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Pour ceux qui ne connaitraient pas, pour travailler la compréhension de textes, je vous mets le lien du ROLL.

https://www.roll-descartes.fr

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Dans mes premières années d'enseignement, on lisait en classe des supports très variés : histoires, journal télé, recettes de cuisine, règles de jeux, affiches, textes documentaires, notices, horaires SNCF. C'était axé sur du pratique, des choses du quotidien.

Ça se pratique toujours ?

Je me demande si ce qu'on propose n'est pas trop éloigné du vécu de certains élèves, qui n'ont aucun livre à la maison.

Si on évaluait la compréhension avec une règle de jeu vidéo, les élèves camif réussiraient peut-être moins bien qu'avec des textes littéraires.

Posté(e)
il y a 6 minutes, léontiine a dit :

Dans mes premières années d'enseignement, on lisait en classe des supports très variés : histoires, journal télé, recettes de cuisine, règles de jeux, affiches, textes documentaires, notices, horaires SNCF. C'était axé sur du pratique, des choses du quotidien.

Ça se pratique toujours ?

Oui, oui, toujours.

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Posté(e) (modifié)

Le programme TV et les horaires des trains 🥱 passionnant!  Est-ce si près que cela du vécu des enfants. J'ai connu aussi à mes débuts.

Je crois que c'est l'acte de lire qui passe à la trappe ( tout ce qui passe par un écran est plus attrayant pour les enfants). 

"Il lit tous les jours!" Enfermé dans sa chambre sans un adulte qui vérifie s'il ne fait pas d'erreur..... Si tant est qu'il lise vraiment.

Modifié par éowin
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Posté(e)
Il y a 4 heures, gascinho a dit :

(...)Quand je donne 5 pages à lire pour dans deux jours sans questionnaire, 10% des élèves le font.

🙄

C'est pour ça que je suis passée au questionnaire noté quotidien: pour les forcer à lire. Ils le savent, les parents aussi. Je ne donne que ça (presque).

Sinon, je me retrouvais à discuter du roman avec toujours le même quart de classe, comme ailleurs. Si j'étais en REP, je reverrai mon système pour qu'il puisse être adapté.

Posté(e)

Je cherche ici à alerter sur ce truc de la fluence et sur la manière qu'on peut avoir d'enseigner la lecture, bien au delà du cas particulier de cet élève.

La question pour moi est:

- Comment se fait-il que tout soit "A" pour acquis sur ces livrets alors qu'il ne sait pas lire?

Je lis des trucs dans les réponses qui me questionnent beaucoup:

"c'est un pb de compréhension, pas de lecture": ben en CM2, c'est la même chose.

"il est pê limité intellectuellement": et personne ne s'en est rendu compte avant? 

"Il y a des élèves pas littéraires": certes, oui, et alors? Eux aussi doivent apprendre à bien lire non? Je ne suis pas en croisade pour leur faire aimer la lecture mais pour qu'ils sachent bien lire. Et pour apprendre à lire, en CM2, on lit des livres.

 

Je ne remets absolument pas en question le sérieux et la sincérité du travail des collègues qui ont eu cet élève. J'ai vu les cahiers, il y avait beaucoup de choses (qui m'ont même fait culpabiliser mais c'est une autre histoire...) 

Je questionne (je crois) le système qu'on fait fonctionner, la doxa de la fluence.

Posté(e) (modifié)

C'est fort de ce constat que dans mon académie les formations sont axées sur la compréhension en cycle 3 : comment passer de la lecture / déchiffrage à la compréhension profonde d'un texte.

Des idées de ce que j'ai pu pratiquer en classe, et de ce qui nous a été conseillé en formation :

  • J'ai adoré faire un "journal de personnage"
Révélation

J'ai utilisé un "journal de personnage" l'an passé avec mes CM, et j'étais plutôt très satisfaite du résultat !

A chaque étape de notre lecture cursive, je demandais à mes élèves de se mettre dans la peau d'un des personnages et de produire une trace en relation avec la situation. Nous avons varié les types de traces écrites : dessin, lettre, description, collage. Chacun était libre de personnaliser son journal, d'ajouter des notations, des dessins

Concrètement, nous avons travaillé sur "le petit prince", et à chaque étape, je donnais une consigne en lien avec le texte. Dans leur journal du lecteur, ils ont :
- dessiné un mouton, en ajoutant des annotations, comme des phrases qu'aurait pu dire le petit prince
- écrit une lettre dans laquelle le petit prince explique les raisons de son départ à la rose
- décrit un nouvel astéroïde, certains l'ont dessiné
- collé un renard fait en origami
- écrit une lettre du point de vue du petit prince, adressé à sa rose qui est restée sur l'astéroïde (sentiment de nostalgie)
- écrit une lettre du point de vue de l'aviateur, cinq ans après la disparition du petit prince
- joué avec les mots et les phrases tirées du texte, sous la forme de calligrammes
- dessiné la scène lorsque le petit prince est en grande discussion avec le serpent, perché sur son mur

J'ai adoré cette expérimentation avec eux, et je suis pleinement satisfaite des résultats : tous se sont investis, même les plus faibles ont réussi à produire quelque chose, ne serait-ce qu'une poignée de lignes. Une grande dys-toutcequevousvoulez s'est révélée avoir de grands talents en dessin, mes élèves faible en production d'écrit ont quand même réussi à produire quelques lignes, et les élèves les plus à l'aise ont pu laisser libre court à leur imagination. C'est ma plus grande (et peut être ma seule) réussite avec cette classe !

