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Devenir professeur des écoles... pourquoi ?


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Posté(e)

Bonjour à tous,

Je vous écris pour avoir des conseils, témoignages et autres avis quant à ma situation et mes questionnements de future étudiante en M1 PE en Bretagne. J'ai eu mon résultat d'affectation hier et je suis prise à l'ESPE de Quimper, ça y est ! Seulement voilà, alors que mon avenir s'officialise, de gros doutes s'emparent de moi, notamment en ce qui concerne mon envie de devenir prof des écoles. Après une licence de Langues étrangères appliquées au commerce international, des études de russe, un Master 1 Français langue étrangères, une licence d'anglais et une année en tant qu'assistante de français en Ecosse, je me suis dit -un peu sous la pression familiale...- qu'à bientôt 25 ans il était temps de "faire quelque chose de sérieux". Ne me considérant pas suffisamment bonne en anglais pour passer le CAPES, étant assez critique du système collège/lycée et "méfiante" vis à vis des collégiens, mais ayant néanmoins toujours l'envie de transmettre, et étant quelque peu poussée dans cette voie par mon frère qui s'est lui-même réorienté vers le métier de PE à 32 ans après 10 ans dans l'informatique, j'ai décidé de m'inscrire au concours.

 

Or depuis que je suis inscrite, et même avant d'ailleurs, je me pose énormément de questions du type "Est-ce que ce métier est vraiment fait pour moi ? Est-ce que je vais y trouver ce que je cherche ?". Même si je suis persuadée que j'ai quelque chose à apporter aux enfants (je suis quelqu'un d'hypersensible/sensitive, empathique, préoccupée par l'épanouissement de chacun, qualités qui sont selon moi primordiales et qui doivent être développées, qui peuvent être transmises, et qui sont essentielles à tout apprentissage et toute construction saine), je me demande si je vais vraiment réussir à intégrer cette dimension humaine et sensitive dans mon enseignement. Je pense qu'enseigner dans l'EN c'est le meilleur moyen d'agir puisque l'école c'est un passage obligé, mais quand je lis certains posts et constate que le quotidien des élèves et des profs ce sont les devoirs et les corrections, ça ne m'enchante guère. Je me fais certainement une fausse idée de ces devoirs/corrections, et je sais qu'ils sont nécessaires car si on n'est jamais corrigé on ne progresse pas, mais de mon point de vue l'école doit être un lieu où chaque enfant a l'occasion de s'épanouir par l'apprentissage, apprentissage du monde, de soi et des autres (je pense bien sûr au yoga, à la méditation, aux pédagogies Freinet, Montessori...), et non pas un lieu où l'on "apprend pour apprendre et pour être évalué en permanence".

Je sais bien que ce que j'écris doit paraître très très utopique, fleur bleue, naïf, complètement en décalage par rapport à la réalité, à ce qu'on (nos dirigeants, notre culture, la télé...) voudrait qu'on soit et qu'on fasse, mais moi je crois dur comme fer en un apprentissage du monde réel par l'émerveillement, par l'humour, par la coopération, par le développement de la sensibilité, de la bienveillance, de formes plus sereines de communications interpersonnelle.

Je ne sais pas si j'ai été très claire, j'ai juste besoin d'être quelque peu rassurée. M'encouragez-vous à tenter le concours ? peut-on transmettre des qualités humaines en tant que PE, oser dire qu'on vise l'épanouissement des enfants, ou sommes-nous purement et simplement là pour faire maîtriser les mathématiques, le français et autres ? Je suis consciente que l'enseignement de ces matières est le coeur de notre métier, mais je m'interroge tout de même car même si j'aime enseigner le français (j'ai eu diverses expériences d'enseignement du français à des étrangers), ce n'est pas par amour du français ou des math que je souhaite devenir prof des écoles mais surtout par envie de donner le goût d'apprendre aux enfants, le goût d'aller vers l'autre, d'aller vers les livres, vers le monde, etc. Mais je suis pas une grande grande fan des math quoi, même si je connais leur importance et leur nécessité. BREF !!!!!

 

Merci de m'avoir lu, et au plaisir d'échanger avec vous prochainement ! Témoignages sur vos propres parcours / questionnements / doutes / certitudes / envies / convictions.... bienvenus !

