jeanounette Posté(e) 18 mai Posté(e) 18 mai Il y a 3 heures, Yuuko a dit : Nos classes se sont métamorphosées ces 5 dernières années. Moi personnellement j'ai perdu les élèves excellents et les moyens. Il me reste les bons mais qui n'en fichent pas une, les en difficultés et les très en difficultés. J'avais des CE1 cette année pour la première fois depuis 10 ans, j'avais dit que j'allais mettre le paquet sur l'écriture car je récupérais un niveau catastrophique sur ces dernières années en CE2/CM. Ben avec mes 19 CE1 je n'y suis pas arrivée ... C'est une catastrophe, à la fin de l'année j'en ai encore 6 qui ne savent pas écrire sur des lignes ou écrivent en gigantesque, j'en rajoute encore 3 qui sont archi cochons mais qui parviennent à faire un travail correct quand ils s'appliquent. Et je les envoie en CE2 (bon j'en garde une partie) et la collègue de CP est dans le même désarroi. Je n'ai pas réussi à être sévère sur "tu recommences" ils ont tellement de retard dans tous les domaines que j'ai flippé de leur faire "perdre du temps". Je crois qu'on les perd en maternelle avec des apprentissages trop précoces. Y'a pas que ça mais ça en fait partie. Et les nouveaux programmes en rajoutent une couche. J'ai l'impression qu'on veut faire du domptage en leur farcissant le crâne de notions pas adaptées à leur âge cérébral. Ça peut participer à ce qu'ils saturent arrivés en primaire puis secondaire. Évidemment, l'école faisant partie de la société, d'autres facteurs rentrent en jeu dans ce pourrissement, comme la violence tout court et même la violence sociale. Ne pas oublier non plus que ces gosses savent déjà qu'ils vivront sur une planète suffocante et inhospitaliere, même très jeunes je pense qu'ils perçoivent ce no futur climatique et social. On va dans le mur. Même inconsciemment tout le monde le sait et ça infuse chez les plus jeunes. 1 1
cyrille1 Posté(e) 18 mai Posté(e) 18 mai Tu sais, en conférence pédagogique sur le plan lecture, la conférencière (celle qui a dirigé la collection Néo) nous a dit qu'ils étaient en train de tester l'apprentissage de l'écriture cursive dès la petite section et que cela "ne les traumatisait pas du tout." Alors qu'ils ne sont pas capables d'être assis correctement et de tenir un crayon convenablement. Elle a rajouté qu'elle espérait que très vite, les enfants maitrisent l'écriture cursive en GS. 1 3
jeanounette Posté(e) 18 mai Posté(e) 18 mai (modifié) il y a 36 minutes, cyrille1 a dit : Tu sais, en conférence pédagogique sur le plan lecture, la conférencière (celle qui a dirigé la collection Néo) nous a dit qu'ils étaient en train de tester l'apprentissage de l'écriture cursive dès la petite section et que cela "ne les traumatisait pas du tout." Alors qu'ils ne sont pas capables d'être assis correctement et de tenir un crayon convenablement. Elle a rajouté qu'elle espérait que très vite, les enfants maitrisent l'écriture cursive en GS. Des grands malades. Comme si les enfants avaient besoin de ça à 3 ans. C'est tout le contraire. La coordination dans le cerveau pour ce genre de gestes se fait vers l'âge de 6 ans. C'est pas pour rien si ça s'apprenait jusqu'à présent à cet âge là. Imaginons un enfant de Petite section né en fin d'année ... la double double-peine. 😱 C'est tout l'inverse de ce dont ils ont besoin. Ils ont besoin d'activités sensorielles qui vont les préparer aux gestes de l'écriture. Il leur faudrait redonner leurs lettres de noblesse. Mais non, on les gave de phonologie, principe alphabétique, numération et tutti quanti et par dessus le marché on les évalue maintenant dès 3 ans. Cette boutique devient vraiment dingue, heureusement que je n'en ai plus pour trop longtemps grâce à mon ancien statut d'instit' ! Maintenant avoir des coins jeux en MS ou GS c'est mal vu. Pauvres gosses ! Modifié 18 mai par jeanounette 1 2
elpissou Posté(e) 18 mai Posté(e) 18 mai Il y a 4 heures, Delavegue a dit : Quand tu leur demandes, ils râlent, font des caprices, négocient. Quand il faut copier un exercice, "holala c'est trop long" et ils boudent. Franchement j'ai l'impression d'être en maternelle parfois... du jamais vu. En maternelle et mes élèves ne boudent pas devant un travail ! 😉 Ils ont encore un certain enthousiasme à cet âge là même si c’est vrai que je le sens décroître depuis mes débuts ! Certains peuvent ranger leur feuille non terminée pour aller jouer, mais ils ne boudent pas ! il y a une heure, cyrille1 a dit : Tu sais, en conférence pédagogique sur le plan lecture, la conférencière (celle qui a dirigé la collection Néo) nous a dit qu'ils étaient en train de tester l'apprentissage de l'écriture cursive dès la petite section et que cela "ne les traumatisait pas du tout." Alors qu'ils ne sont pas capables d'être assis correctement et de tenir un crayon convenablement. Elle a rajouté qu'elle espérait que très vite, les enfants maitrisent l'écriture cursive en GS. Hallucinant ! On devrait déjà leur apprendre à déchiffrer et coder en GS ( voire MS) ils ne vont plus rien avoir à apprendre au CP ! 🤔 Après on peut aussi se dire que les programmes passent et que nous restons…. Mais ça c’est plus facile quand on n’a plus rien à attendre de l’institution !
