Avis aux PE en ZEP !

[anne68000]

Bonjour,

je fais appel à vous car je fais mon mémoire PE2 sur la gestion de classe en ZEP.

Si vous pouvez prendre 5 minutes pour répondre à mon questionnaire, je vous en serais très reconnaissante. J'ai déjà soumis ce questionnaire à quelques IMF et leurs réponses sont très enrichissantes...

Ecole :

Classe :

Ancienneté dans le métier :

Sexe :

1. Depuis combien de temps exercez-vous le métier d’enseignant ? Depuis quand enseignez-vous en ZEP ?

2. Avez-vous toujours enseigné en ZEP ?

3. S’il s’agit d’un choix de votre part, pourquoi enseignez-vous en ZEP ?

4. Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez dans votre métier ?

5. Quelles satisfactions éprouvez-vous dans votre métier ?

6. Pensez-vous faire le même métier que vos collègues qui exercent dans des écoles rurales ? Pourquoi ?

7. Quels sont, selon vous, les principaux « handicaps » des élèves de ZEP auxquels vous devez faire face ?

8. Quels conseils donneriez-vous aux PE qui débutent dans le métier ?

Merci d'avance !

[matali]

J'suis en ZEP mais je débute... alors je ne peux pas dire grand chose... je n'ai pas envie de dire des bêtises, je n'ai pas assez de recul pour comparer. Juste pour dire que c'est un choix pour connaître : c'est plus difficile mais ça me plaît

[lilie2fr]

Bonjour

je mets ton questionnaire ici car des enseignants de maternelle peuvent aussi t'apporter leur temoignage

[anne68000]

Bonjour

je mets ton questionnaire ici car des enseignants de maternelle peuvent aussi t'apporter leur temoignage

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Ok merci. En fait, j'avais hésité mais tu as raison, c'est mieux comme ça !

[romy]

Ecole : élémentaire

Classe : Clis en ZEP

Ancienneté dans le métier : T2

Sexe : F

1. Depuis combien de temps exercez-vous le métier d'enseignant ? depuis 2 ans

Depuis quand enseignez-vous en ZEP ? depuis cette année

2. Avez-vous toujours enseigné en ZEP ? non

3. S'il s'agit d'un choix de votre part, pourquoi enseignez-vous en ZEP ? c'est un choix de ma part, parce que les collègues sont soudés, qu'il y a une vrai cohérence des enseignements et du règlement de l'école. et parce que je me sens vraiment utile.

4. Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez dans votre métier ?

les parents qui ne parlent pas français, surtout ceux qui ne se préoccupent pas de leurs enfants. nous sommes les garants de ce que n'arrivent pas à faire certains parents.

les parents sont souvent à traiter et à éduquer comme leurs enfants.

la gestion des habitudes de ZEP : langage, agressivité, manque de motivation, non considération des femmes dans certaines cultures par exemple.

5. Quelles satisfactions éprouvez-vous dans votre métier ?

j'adore ces gamins, ce n'est pas rose tous les jours, c'est 2 fois plus épuisant (en plus : ZEP + CLIS), mais quel bonheur de les voir changer, ils ont tellement besoin qu'on les écoute et qu'on les apprécie!!!! . j'ai un réel plaisir à les entendre dire qu'ils sont contents d'apprendre, qu'ils essaient de rectifier leur langage. il faut donner beaucoup de soi pour eux et leur parents, et même si c'est parfois galère, si on a envie de les scotcher au plafond, je ne regrette rien et j'ai fait le même voeu au mouvement.

6. Pensez-vous faire le même métier que vos collègues qui exercent dans des écoles rurales ? Pourquoi ?

notre métier est encore plus enrichissant, parce que parfois on les voit partir de tout en bas et grimper très haut. c'est sûr aussi que certains sont tristement voués à la déchéance.

7. Quels sont, selon vous, les principaux « handicaps » des élèves de ZEP auxquels vous devez faire face ?

le langage, le manque d'imagination, l'agressivité, la famille (et si certains freinent leurs enfants, j'en vois plein dans mon école qui sont placés, ou dont les mères cachent les problèmes parce que le père cogne etc.). le manque de confiance, l'environnement.

8. Quels conseils donneriez-vous aux PE qui débutent dans le métier ?

je débute moi-même alors les conseils seront simples : il faut aimer travailler en ZEP, c'est une réelle vocation. si on n'aime pas ces gamins et si on n'est pas prêt à en "chier" pour eux, ce n'est pas la peine. c'est dur, parfois ça arrive que personne ne te soit reconnaissant pour le boulot que tu abats, mais bon, c'est la vie. je pense que tout le monde à sa chance et même (surtout) ceux qui sont entrés dans la vie sans bagage....

voili voilou c'est mon humble avis de T2

romy en ZEP et Clis et très heureuse dans ce monde-là

[anne68000]

Merci pour ta réponse.

