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Fusillade à Charlie Hebdo


André Jorge

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Ne serait-ce que bien faire la distinction entre le droit au blasphème, à la caricature, et les provocation incitant à la haine et-ou la violence.

Une distinction plus importante encore réside entre une authentique provocation à la haine ou à la violence — c'est à dire un discours soit y appelant sans ambiguïté, soit susceptible d'être concrètement identifié comme une influence directe d'un acte de haine ou de violence particulier —, effectivement et évidemment condamnable, et un autre susceptible de nombreuses interprétations, et dont l'auteur dément avoir jamais eu l'intention d'appeler à la haine ou à la violence. Si ambiguïté il y a, on peut demander à l'auteur de préciser sa pensée, pas le condamner sur l'interprétation malveillante d'un autre.

Je suis parfaitement conscient qu'on a récemment changé la loi pour donner un poids tout particulier aux interprétations de certaines associations soi-disant anti-racistes, même lorsqu'elles appellent ouvertement à créer des distinctions et des droits particuliers en fonction de la race (je pense par exemple au CRAN). C'est simplement scandaleux — et mortifère pour les valeurs républicaines.

inviter Faurisson est une chose, lui donner la parole en est une autre et ce dernier, une fois sur scène a pu librement s'exprimer dans un micro. Et là, on sort du registre de l'humour pour entrer dans celui de la politique.

Donc, les juges considèrent maintenant Dieudonné comme quelqu'un qui défend une cause et le sanctionnent pour ses idées haineuses.

De l'art de tout mélanger... La haine est un sentiment et, aussi déplaisante soit-elle, elle n'est pas interdite, pas plus qu'une idée. Et j'espère qu'elle ne le sera jamais : je frémis d'avance à imaginer la police de la pensée qui ferait respecter une telle interdiction. Il n'est pas non plus interdit de "défendre une cause", même déplaisante.

Pour moi, dans l'affaire, une seule chose est claire : se réclamer de la liberté d'expression pour s'indigner qu'on "donne la parole" à quiconque, qu'on "le laisse s'exprimer librement", est au mieux totalement incohérent.

Ben, alors, qui c'est qui se mélange les pinceaux ? (lire les passages en rouge pour ceux qui ont la flemme de tout lire)

Qui c'est qui dit d'un côté : "hou, la haine, c'est vilain ! Il faut la condamner !"

Et puis, hop, 30 secondes après : "non, en fait la haine, tu vois, c'est juste un sentiment, un truc vachement humain, ce serait trop bête et injuste de la condamner... condamner la haine, ce serait comme condamner l'amour ! L'amour, la haine, finalement cela ne fait qu'un ! Celui qui reçoit de la haine, c'est comme s'il recevait de l'amour, et bien sûr, cela marche dans l'autre sens."

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une authentique provocation à la haine ou à la violence — c'est à dire un discours soit y appelant sans ambiguïté, soit susceptible d'être concrètement identifié comme une influence directe d'un acte de haine ou de violence particulier —, effectivement et évidemment condamnable,

(...)

La haine est un sentiment et, aussi déplaisante soit-elle, elle n'est pas interdite, pas plus qu'une idée.

Ben, alors, qui c'est qui se mélange les pinceaux ? (lire les passages en rouge pour ceux qui ont la flemme de tout lire)

Ben... toi, toujours.

Relis-bien les phrases que tu as si obligeamment colorées. Cherche bien. Il y a une différence, je t'assure ! (Allez, quelques indices en vrac : sentiment vs. discours ; subjectif vs. objectif ; social vs. intime...)

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Je pense que la période n'est plus à l'intellectualisation à gogo des événements

Au contraire. C'est dans les périodes de crises qu'il est le plus important de prendre un peu de distance, d'analyser la situation au regard d'idées et d'idéaux préalablement revendiqués — d'intellectualiser, si tu veux — plutôt que de se laisser balayer par l'émotion, souvent mauvaise conseillère.

Que proposes-tu TOI, pour réaffirmer la laïcité ?

Parce qu'à la lecture de tes commentaires, j'ai presque l'impression que tu prônes l'inverse.

L'inverse de quoi ?

