L'égalité des chances à l'école...

[André Jorge]

Bonjour.

Que proposeriez-vous comme solutions pour garantir l'égalité des chances pour tous les enfants ?

La question concerne l'école bien entendu, mais je pense que la solution dépasse largement le cadre scolaire.

[Polythene Pam]

Un changement de société et de valeurs, pourquoi ?

[chableu]

Je vais être un peu moins ambitieuse...

Rétablir une vraie éducation populaire sur tout le territoire qui remplacerait les naps (taps....et autre dénomination du périscolaire) et serait obligatoire,le latin obligatoire pour tout le monde dès la primaire.

Mais bon,en regardant écoutant les conférences gesticulées de Frank Lepage je me dis que .....je manque vraiment d'ambition

[Lena]

Apporter un enseignement explicite et structuré, que ce qui est compris et mémorisé ne soit pas aussi dépendant qu'actuellement de ce que la famille peut apporter à l'enfant ... ou pas (le "ou pas" étant le problème! ) .

Particulièrement, que les apprentissages de la structuration de la langue ne se fassent pas au détour des productions d'écrit (ce qui signifie que les élèves sont capables d'exprimer la chose, à défaut de le faire bien!) ou des lectures, comme le prônaient les programmes 2002 et le recommande le projet de programme 2016.

Apporter une culture la plus similaire possible entre les différentes écoles et les différents collèges.

Que l'on ne se retrouve pas avec l'étude de Balzac chez les uns et d'une sitcom chez les autres, sous le thème "réalisme" (il y est?) , selon ce qui est permis par le projet de programme 2016.

Pourquoi mes parents, mon conjoint et des ami(e)s, de milieu très modeste, ont fait des études scientifiques?

Parce que cela mobilise un langage peu partagé au niveau familial contrairement à la littérature, la "culture", les langues. Là, ils étaient à égalité avec d'autres élèves plus favorisés socialement, et leur travail couplé à leur intelligence ont fait le reste.

Trois dernières choses:

Le travail, ce n'est pas taboo, c'est une vertu.

Un garçon a le droit d’être respectueux de ses enseignants et de ses pairEs sans être qualifié de tarl0uze.

Un garçon a le droit d'avoir d'excellents résultats sans être qualifié de t@pette.

Changer l'opinion en profondeur dans la population sur ces points amènera de l'égalité entre élèves car les garçons de certains établissements pourraient quitter la posture de petit (bip) qui p0urrit certains classes: meilleurs élèves, ils en deviendraient "plus égaux" qu'actuellement, et ils laisseraient leurs camarades progresser également.

[Lena]

Avoir du travail pour tous, que l'enfant ait envie d'apprendre ce dont il a besoin pour ensuite travailler dans le secteur de son choix.

(avoir comme horizon d'être au RSA comme son GP et son père, à moins de faire du trafic de (bip), ça n'est pas très mobilisateur, c'est clair )

[Silvestri]

Suppression des ZEP et autres REP ou REP+.

Que l'argent mis dans ces structures serve à scolariser, transporter ainsi qu'équiper les élèves issus de ce que l'on appelle pudiquement "les quartiers" dans des écoles dites de centre ville. A compter de ce moment, il y aura une vraie mixité sociale, un changement d'horizon pour des élèves qui ne font que vivre en vase clos: souvent ils partent ensemble de chez eux pour être dans la même classe et ne jouer qu'entre eux, et ce de la maternelle au CM2.

Le changement ne viendra pas des parents, initions-le par les enfants qui, eux, les pousseront par leur curiosité vers d'autres horizons.

Que l'on rétablisse la valeur "travail" qui est devenue tabou.

Modifié 3 juin 2015 par forrester

[Jolimie]

Un questionnaire à remplir sur ce thème dans ce post !

[André Jorge]

Je débute en maternelle, en moyenne section, et je ne peux que constater que les différences entre les enfants sont déjà très importantes et j'ai donc l'impression que tout est joué bien avant la petite section...

Exemple concret :

- l'élève A a des parents juriste et PDG, il est très intelligent, curieux, s'exprime très bien et souvent, connaît de nombreux albums, toutes les lettres de l'alphabet, est bon en numération, etc. Pour le récompenser de son bon comportement en classe, ses parents l'emmènent... au théâtre, ou aller voir une éruption volcanique, etc. Et pendant les vacances, il prend l'avion...

- l'élève B est de milieu social défavorisé, il n'est manifestement pas suffisamment "stimulé" à la maison, il n'articule pas bien quand il parle, ne parle que si on l'interroge, a beaucoup de mal en numération, en dépit du travail d'aide personnalisée effectué toute l'année en APC, et il ne prend pas l'avion.

Que peut faire l'école pour aider l'élève B ? A mon avis : pas grand chose.

=> Je ne crois pas que l'école puisse apporter à l'élève B tout ce dont l'élève A bénéficie.

=> Je ne pense pas non plus que l'élève B soit dans les conditions pour profiter pleinement des apprentissages proposés à l'école.