Talulah Posté(e) 18 mai Posté(e) 18 mai Il y a 10 ans, en GS, je lâchais des élèves, qui écrivaient leur prénom et la date en cursive. Et j'avais des coins jeux. Et on faisait plein de trucs.... Pareil, mes excellents CM2 sont, à mon avis, des bons élèves sans plus d'il y a 10 ans . Enfin, quand tu rencontres des collègues qui ne maîtrisent pas l'orthographe de CM2 (de maintenant, hein, pas d'il y a 10 ans) ,faut pas s'étonner.... A tout ce qu'on a énuméré, je rajouterais la faute aux ppre. Oui, maintenant, les parents sont contents quand on fait un ppre. On les reçoit individuellement, ils se permettent encore de râler quand ce n'est pas assez différencié. Bref ...clientélisme....
Yuuko Posté(e) 18 mai Posté(e) 18 mai Il y a 5 heures, jeanounette a dit : Je crois qu'on les perd en maternelle avec des apprentissages trop précoces. Y'a pas que ça mais ça en fait partie. Et les nouveaux programmes en rajoutent une couche. J'ai l'impression qu'on veut faire du domptage en leur farcissant le crâne de notions pas adaptées à leur âge cérébral. Ça peut participer à ce qu'ils saturent arrivés en primaire puis secondaire. Évidemment, l'école faisant partie de la société, d'autres facteurs rentrent en jeu dans ce pourrissement, comme la violence tout court et même la violence sociale. Ne pas oublier non plus que ces gosses savent déjà qu'ils vivront sur une planète suffocante et inhospitaliere, même très jeunes je pense qu'ils perçoivent ce no futur climatique et social. On va dans le mur. Même inconsciemment tout le monde le sait et ça infuse chez les plus jeunes. Alors oui on les perd dès la maternelle mais faut aussi ouvrir les yeux sur les élèves qu'on a à l'entrée de la maternelle. Quand j'ai commencé dans mon école il y a 12 ans, les 3/4 des PS étaient compréhensibles au niveau du langage. Je me souviens de ma directrice 3 ans après qui faisait le bilan une semaine après la rentrée de la moitié seulement. Cette année, sur les 25 PS (grosse cohorte pour notre petite école) à peine 5 gamins parlent correctement à la fin de leur année de PS ... On va droit dans le mur. 2
Delavegue Posté(e) 18 mai Posté(e) 18 mai il y a 39 minutes, Yuuko a dit : Cette année, sur les 25 PS (grosse cohorte pour notre petite école) à peine 5 gamins parlent correctement à la fin de leur année de PS ... On va droit dans le mur. La faute à qui? En remontant à la source, on finit par trouver... Je me demande ce qui se passe dans les familles. Les parents ne parlent plus à leurs enfants?
