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Posté(e)

J'enseigne en CM2 cette année.

Comme je l'ai déjà expliqué ici par le passé, j'impose aux élèves, en devoirs du soir quotidiens, toute l'année, une dizaine de pages de roman à lire avec un questionnaire de compréhension sur 10 points (à remplir avec le livre). On discute chaque matin du passage à lire, de ce qui a été compris ou pas, échange d'opinions sur l'évolution de l'histoire, l'attitude des perso. etc.

Un nouvel élève est arrivé dans la classe il y a 1 mois. Il a commencé le roman de la période en même temps que toute la classe.

Lorsqu'il lit à haute voix, pas de problème de fluence: il lit à une allure CM2, respecte les signes de ponctuation, etc. J'ai pas de score mais il n'y a pas de pb de ce côté là.

Sur les questionnaires, c'est un beau jour s'il répond correctement à 2 questions sur les 10 (je précise qu'il "fait" ses devoirs: très suivi à la maison, attitude "très" à l'écoute de l'enseignant.e). Sur 25 questionnaires, jamais + de 2 points. J'ai vite demandé à ce qu'il ne réponde qu'aux 5 premières questions (puis lecture offerte par la mère pour qu'il suive l'histoire).

Bref. Il ne comprend strictement rien: IL NE SAIT DONC PAS LIRE.

Or, les livrets de CM1 et du 1er semestre de CM2 indiquent "A" pour acquis sur toutes les matières du français, dont la lecture.

C'est un grave problème.

Il ne reste que 13 semaines d'école élémentaire: on ne ferra pas de miracle (que ce soit pour l'aider ou pour une reconnaissance d'un trouble "dys").

Il ira magistralement se fracasser au collège.

Je suis très en colère: la pratique de la fluence comme seul outil de validation du "savoir lire" a permis de masquer, 5 années durant, les difficultés profondes de cet élève.

On apprend à lire du CP au CM2 (et même après). La lecture de texte d'une page + quelques questions par-ci par-là ne suffisent pas (ou plutôt ne suffisent plus puisque la plupart de nos élèves n'ont pas la lecture comme loisir dans leur top 3 (ou 5). C'est à nous maintenant de leur faire lire des livres, des oeuvres longues.

La pratique de la fluence comme Graal du savoir lire est néfaste. Je le pensais depuis longtemps mais j'en ai aujourd'hui la preuve.

 

 

 

  • Merci 1
Posté(e)

Bonjour,

il comprend les énoncés de problèmes ?

Quand on lui lit un texte, il peut répondre aux questions ? 

Posté(e)

Ben non, pour les pb, il comprend pas (cqfd).

Il enquille plutôt bien en calcul mais pour pour expliquer un résultat (par ex. comparaison de fractions ou réduire une fraction à un entier+ une fraction), c'est une catastrophe (je me suis rendue compte que j'appréhendais lorsque je piochais son prénom pour une réponse). Honnêtement, après avoir passé sa vie à masquer son problème, il est stressé comme tout dès qu'interrogé, s'embrouille et on ne comprend rien à ce qu'il explique. Je dois développer des trésors de patience et de bienveillance pour "rattraper" ce qu'il dit 🙄.

Concernant un texte lu par qqun d'autre, sa mère est supposée lui lire la moitié du texte. Ça ne lui permet pas d'être plus efficace (alors que parfois, les 1ères questions des questionnaires portent sur des reprises des pages précédentes).

 

Posté(e)

Et en formation, on ira t'expliquer que la fluence ce n'est pas que la rapidité mais qu'il faut aussi faire comprendre le texte à l'élève. Puis ensuite s'entraîner à le lire de plus en plus vite, toujours en respectant la ponctuation. Finalement ce n'est plus de la fluence mais simplement apprendre à un élève à lire en réunissant toutes les sous-compétences associées, à savoir: compréhension, fluence, prosodie.

Finalement, en faisant lire un élève tous les jours, des textes variés, en insistant sur la prosodie et en travaillant l'implicite, on gagne beaucoup de temps dans une journée (on évite de découper l'emploi du temps en petits bouts, à mettre des sous compétences partout). Puis je reste persuadé que la rapidité de lecture s'acquiert aussi avec l'âge, à force de lire, tu lis plus vite. Je ne connais aucun adulte qui lit très lentement, à tel point qu'il ne peut pas comprendre.

  • J'adhère 1
Posté(e)

S'il ne comprend pas une histoire qu'on lui lit, c'est un problème de compréhension, pas de lecture. Il est peut-être juste très limité intellectuellement. Ce qui n'empêche pas de savoir lire oralement. Il lit mécaniquement, comme ferait un logiciel.

C'est étonnant que personne ne s'en soit rendu compte, car les questions de compréhension démarrent dès le CP, et il y en a dans toutes les évaluations nationales.

  • J'adhère 3
Posté(e)
Il y a 5 heures, vélo45 a dit :

Cela m'arrive régulièrement quand des élèves viennent d'ailleurs de dire aux parents d'aller chez un ortho, on leur a jamais parlé de ça et jamais vu de problèmes auparavant.

