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PES face à la désillusion : que faire ?


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Bonjour, 

 

Je suis un peu perdue en ce début d'année de PES. J'ai réalisé un service civique dans une école maternelle l'année dernière qui m'a vraiment plu, où j'ai été en immersion à l'année dans une classe auprès d'une enseignante géniale et d'élèves adorables, au sein d'une école vraiment agréable. J'ai beaucoup aimé cette année, je me sentais à ma place dans une école et ai pris beaucoup de plaisir à évoluer auprès des élèves et enseignants. J'ai préparé le CRPE cette année-là en parallèle car cela faisait longtemps que je me projetais dans le métier de professeur des écoles, et mon service civique me laissait amplement le temps de m'y consacrer. J'ai obtenu un très bon classement au concours et suis aujourd'hui PES en élémentaire dans la ville de mon choix. Sur le papier, la situation est idéale ! 

 

Seulement, je crois que je subis la désillusion du métier de plein fouet, et je le vis plutôt mal. Ayant passé un an en immersion avec des enseignantes dont j'étais très proche, je croyais avoir une assez bonne idée du métier et de ses inconvénients. J'ai vu l'enseignante que j'assistais emporter une tonne de travail le soir à la maison, ne pas avoir de pause-déjeuner entre le travail et les 108 heures, gérer des tonnes de responsabilités... J'ai aussi vécu les difficultés du mouvement et du poste de remplaçant avec les néo-titulaires de l'école... Bref, j'étais lucide sur les difficultés et je savais que ce n'était pas un métier de tout repos, mais je pensais avoir assez de passion pour l'enseignement pour pouvoir faire abstraction du reste. Quelle naïveté ! Cela me manque presque...

 

Depuis cet été, j'ai l'impression que la bulle a explosé et de ne pas être capable de faire abstraction des inconvénients du métier. Déjà, j'ai pris assez peu de plaisir à préparer ma rentrée : j'étais très stressée et avais du mal à comprendre et coopérer avec ce système qui pousse des PES en reconversion à être, dés la rentrée, devant une classe et en responsabilité dès la première semaine. Je suis visitée dans deux semaines et dois présenter à cette occasion des tas de documents (fiches de prép, cahier journal, progressions...) sur lesquels je n'ai JAMAIS été formée. Alors, bien sûr, Internet regorge d'informations pour m'aider dans mes préparations... mais Internet n'est pas mon employeur et je n'ai aucun moyen de savoir si ce que je fais correspond à ce qui est attendu, car on ne m'a jamais présenté ces fameux attendus. La rencontre avec ma tutrice PEMF a duré 5 minutes et a consisté à caler cette première date de visite, pas un seul mot d'encouragement ou conseil n'a été prononcé à ce moment-là... J'ai appris plus tard que cette tutrice est connue comme le loup blanc sur la circonscription pour faire pleurer ses stagiaires, j'ai hâte ! 

 

Je n'ai pas non plus pris grand plaisir à me retrouver devant une classe la semaine dernière. J'ai pourtant été assez à l'aise, m'étant déjà soumise à l'exercice à de nombreuses reprises l'année dernière. Cependant, je pense que l'élémentaire n'est pas ma came, je me suis surprise à regarder fréquemment l'heure et à m'ennuyer, quand bien même j'étais toujours occupée... De plus, j'enseigne en REP+, dans une école avec peu de moyens (notamment humains) malgré des besoins criants, et même si je n'ai pas encore eu le temps d'être réellement affectée par cela, le simple fait de le constater de mes propres yeux et de voir le dévouement surhumain que l'on demande aux professeurs pour pallier tout cela me révolte. Les cours que j'ai à l'INSPÉ, en tant que PES à 50%, ne font qu'ajouter à ce sentiment de révolte puisqu'on nous y invite à utiliser nos propres sous pour se fournir chez Action puisque les catalogues sont hors de prix et que "nous ne sommes pas riches" (parce que les profs le sont eux ?) et qu'on nous parle pendant des heures de choses théoriques pour finalement nous révéler que sur le terrain, ça ne fonctionne pas. Bref, je savais que le navire coulait, personne n'a l'air dupe autour de moi non plus, mais je crois que j'ai sur-estimé ma capacité à passer au-dessus. Bien sûr, les progrès des élèves et le sentiment d'utilité que procure ce métier devraient être ma boussole, mais je crois que ce ne sera pas suffisant pour supporter tout le reste...

