La précocité des élèves...

[brigit]

Moi je vais répondre pour mon mari qui est toujours resté dans sa tranche d'âge malgré une précocité et il l'a très mal vécu. Il se sentait très différent des autres, n'avait pas de copains et au contraire des enfants qui lui reprochaient d'être "l'intello" de la classe surtout au collège. Un jour ils s'est même retrouvé attaché à un arbre par les enfants de son âge. Je ne sais pas si le fait de lui faire sauter une classe aurait changé quelque chose mais je ne pense pas les relations avec les autres enfants auraient été pires. Il a commencé à avoir des copains après le bac.

Brigitte

[grange]

Je suis passée au CP avec un an d'avance et je n'ai eu aucun problème jusqu'au bac et même après..........seulement je me suis trompée de voie.........et me voilà prof à 33 ans avec pleins d'années de retard !!!

[Lena]

Ma mère n'a pas fait de CP. Elle a passé le concours d'entrée à l'école normale 2 mois trop jeune, en a gardé le bénéfice et y a fait 2 secondes. Elle en a profité pour lire la bibliothèque de l'EN (à part France soir et la bible, il n'y avait rien à lire chez elle).

Sinon, j'ai eu un EIP avec 2 ans d'avance dans ma classe en 1ère. Ca a été la totale incompréhension entre lui et la plupart d'entre nous (dont moi). Dans son monde, ne sortant de sa torpeur que pour les maths (et encore... il faisait des maths de prépa le soir pour s'amuser). Des filles le maternaient, et sortie de ça, les interactions avec les autres lycéens c'était zéro. Il n'avait pas l'air malheureux. J'espère qu'à l'extérieur, il avait des rencontres qui l'intéressaient car sinon

[Défine]

Eh bien...je ne pensais pas faire couler autant d'encre que celà! En plus, je m'étais inscrite pour recevoir par mail chaque nouvelle réponse, mais n'ayant rien, je n'y suis pas venue ces derniers temps...du coup: 26 nouvelles réponses à lire!!! Waouhhhhhhhh!!! :o

Merci donc à touts pour vos posts...ça fait du bien de ne pas se sentir seule!

J'arrive déjà à y voir un peu plus clair, car "précoce" signifiait pour moi "surdoué", ce qui, apparemment n'est pas le cas...

Je vais relire attentivement tous vos messages, histoire de mieux comprendre tout ça, et je vais aussi aller visiter les petits liens donnés...

Un grand merci!

[PlantaBaja]

J'arrive déjà à y voir un peu plus clair, car "précoce" signifiait pour moi "surdoué", ce qui, apparemment n'est pas le cas...

Il n'y a pas de diférence entre "précoce " et "surdoué", les deux termes désignent des enfants qui ont obtenus un score supérieur à la moyenne de 2 écarts types aux tests de QI.

"surdoué" ne fait pas politiquement correct et "précoce" a effectivement l'inconvénient de faire croire que cette particularité va disparaître avec l'âge !

[Betba]

Ce qu'il faut surtout retenir c'est que le QI ne fait pas tout.

On a tous autour de nous des gens à gros QI qui sont inintéressants, pas cultivés, pas fins etc... et des gens avec un QI parfaietment ordinaire, intelligents, drôles, agréables...

Je pense qu'à vouloir classer les gens dans des boites, on risque beaucoup!

Exemple : mon fils de 3,5 ans fait des puzzles de 150 pièces, dessine admirablement bien, peut se concentrer 1h30 sur un sujet qui l'interesse, serait brillant en anglais (c'est sa "prof" qui le dit). Il va trés bien, est trés épanoui, joue toute la journée etc... comme il ne va pas à l'école, il n'a aucun souci de norme etc... Ben tout le monde me dit "tu l'as fait tester? il doit être précoce!"... mais qu'est-ce que ça m'apporterait de faire tester ce gosse? il va bien, il est heureux... je m'en fous qu'il est un QI de 150 ou de 90!! Ca devient aussi une mode de brandir des QI à tout bout de champ : et il y a surement des gosses au QI ordinaire qui sont capable de sauter une classe et des HQI qui vont se planter lamentablement... heureusement qu'un chiffre ne détermine pas tout d'un individu, quelle tristesse sinon!