Yuuko Posté(e) 18 mai Posté(e) 18 mai il y a 1 minute, Delavegue a dit : La faute à qui? En remontant à la source, on finit par trouver... Je me demande ce qui se passe dans les familles. Les parents ne parlent plus à leurs enfants? En effet les pédiatres alertaient déjà y a 5-6 ans qu'un nombre inquiétant d'enfants lors de la visite des 2 ans ne réagissaient pas à l'emploi de leur prénom. Dans ma classe cette année en CE1 donc j'ai une enfant qui ne dort plus avec sa mère depuis cette année, un autre qui l'année dernière "dormait bien" (en CP donc) car la maman ne se levait que 4-5 fois dans la nuit pour lui remettre sa tétine. Lors de notre opération annuelle des 10 jours sans écran, 3 enfants dans ma classe ne marquaient pas de points sur le créneau "avant dodo" car la télé leur servait à s'endormir, , en discutant, l'une d'entre elle nous a expliqué que c'était aussi le cas pour le petit frère de 18 mois. Une autre (CM1) s'endormait dans le lit de papa-maman devant la télé et papa la couchait dans son lit ensuite. Idem avec un CM2 sur le canapé tous les jours. Pour gagner des points au moment des repas, tous les ans, certains gosses montent manger seul dans leur chambre car papa et maman ne veulent pas jouer le jeu. En introduisant l'évènement cette année j'ai montré des images, les gosses ont tous réagi à l'illustration humoristique d'une famille avec le gamin devant la télé planqué par le canapé et les 2 parents "Kévin arrête ton jeu et viens manger" "C'est vrai ça Kévin écoute ta mère" les 2 parents scotchés sur leur portable à table. Quasi tous les gamins ont reconnu cette scène quotidienne chez eux. Je pratique le texte libre en classe, inlassablement un gamin de ma classe me parle de papa qui joue à la télé, c'est le seul moment "partagé" avec ses fils. Et peu importe le niveau social des familles...
FemmeDeRochas Posté(e) 18 mai Posté(e) 18 mai il y a 13 minutes, Instit799 a dit : Ah oui l'avantage de ce désastre c'est que ça touche tout le monde, sans distinction de niveau socio-culturel. Ah oui ? Je pensais plutôt aux niveaux socioculturels peu élevés…
Delavegue Posté(e) 18 mai Posté(e) 18 mai il y a 21 minutes, Yuuko a dit : En effet les pédiatres alertaient déjà y a 5-6 ans qu'un nombre inquiétant d'enfants lors de la visite des 2 ans ne réagissaient pas à l'emploi de leur prénom. Dans ma classe cette année en CE1 donc j'ai une enfant qui ne dort plus avec sa mère depuis cette année, un autre qui l'année dernière "dormait bien" (en CP donc) car la maman ne se levait que 4-5 fois dans la nuit pour lui remettre sa tétine. Lors de notre opération annuelle des 10 jours sans écran, 3 enfants dans ma classe ne marquaient pas de points sur le créneau "avant dodo" car la télé leur servait à s'endormir, , en discutant, l'une d'entre elle nous a expliqué que c'était aussi le cas pour le petit frère de 18 mois. Une autre (CM1) s'endormait dans le lit de papa-maman devant la télé et papa la couchait dans son lit ensuite. Idem avec un CM2 sur le canapé tous les jours. Pour gagner des points au moment des repas, tous les ans, certains gosses montent manger seul dans leur chambre car papa et maman ne veulent pas jouer le jeu. En introduisant l'évènement cette année j'ai montré des images, les gosses ont tous réagi à l'illustration humoristique d'une famille avec le gamin devant la télé planqué par le canapé et les 2 parents "Kévin arrête ton jeu et viens manger" "C'est vrai ça Kévin écoute ta mère" les 2 parents scotchés sur leur portable à table. Quasi tous les gamins ont reconnu cette scène quotidienne chez eux. Je pratique le texte libre en classe, inlassablement un gamin de ma classe me parle de papa qui joue à la télé, c'est le seul moment "partagé" avec ses fils. Et peu importe le niveau social des familles... Cataclysmique, quel monde de fous. Je suis effaré de lire tout ça. Et tu es dans quelle type d'école?
Yuuko Posté(e) 18 mai Posté(e) 18 mai il y a une heure, FemmeDeRochas a dit : Ah oui ? Je pensais plutôt aux niveaux socioculturels peu élevés… C'est majoré dans les milieux socio-culturels peu élevés, disons que quand on tire la sonnette d'alarme, certaines familles réagissent. il y a 59 minutes, Delavegue a dit : Cataclysmique, quel monde de fous. Je suis effaré de lire tout ça. Et tu es dans quelle type d'école? Ecole rurale en RPI 5 classes en Bretagne, depuis que je bosse, j'ai eu dans mes classes une proportion importante de gamins avec des apports culturels (je parle de culture générale) assez pauvres mais globalement des enfants calmes et travailleurs avec des familles très respectueuses de l'école. Pas de RASED en revanche (si une psychologue scolaire), pas de médecin scolaire et depuis cette année même plus d'infirmière de PMI ... C'est en train de changer depuis 4-5 ans, pour la première fois en 19 ans j'ai eu des critiques sur ma pédagogie, un ensemble de facteurs qui nous amène droit dans le mur vitesse grand V.
