André Jorge Posté(e) 30 juillet 2003 Posté(e) 30 juillet 2003 Que faire du mome de Ce1 qui ne sait pas du tout lire par ex, comment le gérer au sein d'un Ce1/Ce2 où tu es déjà sollicité à 100% par les élèves disons "moyens', ceux qui ont besoin de toi mais qui ont le minimum recquis...? L'élève qui ne sait pas lire, il va apprendre à lire. Il est facile de demander aux autres enfants de faire leur travail en autonomie pendant qu'on prend une heure pour apprendre à lire à cet élève. Il y a bien des élèves que j'ai récupéré comme ça (je me rappelle même une mal-entendante qui ne savait rien faire si ce n'est imiter (même pas 6 + 4 au cm1), elle a appris à lire, l'addition, la soustraction, la multiplication,...). Autre système possible (que j'ai vu mettre en place en ce1 >>> alors que toute une classe de cp n'avait pas appris à lire et passait tout de même au CE1) : le décloisonnement et la création de groupes de besoin en lecture. S'il y a plusieurs collègues d'accord, s'organiser pour mettre en place au même moment de la journée des ateliers de lecture avec les classes concernées (que ce soient les mêmes niveaux ou non). Après évaluation des enfants des différentes classes, les placer dans des groupes de niveau/besoin. L'un des instits va s'occuper d'un groupe de non lecteurs, les autres prendront les autres groupes. Les élèves peuvent changer de groupe si besoin il y a (progrès, etc.) Ca, c'est simple, ça fait "ancienne école", mais ça marche ! On peut aussi envisager si l'élève n'y voit pas d'inconvénient (et si elle n'est pas trop agée) que l'élève qui ne sait pas lire aille dans une classe de CP... Les élèves qui ont des lacunes doivent rattraper leur retard et faire les acquis qu'il leur manque. Ils doivent donc : - faire autre chose que ce qui est proposé au reste de la classe (sauf s'il s'agit d 'acitvités qu'ils sont capables de réaliser). - faire la même chose que les autres élèves, mais avec de l'aide, qu'il s'agisse de l'élève tuteur, ou de l'instituteur lui-même, ou d'indications orales ou écrites facilitant le travail. - faire la même chose que les autres, mais un peu moins : "tu me fais seulement les deux premiers exercices, mais tu prends ton temps et tu les fais bien..." - Travailler sur le même sujet mais disposer de plus de temps que les autres pour cela, ce qui implique d'être plus modeste dans ses objectifs. etc. C'est à l'instituteur de décider de la différenciation qu'il mettra en place, en focntion du moment, du projet et des objectifs : réaliser une page du journal, écrire la fin d'un conte, etc. Je crois qu'il faut aussi avoir une certaine exigence (raisonnable) de résultats... Je ne vais pas expliquer comment je fais (être intéressant et sévère quand il le faut), mais je peux te dire que tout élève capable et "en état" de travailler dans ma classe, travaille, a une belle écriture, un cahier bien tenu, presque sans fautes d'orthographe. Quand à l'autonomie, il n'y a pas de secret : cela s'apprend, et la meilleure façon de s'y mettre, c'est de commencer. J'explique simplement aux enfants ce qu'ils doivent faire, quand comment et pourquoi. Je leur demande d'être autonomes et je peux vous dire qu'ils aiment ça. Ils ne viennent me voir que lorsqu'ils ont un problème (mais attention, je n'ai pas dit que je suis absent, je suis bien là et je les observe tout en m'occupant de certains "cas particuliers"). Dans une classe à double niveau de toutes façons et même dans une classe hétérogène, le maître ne peut pas être partout. Il ne doit pas non plus consacrer la plus grande partie de son temps aux bons élèves, mais plutôt à ceux qui ont besoin de lui. On peut dans certains cas créer des groupes de besoin et mettre en autonomie les élèves les plus capables pour pouvoir s'occuper des autres.. Dans d'autres cas, on demandera à un élève d'être tuteur et de s'occuper des "plus faibles" quand ils ont besoin d'eux... En gros, c'est comme ça que je fonctionne et ça roule. Pour moi, le double niveau, c'est une illusion, une fausse représentation ou simplement une appellation. En fait, il n'y a que des classes à plusieurs niveaux.