Si je prône quelque chose, c'est 1/ pour l'individu, le respect absolu de ses libertés fondamentales, y compris évidemment ses libertés d'opinion, d'expression, de publication et de culte. et 2/ pour l'Etat, la laïcité, c'est-à-dire la garantie que ses décisions ne seront déterminées par aucune considération d'ordre religieux — mais aussi bien relative à la race, le sexe, l'apparence, etc. des citoyens, et en général par tout ce dans quoi l'Etat n'a pas à fourrer son nez.

En l'occurrence, les choses me semblent relativement claires : Charlie Hebdo avait le droit de militer pour ce qu'il voulait, y compris l'athéisme voire l'anti-religiosité, l'anti-militarisme, etc, de publier les caricatures qu'il voulait de ce qu'il voulait. De même, tout autre citoyen privé, ou toute organisation, religieuse ou non, était libre de le détester, de le dire, de leur répondre, de manifester contre eux, de publier des contre-journaux, etc. C'est aussi une forme de débat républicain. Il n'a pour moi que deux limites : 1/ la contrainte, et a fortiori la violence et 2/ la nécessaire neutralité de l'Etat. ici, la laïcité consistait pour l'Etat à garantir ces droits et à protéger Charlie et les autres contre tout accès de violence, indépendamment de ce qu'on pouvait penser de ses idées. En ceci, il a échoué, mais je ne le lui reproche pas : il a essayé, il y avait même un policier dans la salle de rédaction funeste.

Ce que je reproche à l'Etat, en l'occurrence, c'est de donner le mauvais exemple. Ce n'est pas son affirmation de la laïcité (même si je la juge passablement hypocrite), c'est au contraire son manque de réserve laïque. A partir du moment où l'Etat se mêle de critiquer publiquement le discours de personnes privées sur la religion (et quoi qu'on essaie de me faire dire, je ne confonds pas avec des appels à la haine !) — qu'il s'agisse de Charlie en 2006, de Dieudonné, de Zemmour ou de Houellebecq aujourd'hui, il n'est plus neutre, il n'est plus laïc. A partir du moment où il s'autorise à décider que ceci ou cela "n'est pas une opinion", "n'est pas de l'humour", etc., et qu'on peut faire taire quelqu'un avec lequel on est en désaccord sans manquer au respect de la liberté d'expression, il cautionne le refus de débattre. A partir du moment où il emploie la force publique pour faire taire un trublion, il légitime l'emploi de la force dans un débat d'idées.

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Donc tu ne proposes rien. Tu noies le poisson. Tu fais le jeu de ceux qui veulent casser la laïcité et nous aligner sur les autres pays.

Je ne pense vraiment pas qu'on puisse comparer Charlie Hebdo et le Dieudonné des dernières années. Rien à voir.

Ni même Dieudonné avec Houellebecq, Zemmour, Ménard et autres Collard dont je ne partage pourtant pas les idées du tout ni les provocations douteuses.

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Ce que je reproche à l'Etat, en l'occurrence, c'est de donner le mauvais exemple. Ce n'est pas son affirmation de la laïcité (même si je la juge passablement hypocrite), c'est au contraire son manque de réserve laïque. A partir du moment où l'Etat se mêle de critiquer publiquement le discours de personnes privées sur la religion (et quoi qu'on essaie de me faire dire, je ne confonds pas avec des appels à la haine !) — qu'il s'agisse de Charlie en 2006, de Dieudonné, de Zemmour ou de Houellebecq aujourd'hui, il n'est plus neutre, il n'est plus laïc. A partir du moment où il s'autorise à décider que ceci ou cela "n'est pas une opinion", "n'est pas de l'humour", etc., et qu'on peut faire taire quelqu'un avec lequel on est en désaccord sans manquer au respect de la liberté d'expression, il cautionne le refus de débattre. A partir du moment où il emploie la force publique pour faire taire un trublion, il légitime l'emploi de la force dans un débat d'idées.

Le niveau de confusion que révèlent ces quelques lignes est édifiant.

Voici les précisions d'un avocat sur Le plus du Nouvel Obs

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1306356-on-ne-peut-pas-comparer-charlie-et-dieudonne-la-liberte-d-expression-a-des-limites.html

Certains commentateurs se sont engouffrés dans la brèche : si "Charlie Hebdo" incarne la liberté d’expression, pourquoi censure-t-on Dieudonné ? Pourquoi n’aurait-il pas droit, lui aussi, à sa protection ? Au fond, n’est-ce pas la même chose ?

