Vous sentez vous irréprochable ?

[jujube2]

J’ai besoin d’avis. Suite à une histoire avec un élève qui m’a touchée, je me remets complètement en question. 

Je ne sais plus si je suis juste fatiguee et humaine ou en manque de confiance , si je deviens aigrie, si finalement je ne suis plus faite pour ce métier ou si je suis vraiment devenue une affreuse maîtresse.

En effet j’ai l’impression d’accumuler les écarts par rapport à mon statut. Mais c’est toujours fait spontanément sans arrière pensée, je m’excuse et ensuite je culpabilise à fond.

Par exemple cette année, j’ai mal répondu à un élève qui me demandait pour la énième fois où ranger sa feuille. Hier j’ai failli dire vous nous faites "chier" à deux élèves qui nous interrompent tout le temps, je me suis arrêtée à "vous nous faites" et j’ai repris par "vous nous enquiquinez". Il m’est arrivée d’imiter des élèves qui avaient des comportements déplacés ( et je trouve ça humiliant pour eux et vraiment j’ai pas envie d’être humilliante). 

Et sur des contenus je me suis trompée en confondant subjonctif et conditionnel en expliquant "qu’il y ait", j’ai laisse des fautes d’orthographe par ci par là. Dès que je m’en rends compte, je corrige et m’excuse et explique où je me suis trompée. (Et il y a forcément des choses que j’ai du laisser passer)

Bref je me sens reprochable et à la fois je ne me sens pas capable d’être irreprochable. Je sens cette pression des parents, des élèves : l’impression que je suis impardonnable quand je me trompe. Je ne me sens plus à la hauteur de ce métier.  Il y a un décalage entre ce que j’aimerais être et ce que je suis.

Vous en pensez quoi ?

[Picasso59]

C'est en faisant des erreurs qu'on apprend. 

C'est pas un principe pédagogique ?

À partir du moment où tu ne nies pas tes erreurs, que tu les reconnais, où est le souci ?

Et pour les coups de fatigue, bah, ça arrive à tout le monde : chacun la cause ou causes cumulees. Et tu es sûrement capable de t'excuser auprès de l'élève concerné. 

Et avant le burn out, il y a la case médecin et arrêt maladie. Pour se reposer, se changer les idées, pas de morfondre avec des antidépresseurs...

[nola]

Simplement pour répondre au titre du fil: non, je ne me sens pas irréprochable et je ne connais personne (PE ou autre) qui le soit. C'est fou le nombre de fois où je me trompe en classe sur... la date! Quant à ceux (rares heureusement) qui se disent ou plutôt se croient irréprochables, je m'inquiète sincèrement pour leur santé mentale.

Le simple fait que tu sois capable d'avoir du recul sur toi-même et d'identifier ce qui pose problème dans ta pratique est plutôt rassurant.

Les conseils donnés (repos si vraiment tu sens que tu es en train de perdre pied) sont bons.

Courage, l'année est presque finie.

[abel27]

Vu notre super formation en or massif, difficile d'être au top sur tout.

Vu nos conditions de travail,  difficile de ne pas craquer. 

[corazon]

A la question de ton post la réponse est un graaaand NON ! Nous sommes humains, nous travaillons avec de l'humain, je dirai même de minis humains qui savent titiller où ça fait mal et nous pousser dans nos retranchements.

Pour les fautes laissées voire faites par toi, on le fait tous. Il m'arrive de reprendre une feuille que j'ai corrigée et de m'apercevoir que j'ai laissé une erreur. De même, il m'arrive de faire des erreurs au tableau, soit un élève me le fait "gentiment" remarquer (j'insiste sur le gentiment car on travaille en début d'année sur l'art et l manière de formuler ses doutes sur une réponse ou ses remarques), soit je m'en aperçois moi-même et je leur dit : Attention, j'ai oublié un s à ... Tout le monde regarde et l'ajoute.

Pour te donner un exemple, en corrigeant leurs leçons de sciences jeudi je vois qu'un élève a oublié un mot, le deuxième élève également, je demande donc au troisième de me montrer son cahier. C'était finalement moi qui avait oublié de l'écrire. Je leur ai donc dit que j'avais oublié un mot et qu'ils devaient tous se corriger. Il le font point. Aucun, ne fait de remarques.

Dès le début de l'année j'explique à mes élèves que tout le monde peut se tromper (adulte compris) et qu'il n'y a aucune honte à dire qu'on ne sait pas ou que l'on a fait une erreur. Et je n'ai vraiment aucun problème à leur dire que je n'ai pas la réponse à leur question ou que quand je leur ai dit cela je me suis trompée.