Je pense donc que le rôle de l'école doit être défini de manière réaliste, mais aussi qu'on arrête de nous confier des missions impossibles à réaliser et qu'on attribue les moyens et qu'on mette en place les structures nécessaires à la mise en place d'une véritable égalité des chances pour les enfants.

[chableu]

et avec ironie je demande:à quoi sert l'école pour l'élève A.....

[Sarri]

Pourquoi avec ironie??? Cette question, je m'en suis posé une très proche après quelques années dans le métier :" Pour qui suis-je utile?"

J'ai alors pris la direction de la Segpa, cela fait 15 ans que j'y suis. C'est très personnel et peut-être stupide, mais j'ai l'impression d'être globalement moins interchangeable pour mes élèves que si j'avais des CM1 ou des CM2 en milieu ordinaire. Du coup, je suis admiratif du boulot et des convictions des collègues du 1er degré qui, pour toute récompense, n'ont droit qu'à des coups ou des peaux de banane.

Aujourd'hui, les réformes ont pour dénominateur commun l'inclusion des plus fragiles, des plus faibles, des plus malades en milieu ordinaire. L'inclusion est un concept à la mode et très séduisant, un concept auquel toute personne ayant un coeur entre les deux oreilles ne peut qu'adhérer. Pourtant l'inclusion sans moyens telle qu'elle est imposée par les réformes actuelles ou à venir est destructrice et ne fait qu'accroître les différences et les souffrances. On a trouvé un soin palliatif : on baisse les exigences, on donne le brevet à des élèves qui n'ont pas le niveau du palier 2, on donne le CAP à des élèves qui ne savent pas lire, on donne les diplômes. On a bien fait notre métier, les statistiques sont belles, nous et nos chefs pavoisons devant tant de réussite et pourtant on n'a rien fait qu'accentuer les différences et entraîner une partie de la population vers des désillusions destructrices en lui faisant croire qu'on s'est occupé d'elle.

Peut-être qu'un jour, il faudra simplement arrêter de faire semblant...

[Juperlau2]

J’acquiesce totalement Sarri!!!!

Je dirai que pour qu'il y ait plus d'égalité à l'école il faudrait arrêter de nier les inégalités qui sont présentes avant l'école, et même dès la naissance... (Nous n'avons pas tous les mêmes aptitudes, c'est pourtant un postulat de notre système éducatif!)

L'égalité serait (pour moi) de permettre à chacun de développer ses talents propres (tout en essayant d'ouvrir vers le reste bien sûr), sans mettre tous les élèves dans le même moule. Ce serait l'égalité vers l'accomplissement personnel.

[Lexdra]

Je débute en maternelle, en moyenne section, et je ne peux que constater que les différences entre les enfants sont déjà très importantes et j'ai donc l'impression que tout est joué bien avant la petite section...

Exemple concret :

- l'élève A a des parents juriste et PDG, il est très intelligent, curieux, s'exprime très bien et souvent, connaît de nombreux albums, toutes les lettres de l'alphabet, est bon en numération, etc. Pour le récompenser de son bon comportement en classe, ses parents l'emmènent... au théâtre, ou aller voir une éruption volcanique, etc. Et pendant les vacances, il prend l'avion...

- l'élève B est de milieu social défavorisé, il n'est manifestement pas suffisamment "stimulé" à la maison, il n'articule pas bien quand il parle, ne parle que si on l'interroge, a beaucoup de mal en numération, en dépit du travail d'aide personnalisée effectué toute l'année en APC, et il ne prend pas l'avion.

Que peut faire l'école pour aider l'élève B ? A mon avis : pas grand chose.

=> Je ne crois pas que l'école puisse apporter à l'élève B tout ce dont l'élève A bénéficie.

=> Je ne pense pas non plus que l'élève B soit dans les conditions pour profiter pleinement des apprentissages proposés à l'école.

Je pense donc que le rôle de l'école doit être défini de manière réaliste, mais aussi qu'on arrête de nous confier des missions impossibles à réaliser et qu'on attribue les moyens et qu'on mette en place les structures nécessaires à la mise en place d'une véritable égalité des chances pour les enfants.

Je vous rejoins malheureusement.

Il faut arrêter de penser que l'école peut effacer les inégalités. L'élève A continuera de progresser plus vite que l'élève B sauf grosse crise d'adolescence plus tard.

Il faut envisager l'école autrement. Je suis une enfant de la République, j'ai profité de l'ascenseur social qu'est l'école mais vu mon décalage j'aurai pu difficilement devenir médecin. Est-ce qu'aujourd'hui je suis malheureuse ? Non, je suis une enseignante heureuse qui aime son métier (un peu trop sans doute).

L'école n'est pas là pour gommer les inégalités, elle est là pour offrir de multiples chances aux enfants, ouvrir des portes qui sans elle ne se seraient jamais ouvertes.

D'autres resteront fermées mais est-ce que tout le monde veut devenir médecin, cosmonaute ....

L'idéologie c'est bien mais je ne comprends pas que le réveil n'ait pas encore sonné.