D'ingénieur à PE ?

[Caribou7]

Bonsoir à tous,

 

Voilà j'ai 31 ans et je suis ingénieur depuis plus de 5 ans. Je n'ai jamais aimé mon métier, il y a eu des moments où c'était moins pire. Mais là, depuis presque 8 mois, j'ai changé de poste et c'est encore pire qu'avant. Je me pose la question d'entamer une reconversion et devenir professeur des écoles, qui est un métier qui m'a toujours tenté (l'idée de faire une école d'ingé me permettait de conserver cette possibilité). Je pense que ce métier correspond bien mieux à ma personnalité et à mes buts dans la vie.

J'aimerais comprendre comment s'articule la formation. Idéalement j'aimerais passer le concours en candidat libre, en préparant le concours moi-même ou peut-être via le CNED (à voir), pour pouvoir financer cette reconversion (sinon je ne sais pas trop comment je ferai !). Faut-il d'ailleurs vivre dans l'Académie que l'on vise ?

Une fois le concours obtenu, comment se passe le stage ? Combien de temps cela dure avant d'être titulaire ? De plus, comment se passent les affectations ? J'ai cru comprendre qu'il y a un an de stage et que les affectations se font dans l'académie dans laquelle on a eu le concours. Je suis intéressée par l'académie de Montpellier mais elle a l'air de comprendre le Gard (mon choix numéro un) , l'Hérault (mon numéro 2), l'Aude, la Lozère et les Pyrénées orientales. Quelles chances pourrais-je avoir d'être plutôt dans le Gard ou l'Hérault (j'imagine que ce sont les plus demandés) ? Je ne suis pas très difficile mais c'est vrai que j'aimerais être plus proche de ma famille (Marseille) et être seule en Lozère me fait un peu peur (je suis célibataire alors ça fait un peu peur). Le classement au concours a t-il un impact sur les choix d'affectation ?

J'ai lu beaucoup de témoignages négatifs sur le net par rapport à ce genre de reconversion, je sais que le métier de PE n'est pas tout rose (quel métier l'est ?) mais j'espère ne pas lire seulement les pires témoignages car ce serait dommage de se démotiver pour des raisons telles que celles là.

J'espère que vous pourrez m'éclairer un peu plus et que j'arriverai à prendre ma décision.

 

En vous remerciant par avance !

 

[natoo]

Salut Caribou7, alors je ne peux pas t'expliquer les aspects financiers et autres liés à une reconversion telle que la tienne, j'ai passé le concours il y a 15 ans autant dire à l'âge de pierre. En revanche, je peux t'apporter le témoignage d'une collègue d'un reconverti qui a été lui aussi ingénieur.

D'abord de ce qu'il m'en a dit le concours, c'était facile pour lui. Il ne l'a passé qu'une fois et ça a matché. Il aime ce qu'il fait je crois, je ne l'ai jamais entendu dire qu'il regrettait son choix. Ensuite le passage par le privé amène une autre vision de l'enseignement, et dans son cas une réflexion pédagogique différente. Il m'a dit trouver qu'il bossait plus. Après il y a un autre aspect plus pragmatique à prendre en compte, c'est le salaire, tu vas dégringoler je pense. Mais au global, je crois que ça lui va bien. J'ai beaucoup aimé bossé avec lui, pour ce regard différent, et le fait qu'il s'autorise à fonctionner d'une autre manière . Je sais qu'il passe par ici de temps à autres, et qu'il se reconnaîtra dans ce que je te dis.

Pour les affectations je ne sais pas comment ça se passe dans ton coin. Chez nous si tu veux être rapidement titulaire de ton poste il faut en général prendre une direction, ça implique un peu de management, mais en règle général les ingés vous savez faire.

Notre métier n'est pas facile, mais comme tu le dis aucun ne l'est, en revanche il est source de réelles satisfactions. Tu ne choisiras pas ce métier pour les sous, ni pour les vacances, ni pour la reconnaissance de l'institution. En revanche voir la lumière dans les yeux des mômes quand ils ont compris un truc, quand ils prennent conscience qu'ils ont progressé, quand ils prennent confiance en eux, et aussi quand tu te seras bien marré avec les collègues, c'est super chouette. 