Pour ce qui est des paroles qui dépassent notre pensée et le cadre, ça nous est tous arrivé je pense. Le tout est de le savoir, de pouvoir s'excuser et surtout d'essayer de comprendre comment on en est arrivé là pour éviter que cela ne se reproduise. Les collègues peuvent être d'une grande aide dans ce cas. Dans mon école quand on sent qu'un collègue "a dépassé la ligne" et est dans un état tel qu'il risque de déraper, il y en a toujours un pour prendre le relais. Ça permet de se calmer, de prendre du recul et ça permet à quelqu'un de beaucoup plus objectif de régler le soucis.

Je trouve que j'arrive à prendre également de plus en plus de recul et donc à moins prendre pour moi certaines remarques ou attitudes, du coup, comme cela ne m'atteint pas ou presque plus il est plus facile de réagir correctement.

Maintenant, comme il te l'a déjà été conseillé, si tu sens que ton état actuel ne te permet plus d'être sereine en classe l'arrêt est ce qu'il y a de mieux.

[Nadikaah]

Comme les autres, je ne me sens pas irréprochable.

Moi aussi, je fais des erreurs, j'oublie certaines fautes ou mot, moi aussi, je dis des gros mots quand un enfant me tape sur le système.

Selon la situation, je m'excuse ou je n'en fais pas une affaire d'état. Comme j'aime le dire et le rappeler à mes élèves : tout le monde se trompe, tout le monde fait des choses ou dit des mots qu'il ne faut mais l'essentiel est de s'en rendre compte (et de s'en excuser parfois).

Tu me sembles à bout, prends soin de toi et arrête de culpabiliser.

[Didou88]

Rien de plus à ajouter si ce n'est que montrer à nos élèves que la maîtresse(ou le maître) peut lui aussi faire des erreurs, leur permettra de relativiser les leurs et de mieux les accepter. 

Bon courage à toi. 

 

[assistantemontessori]

Nous sommes des être humains donc parfois défaillants.

Personnellement, je ne me sens pas toujours fière non plus de certains échanges avec mes élèves, je manque de bienveillance mais c'est la même chose avec mes enfants. Là aussi, il y a un écart entre ce qu'on voudrait être et la réalité. Tu as 3 enfants donc tes soirées ne doivent pas être de tout repos, je compatis, on passe tous par des moments de doutes et de moins bien.

Je pense comme Picasso que ce serait bien d'avoir une discussion en tête-à-tête avec l'élève concerné, c'est enrichissant pour eux de voir un adulte s'excuser, s'expliquer.

[jujube2]

Vos réponses me rassurent, merci d’avoir pris le temps de répondre.

Et à la fois, ça m’inquiéte car je n’ai pas de raison d’être à bout: je n’ai pas une classe spécialement horrible (j’en ai eu des biens pires), ils ne sont que 25, j’étais en stage au retour des vacances d’avril soit 3 semaines de coupure au total. 

Je sais que j’ai tendance à vite perdre confiance en moi mais là j’en suis à me poser des questions existentielles : où doit s’arrêter le cadre, limite entre autorité et autoritarisme, mes limites ne sont elles pas compatibles avec la gestion d’un groupe classe ? Limite gestion de groupe et prise en compte des personnalités de chacun etc...

[nola]

Si tu enseignes depuis plusieurs années, c'est que tu en es capable. CQFD

Tu as des hauts et des bas, comme tout le monde dans n'importe quel métier.

[fred301]

Tu as peut-être aussi du mal à te remettre dans le bain et eux aussi, et puis CM1-CM2 c'est parfois pas facile facile les fins d'année ! Cette élève qui demande où ranger la feuille, au bout d'un moment je me serais énervée aussi, même avec mes CP, non de non !!

Je ne me sens pas irréprochable, et tant mieux je dirais ! Ce qui compte, c'est que les élèves progressent, et soient contents de venir le matin !

[Freepaille]

Je ne connais aucun collègue irréprochable. Les parents ne le sont pas non plus d'ailleurs quand je vois comment ils parlent ou se comportent avec leurs enfants. Quant à nos IEN, no comment !

Bref, ne culpabilise pas. Il y a des jours avec et des jours sans. Parfois, avec la fatigue ou les soucis perso, on manque de patience, on est moins à l'écoute et aussi moins pointilleux lors des corrections. Il faut bien sûr savoir se remettre en question et progresser mais il ne faut pas oublier qu'on est des êtres humains, pas des robots et que, nos conditions de travail se dégradant...