Quelle place pour l'affectif...

[kiki38]

Bonjour!

J'ai souvent entendu des enseignants dire qu'ils se voyaient reprocher par des personnels de l'institution (IEN, Conseillère pédagogique) d'avoir des relations avec les élèves trop fondées sur "l'affectif"... A contrario, j'ai eu vent de plein de témoignages d'anciens élèves qui avouent avoir aimé l'école grâce à un maître ou une maîtresse qu'ils avaient adorés.

Qu'en pensez-vous personnellement? Opposez-vous l'affectif et le professionnel? Dans quelle mesure il doit être réfréné? Quels peuvent être malgré tout ses intérêts?

Euh, je sais pas si je suis claire?...

[Enna]

Ben pour moi l'affect est indissociable de ma manière de travailler.

D'un je ne suis pas thérapeute et que quoi que je fasse ce que je suis intervient dans ma relation à l'autre puisque je fais partie du groupe classe au même titre que mes élèves.

De deux, je pense aux enfants qui du matin au soir ont en face d'eux un être parfait jamais en proie au doute, jamais fatigué, toujours juste et professionnel et ben moi ça m'angoisserait

De trois, faire preuve de sentiment ne veut pas forcément dire attacher l'autre mais peut aussi vouloir dire "allez va, va de l'avant un peu" comme une mère lionne.

Je ne sais pas si j'ai été plus claire lol

[mims]

Qu'en pensez-vous personnellement? Opposez-vous l'affectif et le professionnel? Dans quelle mesure il doit être réfréné? Quels peuvent être malgré tout ses intérêts?

pour moi, l'affectif n'apporte que des ennuis à l'enseignant...

enfin, dans ma vision des choses.

quand je parle d'affectif, j'y vois l'attachement, l'intérêt particulier pour quelqu'un, etc...

Or, si je m'intéresse particulièrement à un enfant, c'est que j'ai envie qu'il réussisse, que j'ai à coeur de le faire progresser, et que je vais donc être affectée par ses échecs, son manque de travail, le gâchis dont je parle souvent face à un enfant avec des capacités mais soit un environnement qui "l'éteint", soit un baobab dans la main...

Bref, à trop vouloir m'impliquer pour que ce môme avance, je m'en prends plein la figure, soit des parents qui ne sont pas d'accord, soit de l'élève qui n'e a rien à faire, etc...

Donc, pour me préserver, j'essaie de faire entrer le moins possible l'affectif dans ma relation entre l'élève et moi. Je suis souriante, agréable autant que je peux, j'aide, je conseille, mais j'essaie de laisser de côté le lien qui pourrait se tisser pour me préserver : et donc, je pense que plus on est professionnel, moins on fait entrer l'affectif dans la relation...

[matali]

Je ne me suis jamais posée la question mais je sais que, contrairement à une IMF (en CP) qui m'avait épatée, je ne peux pas sourire chaque matin à chaque élève avec les yeux qui pétillent... Je suis sûre que chaque élève se sentait aimé par cette maîtresse. Pour autant, elle ne fonctionnait pas à l'affectif, elle était comme ça.

Moi, je sais que je ne fonctionne pas non plus avec, j'essaie "d'aimer" tous mes élèves dans le sens où je veux que chacun se sente accepté et reconnu dans ma classe. J'ai entendu autant de mots d'amour que de haine de leur part... ça me rassure Je suis aussi persuadée que mon rôle n'est pas de leur laisser un souvenir impérissable de ma personne, d'être adorée et sans reproche, même pas de laisser une trace... Juste de leur faire passer la meilleure année possible pour qu'ils soient heureux malgré tout.

[kiki38]

Merci pour vos réponses, que j'ai lues avec intérêt.

D'autres avis?

J'arrive à me faire une petite idée de comment gérer l'affectif en classe...

