Gérer un enseignant en difficulté

[RififiHype]

Eh bien, je ne sais pas si ça doit me rassurer, consoler ou au contraire me déprimer, mais à vous lire, Polythene Pam et Pedro, je me sens bien moins seule ! D'ailleurs, Pedro, le comportement de ta collègue ressemble un peu à celui du mien quand il est en "pique" de détresse (délire, propos incohérents etc)... 

Je voulais aussi rebondir sur l'idée de nommer un maître dans ce genre de détresse  "maître supplémentaire"... Comment faire ? C'est le collègue concerné qui doit en faire la demande ? Ce sont des postes réservés à ce type de détresse ou bien ouverts à tous ? Je suppose que c'est trop tard pour l'an prochain, enfin, je ne sais pas, je note ça sur ma "pile de trucs à ne pas oublier de faire/demander à la rentrée"... Je ne comprends pas que notre IEN ne nous ait rien proposé de la sorte alors que ça fait des années qu'on rame et que notre collègue est en souffrance... déjà que le renouvellement de son 80% patho lui a été refusé pour l'an prochain... Mais bon, vu la fierté de ce collègue, pas sûr qu'il accepte ce genre de poste de toute façon...

[gihem]

Ce qui fait bouger l'administration dans ce type de cas, c'est quand les parents montent au créneau.... comme souvent, hélas!

[nat22]

Pour le poste de maître supp, non, ce ne sont pas des postes réservés à des collègues en détresse. Ce sont des postes à profil et je dirai qu'au contraire, il faut être bien dans ses baskets pour assurer, c'est à mon sens un poste exigeant. ( comme la majorité des postes, on est bien d'accord)

[Polythene Pam]

Et bien espérons que les postes de maître sup ne finiront pas comme ceux des profs documentalistes dans le secondaire qui sont, hélas, trop souvent réservés à des profs en burn out.....

Quant au cas du CPE défaillant de mon établissement, de nombreux rapports ont été rédigés, les inspecteurs, DASEN, recteur sont au courant. Résultat ? Rien, tant qu'il n'y aura pas d'incident grave, ce personnel en détresse et en déni, restera.

C'est terrible de vouloir espérer un fait divers sordide pour que les choses évoluent.....

[natoo]

Je trouve que la gestion du personnel dans ces situations est insupportable dans l'EN. Rien n'est fait pour remettre le pied à l'étrier des collègues en détresse. Chez nous un collègue n'allait vraiment pas fort il y a 2 ans. Il a été arrêté, en CLM et est revenu à la rentrée suivante, sans aucune aide. On nous a dit, à l'occasion d'une inspection d'école que s'il revenait c'était dans les mêmes conditions que n'importe qui dans l'équipe, et que s'il voulait de l'aide il fallait qu'il la demande ! Vous imaginez une personne dépressive, demander de l'aide à une administration telle que la nôtre ???? Évidemment qu'il ne l'a pas fait, moi non plus d'ailleurs je n'aurais rien demandé à personne ! Alors ben on s'est débrouillé, on a essayé de ne pas le laisser tout seul à se noyer dans ses trucs. Mais c'est pas facile pour nous de l'aider sans nous montrer intrusif, et je n'ose imaginer pour lui la difficulté à accepter notre aide. Bref, cette année cela semble allez mieux pour lui.

Je trouve que les dirlos ont une place pour le moins inconfortable, ils sont garants du suivi des élèves, mais ne peuvent en aucun cas interférer dans le fonctionnement de classe des collègues. Les IEN bottent pour la plupart en touche, c'est pourtant bien de leur responsabilité dont il est question. Je trouve aussi que ça décrédibilise les équipes, et que ça met à mal le fonctionnement de l'équipe concernée. C'est perdant sur toute la ligne, d'abord les gosses avec un enseignant qui flanche, ensuite l'équipe qui semble toujours couvrir les difficultés et enfin l'EN elle même qui n'assure pas sa responsabilité de gestion du personnel.

