Blagjackette Posté(e) 18 décembre Posté(e) 18 décembre Pour contextualiser, je précise que je suis particulièrement sensible à toute forme d'injustice. Je ne peux pas être témoin d'une injustice sans réagir, donc c'est quelque chose que je vois très facilement et assez fréquemment. J'ai remarqué que les victimes d'une injustice, de moqueries, de brèves humiliations répétées ou même de violences disons plus évidentes, n'étaient pas toujours prises au sérieux quand elles en parlent. Dans ce cas, soit elles ne sont pas du tout considérées comme les victimes de ce qui leur arrive, comme si elles exagéraient (c'est souvent plutôt le positionnement des adultes vis-à-vis de certains élèves, mais j'ai aussi vu ça entre adultes au sein des équipes, même celles où il fait bon vivre) ; soit les rôles sont carrément inversés (par exemple les élèves capables de tourner une classe entière contre leur victime : "à cause de [victime] j'ai été puni"). Je me suis cantonnée au milieu scolaire mais c'est aussi la grande thématique des violences conjugales et sexuelles (parmi lesquelles le tabou familial de l'inceste). Je crois qu'on retrouve ce problème dans tous les domaines, tous les milieux de la société. Mais pourquoi ? 1
Merrimack Posté(e) 18 décembre Posté(e) 18 décembre Ça dérange ? Tant que les gens ne sont pas concernés : do not disturb. Tout cela est très complexe : tellement de facteurs en jeu (éducation, mais aussi prédispositions…repli, protection, « c’est pas moi qui y est -ouf)… vaste. Mais oui, continue à intervenir si ça te nourrit. Ne te brûle pas les ailes, c’est tout. La semaine dernière, une élève sanglotait sur un début de temps de cantine. Pourquoi ? On lui avait promis de lui tenir la main puis non puis seule… gros chagrin. Parents séparés, naissances, il semble qu’elle soit un peu perdue. Vite vite recherche de poésie. Paul Eluard. Une main tendue une fenêtre ouverte. Jamais lue. À point nommé. Proposée (avec d’autres choix) et lue à toute la classe, sans morale. Montrer un soutien. Toujours. Élève qui s’est sentie soutenue. « Quoiqu’il en coûte ». ça n’a pas de prix. Merci pour ton post. J’ai eu de très longs moments de très grande solitude dans cette vie. Violence parentale jusqu’aux menaces de mort. Eh bien ma consolation c’est de ne pas imiter et de faire autrement. Mais ça coûte. Jusqu’au moment de fermer les yeux. Je penserai peut-être à Paul Eluard. Ou à ton post. 1 1
Blagjackette Posté(e) 18 décembre Auteur Posté(e) 18 décembre Il y a 1 heure, Merrimack a dit : Vite vite recherche de poésie. Paul Eluard. Une main tendue une fenêtre ouverte. Jamais lue. À point nommé. Ici aussi, merci pour ce partage. Il y a 1 heure, Merrimack a dit : Montrer un soutien. Toujours. Élève qui s’est sentie soutenue. « Quoiqu’il en coûte ». ça n’a pas de prix. Je suis viscéralement d'accord avec toi. C'est toi que je remercie. Ton témoignage me touche, je suis désolée de ce qui a pu t'arriver dans l'enfance, aucun enfant ne mérite de grandir dans la peur et le désamour.
Josy79 Posté(e) 18 décembre Posté(e) 18 décembre il y a 9 minutes, Blagjackette a dit : C'est toi que je remercie. Ton témoignage me touche, je suis désolée de ce qui a pu t'arriver dans l'enfance, aucun enfant ne mérite de grandir dans la peur et le désamour. oui aucun enfant, aucun.............. Je ne comprends pas non plus tout le mal que certains infligent aux enfants, aux autres..............
