borneo Posté(e) hier à 11:49 Posté(e) hier à 11:49 Bonjour, j'imagine que comme je l'ai fait avec mes élèves, on enseigne toujours en classe le principe des liaisons, en particulier dans l'apprentissage des poésies. Comme dans honteux zé confus ou qui cherchait t'aventure ... Je constate que les liaisons sont de moins en moins faites dans le langage courant. Quasiment aucune caissière ne dit deux z'euros, mais plutôt deux (h)euros. Les liaisons sont facultatives, et j'imagine qu'on leur a appris à ne pas faire les liaisons pour éviter les erreurs du type cinq z'euros. Personnellement, je fais les liaisons spontanément, mais je suppose que certaines personnes n'y arrivent pas, ou bien à force d'entendre sans liaison, elles font pareil. Ce qui me dérange davantage, c'est quand j'entends des tournures incorrectes comme à l'instant dans une vidéo de recette : de la cassonade de Erstein. De plus en plus, les mots commençant par des voyelles sont prononcés comme s'ils commençaient par un "h" muet. Exemple : le airfryer, qu'on entend partout, et qu'on retrouve écrit comme ça même dans certaines brochures de fabricants. Je l'ai lu aussi dans les essais de Que choisir, site francophone. Bref, je me demande si c'est une évolution de la langue contre laquelle on ne peut rien. Est-ce qu'on va finir par dire les (h)élèves ou les (h)enfants ? S'il y a ici des linguistes, leur avis m'intéresse. 1
borneo Posté(e) hier à 11:51 Auteur Posté(e) hier à 11:51 Je vois que je ne suis pas la première à m'en soucier. https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/salon-du-livre-2016-une-dictee-pour-les-nuls-pour-preserver-la-langue-francaise-7782370541 https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-zoom-de-la-redaction/le-zoom-de-la-redaction-du-lundi-29-mai-2023-4785932
borneo Posté(e) il y a 4 heures Auteur Posté(e) il y a 4 heures Un autre souci qu'on entend et qu'on lit souvent c'est la confusion entre h muet et h aspiré. On doit dire le handicap et pas l'handicap. Idem pour tous les noms de villes ou villages alsaciens, dont le h est toujours aspiré, car d'origine germanique. On doit dire de Haguenau et pas d'Haguenau. Je constate d'ailleurs que mon correcteur d'orthographe ignore la règle car il ne souligne pas. Voilà ce que j'ai trouvé à ce sujet. Avantage aux latinistes. 😃 Il n'existe pas de règle pour distinguer les mots qui ont un « h aspiré » des mots qui ont un « h muet ». La seule explication vient de l'étymologie. Le « h muet » vient du latin et se retrouve souvent dans les langues d'origine latine. Le « h aspiré » provient de mots empruntés à d'autres langues, comme l'anglais (le hall), l'ancien francique (le haricot), l'arabe (le hasard), le néerlandais (le hareng)... Je n'ai aucun souvenir de cours à l'IUFM là-dessus. On avait des cours de grammaire sans aucune utilité pour l'école primaire, mais rien sur la façon de s'exprimer au quotidien. Or, ce sont des erreurs qu'on entend souvent dans le milieu scolaire. Si on ne sait pas que c'est incorrect, comment se corriger ? J'ai l'impression que même au niveau de l'école, c'est considéré peu important. Je me demande pourquoi ce serait moins important qu'identifier des compléments circonstanciels, par exemple. Je pense que "parler mal" est un véritable handicap pour quelqu'un qui veut faire des études ou améliorer sa condition sociale. C'est quand même ce qu'on souhaite pour nos élèves.
Blagjackette Posté(e) il y a 1 heure Posté(e) il y a 1 heure Il y a 1 heure, borneo a dit : J'ai l'impression que même au niveau de l'école, c'est considéré peu important. Je me demande pourquoi ce serait moins important qu'identifier des compléments circonstanciels, par exemple. Je pense que "parler mal" est un véritable handicap pour quelqu'un qui veut faire des études ou améliorer sa condition sociale. C'est quand même ce qu'on souhaite pour nos élèves. Vaste sujet, je vais essayer de rebondir sur le dernier paragraphe. Dans tous les cas je pense que la question de la langue fera difficilement consensus parce qu'elle est le reflet de la culture de ceux qui l'emploient mais aussi de leur identité. Chaque personne étant unique, dans son être, dans son cercle et par ses expériences, la langue lui appartient autant qu'aux autres mais elle lui est forcément unique. Très personnellement, et cela n'engage que moi, je ne ressens pas le besoin d'imiter le phrasé d'ancêtres que je n'ai pas connu. Pour quoi faire ? Je n'ai aucun moyen d'entendre si le h est aspiré ou muet, alors pourquoi m'embêter à retenir par coeur la liste des mots qu'il fait bon genre de lier ou de ne pas lier ? Je n'ai rien à prouver à des gens plus fortunés (mais pas plus heureux) que moi. Je reviens sur l'aspect identitaire de la langue. On constate facilement qu'elle est un outil qui sert à catégoriser les gens : la bourgeoisie d'un côté, les classes populaires de l'autre. À ce titre j'ai le souvenir d'un extrait d'interview Brut de l'actrice Adèle Exarchopoulos (lien ici) qui permet de se rendre compte du fait que la langue sert aussi à dénigrer et exclure. Dès lors j'ai déjà souvent lu et entendu des points de vue selon lesquels il y a une bonne manière de parler (et d'écrire) et que c'est la seule qui soit acceptable, celle qu'il faut viser pour être