[dada]

L'aide de l'administration, on peut en rire, si on a le courage de la demander c'est 6 séances de prises en charge par une psy grace à la MGEN mais pas plus et si on a besoin de plus et bien cette psy qui vous aura suivi ne peut pas le faire avant 6 mois... ( c'est ainsi dans mon département)

Après pour l'aide pédagogique, et bien un enseignant qui a 20  ans d'ancienneté se retrouve avec des visites de CPC tous les mois , avec des rapports, éventuellement des visites de validation par l'IEN, bref comme un jeune PES qui débute...

De quoi remonter son estime de soi à vitesse grand V non?

Comme tu dis Natoo, heureusement qu'il y a des écoles où les équipes accompagnent ces personnels mais ce n'est pas souvent le cas... Je me dis que les enseignants de ses équipes ont bien de la chance de n'avoir jamais eu besoin d'aide et j'espère pour eux que ce jour là s'il arrive, ils auront une équipe humaine autour d'eux...

[mamiebrossard]

Je pense à un truc : est ce que vous avez un GAPP chez vous ? (groupe d'analyse de pratiques professionnels) : c'est un peu comme un GEASE mais avec en plus un suivi sur 2 ou 3 ans plus entretiens avec psy, ...... Très complet!

[Polythene Pam]

Comme toujours, on demande aux fourmis de terrain de palier les dysfonctionnements de l'institution. Et sur qui retomberont les foudres de cette même institution en cas de drame ?

 

[RififiHype]

il y a 14 minutes, mamiebrossard a dit :

Je pense à un truc : est ce que vous avez un GAPP chez vous ? (groupe d'analyse de pratiques professionnels) : c'est un peu comme un GEASE mais avec en plus un suivi sur 2 ou 3 ans plus entretiens avec psy, ...... Très complet!

Je ne sais pas du tout... j'avoue que je ne connais ni l'un ni l'autre... allez hop ! Sur ma liste de choses à rechercher et à travailler ! 

[RififiHype]

Il y a 11 heures, natoo a dit :

Je trouve que la gestion du personnel dans ces situations est insupportable dans l'EN. Rien n'est fait pour remettre le pied à l'étrier des collègues en détresse. Chez nous un collègue n'allait vraiment pas fort il y a 2 ans. Il a été arrêté, en CLM et est revenu à la rentrée suivante, sans aucune aide. On nous a dit, à l'occasion d'une inspection d'école que s'il revenait c'était dans les mêmes conditions que n'importe qui dans l'équipe, et que s'il voulait de l'aide il fallait qu'il la demande ! Vous imaginez une personne dépressive, demander de l'aide à une administration telle que la nôtre ???? Évidemment qu'il ne l'a pas fait, moi non plus d'ailleurs je n'aurais rien demandé à personne ! Alors ben on s'est débrouillé, on a essayé de ne pas le laisser tout seul à se noyer dans ses trucs. Mais c'est pas facile pour nous de l'aider sans nous montrer intrusif, et je n'ose imaginer pour lui la difficulté à accepter notre aide. Bref, cette année cela semble allez mieux pour lui.

Je trouve que les dirlos ont une place pour le moins inconfortable, ils sont garants du suivi des élèves, mais ne peuvent en aucun cas interférer dans le fonctionnement de classe des collègues. Les IEN bottent pour la plupart en touche, c'est pourtant bien de leur responsabilité dont il est question. Je trouve aussi que ça décrédibilise les équipes, et que ça met à mal le fonctionnement de l'équipe concernée. C'est perdant sur toute la ligne, d'abord les gosses avec un enseignant qui flanche, ensuite l'équipe qui semble toujours couvrir les difficultés et enfin l'EN elle même qui n'assure pas sa responsabilité de gestion du personnel.

C'est tout à fait ce que je ressens... En plus, je n'ai pas du tout le sentiment d'avoir été formée à gérer ce genre de situation... (de toute façon, à quoi avons nous été vraiment formés ??? ahahahahah !). 