[zoeyann]

Je n'étais pas ingénieure mais technicienne supérieure dans les réseaux informatiques. Au bout de 12 ans j'ai fait une overdose! J'ai passé le concours, je gagne moins bien ma vie, mais je ne regrette pas. Comme dit natoo je pense avoir le recul du passage par le privé que d'autre enseignants n'ont pas. Ce n'est pas un "plus" mais juste une façon complètement différente d'aborder les choses. J'ai du mal à me "fondre dans le système" par exemple. Mais je réussis toujours ce que j’entreprends comme enseignante, à ma façon!

Pour les départements, oui si tu veux obtenir ton 1er choix il faut avoir une bonne note au concours surtout si ton 1er choix est prisé. Et en tant que célibataire, c'est très difficile de pouvoir se faire muter après coup.

J'ai préparé le concours seule, je l'ai raté 1 première fois mais n'avait pas vraiment bossé. Je l'ai eu la seconde (pendant ma grossesse).

Si ce métier te fait envie, lance toi, mais oui tu vas y perdre en niveau de vie. En venant du privé certains aspects très "figés" du systèmpe vont te faire bondir... mais par contre c'est un métier passionnant!

[Tinsel]

Dans l'académie de Montpellier le plus difficile est d'avoir l'Hérault. C'est en effet le classement au concours qui permet d'obtenir le département de son choix mais le Gard ne pose pas particulièrement de soucis (sauf peut-être quand on est très très mal classé). 

Pourquoi tu ne le passerai pas en PACA directement? Il serait intéressant de regarder les statistiques nombre de candidats/nombre de postes.

Il n'est pas nécessaire d'habiter dans l'académie où tu passes le concours par contre je te conseille de te renseigner sur les lieux. Le concours a changé depuis l'époque où je l'ai passé donc tu sauras mieux que moi si ce que je dis est toujours d'actualité. "De mon temps" il y avait un oral d'histoire géo. Là la grande majorité des questions étaient locales. Pourquoi Montpellier est plus attractif que Nîmes, etc...

[électron déchaîné]

J'étais une ancienne ingénieure, chargée de recherche. J'aimais mon travail mais l'évolution du métier est devenue compliquée pour moi et ma vie de famille. Au début je menais les expérimentations dans le labo à Paris ou en  RP. Et puis notre gros client de Toulouse a voulu que les expérimentations aient lieu sur leur site. Idem pour d'autres clients. J'avais énormément de déplacements (je devais m'absenter des semaines pour mener des expérimentations) dans les 5 coins de la France (et à l'étranger) et cela est devenu impossible pour moi avec à l'époque un enfant. Le labo a fermé donc j'ai été licenciée. La première année de chômage j'ai cherché du boulot dans ma branche mais à chaque fois il était question de mobilité et avec 2 enfants je ne voulais plus de déplacements. Quand j'étais en maitrise j'avais hésité entre enseignement et chercheur. J'avais opté pour chercheur. A l'époque où j'étais ingénieur chargée de recherche je donnais des cours de TP/TD dans une fac et parfois des cours magistraux et cela m'avait plus. J'ai fait un bilan de compétences plus un test de personnalité sous les conseils de l'ANPE et l'enseignement et la recherche sont apparus en premier. J'ai hésité entre secondaire et primaire puis j'ai opté pour primaire. 

J'ai fait le choix de préparer un master enseignement car je voulais un minimum de formation. Ma formation a été validée par pôle emploi donc j'ai pu gardé mon chômage et suivre la formation. Pour la deuxième année de master je n'avais plus de chômage mais j'avais opté pour l'alternance (et donc une rémunération) et j'avais obtenu une bourse au mérite compatible avec l'alternance. C'étais tout de même largement moins que le chômage et ce fut un peu compliqué niveau finance pendant une année.

J'ai réussi le concours en étant bien placée donc j'ai obtenu le département dans lequel je résidais mais le département est grand et on peut vite se retrouver à 1h de chez soi. 

Pour les affectations de PES, dans mon département, la direction académique avait essayé à l'époque de faire au plus proche de chez soi : ce fut vrai pour ceux qui étaient bien classés, moins pour ceux qui étaient moins bien classés.