Oui, la liberté d’expression s’applique à tous

Oui, de prime abord, on a le droit de se poser la question de l’amalgame. La liberté d’expression s’applique à tous, de manière homogène.

Elle s’applique à la presse, mais aussi aux artistes, aux hommes politiques, aux humoristes. À toutes formes de presse, à toutes formes d’artistes, de politiques, d’humoristes. De "Minute" à "Charlie Hebdo", de Zemmour à Houellebecq, de Le Pen à Melenchon, de Alévêque à Dieudonné.

Elle s’applique à la critique, à la satire, à la caricature. Elle s’applique quand ça heurte, quand ça blesse, quand ça pique. Elle est universelle et est indifférente au mauvais goût, à l’appréciation qualitative, esthétique. Elle s’applique à tous, donc à toutes les religions.

Qu’on aime ou pas "Charlie Hebdo", qu’on aime ou pas Dieudonné, leurs propos, leurs écrits, entrent par nature dans le champ de la liberté d’expression.

Mais l’expression n’est pas libre de manière absolue

Sauf que non, "Charlie" n’est pas Dieudonné. Ou Dieudonné n'est pas "Charlie". Car la liberté d’expression connait des limites : l’abus, l’atteinte aux tiers, la sûreté des hommes.

La liberté d’expression, elle-même, prévoit les cas où elle cesse de primer devant une autre protection. Lorsqu’une expression vise une personne en particulier, et qu’elle est outrageante, ou qu’elle porte atteinte à son honneur, on parle alors de délit d’injure, ou de délit de diffamation.

Lorsqu’une expression vise un groupe de personnes identifiées, une communauté, on parle d’injure, ou de diffamation, en raison de son appartenance à cette communauté. Lorsqu’une expression vise à inciter à la discrimination d’une communauté, à commettre un délit ou crime, contre une ou plusieurs personnes, ou contre cette communauté, on parle de délit d’incitation ou provocation à la haine, à la discrimination.

Lorsqu’une expression conteste un fait historique comme la Shoah, ou l’existence des chambres à gaz, on parle de négationnisme, de délit d’apologie de crime contre l’humanité. Quand une expression minimise ou s’amuse d’un fait de terrorisme, on parle de délit d’apologie du terrorisme.

L’expression n’est donc pas libre de manière absolue. Elle est relative à ces abus. Ces délits sont des infractions pénales, jugées par un tribunal correctionnel, et peuvent donner lieu, selon leur échelle de gravité, à des peines d’amende, et de prison.

Ce qui différencient "Charlie Hebdo" et Dieudonné

Oui, "Charlie Hebdo" et Dieudonné ont un point commun : avoir été traînés en justice pour leurs propos, leurs écrits, un certain nombre de fois.

Non, à ce jour, "Charlie Hebdo" n’a pas été condamné, notamment pour les caricatures de Mahomet. Les juges ont systématiquement reconnu l’intention satirique, humoristique. Et le droit au blasphème. Le fait qu’aucune personne, ou communauté, n’était visée. Uniquement une idée, une icône, la religion.

Oui, Dieudonné est régulièrement condamné. Pour injure. Pour diffamation. Pour incitation à la haine. Notamment contre le peuple juif. Non contre la religion juive, ou contre les icônes de la religion juive, ou contre les extrémistes religieux, non. Contre les juifs, nommés dans leur communauté, même parfois nommés individuellement, comme Bernard Henri-Lévy ou Patrick Cohen.

Modifié par prof désécol
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Que proposes-tu TOI, pour réaffirmer la laïcité ?