André Jorge Posté(e) 21 décembre Posté(e) 21 décembre Le sujet est vaste, surtout tel que tu le présentes. On pourrait le restreindre à l’école primaire, où le problème est peut-être encore plus délicat, car l’enfant dépend entièrement des adultes pour être reconnu comme victime. Il y a des questions à se poser : comment ces mécanismes apparaissent chez les élèves ? pourquoi sont-ils parfois difficiles à repérer ou à traiter ? Certaines postures professionnelles comme la volonté de "relativiser", de ne pas faire d’histoire, de préserver le groupe, etc. ne contribuent-elles pas à invisibiliser certaines injustices ?
nonau Posté(e) 22 décembre Posté(e) 22 décembre Est ce que "relativiser" ou "invisibilier" des faits qui se passent dans une classe et/ou un établissement scolaire relève d'une posture professionnelle ? Cela relève, plutôt selon moi, de l'inverse. Une sorte de maltraitance à ne pas entendre, écouter et remédier. Je trouve que l'institution est encore loin du compte à ce niveau là. Il est plus difficile de déceler et de remédier à des problèmes qui viennent de la famille. Là, ce sont les services de l'État qui sont en dessous de tout bien souvent. Je le vois autour de moi, les IP sont + mises en place pour se proteger soi que les élèves, car on sait que derrière il ne se passera pas grand chose. 1
Merrimack Posté(e) hier à 19:59 Posté(e) hier à 19:59 (modifié) Le 22/12/2025 à 08:54, nonau a dit : Est ce que "relativiser" ou "invisibilier" des faits qui se passent dans une classe et/ou un établissement scolaire relève d'une posture professionnelle ? Cela relève, plutôt selon moi, de l'inverse. Une sorte de maltraitance à ne pas entendre, écouter et remédier. Je trouve que l'institution est encore loin du compte à ce niveau là. Il est plus difficile de déceler et de remédier à des problèmes qui viennent de la famille. Là, ce sont les services de l'État qui sont en dessous de tout bien souvent. Je le vois autour de moi, les IP sont + mises en place pour se proteger soi que les élèves, car on sait que derrière il ne se passera pas grand chose. J’avais rédigé une réponse puis… à quoi bon… démerden sie sich dans ces cas-là. Vécu. Tant pis. Mais lire des gens qui s’insurgent : c’est déjà ça. Le chanteur, lui, roule en Porsche. Le long de la Loire. Tant pis. Nous, on a des gens qui s’insurgent. Insurgez-vous. 😏 Modifié hier à 20:04 par Merrimack
nonau Posté(e) il y a 10 heures Posté(e) il y a 10 heures Il y a 13 heures, Merrimack a dit : J’avais rédigé une réponse puis… à quoi bon… démerden sie sich dans ces cas-là. Vécu. Tant pis. Mais lire des gens qui s’insurgent : c’est déjà ça. Le chanteur, lui, roule en Porsche. Le long de la Loire. Tant pis. Nous, on a des gens qui s’insurgent. Insurgez-vous. 😏 Des gens qui s'indignent certainement. Qui "s'insurgent" certainement pas. Sinon les choses ne seraient pas celles qu'elles sont.