ayavolsunga Posté(e) 20 mai Posté(e) 20 mai (modifié) Le 18/05/2025 à 07:55, Instit799 a dit : Comment font ils dans les autres pays? Je suis assistante dans une classe de 30 élèves de 4-5 ans (première année de scolarisation) au Royaume-Uni. Les problématiques sont identiques. J'ai la chance d'avoir une classe de mignons, pas de gros cas sauf un autiste non verbal qui est scolarisé uniquement le matin avec une assistante dédiée. Il ne vient pas tous les jours d'ailleurs. On a des profils divers dans la classe, une répartition des niveaux normale avec de très bons capables de lire de petits livres illustrés de 10 pages avec 4/5 lignes de textes et des sons complexes, des moyens qui lisent 4/5 phrases avec sons simples et puis des en très grande difficulté qui en sont encore au déchiffrage de mots décontextualisés. On a de tout niveau social, on n'est pas dans un coin défavorisé mais pas bcbg non plus. Un quart de ma classe est en famille monoparentale (uniquement des mères). Un cas de situation compliquée qui rate beaucoup la classe parce que la mère galère et j'ai l'impression que parfois, elle n'arrive juste pas à le faire venir à l'école. J'ai un instit qui enseigne depuis 25 ans. Il connaît très bien son boulot. Un bon équilibre de bienveillance et de sévérité. Notre directrice nous serine avec l'approche thérapeutique qui est trop molle à mon goût. Il ne faut pas dire non, il ne faut pas avoir un visage fâché, etc... Mon instit s'en tamponne, je l'ai déjà vu exiger d'un élève qu'il se calme tout de suite parce qu'il commençait à lui répondre et il n'était pas du tout dans l'approche thérapeutique. Mais il sait aussi écouter, rassurer, donner du temps pour se calmer. Notre classe est la plus calme. A côté, la classe suivante est plus agitée. Plus d'élèves en difficulté. Un qui est particulièrement explosif, un autre autiste mais qui ne fait particulièrement de crises. Les deux classes suivantes, sont vraiment difficiles. Des élèves qui ne sont pas élèves, qui perturbent la classe à tel point qu'il faut les sortir et/ou sortir des assistants de leur classe pour prêter main forte. Ces élèves sont souvent violents, refusent de travailler. On a un élève ou deux compliqués dans les classes les plus âgées . Un élève est scolarisé à temps partiel. Les élèves sortis de classe travaillent avec des assistants le minimum. Sinon, je les vois faire des legos ou du sable magique dans le hall. On a mis en place de l'art thérapie avec l'assistante spécialisée en art. On a un assistant spécialisé en nature qui prend parfois ces élèves compliqués dans le jardin de l'école. Un thérapeute vient aussi une fois par semaine. Le but est que ces enfants restent scolarisés et aussi que le reste de la classe puisse bosser. Mais malgré tout ça, on se retrouve dans des situations ingérables avec des élèves en crise qui hurlent, tapent et mordent. Ils ne relèvent pas tous de troubles du développement même si c'est la majorité. Les britanniques sont tres individualistes mais beaucoup pensent que l'école doit s'occuper de tout et si elle le fait mal, c'est de sa faute. Ça donne des parents qui se déresponsabilisent énormément. Ça peut donner des situations ubuesques comme des momes déscolarisés pendant le secondaire par leurs parents qui sont mis face au fait que certains comportements sont inadmissibles, qui mettent tous sur le dos de l'école qui ne fait pas son travail (alors, oui, il y a un manque de moyens et une crise de recrutement ausdi ici), et ces gamins se retrouvent à traîner dans les rues (école non obligatoire) en attendant... on ne sait pas quoi, en fait. En conclusion, on retrouve les mêmes problèmes au Royaume-Uni malgré plus de moyens au sein des établissements par rapport à la France. Le souci est donc ailleurs, sans doute du côté de la santé, du manque de diagnostic et de suivi, et d'aides pour les parents en général, que ce soit pour les aider financièrement ou psychologiquement. Il y a bien les fameux groupes de soutien parental mais ils ne font rien de plus que de renforcer le fait que beaucoup de parents se retrouvent en général seuls et ne comptent que sur eux mêmes. Je parle des parents qui veulent faire au mieux. Comme je l'ai dit, il y en a certains qui n'ont pas très bien compris ce qu'avoir un enfant engendre en matière de responsabilité et d'implication. Modifié 20 mai par ayavolsunga 1
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