Demain, la rentrée pour ma zone... j'ai bien cogité cette nuit et je vais (essayer de) mettre tout à plat avec cet enseignant avec l'aide des autres collègues (qui sont dans un bon esprit et de bons soutiens pour moi). 

[RififiHype]

Il y a 11 heures, Polythene Pam a dit :

Et bien espérons que les postes de maître sup ne finiront pas comme ceux des profs documentalistes dans le secondaire qui sont, hélas, trop souvent réservés à des profs en burn out.....

Oui, c'est bien le soucis... Cependant, en attribuant "100 points" à ce personnel en difficulté, c'est aussi leur ouvrir la porte de certaines écoles (dont la mienne qui est très très sollicitée) qui se retrouvent de fait régulièrement dans ce type de difficulté... Et là justement, j'appréhende, j'ai deux collègues qui partent à la retraite et j'ai vraiment peur de qui va obtenir les postes... Je suis un peu échaudée (le pire, c'est que je culpabilise de penser ça !). 

[mamiebrossard]

RififiHype,

Je n'ai pas assisté au GAPP mais au GEASE et j'en suis ressortie "transformée" ! Juste pour t'expliquer ce qu'est le GEASE (dans le GAPP tu as plusieurs séances de GEASE plus plein d'autres choses adaptées aux enseignants qui ne se retrouvent plus dans l'EN ou dans leur métier lui-même)!

Pour le GEASE, c'est très cadré et ça dure 3 heures :

- groupe d'environ 15 personnes

- on choisit un thème parmi plusieurs proposés par les membres (parents agressifs, gestion des moments interclasse, gérer un élève atypique, ...) environ 5-10 min

- par 2, chaque enseignant essaie de trouver une situation qui corresponde au thème et où la solution n'a pas été trouvée ou qu'elle ne semble pas la plus appropriée. env 10 min

- entre les 2 situations des enseignants, choix de l'1 qu'on va "présenter" aux autres duos

- chaque enseignant présente de façon claire et concise la situation

- l'animateur du GEASE en choisit ensuite 1 parmi toutes celles proposées

- environ 15 min : le narrateur expose la situation en essayant d'être exhaustif sur la présentation , les acteurs et tout ce qui a été réalisé pour essayer ou trouver une solution et en terminant son exposé : il choisit une question-problématique à laquelle il aimerait que le groupe "trouve une réponse"

- environ 20 min: les autres posent toutes les questions qui leur viennent : pédagogique, institutionnelles, pratiques, didactique .... SANS jugement (pas de question : pourquoi n'as-tu pas fait .. mais plutôt est ce que cette action a été faite ....: l'animateur est garant de ces questions sans jugement)

- ensuite 20-30 min d'hypothèses sur la situation avec recherche de "solution" : dans cette phase le narrateur ne parle pas (et c'est très frustrant  ) mais écoute

- 5 min : le narrateur fait le point sur les hypothèses : peut-être a t-il tout essayé, peut-être une piste se dessine t-elle ....

- 10 min : chaque enseignant fait le point sur ce que lui a apporté la séance

Honnêtement c'est vraiment très riche et on s'aperçoit que le fait de se poser sur une situation unique peut faire évoluer les choses

 

Pour Le GAPP de ce que j'en sais il s'agit d'accompagner des enseignants qui ne "vont pas bien" soit parce qu'il ne retrouve plus le plaisir d'enseigner, qu'ils sont en difficultés ....

- c'est forcément l'enseignant qui appelle le GAPP

- il y a un entretien préalable avec un animateur du GAPP

- si prise en charge par le GAPP c'est un travail sur 2 ans minimum et parfois 3 ans

- il y a plusieurs GEASE, plusieurs "animations" sur temps scolaire avec médecins, psychologues, intervenants ...

il y a plusieurs entretiens avec psy, conseiller d'orientation ...

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