@ plus,

[Défine]

Je rebondis sur ton post Betba, et je vais lancer un autre sujet: l'enseignement à la maison de ses enfants...

C'est chose faite dans le forum AUTRE!

[yelle]

" Etre surdoué, c'est penser dans un système différent, c'est disposer d'une forme d'intelligence particulière. C'est aussi grandir avec une hypersensibilité, une affectivité envahissante, qui marquent la personnalité"

Jeanne siaud-Facchin " L'enfant surdoué, l'aider à grandir, l'aider à réussir" Ed Odile Jacob

Vous devriez lire ce livre. Il explique très bien la précocité et donne qq pistes de travail.

J'en ai 4 à la maison Pas toujours facile à gérer, surtout qu'ils sont tous différents ( ben oui, comme tous les enfants )

Mais depuis que je me penche sur le sujet, je les repère beaucoup mieux dans ma classe. Je m'intéresse surtout aux précoces en difficulté scolaire, car ils ont vraiment besoin d'aide !!!

Bornéo va peut-être s'apercevoir qu'en 6 ans d'enseignement il a forcément croisé des eip dans sa classe mais qu'il n'a pas su les détecter...

Yelle

[mehdigino]

bonjour je viens de lire tous les posts concernant les enfants précoces.

je suis enseignant, père d'un petit garçon de 6 ans au cp qui suit une scolarité on ne peut plus correcte même avec son année d'avance.

Je pense que les gros soucis d'incompréhension de mes chers collègues sur ce forum viennent des faits suivants:

1/ vous êtes vous documentés sur le sujet de la précocité des enfants?

2/ sommes nous formés pour envisager des prises en charge dans les écoles pour ces enfants?

3/ posez vous aussi la question suivante: si c'était mon fils comment j'envisagerais sa scolarité

cent fois sur ton métier remets ton ouvrage

remettez vous en question posez vous surtout les bonnes et arrêtez de croire que vous pensez savoir tout sur votre métier !!

les choses pourront peut-être avancer

un papa qui en a marre des préjugés

Modifié 27 octobre 2011 par mehdigino

[Défine]

Eh bien, pour un premier post...tu ne passes pas inaperçu Mehdigino!

Bienvenue quand même...

[Domy]

Bonjour à Défine et à tout le monde,

Je suis toujours très triste de voir des parents et des enseignants ne pas arriver à s'entendre.

Un enfant a pourtant un comportement bien différent à l'école et à la maison et des discussions sereines où les uns ne douteraient pas de ce que disent les autres seraient tellement profitables pour les enfants.

Je dis ça parce que je déplore un peu le "soi-disant" dans le pemier message.

Cela dit, je suis en même temps très heureuse de rencontrer ici des enseignants qui cherchent à comprendre la problématique des EIP ... appelons les comme ça puisque c'est je crois le terme politiquement-correctement admis.

La réalité est que l'intelligence est qu'on le veuille ou non inégalement répartie, on le sait bien puisqu'il existe des classes particulières pour les enfants déficients (il me semble que c'est le terme utilisé pour désigner les enfants qui sont orientés en CLIS ou en SEGPA).

A l'inverse, il existe des enfants sur-efficients qui ont un potentiel dans certains domaines qui leur permet de se situer un peu beaucoup ou énormément au delà de la norme.

Ces enfants souffrent de discriminations aussi bien de la part de leurs camarades que, bien souvent, de leurs enseignants eux-même.

J'ai pu lire au début de ce fil des témoignages qui vont dans le sens d'enfants précoces en difficultés ... je voudrais dire qu'ils ne le sont pas toujours et que pourtant il faut prendre leur problématique en compte.

Pour illustrer je prendrais l'exemple de mon fils qui n'est qu'un exemple parmi 1000 autres ... Cet exemple illustre à quel point un enfant peut se mortifier pour ressembler à ce que l'on attend de lui.

En PS, il était selon l'expression même de son institutrice, prostrée pendant toutes les récréations très éloigné des autres ... il ne s'exprimait jamais spontanément en classe mais était capable de le faire si on le lui demandait il faisait preuve d'un vocabulaire très étendu et de tournures de phrases jugées complexes pour son âge.