De tels témoignages sont tellement plus enrichissants que ce qu'on peut lire dans des bouquins !

Avant d'effectuer mon SR2 en ZEP (le premier), j'étais très motivée, comme toi. J'avais énormément de convictions et je pensais vraiment être capable de m'en sortir.

Et puis je me suis littéralement "vautrée", je n'ai pas réussi à gérer cette classe de CM2... Manque d'autorité ? Pas faire pour le métier ? Je me suis énormément remise en question et j'ai beaucoup de mal à me reconstruire par rapport à cette expérience.

Il va donc falloir que je reprenne confiance en moi et que je me gonfle à bloc pour affronter les prochains stages en ZEP. J'avoue que j'appréhende beaucoup.

[orléanaise]

Je suis en ZEP depuis 2ans après 3ans dans d'autres écoles, j'ai une PS de ZEP. La 1ère année, ce n'était pas un choix. J'étais même paniquée d'arriver dans cette école qui avait une réputation épouvantable. C'était très difficile les premiers mois, j'avais des enfants très difficiles, dont 3 handicapés, avec une AVS à éclipses. Mais j'ai trouvé une équipe de collègues très solidaires, toujours prête à se retrouver pour bosser (quotas d'heures de réunion explosés !). J'ai réussi progressivement à avoir un rapport de confiance avec plusieurs parents et je pense que "l'avantage" de la maternelle en ZEP, c'est que la capacité d'adhérer à des projets de la part des enfants est plus importante que dans des écoles plus favorisées où beaucoup d'enfants sont gavés d'activités au-dehors. Mon avantage, c'est d'avoir commencé tard dans ce métier (à 40 ans!) et d'avoir plusieurs enfants, ce qui me donne une certaine "envergure" par rapport aux parents des élèves (en particulier les familles d'origine étrangère ) J'ai finalement gardé le poste !

Les difficultés, c'est d'avoir à faire face aux conséquences des gros handicaps sociaux et familiaux que vivent beaucoup d'enfants, d'essayer de communiquer avec des familles non francophones ou qui n'intègrent pas les règles de fonctionnement de l'école, d'arriver à maintenir sa classe dans un état de sérénité et de cohésion suffisant pour assurer socialisation et apprentissages, de bosser le plus possible pour essayer de compenser les retards de plusieurs enfants.

Les difficultés des enfants : cette année , dans ma classe, 18 élèves sur 24 n'ont que leur mère et parfois un "père" épisodique ; ils connaissent souvent la violence à la maison ; la plupart des parents n'ont pas de travail ou un travail précaire et des revenus très bas ; les enfants sont souvent laissés à la cantine et à la garderie du soir parce que ça ne coûte rien, d'où des journées très longues ; beaucoup d'enfants ont débuté en septembre en ayant un langage très pauvre (très souvent juste quelques mots-phrases) ou ne parlant pas du tout français ; beaucoup sont agressifs et agités.

Mes conseils ? Ils ne valent que ceux de quelqu'un qui fait sa 2ème année de ZEP. Mais il faut surtout bosser, adhérer au travail d'équipe, dialoguer avec les parents, essayer d'affirmer son autorité, ouvrir le plus possible les enfants aux livres, à l'art, et...ne pas se prendre pour Zorro ou l'abbé Pierre et savoir faire appel aux services compétents quand il y a lieu (psy, services sociaux, rééducateurs, etc...)

Comme Romy, je m'attache beaucoup aux enfants de l'école et j'éprouve beaucoup de joie quand j'en vois "décoller".

[orléanaise]

J'ai oublié de dire que je pense que le métier me semble beaucoup plus dur en élémentaire ZEP. Je rencontre souvent les collègues de l'élémentaire, je crois que plus grands, les enfants sont beaucoup plus démotivés et sensibles aux handicaps qu'ils vivent.

[anne68000]

Merci beaucoup !

[cyrille1]

Ecole élémentaire

Classe : CP

Ancienneté dans le métier : 6ans

sexe : masculin

J'enseigne depuis 6 ans et c'est ma 4ème année en ZEP. J'ai débuté sur la liste complémentaire dans l'école où je suis actuellement. Après l'IUFM et la première année de titularisation, j'ai demandé cette école au mouvement en premier voeu. Vu la réputation, je l'ai obtenu.

Si j'enseigne dans cette école, c'est que je ne voulais pas enseigner dans une école de ZEP où il aurait été impossible de travailler. A Paris, ces écoles existent.

L'école où j'ai débuté était difficile mais les gamins bossaient. Donc je l'ai demandé au mouvement. Cela me donnait l'occasion d'avoir un poste définitif rapidement.

