virée

[crpe7]

Bonjour,

voilà, j'ai obtenu un poste de contractuelle pour 6 mois, reconductibles. Mais mon contrat a pris fin à la fin de ma période d'essai.

Explications : j'ai travaillé dans une classe de déficients intellectuels avec ou sans troubles comportementaux selon les élèves. Une classe de 6 élèves de 8 à 12 ans niveau MS à début de CP, avec, plusieurs fois par semaine, garde d'élèves de la décharge de la directrice, soit 8 élèves alors.

Le contexte était donc très particulier. Pour donner un exemple, un enfant plus âgé en décharge dans ma classe est arrivé avec un couteau pour menacer le plus petit lors de mon premier jour. Une autre fois, il est venu avec un pied de chaise en bois type batte de baseball pour en frapper un autre... Bon, je savais où je mettais les pieds, et j'ai gérer autant que je pouvais ces incidents et les moments "je vais sauter par la fenêtre, vous m'énervez tous et je suis bête je sais rien". Donc tout ces évènements flippants, qui se sont déroulés à plusieurs reprises avec un élève en décharge, sont passés par un dialogue calme. Ce sont des choses qui se passent dans ces établissements, normalement + gérés par un plaquage au sol... mais ce n'était pas forcément ma première idée avec un élève plus grand que moi !

Bref, avec les autres, je m'en sortais, je réussissais même à récupérer le pire cas de l'école lorsqu'il se sauvait, ce que les autres enseignants avaient bien du mal à faire, mais avec ma classe, rien à faire au niveau de l'ordre. Mes séances étaient continuellement coupées par au moins l'un d'eux, et je faisais + le gendarme que je ne donnais de cours. J'étais toujours obligée de les reprendre, à chaque instant. Selon les éducateurs, j'avais un petit cas terrible qui en plus avait un problème avec les femmes apparemment (il y avait un maître avant moi)... effectivement...c'est d'ailleurs lui qui est la cause de mon départ non volontaire (et pourtant il pouvait être gentil comme un ange et même travailler bien quand il s'y mettait), le plus petit devenait violent, et effectivement il frappait tout le monde dans ma classe... et évidemment les autres se défendent donc c'est le cercle vicieux, et puis il dormait dans la même chambre qu'un autre et c'était toujours la bagarre le soir, donc ça continuait en classe... et à côté de ça j'en avais encore 2 assez gérables sauf journée de non-envie complète de travail (ce qui arrivait quand même pas mal), + un imprévisible à cause de troubles du comportement qui menaient à des crises mêlant je ne sais combien d'insultes à la minute, en boucle, jetée d'affaires, destruction de matériel, envie de frapper, etc...

Le mélange de ces enfants qui vivent ensemble le soir et se disputent, qui ont des parents à gros problèmes ou qui ne veulent rien savoir d'eux, dans ma classe, ça a donné un carnage. J'ai du avoir 3 demi-journées vraiment normales, avec des élèves assis. En un mois. Mais j'ai malgré tout réussi à travailler un minimum ! J'ai même réussi à apprendre au plus petit, qui ne voulait rien savoir sur rien, à écrire le 6 correctement et à compter jusqu'à 9, choses qui peuvent mettre un temps fou chez des élèves déficients. Seulement, dans des conditions exécrables, ni bonnes pour moi, ni pour eux. A vrai dire, chacun sautait sur l'occasion de demander à aller dans une autre classe pour être plus tranquille...

Finalement, après une après-midi chaotique due à mon petit terrible qui a fait semblant de saigner du nez en ouvrant le tube plastique d'un bic, où j'ai du m'absenter de ma classe pou répondre à l'infirmière au téléphone (je sais c'est bizarre d'abandonner sa classe, mais ça fonctionnait comme ça là-bas), je suis revenue dans une classe avec des élèves tous debout en train de se bagarrer et de se mettre de l'encre partout, avec en prime une crise de celui aux troubles comportementaux... et je n'ai pas réussi à récupérer le tube. J'ai gardé mon petit terrible pendant la récré, je l'ai fait se laver par trois fois, + les autres aussi, et puis après je l'ai laissé partir au foot (il aurait mérité que non, mais je n'en pouvais plus après ça).

Il était encore sale, évidemment, et j'ai été accusée de n'être pas responsable. Bref...