En moyenne puis grande section, il était jugé comme franchement en retard. Le dessin de son bonhomme n'évoluait pas ... Son institutrice s'interrogeait sur sa capacité à apprendre correctement à lire. Pendant ce temps à la maison, il regardait discrètement les boîtes de jeux qu'on lui mettait entre les mains et refusait de jouer lorsqu'elle n'était pas conseillées pour son âge.

Heureusement que l'échiquier de son grand-père n'était pas étiqueté sinon il aurait sans doute refusé d'apprendre à jouer aux échecs.

A 4 ans il aimait jouer aux enigmes et résolvait des problèmes du genre. J'ai 18 roues je peux équiper combien de voitures ? Puis il m'en manque combien pour en équiper une de plus ?

Il a laborieusement appris à lire au CP, il refusait de lire les livres qui n'étaient pas pour son âge.

Au CE1 il était capable de résoudre des énigmes du genre la maîtresse écrit les 100 premiers nombres au tableau et demande aux élèves de les ajouter tous Marie répond en quelques secondes comment a-elle fait ?

Il a inventé tout seul les nombres négatifs et au moment du passage à l'euros son père raisonnant tout haut dit 50 cts d'euros ça fait bien 3 francs 25 réponse du moutard à qui on n'avait rien demandé : "non papa ça fait 3,28" ...

Je parle de mes élèves en disant qu'il est incroyables qu'ils ne sachent pas diviser 42 par 4 sans machine ... et il me dit toujours en s'immiscant dans une conversation qui ne lui est pas destinée que "c'est facile ça fait 10.5" je lui demande ce que veut dire .5 pour lui et pour être sûre qu'il a bien compris la notation je lui demande lequel est le plus grand entre .5 .50 et .500 il éclate de rire et me dit que c'est la même chose (j'avais prononcé virgule cinquante et virgule cinq cent pour le faire tromper et me rassurer moi même !)

Difficile de croire au hasard on lui pose plusieurs problèmes dont certains tirés des annales de certificat d'étude des années 70 ... Il faut se rendre à l'évidence il manipule aussi les nombres décimaux sans que quiconque lui ait appris à le faire. Genre de calcul : la maîtresse achète 25 cahier à 1.40 combien doit elle payer ? il répond rapidement parce que .40*25 est pour lui une évidence il ne lui faut que quelques secondes pour répondre.

Il a toujours 7 ans ... Quand je vois son institutrice, elle ne me parle que de ses étourderies et de ses fautes de copies ce qui me préoccupe beaucoup.

Je découvre quand même que les poésies ne sont pas apprises en classe et qu'il les sait toujours sans jamais les avoir apprises ... La maîtresse est surprise que je la lui fasse toute apprendre quand elle n'en demande que 4 lignes ... Le simple fait de la copier lui suffit pour la savoir.

Il joue au monopoly avec ses camarades, il est capable de racheter les hypothèques à 110% il mesure la rentabilité des investissements (terrain + hôtel ou gare) en fonction de la probabilité de tomber sur les cases (compte tenu des cartes chance et caisse de communauté qui envoient sur certains terrains plutôt que d'autres) ... Il va jusqu'à mémoriser les cartes déjà tirées au moment de faire des échanges de terrain... Bref à 7 ans il ne joue pas au même jeu que les autres, qui poussent un pion sur des cases et échangent des bouts de papier dans une ambiance conviviale.

En CE2 les étourderies redoublent il n'a absolument jamais ses cahiers à la maison. son institutrice le trouve très travailleur c'est un bon élève qui apprend bien ses leçons. A la maison il dit des choses du genre "la maîtresse nous a dit que telle invention est dûe aux gaulois bon si elle veut mais certains historiens l'attribuent plutôt aux hommes préhistoriques, enfin dans mes livres j'ai trouvé les deux !"

Il lit énormément mais reste toujours très attaché à ce que ses lectures soient pour son âge, il refuse qu'on l'abonne à l'actu parceque son âge c'est Mon Quotidien etc.