(...) Donc tu ne proposes rien. Tu noies le poisson.0

Je ne crois pas noyer le poisson. Je crois que la "réaffirmer la laïcité”, localement, est totalement vain lorsque le mauvais exemple vient d’en haut. ”Réaffirmer la laïcité”, c'est forcément parler de respect des croyances de l‘autre. C'est un message qui n’a aucune chance de passer si le respect demandé est à sens unique, ou même simplement perçu comme tel. Or pour moi, sauf cas pathologique (il y en a trop, c'est vrai), le problème n‘est pas vraiment local et personnel : les enseignants sont globalement perçus comme des gens plutôt tolérant, et respectueux. L'institution scolaire, un peu moins, déjà. Mais le véritable problème est en haut. La France — et l'Occident en général — a clairement une politique anti-musulmane depuis une quinzaine d'années : il suffit de compter le nombre de guerres en cours contre des pays musulmans (même si les étiquettes varient, nous avons ou avions encore très récemment des troupes en Irak, en Afghanistan, en Lybie ; nous avons appelé à frapper la Syrie, l'Iran...) ou dans des pays où nous tapons sur la minorité musulmane (au Mali, au Liban, en Centrafrique). Inversement, nous avons les meilleures relations avec Israël, et les Juifs français ne sont pas traités sur le même pied que les Musulmans. Intégrés ou pas, modérés ou pas, les Musulmans en sont parfaitement conscients, et beaucoup en souffrent. Dans ces conditions, je ne vois aucun moyen de prétendre à la laïcité, à la neutralité de l'Etat.

Il ne faudrait pas forcément grand chose pour que ça change. La France a longtemps eu l'image d'une amie du monde arabe, et il suffirait sans doute de quelques initiatives intelligentes — et authentiquement impartiales et équitables —, par exemple sur la question israélo-palestinienne, pour redorer son blason et la rendre de nouveau audible par les Musulmans sur les questions de laïcité.

Si l'on suppose ce problème résolu — je ne suis pas sûr qu'il y ait non plus besoin d'en faire beaucoup plus, à l'échelon local, que d'expliquer la règle commune. La vraie, celle qui s'appliquerait effectivement à tous, indépendamment de sa religion, pas une légende dorée hypocrite. Ca aussi, ça a parfaitement fonctionné pendant des décennies, et il n'y a pas de raison que ça ne marche plus. La laïcité, la vraie, ça marche.

Tu fais le jeu de ceux qui veulent casser la laïcité et nous aligner sur les autres pays.

Bien au contraire : je suis de ceux qui osent dire que l'Empereur est nu, et qui veulent casser le mensonge made in USA, post-11 septembre, pour mieux rétablir la laïcité à la française.

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Cela fait longtemps que Dieudonné ne fait plus d'humour (...) Un humoriste, ça ?

Militer pour la liberté d'expression des gens qu'on aime bien, avec lesquels on est d'accord ou qui nous font rire, c'est très facile. Le seul vrai test de l'attachement à la liberté d'expression, c'est la réaction de chacun à des discours de types qu'il tient pour des salauds notoires, à des idées qu'il combat de toutes ses forces.

Dans ton cas, celui de Dieudonné semble être un bon étalon. Et si tu appelles à le faire taire, à le sanctionner pénalement, tu perds le droit de t'indigner quand des intégristes musulmans en font autant de ceux qui caricaturent Mahomet. (ne me faites pas dire ce que je ne dis pas : "en faire autant", ce n'est pas la même chose que tirer dans le tas !)

Argon, vous avez bien pris soin de remplacer mes citations de Dieudonné par des points de suspension afin de pouvoir d'établir une équivalence entre ses propos et ceux de Charlie Hebdo, cela au nom de la liberté d'expression dont vous pensez - à tort - qu'elle donne le droit à n'importe qui de dire n'importe quoi sur n'importe qui.

Je me vois obligé de les refaire apparaître (les sources sont dans la page précédente) :

