Pourquoi tant de difficultés à recruter des enseignants ?

[Instit799]

Le 15/05/2025 à 22:54, vero3317 a dit :

Là-dessus, on ne va pas être d'accord. Il y a 100 ans, aucun enfant autistique ne naissait. Évidemment, cela n'avait pas été découvert. Depuis la découverte de l'autisme, la recherche n'a cessé d'affiner les choses. Il s'agit d'un spectre, tous les autistes ne montrent pas la même chose. Il y a 75 ans, les autistes qui avaient des besoins étaient cachés, enfermés dans des institutions...Maintenant et heureusement pour nous et eux, ils ne le sont plus. Alors attention je ne suis pas pour l'inclusion low cost et à tout va qui se passe en France, mais la proportion d'autistes qui augmente dans la population est avant tout dû à un diagnostic plus fin. Avant les femmes n'étaient pas diagnostiquées. Bah oui, quelle idée de faire des études cliniques sur les femmes ! Maintenant elles le sont (et encore pas assez)

 

Et je peux te dire la même chose du TDAH. Mon fils aîné l'est, il n'a pas eu accès à la télévision avant ses 3 ans. A 7 ans, il n'a toujours pas accès à nos téléphones, la télévision doit représenter 2 à 3h par semaine les semaines où il pleut, moins le reste du temps (bon pour le mois de juin on va faire une exception il y a Roland-Garros). L'ordinateur, il a joué dessus quelques fois sur le site logiciel éducatif. La console, c'est à la ludothèque, 30 minutes, une fois par mois environ. Donc pour lui on ne peut pas mettre le TDAH sur le compte d'un trop grand temps passé devant l'écran. Il y a 30 ans, il aurait été traité de paresseux, de tête en l'air, d'insolent, de bavard, de cochon aussi puisqu'il est dyspraxique (souvent le TDAH est associé à des dys). Si on remonte 70 ans en arrière, il aurait été le cancre au fond de la classe, parce qu'il ne pouvait pas se conformer aux attendus, il serait sorti de l'école à 14 avec peut-être même pas son certif. Maintenant, je sais que ses besoins sont pris en compte, qu'il peut montrer ce dont il est capable (encore plus depuis qu'il prend du methylphenidate)...Moi il y a 30 ans, j'étais la fille éternellement dans la lune, maladroite, l'étourdie... mais grâce à mes lectures sur le TDAH (et à insta), je suis dans un parcours diagnostic, parce que tu ne peux pas imaginer la souffrance que c'est de se voir en décalage avec les autres, de ne pas comprendre pourquoi on n'y arrive pas comme tout le monde... tout ça parce que il y a 30 ans, le TDAH n'était pas aussi bien connu que maintenant et que plein de personnes n'ont pas été diagnostiquées alors qu'elles l'étaient. J'ai eu beaucoup d'échecs dans ma vie, je me suis heureusement toujours relevée, mais si j'avais appris plus tôt à gérer mon tdah qu'est-ce que ma vie aurait été plus facile.

 

Encore une fois, je ne suis pas pour l'inclusion à tout va, sans moyen, je l'ai vécu avec un élève qui retournait ma classe, une AESH 10h par semaine..., mais je ne peux pas te laisser sortir cet argument digne du bistrot du coin sans réagir.

Chaque enfant à le droit à l'instruction. Cependant les différents gouvernements ont été bien trop contents de sauter sur cette revendication pour faire des économies

Tout ce que tu racontes, je l'entends parfaitement et sincèrement. (l'évolution dans nos classes est flagrante) Dans notre école on essaie de prendre en compte tout ça depuis un petit moment et tant mieux pour ces enfants et leurs familles.

 

Sauf que de mon point de vue d'enseignant : je n'en peux plus! Mais alors plus du tout. Je ne peux pas tout gérer, je ne peux plus. C'est au prix de notre santé à tous dans l'école. Du coup maintenant on essaie de mettre des limites beaucoup plus claires avec les familles. (Bien entendu je ne parle pas que des familles des enfants TDA, TSA ou autres dys hein!) On les a trop assistées, on a voulu bien faire et maintenant l'institution nous en demande TROP (petite école 45 EE et 20 ESS par an + de plus en plus de familles ch------- hors EE mais IEN top.) et surtout il ne faut pas demander de faire des efforts aux élèves (MDPH et surtout les autres) sinon on a les parents sur le dos, qui nous hurlent dessus.

