j'ai connu aussi, j'ai adoré, même avec trois petits à la maison. Ça ne me serait pas venue à l'idée de passer à temps partiel. Sans doute que déjà financièrement, ça aurait été très chaud !

[petitpinpin]

Graindecafé, le fait d'avoir un mari instit a dû aider quand même. Perso, mon mari a de grosses responsabilités et je gère tout toute seule. C'est pesant et fatigant, même pendant les vacances car je suis seule avec mes 2 filles. Je vais sur 40 ans et je suis fatiguée après ma journée de classe mais je dois embrayer sans répit jusqu'au coucher des enfants (mon mari rentre rarement avant 20h/20h30).

S'il était plus présent, probablement que je ne serai pas contrainte de prendre mon congé de présence parental.....

[graindecafé]

Tu vois Petitpinpin, ce qui me frappe dans ce que tu dis, c'est que jamais ce ne serait venu à l'idée de mon ex-mari de prendre un mi-temps... Grosso modo, nous étions dans la même situation que vous, mais à l'inverse, c'était moi qui ramenait la grosse paye et qui avait les gros horaires. Et c'est moi qui ai changé de job, pas lui qui est passé à temps partiel.

C'était il y a plus de vingt ans. Pourquoi notre métier si féminisé ne voit-il pas davantage de conjoint hors EN modifier son rythme pour s'adapter à celui de sa famille ? Rien de personnel dans cette question, mais j'ai parfois le sentiment que beaucoup de gens souffrent parce qu'ils oublient de considérer leur vie avec un autre angle.

J'édite : il faut reconnaître aussi que le marché de l'emploi n'est plus le même. Mais j'ai passé mon concours de PE après 12 ans en entreprise, c'est faisable aussi !

[Goëllette]

Rien de personnel dans cette question, mais j'ai parfois le sentiment que beaucoup de gens souffrent parce qu'ils oublient de considérer leur vie avec un autre angle.

C'est certain, et dans beaucoup de domaines !

[éléphant rose]

Très bien. A vous lire, vous qui avez tout mené de front (et bravo, sans ironie aucune), j'en déduis que je suis fainéante.

Que faut-il comprendre d'autre ?

Soit.

Je ne me sentais déjà pas valorisée par les médias, les parents, la hiérarchie... mais maintenant je sais ce que pensent certains collègues de mon temps partiel.

[katarinabellachichi]

Très bien. A vous lire, vous qui avez tout mené de front (et bravo, sans ironie aucune), j'en déduis que je suis fainéante.

Que faut-il comprendre d'autre ?

Soit.

Je ne me sentais déjà pas valorisée par les médias, les parents, la hiérarchie... mais maintenant je sais ce que pensent certains collègues de mon temps partiel.

AH non, pas du tout! C'est génial de prendre du temps pour ses enfants, moi, je n'ai pas pu le faire financièrement et j'en aurai toujours du regret.

[lyne47]

Il est des collègues qui ont une énergie sans limite, qui n'envisage aucunement de travailler en temps partiel et c'est tout à fait respectable .

Il est des collègues qui pour x raisons que ce soit pour le confort, par obligation ou choix familial ou parce que leur énergie du départ s'est envolée aspirent à un temps partiel et c'est tout à fait respectable.

Il est des collègues qui pensaient que le temps partiel c'était pour les autres et qui - au gré de leur vie - ne peuvent envisager autre choix qu'un temps partiel et il est très bien que cette possibilité leur soit offerte.

La loi nous donne le choix - un choix possible ce qui n'a pas toujours été le cas ( voir plus haut ) - mais cela devient de plus en plus compliqué : Les 80°/° ne sont plus acceptés ( soyons honnêtes : trop avantageux ) et les contraintes liées aux nouveaux rythmes compliquent la gestion matérielle sur le terrain et administrative. J'ai un doute pour le futur des temps partiels.

Vous avez la possibilité de prendre un temps partiel qui vous permet d'allier vie de famille et vie professionnellle ? C'est très bien et profitez-en Nous n'avions pas le choix et je regrette ...

[Japet]

bien sûr tout est possible... mais il n'empêche, on m'offre la possibilité de prendre un temps partiel, je ne vois pas pourquoi je la refuserai sous pretexte que d'autres y arrivent sans... Bien sûr qu'on peut, mais on profite moins de ses enfants. Chacun ses choix.