En ce qui concerne l'islamisme radical, Dieudonné a été visé en septembre 2014 par une enquête préliminaire pour apologie d'actes de terrorisme (délit passible de cinq ans de prison) à la suite de l'une des vidéos publiées sur sa chaîne YouTube. Dans cette vidéo intitulée «Feu Folley», et qui commence par les images de la décapitation de James Foley par l'État islamique, Dieudonné ironise sur la mort du journaliste en la comparant à celles de Saddam Hussein ou Kadhafi qui n'ont, selon lui, pas ému « la mafia des Rothschild ». Dieudonné met en parallèle l'EI et la révolution française, déclarant que « la décapitation symbolise le progrès, l'accès à la civilisation » ; il tourne également en dérision les « pleurnicheries » de la famille de la victime, qu'il appelle à se « détendre ».
En février 2002, interviewé par L'Écho des savanes, il fait l'éloge de Ben Laden : « Ben Laden restera dans l'histoire, sa notoriété est internationale et indiscutable. Pour moi, c'est le personnage le plus important de l'histoire contemporaine. Il a réussi à changer les rapports de force. Il est seul contre la plus grande puissance du monde. Donc forcément cela impose le respect ».
Sur son antisémitisme, il a parlé du journaliste de France-Inter, Patrick Cohen, en ces termes : « Tu vois lui, si le vent tourne, je ne suis pas sûr qu'il ait le temps de faire ses valises. Moi, tu vois, quand je l'entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz... Dommage ! ».
Il a dit au comédien Patrick Timsit : « Dans les années 30, t’avais un tas de Timsit qui cassaient les couilles, les gens en ont eu marre. Pour passer de l’énervement à la déportation, il suffit d’avoir pris un petit café serré le matin ».
Il est fier de son amitié avec le négationniste Robert Faurisson qui proclame que le génocide nazi est un « […] mensonge, qui est d'origine essentiellement sioniste, [et] a permis une gigantesque escroquerie politico-financière dont l'État d'Israël est le principal bénéficiaire : « Une bombe médiatique artisanale (...) Fallait que je trouve plus fort que Le Pen. Tu peux pas faire deux fois un coup avec le même personnage. (...) A côté [de Faurisson], Le Pen, c’est Casimir dans L'Île aux enfants. C’est Lorie. (...) Dans le métier, si tu serres la main à ce mec là, t’es grillé, t’es calciné. Vaut mieux avoir le sida. (...) [La spécialité de Faurisson], c’est la contestation. Il conteste, très très fort. (...) Je me suis dit, avec un mec comme ça, on va faire péter le compteur (...) C’est nucléaire ce qui vient de se passer. J’ai fait mieux que Fourniret, Dutroux, tous les pédophiles. Pourquoi tu vas te faire chier à violer un enfant. T’invites Robert chez toi, t’es peinard »
Non, Argon, Dieudonné n'a rien à voir avec Charlie Hebdo, et je ne comprends pas comment vous pouvez soutenir qu'il y aurait tout autant de raisons d'être choqué et indigné par Charlie Hebdo que par de tels propos infâmes, racistes, violents, vulgaires, pleins de haine et de mépris pour son prochain. Non, tous les discours ne se valent pas, la liberté d'expression est juridiquement encadrée et c'est tant mieux. Charlie Hebdo critiquait toutes les religions en tant qu'idéologies, au même titre que n'importe qu'elle autre idée philosophique ou religieuse. Par ses critiques, il n'était pas raciste et n'incitait pas à la haine, contrairement à Dieudonné.
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Que proposes-tu TOI, pour réaffirmer la laïcité ?

(...) Donc tu ne proposes rien. Tu noies le poisson.0

Je ne crois pas noyer le poisson. Je crois que la "réaffirmer la laïcité”, localement, est totalement vain lorsque le mauvais exemple vient d’en haut. ”Réaffirmer la laïcité”, c'est forcément parler de respect des croyances de l‘autre. C'est un message qui n’a aucune chance de passer si le respect demandé est à sens unique, ou même simplement perçu comme tel. Or pour moi, sauf cas pathologique (il y en a trop, c'est vrai), le problème n‘est pas vraiment local et personnel : les enseignants sont globalement perçus comme des gens plutôt tolérant, et respectueux. L'institution scolaire, un peu moins, déjà. Mais le véritable problème est en haut. La France — et l'Occident en général — a clairement une politique anti-musulmane depuis une quinzaine d'années : il suffit de compter le nombre de guerres en cours contre des pays musulmans (même si les étiquettes varient, nous avons ou avions encore très récemment des troupes en Irak, en Afghanistan, en Lybie ; nous avons appelé à frapper la Syrie, l'Iran...) ou dans des pays où nous tapons sur la minorité musulmane (au Mali, au Liban, en Centrafrique). Inversement, nous avons les meilleures relations avec Israël, et les Juifs français ne sont pas traités sur le même pied que les Musulmans. Intégrés ou pas, modérés ou pas, les Musulmans en sont parfaitement conscients, et beaucoup en souffrent. Dans ces conditions, je ne vois aucun moyen de prétendre à la laïcité, à la neutralité de l'Etat.