Je rencontre son institutrice pour savoir ce qu'elle pense de lui, avec un peu l'arrière pensée qu'il risque d'avoir un décalage entre le français et les maths. Elle me parle de sa lenteur à écrire et pense en effet qu'il est très limité en français. Je ne suis pas très étonné il est tellement bon en math ... il y a quand même beaucoup de choses qui s'apprennent en français qu'il ne peut pas inventer. Elle le trouve bon élève sans plus il y a dans sa classe des élèves brillants mais lui est très moyen partout, bon en math c'est sûr ! Je constate par contre qu'il sait ses leçons et que l'institutrice ne s'est pas aperçue qu'il oubliait ses livres et ses cahiers régulièrement.

Dans le courant de l'année il se met à se plaindre régulièrement d'avoir mal au ventre. Comme ses capacités en maths m'interpellent, je fréquente régulièrement des sites d'associations d'EIP, je m'interroge et je revois l'enseignante pour lui demander si on ne pourrait pas lui faire faire un test de QI. Il est dans un CE2

CM1 mais sa maîtresse ne le voit pas glisser en douceur d'un groupe à l'autre.

Qu'à cela ne tienne je fais la démarche quand même ... le psychologue scolaire est effarée elle n'a jamais vu de telles capacités, on ne fait appel à elle que lorsque les enfants sont en retard elle connait mal la problématique des EIP elle nous donne le résultat brut des tests mais se sent incapable de donner un conseil. Elle préfère nous adresser à un psy privé spécialisé, elle nous en indique un. On laisse passer le temps nécessaire pour qu'une deuxième batterie de test puisse avoir une signification et les résultats sont confirmés ... mais pas inquiétants. Il doit rapidement sauter deux classes, son mal au ventre est sans doute lié au fait qu'il se retienne pour ne pas paraître déphasé. Il évite de répondre et surtout de poser des questions il a remarqué que ça déroute aussi bien les adultes que les enfants qui l'entourent.

Il a 14 ans d'age mental à 9 ans et plus de 17 ans au sub-test arithmétique il l'a fait entièrement et tout juste. Pour un bon élève pas brillant ce n'est pas si mal ! Mais l'institutrice persiste et fait un rapport défavorable au saut de classe. Je ne lui jette pas la pierre, elle n'a pas dans son quotidien et surtout dans les programmes scolaires, la possibilité de vérifier ses capacités puisque justement elles sont hors norme ... Ce qu'elle peut voir c'est un comportement adapté un enfant qui est bien au milieu des autres qui suit, qui est sage. Et qui ne sait pas plus ni mieux que les autres puisqu'il ne lève pas le doigt très souvent.

L'année suivante il se retrouve de nouveau dans un CE2-CM1, il a perdu ses amis qui sont dans d'autre classe CM1 ou CM2 ... Il a le sentiment de redoubler il est en plus géographiquement dans la même salle de classe ... avant la toussaint, il accepte de suivre la préconisation du psychologue (nous ne voulions pas le demander sans son accord) et le conseil de cycle devant le rapport sans appel du psychologue donne son accord mais à contre coeur. L'institutrice de CM2 qui est sensée l'accueillir dans sa classes est très réservée et le dit devant lui. Il n'en fallait pas plus pour le piquer ... Il n'a pas quitté la première place de toute l'année. Le premier jour il s'est offert le luxe d'une première place à une dictée que les autres avaient préparée et en math on n'en parle pas ... Le programme est de toute façon hors de proportion avec ses capacités, il n'a pas connu d'autre note que 20/20 sauf en 6ème où son professeur a réussi 2 fois à lui chinoiser 1/2 point, ce dont je lui suis très reconnaissante, il n'y a rien de pire pour un élève que de se croire parfait.

Depuis, exit l'age sur les boîtes de jeux les magazines où les livres. Il lit tout ce qui se présente sans arrière pensée joue à ce qui l'intéresse ... Il vit au lieu de se caméléoniser...

Un peu long pour un premier message ... J'espère que vous me le pardonnerez

Dominique

Modifié 4 février 2005 par Domy

[cocottte]

merci beaucoup Domy pour ta réponse assez édifiante...

Je suis contente que ton garçon s'en sorte bien maintenant

Juste pour info: le dernier jdi (février) a pour dossier "les sudoués interrogent l'école"

Pour mehdigino qui nour repproche de ne pas nous documenter, ça peut faire une bonne prenière approche