Je ne me souviens même pas quand j'ai juste enseigner pendant une matinée. Je suis fatiguée. Je parle de moi. Je continue de faire ce que je peux pour mes élèves notifiés ou pas notifiés mais voilà où va t-on? Comment va t-on faire?

Quand je regarde les programmes et ce que j'arrive à faire................ pfiouh! Et pourtant j'ai des bons retours aussi. Notre école est félicitée régulièrement pour nos bons résultats malgré une IPS très basse. Mais on n'en peut plus. Vraiment. IL y a trop de choses à prendre en compte (encore une fois pas seulement les enfants à besoin particulier).

Nos 3 derniers PES ont démissionné. La dernière (reconversion) a dit "En fait ce n'est pas le métier auquel j'ai rêvé depuis si longtemps. Vous êtes tellement passionnés par ce que vous faites, vous mettez tellement d'énergie pour les enfants et leurs familles. Que non moi je ne peux pas faire ça." (Elle aurait été une excellente enseignante.)

 

Bon courage pour la société future, comment font ils dans les autres pays?

 

C'est un peu décousu, mais bon c'est en gros ce que je ressens et j'adore pourtant mon métier mais pas ce qu'il devient.

 

 

[Mirobolande]

L'enseignant observe mais pendant ce temps il est seul, et il craque.

J'ai souvent été en charge d'un remplacement d'un collègue qui avait craqué parce que c'était clairement ingérable. Et il suffit d'un enfant cocotte-minute.  Gérer une classe c'est déjà bien assez.

[Delavegue]

il y a une heure, Instit799 a dit :

Tout ce que tu racontes, je l'entends parfaitement et sincèrement. (l'évolution dans nos classes est flagrante) Dans notre école on essaie de prendre en compte tout ça depuis un petit moment et tant mieux pour ces enfants et leurs familles.

 

Sauf que de mon point de vue d'enseignant : je n'en peux plus! Mais alors plus du tout. Je ne peux pas tout gérer, je ne peux plus. C'est au prix de notre santé à tous dans l'école. Du coup maintenant on essaie de mettre des limites beaucoup plus claires avec les familles. (Bien entendu je ne parle pas que des familles des enfants TDA, TSA ou autres dys hein!) On les a trop assistées, on a voulu bien faire et maintenant l'institution nous en demande TROP (petite école 45 EE et 20 ESS par an + de plus en plus de familles ch------- hors EE mais IEN top.) et surtout il ne faut pas demander de faire des efforts aux élèves (MDPH et surtout les autres) sinon on a les parents sur le dos, qui nous hurlent dessus.

Je ne me souviens même pas quand j'ai juste enseigner pendant une matinée. Je suis fatiguée. Je parle de moi. Je continue de faire ce que je peux pour mes élèves notifiés ou pas notifiés mais voilà où va t-on? Comment va t-on faire?

Quand je regarde les programmes et ce que j'arrive à faire................ pfiouh! Et pourtant j'ai des bons retours aussi. Notre école est félicitée régulièrement pour nos bons résultats malgré une IPS très basse. Mais on n'en peut plus. Vraiment. IL y a trop de choses à prendre en compte (encore une fois pas seulement les enfants à besoin particulier).

Nos 3 derniers PES ont démissionné. La dernière (reconversion) a dit "En fait ce n'est pas le métier auquel j'ai rêvé depuis si longtemps. Vous êtes tellement passionnés par ce que vous faites, vous mettez tellement d'énergie pour les enfants et leurs familles. Que non moi je ne peux pas faire ça." (Elle aurait été une excellente enseignante.)

 

Bon courage pour la société future, comment font ils dans les autres pays?

 

C'est un peu décousu, mais bon c'est en gros ce que je ressens et j'adore pourtant mon métier mais pas ce qu'il devient.

Avec mes collègues, on observe une dégradation depuis 3,4 ans. Que ce soit dans les comportements des élèves (manque de respect, insultes, enfants roi ou à l'inverse battus, refus de travail) ou venant des parents (père en prison, éducation laxiste, remarques faites aux enseignants sans fondement, mère solo qui galère et abandonne, heures d'écran qui explosent). Je trouve que c'est allé assez vite, j'ai de très bons souvenirs de mes 5 premières années d'enseignement, depuis l'ambiance de classe est beaucoup plus "strict" sinon je les perds rapidement.

