Élève qui s'ennuie en classe

[cath056]

Bonjour, 

J'ai un élève qui s'ennuie en classe, d'après les parents. Il s'agit d'un élève avec un an d'avance (et né fin août, donc pas seulement quelques mois de moins que les plus âgés du niveau supérieur, comme c'est parfois le cas), et un niveau excellent. Il a une mémoire incroyable, et est très curieux de tout. Il est dans un petit groupe très fort scolairement, et je donne déjà du travail plus complexe que la moyenne. 

Un second saut de classe me paraitrait quand même compliqué, par rapport au décalage en âge (honnêtement, je pense que d'un point de vue scolaire, il pourrait suivre...), mais alors que faire ?

Auriez-vous des pistes pour qu'il garde la motivation de venir à l'école ?

[IsaG]

Bonjour,

 

Les HPI, c'est difficile...

Je ne pense pas que sauter une classe soit judicieux (du vécu, avec mes enfants), mais il doit être nourri, en classe et à la maison.

Mets en place un PPRE allant en ce sens.

 

Demande conseil à la psy sco

 

Bon courage

[SepH]

Avec un de mes élèves, ce qui avait bien marché, c'était de lui proposer des exposés à réaliser en QLM : les parents étaient partants car ça occupait leur enfant à la maison (bien que ça leur demande une forme de travail supplémentaire pour l'école). 

[lilie2fr]

Ici le 2eme saut de classe l'a sauvé. 

[madeus]

D'après les parents... mais que dit l'élève en question ???

[gégé82]

Faire une demande d'intervention au psychologue scolaire.
Puis EE.
Les parents sont au final les seuls décisionnaires.

[borneo]

Il s'ennuie un peu ? Beaucoup ?

On s'ennuie forcément à l'école. Je m'y suis beaucoup ennuyée : petite école de campagne avec des niveaux très différents. Je pensais à autre chose, je rêvais en regardant les cartes de géographie : Lena, Ob, Ienissei, Irtych...

Je n'ai pas sauté de classe, mes parents étaient contre, et je leur en suis reconnaissante. J'ai passé une adolescence extra, avec des copains, des flirts, des virées en mobylette, beaucoup d'invitations à des surprises parties, une vie sociale épanouie. J'en parle car ça n'a pas été le cas des élèves avec un an d'avance que j'ai croisées dans ma scolarité. Loin de là. 

Je pense que deux années d'avance, ça doit être un ultime recours en cas de véritable mal-être. Car ça risque de marginaliser le jeune à l'adolescence, et le priver de belles années. Échanger des années d'enfance contre des années de vie active, est-ce vraiment un bon plan ?

Faire intervenir le psy alors que ni l'élève ni les parents ne demandent rien, je pense que c'est aller au-devant de problèmes. C'est à nous de faire que les enfants plus vifs que les autres se sentent bien dans nos classes. J'ai trop vu des collègues s'en débarrasser comme des patates chaudes. 

 

[Goëllette]

Le niveau a tellement baissé que même les élèves "normaux" sont susceptibles de s'ennuyer !

Il faut mettre les excellents élèves près de la bibliothèque et en particulier des encyclopédies et autres dictionnaires.

Pour ma part, j'exige d'eux l'excellence, donc n'accepte pas d'erreur d'étourderie, puisqu'ils sont rapides et ont le temps de se relire !

[lilimay]

Mes élèves excellents commencent à avoir des temps où ils sortent complètement de l'activité proposée au groupe classe. Je suis en classe flexible, donc ça aide. Programme des CE2 en numération: les nombres jusqu'à 9 999. Ils ont déjà tout compris, et se promènent sans difficultés dans les millions. J'ai épuisé les escapes games, les maths sous forme de jeu... J'apprends à accepter l'idée qu'ils n'ont pas besoin de ce temps. Donc sur certaines séances, ils s'impliquent dans leur projet personnel. Pour une une c'est écrire son autobiographie accompagné d'illustrations, pour l'autre c'est réaliser une affiche sur Harry Potter. Ce sont eux qui ont choisi leur projet. Pour moi c'est aussi ça la différenciation.

