vieuxmatheux Posté(e) hier à 07:27 Posté(e) hier à 07:27 Je ne suis sans doute pas le seul à avoir été affolé par l'introduction des fractions au CE1 En regardant ce qui est proposé, on constate un appui sur l'expression "prendre tant de trucs sur tant", ce qui me semble tout à fait regrettable pour les raisons suivantes : Cela permet de faire le lien avec la disposition spatiale de l'écriture fractionnaire, mais pas du tout d'insister sur le fait que les fractions ne sont pertinentes que s'il y a un partage en parts égales. Pour prendre trois parts de gâteau sur cinq, il n'y a aucun besoin que les cinq parts soient égales. Cela installe (et c'est assumé par les programmes) l'idée qu'une fraction est par nature inférieure à un. Or on sait que c'est un obstacle difficile à franchir… est-il vraiment nécessaire de le consolider ? Sans compter que, dans l'usage courant, cette expression n'évoque pas du tout le partage : dans cette patisserie, deux gâteaux sur trois sont au chocolat. Une proposition alternative : travailler pendant une bonne partie de l'année (disons, par exemple les trois premières périodes) en utilisant les mots "demi", "quart" ou "tiers" mais sans recourir à l'écriture fractionnaire qui ne sera qu'une façon de noter ces mots en abrégé introduite vers la fin de l'année. Par ailleurs, si on utilise des mots et non des notations en chiffres, la question de l'addition des fractions est réglée : 3 quarts et deux quarts ça fait cinq quarts alors que 3 quarts et 2 tiers, ça ne fait ni 5 quarts ni 5 tiers, ce n'est pas plus difficile que pour 3 lapins et 2 lapins, ou 3 lapins et 2 poules Voici un exemple d'affichage et un exemple de fiche d'exercices écrits dans cet esprit : quarts-exo.pdf. quarts.pdf 1 2
borneo Posté(e) hier à 09:39 Posté(e) hier à 09:39 Bonjour, je pense que la notion de fraction est naturellement dans l'esprit des enfants. C'est un morceau, une tranche, une part, un bout. Avec mes CE1, on a beaucoup joué avec ce concept lors des anniversaires et des gâteaux à couper en parts égales, le plus facilement possible. On testait d'abord au TNI, ça évite le gaspillage et trop de doigts sales sur les gâteaux. Quand c'est du gâteau, l'obligation que les parts soient égales au mm près ne se discute pas. Le bonheur était d'avoir une classe de 24 élèves, ou de 23 avec moi. Ca donne lieu à plein de découpages très sympas. Ca marche avec les gâteaux ronds ou longs. La loose, c'est 29 élèves. Je pense qu'il y a d'autres concepts qui sont intuitifs, ou qui peuvent émerger chez des CE1. Je pense en particulier aux nombres premiers, qu'on peut lister facilement, car ils ne sont dans aucune table. J'ai le sentiment (qui n'engage que moi) que la frilosité de certains PE vis à vis des maths pourrait venir de ce qu'ils sont en majorité des littéraires.
vieuxmatheux Posté(e) il y a 2 heures Auteur Posté(e) il y a 2 heures Je suis d'accord pour penser que la pratique du partage en parts égales est favorable à l'apprentissage des fractions. Je suis également d'accord avec le fait que le partage de nourriture est une forte motivation à faire des parts égales. J'ai à ce propos un vieux souvenir de mes filles quasi-triplettes (deux jumelles et une ainée ayant juste un an de plus) se partageant deux gâteaux ou deux rognons de lapin quand elles étaient en maternelle. Elles avaient mis au point une règle impitoyable : celle qui partage se sert en dernier. Comme c'était très prestigieux d'être celle qui tenait le couteau, il y avait toujours trois volontaires pour le poste, et l'élue était toujours très motivée pour que les parts soient égales car les frangines ne faisaient pas de cadeau en ce domaine : dura lex sed lex. Ceci dit, il me semble que tu vas trop loin en disant que les enfants ont naturellement la notion de fraction. Un exemple dans la classe de CM d'un collègue et ami qui venait de démarrer le travail sur les fractions (il y a XXXXXX ans). Il était question de gâteaux comme celui-ci : et les élèves discutaient la question de savoir si oui ou non la partie coloriée du dessin suivant représentait 2/3 de gâteau. Les élèves adhéraient presque tous à une des deux positions suivantes : Oui, il n'y a pas 2/3 puisqu'on a colorié deux parts sur trois. Non il n'y a pas 2/3 parce que quand on partage des gâteaux, il faut faire des parts égales sinon ce n'est pas juste. Or aucune de ces deux réponses ne témoigne d'une compréhension des fractions. Personne (ou presque, c'est trop vieux pour que ma mémoire soit fiable) n'a dit qu'on ne pouvait pas utiliser les fractions puisque les parts n'étaient pas toutes égales et que les fractions ne s'utilisent que pour décrire des situations où les parts sont égales. Personne non plus n'a proposé de partager en deux parts plus petites et égales la partie de gauche pour que les parts soient toutes égales et conclure alors qu'on a colorié 3/4 de gâteau. Évidemment, le collègue a rebondi là dessus, et il a fait en sorte que, quelques jours plus tard, tous ses élèves ou presque répondent correctement à ce genre de question, mais il me semble quand même que cette aventure montre que le concept de fraction est tout sauf naturel. Oui au partage, mais n'attribuons pas aux élèves des interprétations qui sont seulement dans la tête des adultes.
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