Ensuite quand tu es titularisé c'est une autre histoire : tu peux, avec de la chance, avoir une classe près de chez toi à titre provisoire tout comme être loin de chez toi ou avoir un poste très compliqué. Moi ma première année de titularisation j'ai obtenu un poste de remplaçant pour 14 semaines en segpa  loin de chez moi (collège avec des élèves en difficulté : ce fut un poste compliqué pour moi car zéro formation en segpa) et le reste du temps des remplacements à la journée ou à la semaine essentiellement en rep/rep +.

Les premières années compliquées amènent d'ailleurs certains à abandonner. Quelques étudiants de ma promo ont abandonné après l'année de PES ou de T1.

Les premières années sont difficiles : beaucoup de préparations, des exigences fortes de la part de la hiérarchie (faire un cahier journal des fiches de séquences...) : tu te couches tard, tu bosses les WE. Il faut tenir le coup et se montrer patient le temps d'acquérir des outils de travail, des séquences, des exercices et des habitudes de travail. Ensuite la charge de travail diminue mais cela reste un métier avec une certaine charge de travail (on ne travaille par 24h mais plus entre 35 et 45h par semaine).

Je ne regrette pas mon choix : j'aime mon métier, j'aime voir évoluer les élèves. J'évolue en maternelle et cela me correspond bien. Bien sûr il y a des facettes du métier qui me paraissent bizarres comme la réunionite aigüe ou des formations qui ne m'apportent rien. Mon seul regret : le salaire. Ca fait mal de voir son salaire dégringoler et de perdre des avantages dont on pouvait disposer dans le privé. J'ai gagné en vie de famille, en disponibilité pour mes enfants et mon mari et cela n'a pas de prix à mes yeux.

 

[Caribou7]

Bonjour à tous,

Finalement je ne me suis pas inscrite au concours l'année dernière, ayant eu des problèmes perso à cette époque là.

Aujourd'hui, la question se pose à nouveau. Mais j'ai toujours des appréhensions, une reconversion n'étant jamais facile, de plus je suis inquiète en lisant des articles qui expliquent les difficultés que certains professeurs des écoles rencontrent. J'ai notamment lu que les premières années, il y avait beaucoup de remplacements à effectuer un peu partout dans le département ce qui entraînait pas mal de déplacements. Est-ce que c'est correct et est-ce que c'est quelque chose de courant ? Une fois titulaire, est-ce qu'on a une position "fixe" ? (c'est quelque chose d'important pour moi et une des raisons me poussant à quitter mon métier d'ingénieur).

Pendant combien de temps en général est-on mobile entre plusieurs écoles ? Et jusqu'à quelle distance peut-on nous demander d'aller ?

En vous remerciant,

Bonne journée !

[3caille]

Le 31/5/2020 à 13:43, Caribou7 a dit :

Bonjour à tous,

Finalement je ne me suis pas inscrite au concours l'année dernière, ayant eu des problèmes perso à cette époque là.

Aujourd'hui, la question se pose à nouveau. Mais j'ai toujours des appréhensions, une reconversion n'étant jamais facile, de plus je suis inquiète en lisant des articles qui expliquent les difficultés que certains professeurs des écoles rencontrent. J'ai notamment lu que les premières années, il y avait beaucoup de remplacements à effectuer un peu partout dans le département ce qui entraînait pas mal de déplacements. Est-ce que c'est correct et est-ce que c'est quelque chose de courant ? Une fois titulaire, est-ce qu'on a une position "fixe" ? (c'est quelque chose d'important pour moi et une des raisons me poussant à quitter mon métier d'ingénieur).

Pendant combien de temps en général est-on mobile entre plusieurs écoles ? Et jusqu'à quelle distance peut-on nous demander d'aller ?

En vous remerciant,

Bonne journée !

En fait la première année tu es stagiaire. Tu réussis le concours dans une académie et suivant tes souhaits ton rang de classement et le rang des autres tu es ou non dans le département convoité. Ce département restera le tien jusqu'à ce que tu parviennes à en changer. Dans certaines académies il est plus simple d'aller du département du nord vers le département du sud ( tu mets en moyenne 5 ans ) que l'inverse là tu mets en moyenne 8 ans. 