Il ne faudrait pas forcément grand chose pour que ça change. La France a longtemps eu l'image d'une amie du monde arabe, et il suffirait sans doute de quelques initiatives intelligentes — et authentiquement impartiales et équitables —, par exemple sur la question israélo-palestinienne, pour redorer son blason et la rendre de nouveau audible par les Musulmans sur les questions de laïcité.

Si l'on suppose ce problème résolu — je ne suis pas sûr qu'il y ait non plus besoin d'en faire beaucoup plus, à l'échelon local, que d'expliquer la règle commune. La vraie, celle qui s'appliquerait effectivement à tous, indépendamment de sa religion, pas une légende dorée hypocrite. Ca aussi, ça a parfaitement fonctionné pendant des décennies, et il n'y a pas de raison que ça ne marche plus. La laïcité, la vraie, ça marche.

Tu fais le jeu de ceux qui veulent casser la laïcité et nous aligner sur les autres pays.

Bien au contraire : je suis de ceux qui osent dire que l'Empereur est nu, et qui veulent casser le mensonge made in USA, post-11 septembre, pour mieux rétablir la laïcité à la française.

Ou comment on répond (ou plutôt on ne répond pas vraiment) à des questions courtes et précises par une plâtrée.

C'est exactement ce que je dénonce : du blabla intellectuel qui noie le poisson et empêche la majorité des gens de se rendre compte du danger de la situation présente et facilite l'action des opposants à la laïcité et les pro interdiction du blasphème.

J'ai une question bête (enfin deux, en fait), au petit matin, avec une grosse flemme de faire une recherche mais :

Ne pourrait-on pas rajouter "laïcité" à la devise de la France, comme je l'ai mis dans ma signature ?

Qu'est-ce qui serait nécessaire pour changer la devise en "Liberté-Egalité-Fraternité-Laïcité" ?

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Qu'est-ce qui serait nécessaire pour changer la devise en "Liberté-Egalité-Fraternité-Laïcité" ?

D'abord, il faut gagner cette bataille-là.

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Argon, vous avez bien pris soin de remplacer mes citations de Dieudonné par des points de suspension afin de pouvoir d'établir une équivalence (...)

Je me vois obligé de les refaire apparaître (les sources sont dans la page précédente) :

Non. J'ai abrégé les propos que je citais pour ne pas alourdir le fil par des répétitions inutiles, et par souci de clarté. Je n'ai jamais compris l'intérêt de dupliquer vingt lignes de texte pour n'y ajouter qu'une ou deux lignes de commentaire, comme on en trouve plusieurs exemples dans les pages précédentes. D'une part, je citais précisément la référence, et tes propos complets étaient accessibles en un ou deux clics. D'autre part, je citais entièrement ce à quoi j'avais choisi de répondre en détail. J'ai déjà dit plusieurs fois dans ce fil que je n'aimais pas Dieudonné, qu'il ne me faisait pas rire, et que nombre des personnages qu'il incarnait flirtaient dangereusement avec le racisme. A quoi bon revenir indéfiniment dessus, relever en boucle ses propos les plus dérangeants ? Oui, il franchit parfois les limites de la liberté d'expression. Oui, il est légitimement condamné pour cela (et plutôt deux fois qu'une : à lui, on ne passe pas grand chose). Non, ça ne change absolument rien ni à sa liberté d'expression, ni à la forfaiture que constituent les tentatives du pouvoir, garant de cette liberté, de le faire taire a priori.

Non, Argon, Dieudonné n'a rien à voir avec Charlie Hebdo

L'analogie me semble pourtant évidente. Les provocations de Dieudonné semblent toucher aux valeurs qui te sont les plus sacrées — et à moi. Celles de Charlie touchent à des valeurs qui sont les plus sacrées pour d'autres. Or c'est toute la question de la liberté d'expression que de savoir si l'on respecte le droit d'autrui à contester, voire à caricaturer, ce qui pour nous est sacré. If faut savoir raisonner en variant les points de vue. Défendre le droit de caricaturer les valeurs sacrées... des autres, à l'exception des siennes (vraiment sacrées, elles, et universelles, et humanistes, et tout, et tout, bien sûr !), c'est un peu facile.

je ne comprends pas comment vous pouvez soutenir qu'il y aurait tout autant de raisons d'être choqué et indigné par Charlie Hebdo que par de tels propos infâmes, racistes, violents, vulgaires, pleins de haine et de mépris pour son prochain.

