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Posté(e)

Bonjour, :)

Je vous propose dans ce sujet d'échanger ressources et idées sur les raisons pour lesquelles des enfants n'apprennent pas à lire : méthodes, contexte social, programmes, classes surchargées, place de l'écriture, à quel âge apprendre à lire, rôle des parents, apports des neurosciences,...

Etude menée par le Ministère de l'Education nationale :

https://www.education.gouv.fr/journee-defense-et-citoyennete-2018-plus-d-un-jeune-francais-sur-dix-en-difficulte-de-lecture-9998

Pourquoi un jeune Français sur dix ne sait pas lire :

Citation

C'est le résultat d'une enquête dévoilée par le ministère de l'Éducation. Le linguiste Alain Bentolila revient sur les raisons de cet échec.

https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/pourquoi-un-jeune-francais-sur-dix-ne-sait-pas-lire-7789207513

Posté(e)

Nous savons tous que les raisons pour lesquelles des enfants n'apprennent pas à lire sont la résultante d'une foule de paramètres et c'est bien ce qui rend ce métier si compliqué. Bentolila évoque la formation des profs. Sans doute....celle-ci n'a jamais été à la hauteur , l'université n'est sans doute pas apte à assurer cette formation, mais les Ecoles Normales de jadis ne l'étaient pas beaucoup plus, ni les IUFM....(bien que le niveau des stagiaires se soit sensiblement amélioré alors, comme j'ai pu le constater). Il y a un gros souci quant à la formation des" formateurs"....Au passage , ce n'est pas le retour à la méthode syllabique  (ou à la globale comme on peut le lire parfois, laquelle n'a jamais existé) qui va améliorer la situation. Dans ce fouillis de raisons  des échecs , certaines semblent  s'imposer : des CP à plus de 25 élèves voire 29-30 , ça ne semble pas sérieux . Bentolila parle de classe à 12 élèves  après des évaluations faites en février qui permettrait de "mettre le paquet" (il ne dit pas ce qu'est le paquet hélas). Perso, j'ai travaillé pendant des années à 2 instits en classe plusieurs heures par semaine. Un instit en surnombre donc, l'affaire n'était pas trop ébruitée....)Quand c'est devenu plus possible , j'ai fait la même chose avec des stagiaires (parfois des Canadien-nes qui restaient 3 mois avec nous ou alors avec des  parents pour des séquences de productions d'écrits , parents impliqués et en accord avec les objectifs bien sur). En fait , le travail en doublette permet une proximité bien plus grande avec les élèves, un accompagnement véritable, s'effacent un peu alors la "solitude" de l'enfant face aux apprentissages et celle de l'enseignant aussi. Il fallait "jongler" un peu avec l'administration , la direction nous soutenait...Une époque , non ?! 

Les méthodes peuvent sans doute être néfastes , surtout si elles sont trop strictement suivies....Pour moi le mieux c'est de ne pas en suivre une mais de faire un mix le plus large possible, en fait de s'en fabriquer une , mais cela prend du temps .....Les programmes ne m'ont jamais paru source de difficultés , ils sont toujours adaptables (sauf s'il faut bachoter en vue des évaluations)

La place de l'écrit (en fait la difficulté de l'écrit) compte largement dans l'échec des apprentissages. Il conviendrait de réfléchir sérieusement à la  "pédagogie" de la production d'écrits(qui devrait être centrale dans l'apprentissage de la langue ) et ce qu'elle doit impliquer dans l'organisation de la classe : groupe restreint ou dédoublement de groupe, pratique très régulière  , mise en place d'un accès à l'orthographe qui ne soit pas un carcan de plus mais accessible à tous. Cela demande quelques moyens (que nous n'avons jamais eu) ....Il y aurait tellement de choses à dire ....

Posté(e)

Ouaip, je vais encore me faire l'avocate du diable, mais en l'espace de 20 ans, on a tout essayé à l'intérieur de l'école (retour à des méthodes des années 50, dédoublement des classes, suppression des notes, PDMQDC, des redoublements, ...) ... et force est de constater que ... de nos jours, ça fonctionne encore plus mal avec les élèves des milieux sociaux moyens qu'il y a plus de 30 ans, quand on apprenait à lire aux enfants des cités avec le controversé Ratus !

Que ce soit au niveau des résultats qu'au niveau de l'ardeur au travail, du temps de concentration, du soin, ...