Quand je pars en vacances, le nombre de parents qui laissent faire n'importe quoi à leur gosse est stupéfiant... Littéralement, ils gâchent le repas des autres vacanciers, ils laissent le gamin brailler et courir partout, et c'est loin d'être une minorité.... 

Là j'ai gamin qui retourne la classe, qui frappe, fait du bruit, perturbe les apprentissages, une première en plus de 10 ans. Je ne sais pas où tout cela va s'arrêter mais je trouve cette dégradation très inquiétante.

[nonau]

Je ne comprends pas ceux qui persistent à dire que cela à toujours exister! C'est faux! 

Ces enfants n'étaient pas cachés dans des Institutions opaques au fin fond de la cambrousse. Il faut arrêter avec ça. 

Que s'est il passé en 4 ou 5 ans? 

Personne là haut pour lancer une vaste étude? La pollution des sols, de l'air, de l'eau, des aliments existent depuis plusieurs décennies donc ce n'est pas que ça. 

L'agressivité croissante des parents est dû principalement aux médias et à certains politiques qui se torchent avec notre image. 

Comme je le dis depuis bien longtemps quand une Institution demande de manière injonctive d'être "bienveillant", de faire preuve "d'empathie" et de "résilience", c'est que quelque part nous évoluons dans un univers maltraitant... 

 

 

 

 

Modifié il y a 10 heures par nonau

[agora]

C'est sur qu'il faut être bienveillant et empathique quand on voit à quel point les programmes officiels sont inaccessibles à une bonne partie des élèves ( bon je suis en rep aussi...) mais comment leur faire ingurgité tout ça au rythme demandé vu les difficultés de logique et mémoire?? C'est les mettre en échec des le debut

[nonau]

il y a 2 minutes, agora a dit :

C'est sur qu'il faut être bienveillant et empathique quand on voit à quel point les programmes officiels sont inaccessibles à une bonne partie des élèves ( bon je suis en rep aussi...) mais comment leur faire ingurgité tout ça au rythme demandé vu les difficultés de logique et mémoire?? C'est les mettre en échec des le debut

Et c'est exactement cet état de fait qui entraîne burn out, dépression et explosion en vol. 

[Instit799]

il y a 17 minutes, nonau a dit :

Je ne comprends pas ceux qui persistent à dire que cela à toujours exister! C'est faux! 

Ces enfants n'étaient pas cachés dans des Institutions opaques au fin fond de la cambrousse. Il faut arrêter avec ça. 

Que s'est il passé en 4 ou 5 ans? 

Personne là haut pour lancer une vaste étude? La pollution des sols, de l'air, de l'eau, des aliments existent depuis plusieurs décennies donc ce n'est pas que ça. 

L'agressivité croissante des parents est dû principalement aux médias et à certains politiques qui se torchent avec notre image. 

Comme je le dis depuis bien longtemps quand une Institution demande de manière injonctive d'être "bienveillant", de faire preuve "d'empathie" et de "résilience", c'est que quelque part nous évoluons dans un univers maltraitant... 

 

 

 

 

Pour moi, on est devenue trop bienveillant et on a abandonné l'exigence.

Je dis "on" parce que c'est nous qui faisons la société. Pour moi on peut tout à fait être bienveillant ET exigent.

Mais non on a habitué tout le monde (les parents en premier) à être adaptables et conciliants. Il ne faut plus "punir" personne sous peine de drame (chez nous c'est clairement ce qu'il se passe) et quand je vois le nombre de passe droits au mouvement maintenant........................ c'est pareil. (enfin pour moi)

C'est un choix de société. (encore une fois je ne parle pas que des enfants à besoin particulier mais de tout le monde)

Sans exigence je ne vois pas comment faire.

Comment font les autres pays?

 

[agora]

Ah c'est sur que l'envie de faire des efforts, enfants comme parents, s'est beaucoup dégradé. C'est moins gratifiant à court terme que les écrans encore une fois ( meme s'il n'y a pas que ça, les particularités tels que Dys.... Ect je ne les relie pas systématiquement aux écrans, avec plusieurs exemples concrets, mais c'est clairement  un des maux du siècle)