Les parents qui "tombent des nues" parce qu'on ne leur avait "rien dit avant", c'est un classique. En réalité, ils ont juste eu la flemme d'aller chez l'orthophoniste.

  • J'adhère 1
Posté(e) (modifié)

C'est fréquent. Parents qui font la sourde oreille.

Ils croient que l'on ne se parle pas....

Modifié par éowin
Posté(e)
Il y a 9 heures, HYPO a dit :

Il ira magistralement se fracasser au collège.

Il n'est jamais trop tard pour progresser... :)

Pour aider cet élève, il serait bénéfique de :

- lui proposer des textes adaptés à son niveau de compréhension et à ses intérêts pour augmenter son engagement.

- évaluer ses compétences de compréhension orale, ainsi que son vocabulaire, pour voir s'il existe des difficultés spécifiques dans ces domaines.

- lui enseigner explicitement des stratégies de compréhension en lecture, comme : faire des prédictions, poser des questions sur le texte, résumer, et visualiser.

Il faudra dès que possible lancer les démarches pour obtenir une évaluation plus approfondie et explorer la présence éventuelle de troubles d'apprentissage spécifiques, et rediriger la famille vers des spécialistes, tels que des orthophonistes ou des psychologues scolaires,...

Posté(e)
Il y a 9 heures, HYPO a dit :

la pratique de la fluence comme seul outil de validation du "savoir lire" a permis de masquer, 5 années durant, les difficultés profondes de cet élève.

La fluence relie la capacité à lire les mots rapidement et avec exactitude, à la capacité de comprendre le texte. La compréhension n'en est donc pas exclue. L'origine du problème est ailleurs, à mon sens.

Posté(e)
il y a une heure, André Jorge a dit :

lui proposer des textes adaptés à son niveau de compréhension et à ses intérêts pour augmenter son engagement.

Voilà. Cet élève n'est peut-être pas un "littéraire", et il est possible qu'il n'accroche pas au roman étudié en classe, d'autant qu'il l'a pris en cours de route.

J'ai eu une élève de CE1, qui faisait son 2e CE1, et qui n'entrait pas dans la lecture. Je faisais en classe de petites énigmes de logique, et là, elle excellait. Elle avait un niveau de logique bien supérieur aux "bons lecteurs" de la classe.

Ton élève est dans la situation de beaucoup d'adultes. Ils lisent parfaitement, mais ils n'accèdent pas au sens de certains textes (notices techniques, textes philosophiques, documents des impôts, instructions officielles...) Peut-on dire dans ces cas qu'ils ne savent pas lire ?

Posté(e)
Il y a 10 heures, HYPO a dit :

La pratique de la fluence comme Graal du savoir lire est néfaste. Je le pensais depuis longtemps mais j'en ai aujourd'hui la preuve.

C'est rude de dire que la pratique de la fluence est néfaste. En revanche, je suis d'accord que ce ne peut être un critère d'évaluation du savoir lire. Lire c'est comprendre. La fluence est un outil. Une bonne fluence permet de libérer le cerveau des tâches de décodage pour être plus disponible pour les tâches de compréhension. Et évidemment les deux sont étroitement liées car une très bonne fluence ne peut se faire sans compréhension.

Il y a 10 heures, HYPO a dit :

On apprend à lire du CP au CM2 (et même après). La lecture de texte d'une page + quelques questions par-ci par-là ne suffisent pas (ou plutôt ne suffisent plus puisque la plupart de nos élèves n'ont pas la lecture comme loisir dans leur top 3 (ou 5). C'est à nous maintenant de leur faire lire des livres, des oeuvres longues.

Tout à fait d'accord.

Il y a 10 heures, HYPO a dit :

Comme je l'ai déjà expliqué ici par le passé, j'impose aux élèves, en devoirs du soir quotidiens, toute l'année, une dizaine de pages de roman à lire avec un questionnaire de compréhension sur 10 points (à remplir avec le livre). On discute chaque matin du passage à lire, de ce qui a été compris ou pas, échange d'opinions sur l'évolution de l'histoire, l'attitude des perso. etc.

Woaow. Là je suis impressionné. Quand je donne 5 pages à lire pour dans deux jours sans questionnaire, 10% des élèves le font.

🙄

Posté(e)
il y a 2 minutes, léontiine a dit :

Ton élève est dans la situation de beaucoup d'adultes. Ils lisent parfaitement, mais ils n'accèdent pas au sens de certains textes (notices techniques, textes philosophiques, documents des impôts, instructions officielles...) Peut-on dire dans ces cas qu'ils ne savent pas lire ?

J'enseigne en REP, les difficultés en lecture sont monnaie courante. En CM2, j'ai chaque année des élèves non lecteur (ne décodent pas). J'ai aussi chaque année des élèves qui sont de très bons "techniciens" de la lecture, avec une bonne fluence, mais qui ne comprennent pas ce qu'ils lisent. Je suis d'accord avec HYPO,  ces élèves ne savent pas lire.

 

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