La directrice était malgré tout bienveillante je crois, et puis elle m'a mis de bonnes remarques sur mon dossier de remplaçante en ce qui concerne la pédagogie. D'ailleurs j'ai eu des waouh admiratifs sur les fiches que j'ai construit pour mes élèves donc je ne me fais pas trop de soucis pour cela... par contre, je m'inquiète un peu pour la gestion de classe. Pourquoi les autres y arrivaient et pas moi ? D'autant que je réagissais et que je punissais de la même façon. Bon, j'ai déjà eu la responsabilité de groupes en animation pédagogique et tout s'est toujours bien passé, mais cette expérience me fait me poser des questions. J'ai soudain peur d'avoir du mal à gérer une classe, même normale.

Est-ce que cette histoire pourrait être due au fait de la situation, compliquée pour une première expérience, et compliquée par rapport au remplacement chez des élèves qui ne supportent pas les moindres changements, ou est-ce que je m'y prends mal... J'ai pourtant beaucoup d'autorité avec les enfants en général, et sans avoir besoin de crier en plus. C'est pour ça, je n'y comprends rien. Les autres y ont bien réussi. Je connais même une professeur qui a fait un remplacement d'un an dans l'établissement autrefois, qui a eu un pouce cassé, et qui rentrais chez elle en pleurant tous les soirs, mais elle a fait un an donc elle devait y arriver mieux que moi...

Si qqn a eu ce genre d'expérience et a une classe sans problème aujourd'hui, ça me rassurerait...

[crpe7]

L'explication, en gros c'est "problème pour gérer la classe", ce qui rend les cours désagréables pour l'enseignant et pour les élèves. Ce qui est vrai. Et avec l'élément déclencheur de l'histoire du stylo ouvert en grand, même si j'ai puni.

En fait, je ne suis pas du tout partie face à une hiérarchie en rogne et heureuse de me faire partir - c'était + qqch pour mon bien et celui des élèves. D'ailleurs, j'ai de bonnes appréciations sur la lettre envoyée à la DDEC... enfin au niveau pédagogique et implication. Par contre, il y est écrit qu'il faut me donner des postes plus courts sur des classes "bien en place". C'est ce qui me chagrine, parce que ça veut un peu dire que même en classe normale, vaut mieux me donner une classe calme, et seulement provisoirement... pourquoi ? Pour pas que ça dégénère ?! Voilà ce qui est dur à avaler, parce qu'à la base, pour moi, il n'y avait aucune comparaison possible entre une école normale et une école comme celle-ci. Et là c'est un peu "si t'arrives pas à t'occuper de 6 à 8 élèves, comment tu vas faire face à une classe de 25...". Je trouve ça injuste et non fondé. D'autant plus que ça me fait juste me poser des questions et me remettre en cause maintenant. Enfin je poursuis malgré tout, je vais pas m'arrêter là-dessus, mais quand même... je n'avais pas ce problème en tête avant, au contraire...

Des professeures chez qui j'étais en stage, quand j'ai annoncé que j'allais là-bas, m'ont dit que j'avais du courage et qu'elles n'y seraient jamais allé parce qu'elles auraient justement craqué - mais techniquement, je tenais à peu près le coup parce que quand je rentrais le soir, bon, j'en parlais pas mal, mais sans le poids des instants i donc sans être énervée ou à bout et ça allait, même si c'était vraiment pas l'idéal. J'étais contente d'avoir enfin un remplacement, long en plus, donc je m'étais beaucoup investie, j'avais créé plein de choses apparemment excellentes pour les apprentissages d'enfants déficients et j'avais fini par commencer à vraiment m'installer. Et du jour au lendemain, et bien, tout tombe à l'eau alors que vous avez fait tout votre possible pour que les choses s'améliorent. Ça interroge sur ses capacités, forcément.

[gihem]

Si j'ai bien compris, c'était un poste d'ULIS dans une école privée? C'est ça?

[crpe7]

Je ne sais pas ce qu'est un poste ULIS.

C'était un poste de suppléant dans une école privée catholique sous contrat - sauf qu'au lieu d'une école normale, c'était un IME

[borneo]

Bonjour,

ce n'est pas très sérieux de confier une telle classe à une enseignante sans formation. Bref, ne te décourage pas, et pense à tout ce que tu as appris pendant cette période.