Lolita Posté(e) 30 juillet 2003 Posté(e) 30 juillet 2003 ça fait plaisir de lire ça ! merci AJ de me conforter dans mes idées par tes pratiques ! A+ Lolita
Petit_Gizmo Posté(e) 31 juillet 2003 Posté(e) 31 juillet 2003 Je partage globalement ton point de vue, je suis un fervent partisan du décloisonnement en créant des groupes de besoin (même s'il y a souvent plus de groupes que d'enseignants et que certains collègues, voire des directeurs y sont réfractaires), je regrette qu'il ne soit plus officiellement possible de redoubler un CP (car dans certains cas, ce pourrait être utile à l'élève), je suis entièrement d'accord avec toi sur les différentes possibilités de différenciation entre l'élève en difficultés et le groupe classe et tout un tas de choses. Mais.... Mais..... Quand tu écris ça --> Il est facile de demander aux autres enfants de faire leur travail en autonomie pendant qu'on prend une heure pour apprendre à lire à cet élève honnêtement, ça me laisse perplexe ! Dans l'école où je bosse depuis un an (village de 1200hab, placé au milieu des vignes, trois classes en élementaire, 20 élèves par classe) il est tout à fait possible de suivre ton conseil. Je l'ai fait souvent, pas sur des plages d'une heure car cela me parait trop long, mais sur 30'. Par contre, dans l'école où je bossais auparavant (classée REP, 13 puis 12 classes, 25 élèves par classe) c'était strictement impossible pour au moins deux raisons : 1) Impossible de laisser quelques élèves (allant parfois jusqu'au 1/3 de l'effectif de la classe) sans la surveillance totale de l'adulte. Tu leur tournais le dos, et c'était parti pour une bagarre, des insultes, des dégradations.....J'ai eu la chance d'avoir des classes moins difficiles que mes collègues (ou bien était-ce lié "ma pédagogie" basée sur le respect mutuel, le dialogue, la confiance, les responsabilités.... ?) mais j'ai eu, chaque année, deux ou trois élèves absolument ingérables que tu ne pouvais pas laisser en autonomie 5'. 2) Pour répondre aux besoins des uns et des autres (parce qu'il y a l'enfant non francophone, celui qui n'a pas du tout démarré en lecture, celui qui lit mais ne comprend rien, celui qui pourrait réussir mais qui ne veut (ne peut) pas parce que les problèmes familiaux l'en empêche, celui qui est incapable de se concentrer plus de 5'.....) il aurait fallu que je laisse mes élèves "débrouillards" (mais pas forcément "bons") en autonomie toute la journée ! Quand tu as un élève, ou un groupe d'élèves, ayant sensiblement les mêmes difficultés, il y a moyen de faire du bon boulot avec eux. Mais quand tu as un panel très large de difficultés (et donc de besoins), même avec la meilleure bonne volonté possible, du temps et de l'énergie, on n'arrive pas à grand chose. Nous avions la chance d'avoir un poste CLAD à mi-temps qui prenait quelques élèves 2 à 3 h par semaine, une réeducatrice qui prenait quelques élèves 1h par semaine et un poste CRI qui prenait mes non francophones 1 ou 2h par semaine. C'est toujours mieux que rien, mais tellement insuffisant (soit dit en passant, je n'ai jamais constaté de progrès pour les élèves en grandes difficultés, mais ces aides ont été profitables à des gamins ayant besoin de revoir tranquillement et en petits groupes quelques notions. ) Mon ex-école n'est quand même pas unique en son genre, non ? J'imagine qu'il en existe des tas en France où l'on rencontre les mêmes difficultés. Mais quelles sont les solutions ? L'an passé, 8 instits ou PE sur 13 ont quitté le navire, encouragés par l'IEN (oui, oui !) qui a dit à l'un de mes ex-collègues "Vous avez donné assez longtemps, maintenant fuyez !" avec un brin d'humour....