Les difficultés ? oh là là ! Le manque de moyens. Pendant 4 ans pas de maître G; Enfin on en a une.......en formation. Pas de maître E remplacé. Les problèmes de comportements de certains gamins, et encore les comportements difficiles ont fortement diminués dans notre école. C'est surtout la misère sociale de ces gamins, de ces familles.

Le manque véritable de vocabulaire, d'un minimum de repère culturel. Répéter, répéter, répéter toujours la même chose.

L'extrème hétérogénéité des gamins, c'est ça le plus dur dans mon école.

Les satisfactions ? Heureusement il y en a. Les excellents élèves existent aussi.

Voir les gamins les plus en difficultés progresser réellement.

Travailler avec eux des domaines, de sujets dont ils n'ont jamais entendu parlé.

Le métier est différent entre Paris ZEP et école rurale. Dans ces deux types d'écoles, il y a certes des mêmes avantages et des difficultés similaires. En revanche, les écoles rurales sont souvent à plusieurs niveaux (au moins trois) voire uniques, les enfants des communes rurales sont différents des enfants d'origine étrangères des ZEP, leur niveau culturel. Bref à mon avis, les problèmes ne sont pas les mêmes.

Les enfants de ZEP manquent de repères culturels, ils n'ont pas de livres à la maison, ne sortent pas (pourtant il y a la villette à deux pas), les difficultés psy, physio, sociaux, familiaux.....

A un débutant qui débuterait, je lui dirai "n'écoute pas l'iufm, notre école n'est pas aussi terrible qu'on le dit !!! :P Ensuite d'être motivé. Il y a des jours où je suis désespéré. Ce matin, super content ils ont tous mêmes les + faibles super bien bossés, ça compense.

Bon courage pour ton mémoire.

[carlita]

Ecole :élémentaire

Classe :ce2

Ancienneté dans le métier : 6 ans

Sexe : F

1. Depuis combien de temps exercez-vous le métier d’enseignant ? 6 ans

Depuis quand enseignez-vous en ZEP ? 5 ans

2. Avez-vous toujours enseigné en ZEP ?

cf Q1

3. S’il s’agit d’un choix de votre part, pourquoi enseignez-vous en ZEP ? Nommée d'office en deuxième année puis choix délibéré ensuite, motivé par la plus grande dispo des collègues, un réel esprit d'équipe que je n'avais pas rencontré avant, des moyens et des projets plus interessants....

4. Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez dans votre métier ?

la violence et le désintérêt des familles pour les apprentissages

5. Quelles satisfactions éprouvez-vous dans votre métier ?

à chaque fin de semaine, lorsque je fais "le conseil" dans ma classe et que les élèves m'énoncent tout ce qu'ils ont aimé durant la semaine alors que j'ai souvent l'impression de ramer à reculons : je suis souvent surprise à cette occasion de voir qu'ils ont finalement retenu plus de choses que je ne le croyais et accroché sur des points où je n'aurais pas misé un kopek ! Mes satisfactions sont très souvent là où je ne les attends pas et c'est peut être mieux ainsi : l'essentiel est d'en avoir et je me dis qu'on est peut-être moins exigeant avec des élèves de ZEP donc au final moins frustré car si on cherche bien, il y a toujours une petite étincelle qui pétille dans les yeux des élèves. Et tous les grands feux commencent par une petite étincelle!!!

6. Pensez-vous faire le même métier que vos collègues qui exercent dans des écoles rurales ? Pourquoi ?

Impossible pour des raisons d'effectifs, de contexte socio-culturel, d'environnement, de ressources, de mentalités.....

7. Quels sont, selon vous, les principaux « handicaps » des élèves de ZEP auxquels vous devez faire face ?

le désintérêt pour tout ce qui apporte une ouverture culturelle, la banalisation de la violence sous toutes ses formes (physique ou verbale), le fragile lien entre l'école et la maison

8. Quels conseils donneriez-vous aux PE qui débutent dans le métier ?

En vrac...

être stricte sans être sévère mais rigueur et honnêteté sont souvent absentes de leur quotidien et ils ont impérativement besoin d'un cadre qui, même s'il semble un peu trop rigide, les sécurise en fin de compte.

Ne pas chercher à mettre en place tous les "grands" projets" dont on fait l'éloge à l'IUFM car la pratique est bien trop éloignée de la théorie et la réalité risque d'être difficile à encaisser (manque de motivation, découragement, doutes sur ses capacités....).

Ne pas hésiter à se confier aux collègues qui relativisent (avec l'expérience, forcément....)et qui trouveront toujours un peu de temps pour aider à dédramatiser certaines situations.

Ne pas croire que la ZEP c'est l'enfer car en fait chaque école a sa spécificité

nous ne sommes pas des super-héros donc ne pas croire non plus que nous sommes leur "porte de secours" (si, si j'en ai connu des collègues qui pensaient être le Sauveur).

Faire ce qu'on peut avec les moyens qu'on nous donne!

[anne68000]

Encore merci !