Quelques exemples : (le niveau de ma classe était catastrophiquement faible, avec énormément de problèmes de comportement et d'enfants dys-)

https://servimg.com/view/20414260/23

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https://servimg.com/view/20414260/20

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  • La méthode "Lector Lectrix" en cycle 3
  • En cycle 1-2, je préfère "Narramus" pour le vocabulaire et la compréhension fine (la compréhension se travaille bien en amont du déchiffrage)
  • Le "Visibiléo" nous a été très fortement conseillé en formation, mais moi je n'adhère pas.
Modifié par Kihya
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Posté(e)
Il y a 4 heures, léontiine a dit :

Dans mes premières années d'enseignement, on lisait en classe des supports très variés : histoires, journal télé, recettes de cuisine, règles de jeux, affiches, textes documentaires, notices, horaires SNCF. C'était axé sur du pratique, des choses du quotidien.

Ça se pratique toujours ?

Je me demande si ce qu'on propose n'est pas trop éloigné du vécu de certains élèves, qui n'ont aucun livre à la maison.

Si on évaluait la compréhension avec une règle de jeu vidéo, les élèves camif réussiraient peut-être moins bien qu'avec des textes littéraires.

Pour l'instant (pour quelques semaines encore), on est encore dans un système de collège unique, après lequel, le lycée où on pourra mettre entre les mains de nos anciens élèves "Le Rouge et le noir". Si le livre leur tombe des mains, je souhaite que ce soit parce qu'ils n'aiment pas le style, l'histoire plutôt que parce que le livre a trop de pages et qu'il se sentent incapables d'en lire autre chose que les résumés wiki.

Le primaire et le collège doivent se placer, selon moi, dans ce continuum d'apprentissage de la lecture.

Tu amènes dans ta réponse des éléments sur le patrimoine culturel des élèves (et leur classe sociale I guess). Je n'ai pas abordé le pb de cette façon là mais soit: pour moi (et je l'espère pour bcp d'entre nous), c'est le rôle de l'école publique d'amener les enfants de pauvres et sans livres à la maison à devenir des lecteurs aussi experts que des enfants de bourgeois (ou ayant un fort patrimoine culturel). C'est son rôle plus encore aujourd'hui qu'hier (les réponses de qqs collègues plus haut en attestent). Je ne crois pas qu'on puisse rendre des élèves experts en lecture en leur proposant des notices de jeux vidéo qui n'existent d'ailleurs pas (c'est sur YouTube que les jeux vidéo sont expliqués).

Et je reboucle ici avec le pb de la fluence: érigée comme approche pédagogique exclusive ou régnante, elle empêche de déterminer le réel niveau de lecture des élèves et ne permet pas de les faire vraiment progresser. Un enfant de bourgeois, avec la seule fluence, s'en sortira toujours: on aura des livres dans la famille, on ira à la bibliothèque, etc. Pas l'autre, l'enfant de pauvre.

 

Posté(e)
il y a 24 minutes, CharlieV a dit :

Goigoux dénonce cet attrait pour la fluence, notamment au niveau ministériel :

https://hal.science/hal-03557520v2/document

(document de 2022).

Merci.

Je suis en accord avec chaque phrase de cet article dont voici la conclusion (pour les préssé.e.s 😉

"'(...)depuis cinq ans, le MEN a concentré tous ses efforts sur cet unique volet, délaissant la pédagogie de la compréhension. Poursuivant la croisade amorcée au CP avec l’imposition d’une méthode syllabique radicale, il renforce sans cesse l’enseignement du déchiffrage pour faire croire à l’opinion publique que la faiblesse de celui-ci est la seule cause des problèmes de compréhension en lecture que les évaluations internationales viennent rappelerLa fluence est ainsi devenue l’emblème de la politique ministérielle de la lecture, rejetant les dimensions intellectuelles, sociales et culturelles de cet apprentissage pour se cantonner aux mécanismes cognitifs de bas niveaux, facilement modélisables et calculables. Elle est à présent l’étendard de la rationalité pédagogique chère au ministre, celle d’une éducation fondée sur la mesure, d’une pédagogie pilotée par l’évaluation et celle d’une individualisation de l’enseignement transposée de la médecine. "

Posté(e)
il y a une heure, HYPO a dit :

Comment se fait-il que tout soit "A" pour acquis sur ces livrets alors qu'il ne sait pas lire?

S'il était en REP ou assimilé, le A n'a pas la même valeur qu'ailleurs. Les curseurs ne sont pas les mêmes et on ne peut pas envoyer 80% des élèves en segpa.

Autre explication possible : il y a des élèves qui font très bien illusion. S'il était dans des classes de 30 à tout pomper sur son voisin en se faisant oublier, il a pu passer entre les mailles du filet, surtout si sa fluence est correcte.

Cela dit, je te rejoins complètement dans ton raisonnement. Une bonne fluence sans compréhension, ça ne sert à rien. Mais s'il ne comprend pas non plus à l'oral, c'est peut-être plutôt là-dessus qu'il faut bosser et voir si c'est un problème de lexique ou de syntaxe, voir sur quels types d'énoncé ça bloque (phrase avec implicite, énoncé de problème, phrases longues...). De mon côté, je me sens un peu démunie face à ces élèves qui ne comprennent pas grand chose à l'oral, parce que j'ai le sentiment que l'ampleur de la tâche est énorme.

 

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Posté(e)

J'ai travaillé plusieurs années avec Lectorino. Mes CE1 adoraient. Et j'étais épatée de les voir réutiliser des expressions des textes, très éloignées de leur vocabulaire perso. 

Je pense que la compréhension, ça peut se travailler. J'ai beaucoup aimé cette méthode.

L'histoire du joueur de flûte de Hamelin leur a beaucoup plu. Mais au bout de plus d'une demi-douzaine de séances, une élève m'a demandé ce qu'était un rat. Si, si. Une élève qui lisait très bien par ailleurs. On avait expliqué "délivrer la ville de son fléau", mais "rat", je n'y avais pas songé. 

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