Une fois que tu es titulaire de la fonction publique tu n'es pas titulaire de ton poste. Tant que tu n'es pas titulaire de ton poste tu dois participer au"mouvement". Chaque année tu demandes les postes susceptibles de t'intéresser. Selon les départements, il y a des postes et des endroits plus plus ou moins demandés. Exemple chez nous si tu demandes un poste de remplaçant dans la grande ville tu peux espérer l'obtenir en  4 ans. Si tu demandes un poste en maternelle suivant les lieux tu peux espérer l'atteindre en moyenne avec 8 - 10 ans d'ancienneté. Après suivant les enrdroits ça peut monter +++  exemple dans une ville voisine une seule personne est partie en retraite en maternelle l'an dernier, la personne qui a oobtenu le poste avait 25 ans de carrière derrière elle... je te rassure elle avait un autre poste fixe avant mais qui lui plaisait plus. 

Il arrive aussi que tu obtiennes des décharges exemple : 1 mi temps école X, 11 quart  temps école Y et  1 quart temps école Z. Souvent c'est sur la même circo si tu n'as pas demandé le poste à titre définitif c'est pour un an. Tu retentes ta chance au mouvement d'après. Tu peux être affecté n'importe où sur le département d'où l’intérêt de faire un mouvement stratégique. 

Personnellement j'ai eu de la chance le poste le plus loin que j'ai eu était à 20 kms mais je suis sur une grande agglo donc beaucoup de postes et pas trop exigeante ( pas de préférence maternelle ou élémentaire, ZIL accepté et écoles demandées pas forcément très convoitées....)

Clairement à moins que tu n'aies une situation exceptionnelle dans ton département ou ta vie personnelle je pense qu'il faut que tu tables sur une dizaine d'années de poste provisoire ( à l'année) alors par moment c'est pénible mais c'est aussi super enrichissant de voir d'autres pratiques, d'autres écoles, d'autres modalités de pensée en début de carrière.... Parce que bon les écoles où quasi tous les collègues sont  là depuis 20 ans et on fait comme ça parce qu"'on a toujours fait comme ça ça peut vite devenir lourd dingue pour tout le monde.

[Eau ferrugineuse]

Ou habites tu ? Si tu habites une très grande ville (Lille, Lyon, Marseille) tu pourras arriver à rester dès le début dans ta ville ou en périphérie en demandant des rep. Dans le cas contraire cela doit être en effet un peu plus long tout dépend si l'endroit du département où tu habites est beaucoup demandé ou non.

[Caribou7]

Je vous remercie pour ces réponses. J'avais compris que le mouvement n'est pas obligatoire tous les ans et qu'on peut décider de ne pas y participer si notre poste nous convient. Est-ce que c'est bien le cas ?

Actuellement, j'habite Lyon mais mon but est de retourner dans le sud (ma patrie je suis d'une ville entre Aix et Marseille). J'hésite entre présenter l'académie Aix-Marseille pour viser le Vaucluse (ou rien j'ai envie de dire, car les autres départements ne m’emballent pas...Bouches-du-Rhône j'ai trop peur de me retrouver à Marseille et le reste c'est trop loin de chez moi) ou l'Académie de Montpellier pour viser le Gard ou éventuellement l’Hérault (mais ça commence à faire loin aussi). J'ai vécu 5 ans au Royaume-Uni et j'ai très envie de retrouver ma famille.

Est-ce que le Vaucluse est difficile à avoir ? Comment je peux trouver des stats là-dessus ? Honnêtement, je me donnerai tous les moyens de réussir mais j'espère que c'est réalisable. Si je le rate par exemple et que j'ai un autre département, puis-je "refuser" ma place et retenter l'année suivante ?

Par ailleurs, à partir de quelle année les programmes au concours ont changé ? Je cherche des livres sur lesquels je pourrais travailler, jusqu'à quelle année je peux remonter ?

 

Merci à tous, et surement d'autres questions à venir car j'en ai tellement !

Modifié 11 juillet 2020 par Caribou7