sof24 Posté(e) 31 juillet 2003 Posté(e) 31 juillet 2003 Lolita, je suis moi aussi tres interessée par tes éval mais je n'ai pas publisher... Voici mon mail : s_martial@ifrance.com Merci d'avance et bonnes vacances. Sof
Lolita Posté(e) 31 juillet 2003 Posté(e) 31 juillet 2003 C'est sûr que selon le profil de sa classe, même d'une année sur l'autre, sans être dans une zonne particulièrement difficile, le fonctionnement peut être très différent. Il suffit qqfois d'1 seul "zoulou" pour tout mettre en l'air... Par contre, j'aimerais savoir (pour Franck) si tu as un texte officiel qui "interdise" le redoublement officiel, comme tu dis, au CP. A ce propos, nous nous sommes un peu accroché avec notre nouvel IEN cette année. J'ai tjs lu que le cycle pouvait être fait en 4 ans au lieu de 3... mais nulle part j'ai trouvé cette fameuse interdiction ni obligation que ce soit en fin de cycle. C'est en effet souvent trop tard. Ne serait-ce pas une interprétation très personnelle de certains ??? Merci d'avance si vous avez un texte que je puisse montrer à mon cher IEN ! A+ Lolita
Petit_Gizmo Posté(e) 31 juillet 2003 Posté(e) 31 juillet 2003 Tu as, je pense, tout à fait raison Lolita. A ma connaissance, il n'y a aucun texte interdisant le redoublement du CP ou imposant un allongement en fin de cycle. Mais je ne suis pas une encyclopédie :P et je ne sais donc pas si un tel texte existe. Néanmoins, je ne sais pas comment vous faites de votre côté, mais nous (à la fois dans mon ex-école et dans mon école actuelle) on fait redoubler en CP si les parents sont d'accord (et ils sont même parfois demandeurs) sans en parler à notre IEN. Et hop, ça passe
André Jorge Posté(e) 31 juillet 2003 Posté(e) 31 juillet 2003 1) Impossible de laisser quelques élèves (allant parfois jusqu'au 1/3 de l'effectif de la classe) sans la surveillance totale de l'adulte. Tu leur tournais le dos, et c'était parti pour une bagarre, des insultes, des dégradations Ils peuvent être trois, cinq ou dix à faire le désordre : sur les dix, il y en toujours 8 qui suivent 2 meneurs. Tu "court-circuites" les deux meneurs/fauteurs de troubles et les autres se remettent à bosser. Et il y a encore d'autres mesures que 'l'on peut prendre. Ca c'est un problème de discipline. A vous de vous faire respecter en classe et de prendre les mesures qui s'imposent. ) Pour répondre aux besoins des uns et des autres ... il aurait fallu que je laisse mes élèves "débrouillards" ... en autonomie toute la journée ! ... Quand tu as un élève, ou un groupe d'élèves, ayant sensiblement les mêmes difficultés, il y a moyen de faire du bon boulot avec eux. Mais quand tu as un panel très large de difficultés (et donc de besoins), même avec la meilleure bonne volonté possible, du temps et de l'énergie, on n'arrive pas à grand chose. Les élèves ne sont jamais mis en autonomie toute la journée, et il ne faut pas passer celle-ci à s'occuper des élèves en difficulté. D'ailleurs les activités sont suffisamment variées pour qu'il y a ait des séances où tout le monde fait la même chose. Ensuite : - il faut bien s'organiser, mettre en groupes les élèves en difficulté sur une heure pas plus, même s'ils ne font pas tous le même travail. - que les difficultés soient les mêmes ou qu'elles soient différentes ne change rien : tu leur donnes ce dont ils ont besoin. - pour ce qui est des notions nouvelles, il faut 5/15 minutes pour les présenter aux enfants. Et encore, normalement ce n'est pas à l'enseignant de les présenter, c'est à l'enfant de les découvrir à partir de la situation que tu leur proposes. Ce sont donc les enfants qui travaillent, pas le maître. L'enseignant observe, regarde, écoute, dirige (toute la classe, pas seulement un groupe) et les élèves font les activités de découverte ou les exercices. Pour ce qui est de l'apprentissage d'une nouvelle notion, et de séances particulières comme la lecture, évidemment, le maître doit être présent et plus actif mais ça ne dure pas longtemps et il y a les exercices d'application et d'entraînement pendant lesquels il peut aller voir ceux qui sont en autonomie. Il faut également préciser que quand des enfants sont en autonomie, ils ne sont pas livrés à eux-mêmes. Le maître passe régulièrement voir ce qu'ils font, même 5 minutes. Enfin le maître n'est pas seul... (voir plus bas). - il ne faut pas faire plus d'une notion nouvelle chaque jour. En général, sur le plan affectif, ces enfants seront bien heureux que l'enseignant prenne un moment pour s'occuper d'eux, ou qu'il leur donne un travail "rien que pour eux" quand il est avec les autres. Pour ce qui est des élèves dépressifs... et bien, les enseignants n'ont pas forcément les compétences pour s'en occuper comme il faut et l'important c'est qu'il ne se sente pas trop mal, voire bien en classe. Enfin, si les difficultés sont trop nombreuses et que l'enseignant se sent ou est dépassé par la chose, il faut qu'il s'organise avec les autres enseignants pour mettre en place des groupes de besoin et décloisonnner. Important : l'enseignant n'est pas le seul acteur de l'éducation d'un enfant : il y a les parents, les psychologues, les maîtres spécialisés, etc. et il y a beaucoup de choses à faire avec eux : les maîtres spécialisés peuvent pendant un moment s'occuper d'enfants au comportement difficile ; on peut rencontrer les parents de ces enfants pour leur proposer qu'ils soient suivis par un pédopsy du cmpp ou ailleurs ; sur le plan de la lecture, les activités proposées par les maîtres spécialisés sont tout simplement efficaces,... on peut discuter avec les parents pour voir ce qu'il est possible de faire... avec tout ce monde là on peut mettre en place quelque chose.