 

Albane

 

Posté(e)

Bonjour,

je te vois bien dans la catégorie des "trop gentilles". Ce qui ne t'empêche pas de réussir dans ce métier, mais il faudra te blinder, sans quoi tu seras amèrement déçue.

On ne sait pas si ça nous plaît tant qu'on n'est pas dedans. Moi, j'ai choisi cette voie pour avoir mon mercredi (on ne rit pas :heat:) mais finalement j'adore mon métier.

Posté(e)

il y a beaucoup de sujets avec ces questionnements, regarde dans la barre recherche du site. 

Tes doutes concernant les corrections ... oui il y en on ne va pas se mentir, les pédagogies alternatives entrent petit à petit, par bribes. Mais en maternelle, le temps de préparation/conception matérielle équivaut à celui de correction en élémentaire. Et oui en cm corriger des rédactions, des copies de leçons, le cahier du jour, ça prend quelques heures dans la semaine. Sans compter que les premières années, les vacances n'en sont que très partiellement. Avec d'autres T1, on avait calculé qu'en PES (année de stage) et même au début de cette année, nous dépassions allègrement les 70h par semaine, travaillant les soirs, les weekends, les vacances ...

Je rejoins Borneo, tu as l'air "trop" gentille, et personnellement, ça m'a mené à un burn out/dépression, après ça dépend de chacun, le vécu joue aussi, mais maintenant j'ai changé, et oui je veux bien faire, mais plus autant, car on donne sans reconnaissance, et il faut vraiment être armée face aux élèves, aux parents, à l'administration, aux remarques de l'entourage parfois ... Il faut sortir un peu de l'idée idyllique qu'on peut se faire de la profession. Beaucoup d'entraves aux envies que l'on peut avoir.

Posté(e)
8 minutes ago, borneo said:

Bonjour,

je te vois bien dans la catégorie des "trop gentilles". Ce qui ne t'empêche pas de réussir dans ce métier, mais il faudra te blinder, sans quoi tu seras amèrement déçue.

On ne sait pas si ça nous plaît tant qu'on n'est pas dedans. Moi, j'ai choisi cette voie pour avoir mon mercredi (on ne rit pas :heat:) mais finalement j'adore mon métier.

Haha, c'est honnête de ta part !! T'as voulu avoir tes mercredis, euh être PE pardon ;-), direct après le bac ?

Et oui, trop gentille, ça c'est sûr, l'autorité c'est pas trop mon truc, mais je sais me faire respecter, et puis je pense que l'autorité ça s'apprend.

Posté(e)

Non, pas du tout. J'ai d'abord fait assez longtemps un autre métier où on travaillait 5 jours par semaine, et souvent les week-ends. Quand j'ai eu des enfants d'âge scolaire, j'ai voulu avoir les mêmes horaires qu'eux.

Posté(e)

Tu ne pourras pas savoir avant d'être dedans...

Ta vision d'un enseignement bienveillant est selon moi une bonne chose, MAIS il va falloir que tu apprennes à gérer la frustration qu'engendre nécessairement la réalité du terrain par rapport à la conception que tu as de l'enseignement idéal... Tu seras sans doute frustrée parfois parce que les conditions matérielles ne te permettront pas de faire ce que tu voudrais (nombre d'élèves, taille de la classe, manque de matériel), d'autres fois tu seras frustrée car certains élèves seront en échec ou en opposition et tu ne trouveras pas forcément comment les aider, tu pourras aussi être frustrée car malgré toute ta bonne volonté, certaines fois tu seras moins bienveillante que tu le voudrais (parce que tu seras fatiguée, parce les élèves seront énervés ce jour-là....).

Il est parfois difficile de ne pas se remettre en cause personnellement quand on mesure l'écart qu'il y a entre ce qu'on voudrait faire et ce qu'on fait réellement. Il faut arriver à prendre de la distance pour ne pas en être trop affecté.

Posté(e)
8 minutes ago, JaneFramboise said:

il y a beaucoup de sujets avec ces questionnements, regarde dans la barre recherche du site. 