 

  • J'aime 1
Posté(e)
Il y a 19 heures, Goëllette a dit :

Ouaip, je vais encore me faire l'avocate du diable, mais en l'espace de 20 ans, on a tout essayé à l'intérieur de l'école (retour à des méthodes des années 50, dédoublement des classes, suppression des notes, PDMQDC, des redoublements, ...) ... et force est de constater que ... de nos jours, ça fonctionne encore plus mal avec les élèves des milieux sociaux moyens qu'il y a plus de 30 ans, quand on apprenait à lire aux enfants des cités avec le controversé Ratus !

Que ce soit au niveau des résultats qu'au niveau de l'ardeur au travail, du temps de concentration, du soin, ...

 

Mais ça, c'est un constat global... Je ne pense pas qu'on obtiendrait des résultats similaires à ceux des années 90 en ressortant Ratus... J'ai presque 20 ans de CP en expérience dont 10 en REP rurale à mon début de carrière et effectivement, j'ai le sentiment que c'était plus simple en REP rurale en ayant jusqu'à 30 élèves (dont 2 ou 3 MDPH) en cours double il y a 15 ans que maintenant alors que je suis dans une école BCBG chic en niveau simple et 22 élèves... 

  • J'adhère 1
Posté(e)

Nous sommes donc tout à fait d'accord !

Donc la véritable problématique est : Pourquoi des élèves défavorisés et d'origine étrangère apprenaient sans problème (ou presque) à lire avec des méthodes aujourd'hui diabolisées alors qu'aujourd'hui, des enfants français de souche appartenant à un milieu social et intellectuel plutôt favorisé, avec des méthodes mises en avant ... sont en échec !

Ce n'est donc pas un problème de méthode, et tu montres que ce n'est pas forcément non plus un problème d'effectifs ni de milieu social d'origine ...

Posté(e)
il y a 11 minutes, Tide a dit :

On n'est pas dans l'immédiateté, le tout tout de suite, ça demande effort et persévérance. Cela demande de l'engagement, or nos élèves sont de plus en plus passifs et il devient compliqué de les enrôler.

 

il y a 11 minutes, Tide a dit :

En maternelle, je constate un nombre plus important d'enfants ne disposant que de quelques mots. Est-ce lié à la prolifération des écrans? Les jeunes parents sont ils à ce point accaparés par leurs occupations qu'ils en oublient de parler avec leurs enfants? Mes élèves adorent jouer avec les mots ou les expressions, en découvrir de nouveaux, retenir les plus compliqués.

Je pense qu'on a là une grande partie du problème.

  • J'adhère 1
Posté(e)

Je suis remplaçante en zone rurale, les élèves de mes quelques 13 écoles sont plutôt de CSP moyens à défavorisés. Parmi mes classes de CP et CE1, celles où les élèves sont les plus avancés en ce mois de décembre sont, d'après mes observations, celles à effectifs faibles (moins de 15 élèves) ET où aucun élève à conduite (trop) troublée n'est présent. Les méthodes de lecture appliquées sont toutes syllabiques (forte pression de la hiérarchie) avec découverte de deux sons par semaine.

Je ne sais pas si les parents sont assez investis,  je crois qu'on perd notre temps à en juger, on n'est pas dans les maisons. Tant mieux si les enfants s'entraînent à la maison (et on incite bien sûr les familles à le faire), sinon c'est à nous de "mettre le paquet" en classe. Ce que je constate c'est que les classes de CP où ça fonctionne le mieux consacrent beaucoup de temps à la lecture dans la journée MAIS travaillent aussi beaucoup sur le climat de classe, la posture de l'élève, la joie d'apprendre à lire. Les collègues insistent aussi beaucoup sur le soin des cahiers, la tenue du stylo, la calligraphie. Cela nécessite effort et concentration et ça se répercute sur la lecture.

J'ai appris à lire dans les années 70 dans une classe de CP à plus de 35 avec une enseignante très (trop?) sévère, qui ne tenait pas compte des individualités de chacun et où les réfractaires étaient punis. Je n'ai pas le souvenir de différenciation quelconque, et ceux qui ne savaient pas lire en fin d'année redoublaient leur CP (parfois même triplaient). L'école et la société des années 2020 est (heureusement) bien différente. Apprendre à lire doit pouvoir se faire dans un climat serein, et une classe de CP à 25 élèves avec un seul élève à conduite troublée c'est déjà trop. De nos jours on doit pouvoir tenir compte des individualités des élèves et leur apporter la sécurité affective. Si j'étais décideuse je ferai des classes à  12 élèves max en CP (pas que en REP) et 15/20 dans tous les autres niveaux. Et je multiplierai les AVS (en les formant et en les payant correctement) pour soutenir tous les élèves à conduite troublée.

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