En l'occurrence, ce n'est pas l'intention qui compte, c'est la réception. Je connais de nombreux chrétiens qui tiennent pour "infâme, violente, vulgaire, pleine de haine et de mépris" à leur égard la représentation de Dieu le Père sodomisé par Jésus. Des milliers de musulmans ont manifesté ces derniers jours, dans de nombreux pays, pour exprimer leur choc et leur indignation devant une caricature de leur prophète disant "Je suis Charlie" — donc "je suis athée". Je ne doute pas que cette caricature soit pour eux infâme, raciste, vulgaire, pleine de haine et de mépris à leur égard. Violente, sans doute pas — mais celle de Mahomet dont la tête était une bombe l'était.

Ils ont autant le droit d'être choqués et indignés par Charlie Hebdo que toi de l'être par Dieudonné. Ils ont autant que toi le droit de le manifester de façon virulente, voire haineuse. Ils n'ont pas celui de faire taire Charlie, pas plus que toi de faire taire Dieudonné.

Dieudonné : (...) A côté [de Faurisson], Le Pen, c’est Casimir dans L'Île aux enfants. C’est Lorie. (...) Dans le métier, si tu serres la main à ce mec là, t’es grillé, t’es calciné. Vaut mieux avoir le sida. (...) [La spécialité de Faurisson], c’est la contestation. Il conteste, très très fort. (...) Je me suis dit, avec un mec comme ça, on va faire péter le compteur (...) C’est nucléaire ce qui vient de se passer. J’ai fait mieux que Fourniret, Dutroux, tous les pédophiles. Pourquoi tu vas te faire chier à violer un enfant. T’invites Robert chez toi, t’es peinard »

En l'occurrence, les faits lui donnent raison.

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Ou comment on répond (ou plutôt on ne répond pas vraiment) à des questions courtes et précises par une plâtrée.

C'est rare, mais sur ce coup-là, je te trouve de mauvaise foi. Courte et précise, la question ? Certes. Mais y répondre sérieusement nécessiterait des volumes entiers — il y en a d'ailleurs déjà plein les bibliothèques, et on n'en a pas fait le tour.

Ne pourrait-on pas rajouter "laïcité" à la devise de la France, comme je l'ai mis dans ma signature ?

Qu'est-ce qui serait nécessaire pour changer la devise en "Liberté-Egalité-Fraternité-Laïcité" ?

En fait, c'est très facile. La devise nationale est définie par la Constitution. Il suffirait donc d'une réforme constitutionnelle, c'est-à-dire soit d'un vote du Congrès à la majorité des deux-tiers, soit d'un référendum en ce sens.

Le pourrait-on ? Assurément, donc. Les dirigeants actuels adorent changer la Constitution, ils croient que ça inscrit leur action dans l'histoire. Raffarin était allé jusqu'à changer l'article 1, la définition de notre République (pour préciser que, depuis ses réformes brillantes, son organisation était "décentralisée". Si, si !).

Le doit-on ? Assurément pas. Ce serait affaiblir l'un des piliers de la République, le contrat social lui-même. On peut toujours se faire plaisir en jouant avec les allumettes, mais un symbole ne vaut que par sa charge de magie originelle, son histoire. Liberté - Egalité - Fraternité est un monument solennel, qui porte deux siècles d'histoire glorieuse et impose un respect universel. Liberté - Egalité - Fraternité - Laïcité ne représenterait que le caprice dicté par l'émotion d'un peuple persuadé que ses problèmes du moment ont valeur historique. Même s'il se trouvait une majorité de Français pour l'adopter, le principal effet à court terme serait la création d'une minorité qui ne se reconnaitrait plus dans le devise nationale.

Pire : on aurait établi la légitimité d'un changement de devise sur un coup de tête. Et à moyen terme, le prix à payer serait que plus rien n'empêcherait le prochain gouvernement antipathique de la changer de nouveau : il n'abattrait plus un monument bicentenaire, mais reviendrait simplement sur une réforme récente. A ton avis, qu'est qui conviendrait le mieux à un gouvernement Le Pen, comme devise ? On virerait l'égalité, ou la fraternité ?

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