Mal être au travail / harcèlement / arrêt ?

[Agrippine69]

Bonjour à tous,

 

Je ne sais pas pourquoi j'écris ce poste.. ça va me faire du bien et peut être que vous pourrez me donner votre avis.

 

En quelques mots : j'ai été harcelée par 2 collègues il y a quelques années. A l'époque, j'avais ma propre classe dans cette école, j'avais pris les coups sans trop rien dire, j'ai tout gardé en moi, je n'en avais parlé à personne. Ça a duré 3 ans. Ensuite, j'ai changé de région, je suis devenue remplaçante puis titulaire de secteur à titre définitif (je complète des personnes à temps partiel) car c'est difficile d'avoir sa classe par ici (peu de postes!).

 

Ce harcèlement m'a enlevé toute confiance en moi, toute estime de toi, il m'a donné de la méfiance envers les autres. Depuis juin dernier, je me sens de plus en plus mal au travail : j'ai la boule au ventre, et crise d'angoisse les matins avant d'y aller, je pleure le soir. Sans compter que toute cette angoisse m'a déclenché une maladie auto-immune. Bref. J'ai donc été en arrêt en juin, et je suis à nouveau en arrêt depuis mi septembre.

 

Ce qui déclenche mes angoisses : le fait de ne pas beaucoup exister pour les parents / les enfants / et parfois les collègues que je complète, le fait qu'une collègue soit particulièrement pas sympa avec moi (proche du harcèlement).

 

Le manque de soutien de notre hiérarchie me peine énormément : en juin, quand j'ai appris que je n'avais rien eu au mouvement et que je restais titulaire de secteur, j'ai contacté le bureau qui s'occupe des affectations en leur expliquant ma situation, et en demandant si c'était possible de ne pas me donner les mêmes compléments et écoles à la prochaine rentrée (pour éviter cette collègue et pour peut être espérer avoir des compléments plus longs par exemple des 50%, afin de retrouver confiance en moi, d'exister un peu plus dans mon métier..). Ils ne m'ont jamais répondu et bim, ils m'ont remis les mêmes petits compléments (et donc la même collègue). Quand j'ai contacté les syndicats en juillet pour leur demander quoi faire, ils m'ont dit de renvoyer un mail à la même personne à qui j'avais déjà envoyé le mail avant bref... Aucune réponse. Donc rien n'a changé, j'ai débuté la rentrée avec beaucoup d'angoisses car je savais ce qui m'attendait.

 

Actuellement en arrêt, toujours remplie d'angoisses, je me sens dans une impasse.

→ Je ne peux pas démissionner, j'aime toujours mon métier, et quand je pourrai avoir à nouveau ma classe je sais que ça ira mieux au niveau confiance / estime...

→ Je ne peux pas me mettre en dispo, au niveau financier notamment.

 

Mais alors que faire ? Enchainer les arrêts ? Alors que dans le fond, j'ai très envie de travailler, j'adore mon travail !! Certains me disent d'accepter la situation, de penser qu'un jour j'aurai ma classe et que tout ira mieux, oui c'est vrai, c'est ce qui m'a permis de tenir l'année dernière d'ailleurs. Mais là je n'y arrive plus, mon corps me dit stop.

 

Je précise que je fais un travail sur moi, pour aller mieux, passer outre ce harcèlement, retrouver confiance en moi (sophrologie, hypnothérapie bref je suis suivie).. Mais pour l'instant, impossible de retourner au travail.

 

Je me sens très seule et peu soutenue..

 

[borneo]

Bonjour,

je pense que tu devrais un peu désinvestir l'école (on peut être bon enseignant sans y consacrer sa vie) et trouver des centres d'intérêt à l'extérieur (sport, théâtre, bénévolat, boîtes de nuit, au choix)

Tu as songé adopter un animal de compagnie ? ça change la vie 🥰

[Agrippine69]

Merci pour ta réponse !!

J'ai déjà pas mal désinvesti depuis quelques années, j'ai un enfant, je fais du sport 3 fois par semaine, je joue de plusieurs instruments et j'ai un chat!

Je profite de la vie en dehors du travail, mais c'est quand même important de s'y sentir bien, et de ne pas angoisser tous les jours où on doit y aller 😕

[borneo]

OK tant mieux. A la lecture de ton message, j'ai eu le sentiment que tu ne vivais que pour l'école. 

[Rosaline]

Bonjour, 

je pense qu'il faut aussi que tu parles avec quelqu'un de ce qui s'est passé l'année où tu as subi le harcèlement, car tes crises d'angoisse peuvent être dû au refoulement de tes émotions durant cette période et aujourd'hui, cela ressort (souvent c'est une goutte qui fait déborder le vase qui pourtant est une goutte que seul tu peux gérer, j'espère que tu comprendras la métaphore ). Puis il peut y avoir des émotions refoulées qui datent encore de plus loin (ce fut mon cas mais peut être pas pour toi). 

J'ai eu un harcèlement au travail avant de me reconvertir dans ce métier que j'adore, et je sais que si je n'avais pas vu une psychologue qui m'a permis d'apprendre à gérer mes crises et à comprendre d'où elle venait, je les aurais encore. 

à savoir: si la personne qui t'écoute (pas forcément un psychologue, cela peut être un ami ou une connaissance qui peut t'aider et a déjà vécu çà) ne correspond pas, change car comme pour le docteur, il faut trouver celui qui nous correspond. 

PS: ce n'est qu'un conseil par rapport à mon vécu, j'espère que tu ne le prendras pas mal mais que cela pourra t'aider .