Les débuts sont souvent difficiles, on apprend de nos erreurs. J'ai moi-même été totalement débordée par une classe de maternelle ordinaire, quand j'étais à l'IUFM. Ce n'est qu'après quelques années qu'on arrive à gérer sans effort, et qu'on prend un vrai plaisir à enseigner.

[borneo]

Le 01/03/2017 à 15:59, crpe7 a dit :

Je ne sais pas ce qu'est un poste ULIS.

C'était un poste de suppléant dans une école privée catholique sous contrat - sauf qu'au lieu d'une école normale, c'était un IME

Pas "normale", ordinaire. C'est le terme consacré.

[Garfield91]

Les contractuels, dans ma circonscription, sont traités comme des moins que rien. On les déplace de leur poste du jour au lendemain, en leur enjoignant même de ne pas se représenter devant leur classe, dès le lendemain de l'entretien. Cela dépend des IEN : chez nous, elle a montré ce qu'elle reprochait à une collegue en lui diffusant un extrait du "maître d'école" avec Coluche. Formidablement formateur...

[crpe7]

Me voilà depuis 3 semaines dans une classe ordinaire de CM1 de 29 élèves.

... Et c'est bien plus simple de se trouver face à 29 élèves qui sont loin d'être tous des anges que face à 6 élèves d'un IME ! Enfin j'ai l'impression d'avancer dans le travail ! Tous les objectifs que je prévois dans une semaine ou sur une période plus longue s'atteignent selon mes ajustements relatifs au rythme des élèves. Ça fait du bien !

Car malgré tout je passe encore beaucoup de temps à faire le gendarme...

Je dois en effet avouer que j'ai encore des problèmes car j'ai 6 "cas" dans ma classe, que je n'arrive pas à gérer. Ils se fichent des avertissements, des punitions, même très longues, des mots dans le carnet, des passages chez la directrice, des points en moins sur leur permis, qui, quand il y a rencontre avec la directrice, entraînent des heures de colle et un appel aux parents. Bref, j'ai fait un peu le tour au niveau des sanctions... et je félicite aussi toujours lorsqu'ils font quelque chose de bien (très très rarement malheureusement), sans avoir l'impression qu'ils se sentent pour autant valorisés.

Je suis passée par un tas de sites pour voir ce que les collègues faisaient, j'ai testé plusieurs choses, mais vraiment, je pense qu'ils se fichent de tout.

Apparemment, la professeure que je remplace se contente de crier très fort (apparemment elle leur fait souvent peur) et sinon d'envoyer chez la directrice. D'après les carnets, elle a quelquefois des problèmes avec les mêmes élèves que moi, ce qui me rassure un peu. La directrice aussi est une fois venue en me citant des noms à lui envoyer au moindre problème, et il s'agissait exactement de ceux-là. Je me dis alors que ça ne vient pas seulement de moi. Mais j'aurais aimé pouvoir y faire quelque chose, car il y a des moments où l'ambiance n'est vraiment pas agréable.

Je n'ai pas une grosse voix... qui plus est, je l'ai perdue cette semaine ! Alors j'aurais espéré compter sur autre chose pour améliorer la situation. Mes autres élèves sont très bien. Un rappel à l'ordre suffit pour que des bavardages inadéquats s'arrêtent ou qu'un coup de mou s'envole. Et puis voilà. Si seulement c'était pareil pour tous !

Les autres... ça me chafouine !  Parce qu'en plus, dans le lot, il y en a qui travaillent très bien et qui, quand ils décident d'être sérieux pendant 5 minutes, participent de façon très intéressante, alors c'est d'autant plus énervant qu'ils fassent autant le bazar. Et puis il y en a aussi qui ne font rien et qui ne comprennent même pas pourquoi ils sont punis malgré des explications très claires et des faits très simples (ils se lèvent tout le temps de leur chaise, se baladent parfois sans autorisation, parlent tout le temps, se retournent sans cesse, et n'effectuent quasiment rien du travail qu'il y a à faire)...

J'ai encore deux semaines à faire. Peut-être qu'une idée lumineuse me viendra d'ici là ! ... Enfin, elle viendrait mieux sans la fatigue et les migraines qui me "marteau-piquent" la tête cette semaine... Saleté de maladie de fin d'hiver !