[valdeloise]

+1 @lilimay J'ai trois niveaux "officiels" mais c'est très hétérogène: des ce2 qui calculent comme des cm2, des cm1 qui lisent comme des ce1, des curieux et motivés, des apathiques et attentistes... J'ai donc décidé de fonctionner en plan de travail, c'est-à-dire que chacun travail sur des projets personnels dans toutes les matières. J'ai donc prévu des "coins": cahier de questionnements scientifiques avec un meuble de matériel, cartes et Atlas et boîtes de cartes-quizz, images historiques à replacer sur la frise chronologique, matériel de mesures et numération, art, bibliothèque... Comme ça le matin je suis dispo pour faire avancer tout le monde et je peux aller assez loin avec les plus avancés dans les exposés, les expériences, les créations maths, les textes libres... L'après-midi, le collectif profite de ce que chacun a fait car on présente les travaux terminés ou à améliorer, et je me saisis simplement des points les plus importants pour institutionnaliser et préparer les exercices d'entraînements.

C'est un dispositif qui permet aux avancés susceptibles de s'ennuyer de non seulement s'occuper de manière productive, mais aussi de trouver sa place au sein du groupe et d'effacer les sentiments de décalage, en épaulant les autres et en leur offrant un autre rapport au savoir que le passage obligé par l'enseignant.

La clé, c'est qu'il faut qu'il sente qu'il fasse partie du groupe et qu'il a un rôle à y jouer. 

[cath056]

@lilie2fr, quelles classes a sauté ton fils ?

@madeus, il s'agit de parents très discrets et très mesurés, je pense que l'ennui de l'enfant est réel, qu'ils l'ont constaté depuis plusieurs semaines, et qu'ils ont attendu un peu avant de m'en parler. Ils sont par ailleurs très conscients de la difficulté de prendre en compte tous les niveaux de la classe. On n'est pas dans le cadre d'un mal-être, de journées mal vécues, etc., mais simplement il y a une baisse de motivation, chez un enfant qui a toujours adoré l'école depuis la maternelle. 

Comme le dit @borneo, deux années d'avance, ça doit être un ultime recours en cas de véritable mal-être. Ce n'est pas le cas ici.

@SepH, c'est intéressant l'idée de l'exposé, et je compte en proposer un à chaque élève au cours de l'année, mais si je devais lui en proposer plusieurs à lui, comment le justifier auprès des autres élèves ?

@Goëllette, je crois que c'est de cela dont il a besoin, oui : d'encyclopédies et de dictionnaires... 

Il faudrait que je cherche du côté des projets personnels, comme vous le proposez @lilimay et @valdeloise. Mais c'est très loin de mon fonctionnement habituel. Il faut que j'y réfléchisse. Ce qui me pose le plus problème, c'est que je n'ai justement pas le temps d'y réfléchir, car à côté de cela j'en ai un qui peine à calculer 3+4 après deux années de CP, un autre qui bloque sur 48 - 1 (en CE2), un autre qui ne travaille pas et met le bazar... Tout cela me prend déjà beaucoup d'énergie.  

[valdeloise]

il y a 51 minutes, cath056 a dit :

j'en ai un qui peine à calculer 3+4 après deux années de CP, un autre qui bloque sur 48 - 1 (en CE2)

Je ne m'occupe plus de ce type d'enfant, sinon je pète un plomb. Je leur présente des activités et jeux de numération avec matériel et objectifs précis à atteindre, je les laisse et je reviens vers eux à la fin une minute pour qu'ils me montrent ce qu'ils ont fait, et ils ont intérêt à me montrer quelque chose. Je fais verbaliser ce qu'ils ont appris, et basta. Ca progresse beaucoup plus vite que d'être avec eux tout le temps. Les élèves qui me regardent avec des yeux de merlan frit quand je leur demande 1 + 1, merci bien.