Je précise également qu'au vu du peu de plaisir que je prends pour le moment, et de ma démotivation générale, la masse de travail que je ramène à la maison, toutes les responsabilités que je dois gérer vis-à-vis des élèves/parents/hiérarchie/partenaires pour les projets, le sport etc me pèsent beaucoup. Je savais que c'était un métier qu'on emportait chez soi, je pensais naïvement que ma passion pour l'enseignement ferait de ces heures supplémentaires de travail un plaisir... Mais ce n'est pour le moment pas le cas, et j'ai du mal à imaginer comment cela pourrait changer alors que d'autres désillusions m'attendent nécessairement ! Je me dis que finalement, je crois que je ne veux pas qu'un métier prenne toute la place dans ma vie. Même quand j'essaye de me mettre des limites, je finis par penser, voire rêver de ma classe 😵‍💫 De plus, je pense que je ne serai jamais assez passionnée pour supporter toutes ces années d'incertitude après la titularisation, surtout que je ne me sens pas assez flexible pour être remplaçante pendant des années...

 

Je sais que c'est un peu précoce pour être aussi défaitiste, après tout je ne suis PES que depuis une semaine... Mais la plupart des points négatifs que j'évoque seront toujours là, à la fin de l'année. Ils étaient déjà là l'année dernière, mais malheureusement, j'avais la tête dans le concours et la distance du service civique et ne voyais que le positif et le plaisir. À partir de là, je ne sais pas ce qui est préférable pour moi : dois-je tenir jusqu'à la fin de l'année coûte que coûte, "subir" les visites, les difficultés de l'année de PES etc quand bien même je ne me projète plus dans ce métier ? Dois-je chercher une porte de sortie et saisir toute opportunité dès que je l'aurai ? Je précise que j'ai un master dans une autre branche et une précédente expérience dans un autre domaine, je ne suis pas "coincée" avec un profil d'enseignante. 

 

Merci de m'avoir lue jusqu'au bout. Je ne sais pas si cette partie du forum est encore très active et si je vais recevoir des réponses à mes questions, mais je me dis que ce sujet aura au moins l'intérêt d'aider de futurs PES à se sentir moins seuls. En tout cas, ça a été mon cas avec tous les précédents sujets de PES évoquant une démission ou du moins une désillusion. 

 

 

 

Posté(e)

J'ai vécu la même chose ma deuxième année. Globalement, c'est un sentiment qui revient régulièrement selon les classes que j'ai. J'ai un seul conseil : pars. Va faire autre chose, surtout si tu as un autre master sous la main. De toute façon si tu veux revenir un jour dans l'enseignement tu pourras, ils prennent tout le monde ! 

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Posté(e)

Bonjour, 

Je ne comprends pas, ta tutrice ne t'a pas donné des modèles de fiches de prép et de cahier journal 😶 ? Pour au moins pouvoir t'en inspirer...

Côté temps de travail, je pense que les PE qui ont de l'expérience et surtout plusieurs années de suite le même niveau sont quand même nettement moins surchargés (je dis ça de l'extérieur hein, je n'ai été que PES et 2 ans)

Sinon, je trouve aussi qu'une semaine est peut-être un temps un peu court pour prendre une décision. Mais en effet si cette désillusion persiste, si tu ne le sens pas et que tu as d'autres possibilités, ne te fais pas souffrir inutilement. Comme dit loune, si tu pars et qu'un jour tu veux revenir, il y a de la demande...

Posté(e)
il y a 11 minutes, FemmeDeRochas a dit :

Bonjour, 

Je ne comprends pas, ta tutrice ne t'a pas donné des modèles de fiches de prép et de cahier journal 😶 ? Pour au moins pouvoir t'en inspirer...

Côté temps de travail, je pense que les PE qui ont de l'expérience et surtout plusieurs années de suite le même niveau sont quand même nettement moins surchargés (je dis ça de l'extérieur hein, je n'ai été que PES et 2 ans)

Sinon, je trouve aussi qu'une semaine est peut-être un temps un peu court pour prendre une décision. Mais en effet si cette désillusion persiste, si tu ne le sens pas et que tu as d'autres possibilités, ne te fais pas souffrir inutilement. Comme dit loune, si tu pars et qu'un jour tu veux revenir, il y a de la demande...

Bonjour et merci d'avoir pris le temps de me répondre. 

Non, nous n'avons eu aucun modèle. Nos deux journées de pré-rentrées ont principalement tourné autour de la paperasse administrative et de la rencontre avec notre hiérarchie. Le temps d'échange avec les tuteurs PEMF a duré très peu de temps, ils ont simplement noté nos coordonnées, quelques infos sur notre parcours, les horaires de l'école... Nous avons ensuite fixé une date de visite puis nous sommes quittés. J'ai fait part de certaines interrogations quant au fait que j'ai 6 élèves à besoins particuliers dans ma classe, dont 2 TSA que je ne sais pas gérer, mais j'ai obtenu des réponses assez hors sol et toutes faites qui ne m'ont pas été d'une grande aide. Les tuteurs INSPÉ n'ont pas encore été attribués donc je n'ai pas encore de soutien de ce côté-là non plus. 