Blagjackette Posté(e) il y a 8 heures Auteur Posté(e) il y a 8 heures il y a 59 minutes, nonau a dit : Des gens qui s'indignent certainement. Qui "s'insurgent" certainement pas. Sinon les choses ne seraient pas celles qu'elles sont. Bah moi je m'insurge. Mais à moi seule, tout ce que j'obtiens c'est le regard désapprobateur, parfois moqueur, parfois méprisant, de ceux qui préfèrent ignorer les problèmes. Un jour j'ai dit à quelqu'un qu'à cautionner les agissements d'untel autre, non seulement ça mettait une ambiance de merde dans l'équipe mais en plus ça commençait à devenir limite du harcèlement envers une autre collègue qui venait à l'école la boule au ventre à cause de ces agissements. Quand ça s'est su on m'a dit, choqué : "tu as dit "harcèlement" ??" et on m'a renvoyée vers les accords toltèques 🤦🏻♀️ Personne pour se mouiller et dire "on est d'accord que dire ceci/faire cela est inacceptable et devra cesser immédiatement ?". Quand on est plus choqué par les mots que par ce qu'ils dénoncent, qu'est-ce que tu veux faire. Le 21/12/2025 à 21:11, André Jorge a dit : Certaines postures professionnelles comme la volonté de "relativiser", de ne pas faire d’histoire, de préserver le groupe, etc. ne contribuent-elles pas à invisibiliser certaines injustices ? Le 22/12/2025 à 08:54, nonau a dit : Est ce que "relativiser" ou "invisibiliser" des faits qui se passent dans une classe et/ou un établissement scolaire relève d'une posture professionnelle ? J'ai voulu réfléchir avant de répondre ce jour-là et, bien-sûr, j'ai complètement oublié jusqu'à maintenant. Je pense que le choix des mots n'était pas le plus juste, mais j'ai l'impression que dans le fond André Jorge veut dire la même chose que toi. Même si pour moi il est évident qu'en tant qu'adulte référent, une posture professionnelle n'est pas compatible avec le fait de laisser des enfants souffrir ; avec le recul je pense qu'il y a au moins une autre manière de voir les choses : si quelqu'un de très carriériste perçoit son métier comme un moyen de gagner de l'argent ou une opportunité de briller au-dessus des autres, on peut imaginer que tous les moyens sont bons à ses yeux pour se construire une vitrine professionnelle glorieuse. Puisqu'il donne l'apparence de faire tout ce qu'on lui demande de faire, ça passe. Et puisque les inspections ont tendance à nous demander d'avoir la main légère sur les faits établissement, un enseignant qui ne fait pas de vague est un bon enseignant, n'est-ce pas ? Ce que ça vient questionner, bien que je ne suis pas une experte en philosophie, c'est l'éthique ou la morale, ou les deux (si quelqu'un qui passe par-là a les mots pour développer 👋). Je vais partir en chewing-gum, ne vous sentez pas obligés de lire le paragraphe qui va suivre : Un peu comme avec le topic sur la bienveillance, où l'on m'avait fait remarquer que le terme pouvait être perçu très négativement, il y a d'un côté l'aspect politique du concept : la violence, c'est mal, nous mettons tout en oeuvre pour lutter contre ; parallèlement il y a l'aspect moral où on sait qu'il est bien d'agir contre et qu'il est mal de laisser faire (donc si personne ne peut voir qu'il y a un problème, personne ne voit qu'on ne le règle pas, il suffit de faire passer la victime pour le fauteur de troubles). Puis il y a l'aspect personnel où, après ses propres expériences, chacun interprète à sa sauce la souffrance de l'autre et choisit dans quelle mesure il a envie d'investir son énergie dans ce qu'il considère être des quêtes annexes. Chacun a son propre degré d'égoïsme qui lui paraît être la norme. Les égoïstes sont perçus comme étant plus égoïstes que soi-même, où que l'on se trouve sur cette échelle, et on considère que ceux qui se préoccupent des autres plus que la norme, norme propre à soi, se mêlent de ce qui ne les regardent pas ou inventent des problèmes là où il n'y en a pas (là où on ne veut pas en voir, peut-être ?).