quelqu'un de respectable. J'entends et je lis souvent moqué le langage "de la cité", comme s'il s'agissait d'une incapacité à parler correctement, alors qu'il s'agit d'une autre culture, d'une autre identité. Rejeter son interlocuteur en raison de son accent, de sa syntaxe et de son vocabulaire, cela revient pour moi à rejeter la personne tout entière. Je trouve ça d'une violence terrible. C'est refuser de reconnaître la richesse de l'histoire, de la culture, des expériences de cellui* qui se trouve en face de soi. *néologisme volontaire (celle+celui), parce que je crois aussi que certains mots mériteraient d'exister en dépit des traditions. La langue, je crois nécessaire de le rappeler pour aider à me faire comprendre, existait avant l'Académie Française. Mon avis c'est que la grammaire (dans son ensemble), devrait être un outil maléable au service des usagers de la langue, qui est vivante, qui nous échappe forcément, qui évoluera quoi que l'on fasse dans le temps et dans l'espace. Pas l'inverse, pas une sorte de prison de la parole unique et par extension presque de la pensée unique. D'ailleurs, ce qui file entre les barreaux de cette prison, ce sont bien souvent des lianes poétiques, parce que l'art se joue des règles 😊 1
NancyDrew Posté(e) il y a 1 heure Posté(e) il y a 1 heure Aspirante linguiste ici, l'économie linguistique prime, c'est pour ça qu'on entend "vous disez" par simplification des paradigmes. Aucune liaison n'est obligatoire, le fait de langue prime : enseigner qu'elles existent, leur utilité pour les choix orthographiques. Les liaisons dites "dangereuses" sont des faits de langue liés à l'hypercorrection dont notre système scolaire est premier responsable. Le stop glottique que tu entends au début des mots qui appelleraient une liaison fait partie également des évolutions de la langue. cf* Par contre pour airfryer je ne comprends pas ta remarque. Je me permets un étonnement car il me semble que tu avais un master de linguistique, or cette interrogation me surprend car l'approche universitaire est quand même fortement descriptive donc ce type d'interrogation est vite écarté par le principe d'économie linguistique, entre autres (également, les variations dia - quelque chose : notamment selon le groupe social auto-assigné) parlons-donc de la disparation des pronoms relatifs à laquelle j'assiste en direct depuis chez moi * mon frère je crois il préfère les jeux sur PC Pas de liaison ici, mais un stop glottique léger pour marquer la segmentation.
borneo Posté(e) il y a 29 minutes Auteur Posté(e) il y a 29 minutes il y a 28 minutes, NancyDrew a dit : Par contre pour airfryer je ne comprends pas ta remarque. Pourquoi admettre le airfryer et pas le enfant ? il y a 29 minutes, NancyDrew a dit : Je me permets un étonnement car il me semble que tu avais un master de linguistique, or cette interrogation me surprend car l'approche universitaire est quand même fortement descriptive donc ce type d'interrogation est vite écarté par le principe d'économie linguistique, entre autres (également, les variations dia - quelque chose : notamment selon le groupe social auto-assigné) Toute langue évolue, je ne le déplore pas. Est-ce que tout le monde dira un jour comme Fernand Raynaud "la chatte à ma soeur" ? On a déjà eu ici des échanges sur ce point précis, et j'ai bien compris que ça vexait celles qui utilisent cette tournure. Certaines tournures qui étaient incorrectes il y a 30 ans, telles que "sur Paris" sont entrées dans les habitudes. Ou bien l'utilisation de "gourmand" pour dire bon. C'est l'évolution normale d'une langue. Devons-nous utiliser une langue correcte face à nos élèves pour leur donner les meilleurs chances dans leurs études ou bien respecter leur culture en les laissant utiliser des tournures non conventionnelles ? La question reste ouverte. Personnellement je ne me voyais pas parler "patois" pour me mettre au niveau de certains de mes élèves. Je me souviens d'ailleurs que certains, (enfants de profs) utilisaient en poésie des liaisons pas vues en classe, que j'avais jugées peu naturelles. Les parents de ces élèves n'auraient pas apprécié que le dise "le cahier à Pierre". Il serait intéressant d'étudier les phénomènes par lesquels des tournures réputées incorrectes deviennent la norme. Mon mémoire avait pour thème la sémantique de textes appliquée à la traductologie. Donc rien à voir.
borneo Posté(e) il y a 10 minutes Auteur Posté(e) il y a 10 minutes Il y a 1 heure, Blagjackette a dit : Très personnellement, et cela n'engage que moi, je ne ressens pas le besoin d'imiter le phrasé d'ancêtres que je n'ai pas connu. Pour quoi faire ? Je n'ai aucun moyen d'entendre si le h est aspiré ou muet, alors pourquoi m'embêter à retenir par coeur la liste des mots qu'il fait bon genre de lier ou de ne pas lier ? Je n'ai rien à prouver à des gens plus fortunés (mais pas plus heureux) que moi. Comme particulier, tu as tout à fait le droit de parler comme bon te semble. Mon interrogation concerne notre fonction d'enseignant, pas notre vie privée. Il n'est pas question de parler comme Louis XIV mais simplement de manière correcte. Le français standard, ni plus, ni moins. Je pense que nous le devons à nos élèves.
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