Tes doutes concernant les corrections ... oui il y en on ne va pas se mentir, les pédagogies alternatives entrent petit à petit, par bribes. Mais en maternelle, le temps de préparation/conception matérielle équivaut à celui de correction en élémentaire. Et oui en cm corriger des rédactions, des copies de leçons, le cahier du jour, ça prend quelques heures dans la semaine. Sans compter que les premières années, les vacances n'en sont que très partiellement. Avec d'autres T1, on avait calculé qu'en PES (année de stage) et même au début de cette année, nous dépassions allègrement les 70h par semaine, travaillant les soirs, les weekends, les vacances ...

Je rejoins Borneo, tu as l'air "trop" gentille, et personnellement, ça m'a mené à un burn out/dépression, après ça dépend de chacun, le vécu joue aussi, mais maintenant j'ai changé, et oui je veux bien faire, mais plus autant, car on donne sans reconnaissance, et il faut vraiment être armée face aux élèves, aux parents, à l'administration, aux remarques de l'entourage parfois ... Il faut sortir un peu de l'idée idyllique qu'on peut se faire de la profession. Beaucoup d'entraves aux envies que l'on peut avoir.

Merci de ta réponse JaneFramboise. Oui, les 70H par semaine je m'y attends, et ma belle-soeur m'a dit que même après 12 ans d'ancienneté le mois de décembre était toujours aussi éprouvant pour elle avec les évalutations des CM...

 

Quand tu dis que le fait d'être trop gentille t'a mené à un burn-out, accepterais-tu de m'en dire un peu plus ? Ca s'est passé au bout de combien d'années ? Etait-ce lié uniquement à ton travail ? As-tu déjà pensé à te réorienter ou bien as-tu voulu continuer dans ce métier, en modifiant tes pratiques ?

 

En ce qui concerne l'idée que je me fais de la profession, je vais te (vous) dire ce qu'elles sont et j'attends tes (vos) impressions : on bosse d'arrache-pied toute l'année mais on a l'été pour souffler, on doit jongler entre les directives parfois complètement farfelues du ministère et la réalité du terrain mais on peut toujours trouver au moins 1 collègue que ça indignera aussi avec qui partager sa colère, la hiérarchie n'est pas toujours très ouverte aux propositions non conventionnelles donc il faut savoir faire profil bas si on a des idées qui sortent de la norme, on fait parfois de son mieux pour organiser des sorties et on se prend des refus (budget, égo de la hiérarchie, copinage dont on ne fait pas partie?), on est face à des gamins à problèmes et on est désemparés quand on se rend compte qu'on peut rien pour eux mais si on voit les choses positivement on se dit que malgré tout on leur apporte un petit quelque chose... Pour ce qui est des parents je ne me rends pas encore trop compte de la mesure dans laquelle ils peuvent être chiants ;-)

Posté(e)
5 minutes ago, calia said:

Tu ne pourras pas savoir avant d'être dedans...

Ta vision d'un enseignement bienveillant est selon moi une bonne chose, MAIS il va falloir que tu apprennes à gérer la frustration qu'engendre nécessairement la réalité du terrain par rapport à la conception que tu as de l'enseignement idéal... Tu seras sans doute frustrée parfois parce que les conditions matérielles ne te permettront pas de faire ce que tu voudrais (nombre d'élèves, taille de la classe, manque de matériel), d'autres fois tu seras frustrée car certains élèves seront en échec ou en opposition et tu ne trouveras pas forcément comment les aider, tu pourras aussi être frustrée car malgré toute ta bonne volonté, certaines fois tu seras moins bienveillante que tu le voudrais (parce que tu seras fatiguée, parce les élèves seront énervés ce jour-là....).

Il est parfois difficile de ne pas se remettre en cause personnellement quand on mesure l'écart qu'il y a entre ce qu'on voudrait faire et ce qu'on fait réellement. Il faut arriver à prendre de la distance pour ne pas en être trop affecté.

Merci Calia, je crois que "Tu ne pourras pas savoir avant d'être dedans..." est ce qui ressort de toutes mes réflexions. Je crois que je me pose beaucoup trop de questions pour ne pas tenter ce concours. J'ai envie de voir ce que c'est, découvrir ce métier, ce monde, ses limites, ses exigences, en me disant que si au bout de 2, 3, 5, 10 ans je me rends compte que finalement ça ne me correspond pas eh bien tant pis, j'aurai essayé.