Melendil Posté(e) il y a 6 heures Posté(e) il y a 6 heures (modifié) Pour abonder dans votre sens je rajouterai aussi qu'il arrive parfois que faire de bonnes actions ne rendent pas forcément sympathique. Quand quelqu’un agit mieux que la moyenne, il peut être mal aimé parce qu’il rappelle aux autres ce qu’ils ne font pas. Nos manques, parfois notre médiocrité. Le plus souvent, c’est inconscient. Même si la personne vertueuse ne donne aucune leçon et même si elle ne juge pas, pourtant, dans notre tête, quelque chose se joue. On a l’impression qu’elle nous fait la leçon et ce même si ce n’est pas vrai. Alors on cherche la faille. Le moindre écart est pointé, comme pour se rassurer. On le voit par exemple avec l’écologie. Quelqu’un qui fait attention à son impact peut déranger, et certains attendent la moindre incohérence pour le pointer du doigt. Un voyage en avion, un achat discutable. Et tout est discrédité. On retrouve le même mécanisme avec une personne très honnête, qui respecte toujours les règles. Cela peut agacer ceux qui les contournent. Ou avec quelqu’un de très investi au travail : sans critiquer personne, sa rigueur renvoie les autres à leur propre relâchement. Même sans discours moralisateur, cela peut créer un malaise. Au fond, ce rejet ne parle pas tant de la personne vertueuse que du regard que chacun porte sur lui-même. Sinon il y a aussi une très belle définition de l'égoïste. L'égoïste c'est celui qui ne pense pas à moi. Modifié il y a 6 heures par Melendil 2
Yuuko Posté(e) il y a 3 heures Posté(e) il y a 3 heures Cette discussion me fait penser à une discussion que j'ai eu avec les parents. Ma mère racontait qu'à un apéro chez les voisins au moment de trinquer on lance le : "Tchin - toc, réponds ma mère. - Ah c'est donc tout la raciste de la famille ! Lance la voisine" S'en suit une discussion sur le fameux "on ne peut plus rien dire", ma mère était choquée parce que franchement y avait pas d'intention. J'explique calmement le racisme systémique avec ce genre de paroles,... Mais je dis aussi que je trouve ça inutile de faire la chasse aux gens de leur génération pour les faire changer maintenant voire culpabiliser. En revanche, j'attends juste d'eux qu'ils ne tournent pas en ridicule les gens qui font attention à leurs paroles pour ne pas blesser les gens ce qui est souvent le cas. Car en effet, on attaque soi-même quand on se sent attaquer sur nos valeurs ou nos manquements à ce niveau. 1
Blagjackette Posté(e) il y a 2 heures Auteur Posté(e) il y a 2 heures Il y a 2 heures, Melendil a dit : L'égoïste c'est celui qui ne pense pas à moi. Je trouve que c'est une définition très claire de l'égoïsme. En tout cas moi je m'y reconnais, je peux être coupable de ce biais. Il y a 2 heures, Melendil a dit : Quand quelqu’un agit mieux que la moyenne, il peut être mal aimé parce qu’il rappelle aux autres ce qu’ils ne font pas. Et cette moyenne, on pourrait s'attendre à ce qu'elle soit représentée par des professionnels qui agissent dès qu'ils ont vent d'un malêtre, en particulier à l'échelle des élèves. Mais si, dans le doute, l'attitude générale vise à enterrer les problèmes plutôt qu'à essayer de les régler, c'est que soit la moyenne ne pèse pas grand chose sur les cas particuliers, soit elle est un cran en-dessous de ce que l'on est en droit d'attendre d'un adulte responsable d'un groupe d'enfants. Dans ces deux cas, comment faire pour faire sauter le verrou de l'immobilisme ? Ça me donne l'impression d'être face à une insurmontable fatalité, comme si on ne pouvait rien changer à ce qui se passe. Comme si les rôles étaient inversés, qu'il était condamnable d'être victime ou témoin contestataire, que la violence exercée par untel était invisible et qu'il suffisait d'abattre le messager pour annuler le méfait. il y a 27 minutes, Yuuko a dit : Mais je dis aussi que je trouve ça inutile de faire la chasse aux gens de leur génération pour les faire changer maintenant voire culpabiliser. En revanche, j'attends juste d'eux qu'ils ne tournent pas en ridicule les gens qui font attention à leurs paroles pour ne pas blesser les gens ce qui est souvent le cas. Car en effet, on attaque soi-même quand on se sent attaquer sur nos valeurs ou nos manquements à ce niveau. Oui je trouve aussi que ça recoupe bien ce qu'évoque Melendil.
Messages recommandés
Créer un compte ou se connecter pour commenter
Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire
Créer un compte
Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !
Créer un nouveau compteSe connecter
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.
Connectez-vous maintenant