océane Posté(e) 31 juillet 2003 Posté(e) 31 juillet 2003 tu as tout a fait raison, AJ ! c'est vrai que le décloisonnement par groupe de niveau donne de bons résultats, et que les enfants , à qui on a expliqué le pourquoi de la chose, avaient participé avec enthousiasme ...mais.... il faut des collègues qui acceptent, et ce n'est pas toujours le cas, malheureusement ! une année, ça avait été génial : le directeur avait participé pendant sa décharge, on avait 2 aide-éducateurs et la collègue E ! avec des locaux pour accueillir tous ces groupes !!!! un rêve ! la ou je suis, pas possible ! mais on a mis en place un PAP avec la collègue de CP pour mes 3 CE1 qui ne savait pas lire (déchiffrage à fond ) ; puis avec 5 (avec mes 3 dedans) pour la partie plus "sens de la lecture" et le collègue E les prenait aussi... pour les 3, ils avaient été proposés pour un maintien en CP : les parents ont refusé : ils sont passés.... hélas pour eux, car c'étaient des enfants avec un -déjà- lourd passé familial, et pas possible de faire accepter aux parents qu'une aide était vitale ; crois-moi, on a utilisé tous nos moyens et notre psychologie et diplomatie... les maintenir en cp sans prévenir l'IEN ? oui... sauf si les collègues s'y refusent absolument ! je pratique beaucoup le tutorat ! ça donne aussi de bons résultats ; les enfants sont capables de choses étonnantes dans ce domaine ; certains sont même admirables ! pour l'autonomie, c'est vrai aussi que c'est toute une éducation en début d'année quand ils n'ont pas eu l'habitude ; ça prend du temps et de l'énergie et au niveau discipline, cela demande d'être très stricte, de toujours expliquer , ne rien laisser passer ; on a l'impression de perdre du temps, mais en fait, non ! quand ça "roule", c'est inappréciable... et en plus, chacun d'entre nous a son seuil de tolérance, je pense ! seulemnt, je n'ai jamais enseigné encore dans des quartiers réputés vraiment difficiles, donc, je ne me permets pas d'en parler ! j'ai un système de fiches autocorrectives pour les très bons, freinet, et perso... et toujours des fiches facultatives de travail, des mots-croisés, fléchés, nombres croisés , voire coloriages... et les "durs", je me permettais de les "éliminer" momentanément des groupes , même de soutien, en leur disant qu'ils n'avaient pas le droit d'empêcher les autres de travailler pour progresser ! ça marchait au bout d'un moment, mais, encore une fois, tout est relatif. à mes débuts, j'ai lu "libres enfants de summerhill", les publications du groupe freinet ; j'ai vu fonctionner des classes ( malgré l'Ecole Normale ; le directrice m'avait dit : non, c'est dangereux ! n'y allez pas!)et j'en ai tiré plein de choses ;cela me correspondait à fond. mais je pense que notre métier est quelque peu disons "différent" selon l'endroit où on enseigne, les enfants, les cours, doubles, triples....les locaux, la mairie et ses choix, les collègues, la direction... dites, j'ai oublié quelque chose ??? OUI !! les parents !!!! et il y a des années où on se retrouve seul(e) dans sa classe, et là, des fois... cryin mais il faut y croire, et nos chères têtes blondes sont là... bon, c'est peut-être et il y tant à dire ....j'ai surement oublié de dire plein de trucs ! mais c'est... super de pouvoir communiquer ainsi ! @ +, passionnément !