Posté(e)
11 minutes ago, borneo said:

Non, pas du tout. J'ai d'abord fait assez longtemps un autre métier où on travaillait 5 jours par semaine, et souvent les week-ends. Quand j'ai eu des enfants d'âge scolaire, j'ai voulu avoir les mêmes horaires qu'eux.

Dac ! Aucun regret ? C'était quoi ton premier métier, si ce n'est pas indiscret bien sûr ?

Posté(e)

Trop gentille, dire oui en permanence à tout le monde (collègues, entourage), vouloir toujours faire au mieux, va voir sur le sujet "Le burn out", tu auras des témoignages, dont les miens, détaillés. C'est arrivé au bout de 2/3 ans (c'est souvent en début de carrière ou après 10/12 ans), le travail a été déclencheur, quelques éléments persos aussi. J'ai pensé réorientation oui, finalement pas maintenant car je veux continuer après ce congé longue maladie, mais je n'écarte pas la possibilité dans le futur. Je change par contre ma perception et mon investissement. Ce n'est qu'un travail. 

Concernant les "mais" : au début tu n'as pas deux mois, et après tu n'as pas deux mois entièrement. Non il n'y a pas toujours un collègue sur l'école avec qui on peut échanger.

Les parents : agressifs, inquisiteurs, irrespectueux, trop d'attentes/de pression... (pour certains pas tous !)

 

Posté(e)

Je crois que c'est plutôt sain de s'interroger.


Moi j'avoue avoir deux craintes :
- le temps de travail.  Bosser 70 heures par semaine ben... bof
- le côté administratif, collègues etc. Je suis une grande solitaire et peu encline à rester dans les clous, et autant gérer des élèves, OK, mais le reste... ben... bof aussi XD

@ Jeanne Framboise : quand j'ai dit que à la base pour moi c'était un travail dans une autre discussion, cela a été très mal pris. Je crois qu'il y a une sorte d'omerta là dessus, pour être prof il faudrait forcément être surinvesti, ne penser qu'à ça, en rêver la nuit, faire toujours plus et mieux. Peut-être que c'est vrai (mais dans ce cas pourquoi on y reste parce que outch), ou peut-être que c'est comme le fameux "il n'y a rien de plus beau qu'être parent", une sorte de "mensonge" transmis de génération en génération qui permet à ceux qui le transmettent de taper sur ceux qui voient les choses autrement et seraient forcément moins bien, moins bons, moins efficaces, moins je ne sais quoi.

Je ne sais pas s'il est possible de faire bien ce métier sans se laisser bouffer.  Je l'espère tout de même.

Posté(e)
à l’instant, AliceCarroll a dit :

Je crois que c'est plutôt sain de s'interroger.


Moi j'avoue avoir deux craintes :
- le temps de travail.  Bosser 70 heures par semaine ben... bof
- le côté administratif, collègues etc. Je suis une grande solitaire et peu encline à rester dans les clous, et autant gérer des élèves, OK, mais le reste... ben... bof aussi XD

@ Jeanne Framboise : quand j'ai dit que à la base pour moi c'était un travail dans une autre discussion, cela a été très mal pris. Je crois qu'il y a une sorte d'omerta là dessus, pour être prof il faudrait forcément être surinvesti, ne penser qu'à ça, en rêver la nuit, faire toujours plus et mieux. Peut-être que c'est vrai (mais dans ce cas pourquoi on y reste parce que outch), ou peut-être que c'est comme le fameux "il n'y a rien de plus beau qu'être parent", une sorte de "mensonge" transmis de génération en génération qui permet à ceux qui le transmettent de taper sur ceux qui voient les choses autrement et seraient forcément moins bien, moins bons, moins efficaces, moins je ne sais quoi.

Je ne sais pas s'il est possible de faire bien ce métier sans se laisser bouffer.  Je l'espère tout de même.

 

C'est dommage que tu aies eu cette réaction suite à ce que tu as dit alors je trouve. Je me suis laissée bouffer comme tu dis, je ne le referais plus. Je reprends l'envie de faire ce métier, mais je n'oublie pas que ce n'est pas le plus important, j'ai ma vie perso, mes envies, ma santé, mon entourage, ma vie de couple, ma famille, mes projets ... Tout cela n'est pas hiérarchisé et compte autant, mais le travail passe après. 

Le plus dur est d'avoir du recul, pour moi c'est un vrai apprentissage. 

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