[Agrippine69]

Bonjour Rosaline,

ton message est très juste et reflète exactement ma situation et ce que je ressens. Je n'arrive plus à surmonter des choses qui sont largement surmontables. Je sais déjà que c'est à cause du harcèlement que j'ai subi. En mai je suis allée faire ma toute première séance d'hypnose pour une raison qui n'avait rien à voir avec l'école. Seulement, en état d'hypnose, la première chose qui est ressortie ce sont ces deux collègues que je pensais pourtant avoir oubliés. Cette séance était en mai, et c'est depuis juin que je me sens submergée, angoissée, très stressée etc. Donc oui, tout ce que j'ai refoulé à l'époque du harcèlement est sorti et je n'arrive plus à gérer tout ce qui est en lien avec l'école.

Depuis juin, je suis suivie et je parle de cette période. Pour l'instant, je n'ai pas vu d'améliorations mais il me faut peut être seulement du temps.

 

Merci pour vos réponses Rosaline et Bornéo, ça m'a bien aidé

[Helinette]

Bonjour, 

J'avais obtenu un changement de poste en cours d'année, parce que ça se passait mal et j'étais en arrêt. En 2 semaines, j'ai obtenu un poste de brigade et de petits remplacements courts près de chez moi. Je n'avais pas envie d'être en arrêt, et reprendre m'a vraiment fait du bien, parce que je voyais que ça se passait bien ailleurs (je le savais mais j'avais perdu confiance aussi). Ensuite, j'ai demandé un abandon de poste au mouvement, mais j'ai mis quelques années à en obtenir un autre (en attendant, j'avais quand même des postes que je demandais). J'avais eu des conseils par mon syndicat (la démarche pour changement de poste et ensuite abandon), et j'avais envoyé ça à mon inspecteur. Mais je pense qu'avant de reprendre, il faut bien prendre soin de toi, et une fois prête, renseigne-toi pour changer de poste. 

[Agrippine69]

Bonjour Helinette,

Merci pour ton témoignage. Avant d'être à nouveau en arrêt en septembre, j'ai tiré la sonnette d'alarme au niveau hiérarchique et j'ai rencontré ma conseillère pédagogique, qui a été très à l'écoute et bienveillante, mais elle m'a clairement dit qu'elle ne pourrait rien pour moi au niveau changement de poste et que l'inspectrice ne pourrait rien non plus. Elle m'a conseillé de contacter par mail le chef du bureau des disponibilités pour lui expliquer ma situation: c'est ce que j'ai fait, j'ai écrit et expliqué tout mon mal être, ma santé qui se dégrade, mes arrêts et pour réponse j'ai eu (en résumé) "bonjour, vous pourrez nous envoyer un mail l'an prochain à la suite du premier mouvement lors de la phase d'ajustement et nous verrons si vous pourrez changer d'école cordialement". Un mail très froid, avec une réelle absence d'empathie. Surtout que c'est déjà ce que j'avais fait l'an dernier, leur envoyer un mail au moment de la phase d'ajustement: ils ne m'avaient pas répondu et n'avaient pas pris en compte mon mail puisque j'ai eu les mêmes compléments et mêmes écoles. J'ai bien l'impression que de ce côté, on ne pourra rien pour moi et je ne pourrai pas changer de poste.

Je vais réfléchir pour un abandon de poste au prochain mouvement, merci beaucoup d'avoir pris le temps de me répondre !

 

Modifié 21 septembre 2021 par Agrippine69

[borneo]

abandon de poste = ne pas aller bosser sans raison

non maintien sur poste = ne pas vouloir rester là où on est titulaire au moment du mouvement (ici, on peut le demander sans rien justifier)

😇

[Agrippine69]

Ce serait donc plutôt un non maintien sur poste merci pour la précision!

[ptitninouche]

Agrippine, je peux comprendre ce que tu ressens car j'ai subi le harcèlement de mon ATSEM qui faisait ce qui lui plaisait quand elle voulait, râlait quand je lui demandais de faire quelque chose, décidait de son emploi du temps et ma directrice lui donnait raison. 

Il faut que tu prennes soin de toi et t'arrêter si cela est nécessaire. Comme toi, je n'ai rien dit, je suis allée vraiment au bout de mes forces et je me suis retrouvée hospitalisée. Je ne voudrais pas que tu t'épuises moralement et qu'il t'arrives la même chose. Il faut te préserver avant tout, t'entourer des personnes qui peuvent te réconforter, écouter ton corps. Le lieu de travail est un lieu où on doit se sentir bien, c'est important car on y passe beaucoup de temps

Est-ce qu'il ne serait pas possible de contacter un autre syndicat ?

En tout cas, je te souhaite vraiment bon courage et tiens nous au courant de ta situation

[blacknader]

Tu complètes des directeurs et donc tu les vois quand tu viens travailler ou tu complètes des temps partiels que tu ne croises pas mais avec qui tu peux échanger ?

Comment sont les équipes des écoles où tu es ? bonne ambiance ? ça peut aider quand il y a une bonne ambiance, à prendre du recul sur une personne pas fun.

Quand tu es dans ta classe, est-ce que les angoisses disparaissent ou la présence pas loin de la collègue pas top, t'empêche d'avoir l'esprit totalement disponible à la classe ?

 

Le seul conseil que je peux te donner c'est de t'occuper de toi, de faire un travail sur toi et pour toi. Ca prendra le temps que ça prendra, une fois que tu auras travaillé un peu sur ce qu'il t'est arrivé dans le passé, tu vas pouvoir aller de l'avant. 

Plein de courage !