J'imagine bien que les années sont plus simples lorsqu'on rencontre le même niveau plusieurs fois, mais la tendance est plutôt aux remplacements pendant de longues années sur tout type de niveau... Pas facile de faire ses armes dans ce contexte je trouve. 

Je suis d'accord sur le fait que je ne peux pas démissionner au bout d'une semaine, j'aurai d'ailleurs un peu honte de l'expliquer à mon entourage ou ma hiérarchie... Mais effectivement j'ai bien en tête le fait que si je pars, et finis par regretter, il ne sera pas si compliqué de revenir...

Posté(e)

Je comprends ce que tu ressens. Je le ressens aussi après plus de 20 ans...

Je me dis que j'aurais dû partir plus tôt, faire autre chose avant. Je ne me vois pas continuer dans cette voie. Pourtant c'était une vocation, j'avais envie d'être en classe, d'être avec les élèves, j'étais à l'aise. Mais j'ai perdu la foi, c'est trop épuisant moralement et physiquement, je rêve d'un travail sans cette charge mentale.

Oui c'est plus simple quand on a le même niveau depuis x années mais l'ennui peut s'installer, on tourne en rond. Et il y a toujours les corrections, les élèves à gérer, les injonctions de la hiérarchie, toujours plus de travail même quand ça tourne bien dans la classe.

Pour l'instant tu démarres, laisse-toi le temps. Mais c'est bien aussi d'être consciente de ce qui ne te convient pas.

Posté(e)
Il y a 7 heures, Invité Anonyme a dit :

je pensais avoir assez de passion pour l'enseignement pour pouvoir faire abstraction du reste.

Enseigner, c'est un métier. Une passion, c'est autre chose. Je pense que par essence même, un métier ne peut pas être une passion. Ne serait-ce qu'à cause de la contrainte d'y aller tous les jours.

Sinon, le plaisir d'enseigner existe, mais pas forcément la première année. Sois patiente, n'en fais pas trop, garde des activités extérieurs pour te ressourcer.

Fais un calendrier sur excel où tu barres chaque jour passé, avec un calcul automatique du % qui reste de la période, du trimestre et de l'année. Tu verras que ça passe plus vite qu'on le pense. 

;)

 

Posté(e)
il y a 51 minutes, borneo a dit :

Enseigner, c'est un métier. Une passion, c'est autre chose.

Je suis assez d'accord, et tout travail a ses bons et mauvais côtés, c'est clair que les premières années sont difficiles et les suivantes pas forcément simples... 

Posté(e)
il y a une heure, borneo a dit :

Enseigner, c'est un métier. Une passion, c'est autre chose. Je pense que par essence même, un métier ne peut pas être une passion. Ne serait-ce qu'à cause de la contrainte d'y aller tous les jours.

Sinon, le plaisir d'enseigner existe, mais pas forcément la première année. Sois patiente, n'en fais pas trop, garde des activités extérieurs pour te ressourcer.

Fais un calendrier sur excel où tu barres chaque jour passé, avec un calcul automatique du % qui reste de la période, du trimestre et de l'année. Tu verras que ça passe plus vite qu'on le pense. 

;)

 

Oui, c'est sûr que j'ai probablement été naïve de penser que je m'éclaterais à créer mes séances, les faire vivre devant les élèves etc. Cependant, je pensais tout de même trouver dans ce métier assez de points positifs pour pallier les points négatifs de celui-ci. Ma désillusion réside justement dans le fait que je ne crois pas que le plaisir d'enseigner soit suffisant pour moi. Je sais très bien que ce plaisir existe, et j'ai aussi vécu l'année dernière ces petits moments de grande joie, propres au métier, qui nous font oublier le temps d'un instant les journées difficiles et les galères... Cependant, je me dis aujourd'hui que tout ça n'est pas suffisant pour faire pencher la balance de l'autre côté. Il y aura toujours, ou du moins pendant encore pas mal d'années à venir, cette charge mentale, ces responsabilités, ces moyens faibles, l'incertitude du mouvement... Bien sûr, chaque métier a ses inconvénients. Je me rends simplement compte qu'il y a des métiers où les inconvénients nous suivent un peu moins sur notre temps personnel, et en tant que personne naturellement anxieuse (pas devant les élèves heureusement ! 😇), je réalise que ça a son importance. Mais, comme tu le dis et pour l'avoir vécu l'année dernière, je sais qu'une année scolaire passe très vite. Je vais faire de mon mieux, sans trop me tuer à la tâche pour m'en sortir aussi longtemps que possible et continuer à réfléchir sur ce que je veux pour mon avenir. J'ai moins de 30 ans, je n'ai pas de contrainte personnelle ou géographique, donc tout est encore envisageable...

Posté(e)

Quelle est l'autre branche dans laquelle tu as un Master ?

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