Petit_Gizmo Posté(e) 31 juillet 2003 Posté(e) 31 juillet 2003 Mouais.... Alors là AJ, excuse moi, mais j'ai l'impression d'entendre le discours de l'IUFM, de certains IMF et de nombreux jeunes collègues, ce qui n'est pourtant (il me semble) pas ton cas. Si je n'avais bossé que dans mon école actuelle, j'aurais pu argumenter comme toi, sauf par rapport aux aides qui n'existent pas chez nous. Nous avons une psy scolaire, très compétente mais qui partage malheureusement son temps sur un nombre très important d'école (qui devrait augmenter encore l'an prochain) et sera de moins en moins dispo. Pas de CLAD, de CRI, de REED, pas d'AE....Rien, à nous de nous débrouiller (ce qu'on fait pas trop mal, il me semble) en proposant aux parents des aides extérieures (psy, orthophonie, psychomotricien) qui ne font d'ailleurs pas toujours du bien (gros problèmes avec une orthophoniste cette année....) Mais j'ai passé quatre ans dans une école qui ne doit pas être un cas unique en France si j'en crois ce que j'entends ici et là, et franchement, même si tu es sur de toi, je te garantis que tes paroles sont complètement utopiques. Perso, je ne pensais pas que l'on pouvait rencontrer autant de problèmes dans une école... Ca c'est un problème de discipline. A vous de vous faire respecter en classe et de prendre les mesures qui s'imposent. Je eonnais des collègues qui prendraient très mal ce genre de propos... Tout d'abord, non, il n'y a pas forcément deux meneurs et des suiveurs. Lors de ma dernière année dans cette école, dans un CM2 de 28 élèves, tu avais grosso modo une quinzaine de perturbateurs lourds, empêchant systématiquement la classe de travailler. Parmi eux, cinq-six fortes têtes, des petits caïds de quartier cherchant à assoir leur supériorité au sein du groupe et leur supériorité par rappor à l'adulte. Parmi eux, un élève (signalé par ses différents instits depuis le CE1) s'est permis diverses agressions sur des élèves, sur son instit et sur le directeur. Je parle là d'agressions physiques, pas des insultes et des provocations qui étaient quotidiennes. Il fallait donc, si j'en crois tes propos, que l'on se fasse respecter et prenant les mesures qui s'imposaient. Ok, très bien. Mais quelles mesures ??? --> - Discussion avec l'élève, rappel des règles, et autre : sans intérêt, il nous riait au nez - Punitions classiques (privations partielle de récré, lignes, travail d'intérêt collectif...) : refus de l'élève, crise de nerfs - Isolement avec le directeur ou l'AE : très déconseillé ! - Convocation des parents : sans intérêt, tantôt ils ne venaient pas, tantôt ils nous disaient que l'on mentait... -Expulsion temporaire : interdit -Changement d'école ou placement dans une structure différente: refus des parents - Lui en coller une bonne, ce qui lui ferait surement du bien : je ne tiens pas à me retrouver derrière les barreaux Nous avons à maintes reprises sollicité notre IEN qui nous a systématiquement répondu qu'elle n'avait pas de solution, nous conseillant simplement de faire tourner cet élève de classe en classe durant la semaine, avec un planning bien établi. En fin d'année, cette même IEN nous a poussé à faire passer l'élève au collège (il n'avait pas d'année de retard) pour qu'on ne le subisse pas un an de plus ! Tu vas me dire que c'est un cas isolé. Mais non, même pas... J'ai souvenir d'un môme de CE1 qui, durant la meme année scolaire, avait étranglé un élève dans les toilettes, tenté de violer (véridique) une élève, jeté des cailloux sur les vites de l'appart de son instit et fini en apothéose en faisant chuter son instit d'un bon coup de pied (la pauvre collègue, 24-25 ans maxi, a passé les deux derniers mos de l'année chez elle, sous tranquilisants). Nous avons fait de multiples signalements et n'avons rien eu en guise de réponse. Rien ! A part le discours hierarchique selon lequel il n'existait pas de solutions. Au bout de trois ans, ce cher bambin a quand même été placé dans un institut spécialisé, sa maman ayant enfin accepté. Et je ne parle même pas d'un de mes ex-élèves, qui vivait au milieu de la racaille du quartier, était connu du commissariat et des vigiles du supermarché depuis l'âge de cinq ans, passait son temps à dessiner (avec une précision phénoménale) des armes à feu, urinait et déféquait où bon lui semblait et passait son temps à nous insulter. Et de tous ces gamins sur lesquels tu n'as AUCUN droit, que tu ne peux pas sanctionner sous peine de voir arriver les parents furieux le lendemain, que tu ne peux pas séparer s'ils se battent car les parents portent ensuite plainte contre toi... Chaque fin d'année, trois à quatre collègues quittaient l'école. L'an passé (je veux dire 2001/02) nous avons été huit sur treize à faire nos valises (la plupart ayant entre 40 et 50 ans, donc des instits expérimentés, pas des novices....), encouragés par l'IEN dont le message était "Vous avez raison, fuyez !" Pour le reste, et tes idées sur la différenciation, là aussi, tout dépend de la classe que tu as. J'ai bossé avec quatre, puis trois niveaux dans des écoles "tranquilles" et je passais mon temps à aller de groupe en groupe, vérifier que chacun avait bien compris, aider les plus en difficultés, etc.... Je faisais sensiblement pareil en SEGPA, mais j'avais une quinzaine d'élèves. Par conte, dans mon ex-école (avec un seul niveau (enfin, on se comprend, vu l'hétérogénéité !) ou deux) , impossible, absolument impossible de fonctionner ainsi. Parce que certains gamins ne feront rien, soit parce qu'ils ne comprennent pas, soit parce qu'ils sont dans leur monde, soit parce qu'ils dorment 'plusieurs se couchaient après minuit), soit parce qu'ils ont faim (plusieurs ne mangeaient pas à midi, juste un paquet de chips ou un sandwich lancé par la fenêtre de l'immeuble) soit parce qu'ils ne veulent pas. Et parce que d'autres en profiteront pour mettre le bazar (non, ne me parle pas de discipline....). Bref, je conclus : je ne nie pas le bien fondé de toutes tes paroles mais elles ne sont pas appliquables partout. Et sans rancune, hein B) J'ai du mal à transmettre le ton quand j'écris, mais je ne suis ni grincheux ni agressif
Florent Posté(e) 31 juillet 2003 Posté(e) 31 juillet 2003 Aïe Franck ! Ca fait peur... Surtout qu'en Essonne, on est bien loti questions ZEP et quartiers chauds... Ca met en confiance... Questions: comment tu tenais le coup ? Qu'est-ce que tu te disais le soir qui te permettait de recommencer le lendemain ?
Petit_Gizmo Posté(e) 31 juillet 2003 Posté(e) 31 juillet 2003 Beaucoup d'amphétamines, quelques pétards de temps en temps et le tour est joué :) Nan, sérieusement, comme je le disais au départ, j'ai eu soit de la chance dans mes effectifs siot la mayonnaise a bien pris avec les momes. J'ai été relativement épargné par les gros problèmes. En plus, j'ai suivi une partie de mes élèves durant trois ans, du Ce1 au Cm1, ce qui était parfait pour les règles de vie et la discipline. J'ai rencontré beaucoup de satisfactions avec certains enfants (dont quatre m'écrivent régulièrement) et noué quelques liens avec des parents. J'ai l'impression que quelques enfants et quelques parents attendaient beaucoup de moi (plus que maintenant à la campagne, où je suis juste là pour m'occuper des gosses de 8h30 à 16h30....) et c'était motivant et valorisant. C'est pour cela que j'y suis resté quatre ans, alors que j'aurai pu demander un autre poste. D'un autre côté, la tension était forte, j'étais souvent tendu et je rentrais chez moi complètement vidé physiquement et moralement. Impossible d'oublier le boulot, c'était toujours dans ma tête (parce qu'en plus des problèmes de discipline et de violence, il est difficile d'oublier les malheurs des élèves, et Dieu sait s'ils m'en racontaient....). Disons que dans ce genre d'école, tu es avant tout psy, educ, assistant social, confident.... Pas forcément enseignant.... Ce n'est pas toujours simple !
océane Posté(e) 31 juillet 2003 Posté(e) 31 juillet 2003 aïe, franck ! c'est bien ce que je pensais : selon son affectation, on ne fait pas tout à fait le même métier ! et c'est vrai, il y a des endroits protégés ! là, il est facile d'appliquer les textes, le blabla IUFM .... combien de temps peut-on tenir physiquement et psychologiquement dans ces cas-là ? je sais, ça dépend des gens, mais quand même... bravo, mon gâs !! tu aimes la campagne profonde ? c'est encore autre chose !!!
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