J'ai lu un bouquin d'une instit qui parlait de sentiment de bienveillance pour les élèves c'est-à-dire d'intérêt pour tous indistinctement mais en gardant une distance pour rester serein comme le dit Mim's face à des problèmes qui nous dépasse et autres inconvénients...

Mais ça vous est jamais arrivé de plus savoir gérer cette distance? D'être trop impliqué ou au contraire trop froid? Ou, encore, de craquer sur un gamin en particulier et de le chouchouter?

[Anwamanë]

Bonsoir,

Alors moi c'est la seule chose qui "m'angoisse" ( façon de parler) pour "quand je serai PE"...

En effet, j'ai d'excellentes relations avec les enfants, et cela surprends beaucoup.

Par exemple, tous les enfants des classe de mes loulous sont toujours très contents de me voir et viennent m'embrasser...

Je suis très tactile, j'embrasse facilement...

Et j'ai peur que cela puisse me "nuire" après...et me contenir m'est difficile car du coup je me "dénature"...

[Petit_Gizmo]

Mais ça vous est jamais arrivé de plus savoir gérer cette distance? D'être trop impliqué ou au contraire trop froid? Ou, encore, de craquer sur un gamin en particulier et de le chouchouter? huh.gif

Je peux être touché par certains momes, j'ai parfois du mal à gérer la distance (j'ai notamment eu quelques soucis avec une élève que j'ai gardée 4 ans dans ma classe et avec qui les derniers mois furent difficiles car je pense que de maître j'étais devenu un peu grand-frère ou deuxième papa ) mais chouchouter, non, je n'évite !!!

Il m'est arrivé (et cette année encore) d'avoir des rapports disons un peu complices avec certains élèves, mais pas de "chouchoutisme", les règles sont les mêmes pour tous sinon on perd toute crédibilité aux yeux du groupe.

[delphinie]

Il est vrai que c'est difficile de ne pas avoir une part d'affectif surtout avec les plus jeunes, certains en ont besoin ! (l'année passée avec mes maternelles j'ai vraiment découvert ce côté affectif que je ne soupsonnais pas autant)

Mais il faut doser, rester bienveillant et avec tous, ne pas en favoriser plus un qu'un autre, ne pas avoir de chouchou ... Mais en même temps comment repousser un gamin ou une gamine qui demande un peu d'affection pour les raisons qui sont les siennes ...

J'ai un gamin en ce1 cette année qui veut me donner la main et se serrer contre moi à chaque récré et si c'est pas moi c'est n'importe qu'elle autre maitresse (il est pas farouche) je lui tiens la main 2 min, puis j'essai de l'envoyer jouer ou l'aiguiller sur un truc à faire ...mais bon ce sont des situations pas du tout facile à gérer ...

Perso en début de carrière j'apprend encore et j'ai pas toutes les réponses!

[mims]

Mais ça vous est jamais arrivé de plus savoir gérer cette distance? D'être trop impliqué ou au contraire trop froid? Ou, encore, de craquer sur un gamin en particulier et de le chouchouter?

les chouchous, je pense que c'est inévitable... Enfin, le fait d'avoir des atomes crochus avec certains gamins, plus que d'autres... Après, il ne faut surtout pas les chouchouter justement, il ne faut pas que "ça se sente"... mais je pense que c'est comme avec les adultes, avec n'importe quel être humain que l'on rencontre : c'est le facteur humain qui fait qu'on accroche ou pas avec quelqu'un.. Justement, une partie du boulot est de ne pas faire de différence entre les enfants, d'être pareil avec la petite qui bosse, qui vous amène des fleurs et qui vous sourit tout le temps, et avec celui qui vous donne juste envie de lui mettre un coup de pied aux fesses... C'est pas la partie la plus simple du métier...

[matali]

On ne peut pas aimer tout le monde

Le problème est qu'on doit s'occuper d'avantage des élèves qui en ont besoin (autonomie, difficultés scolaires, problèmes familiaux, orientations, psy, orthophonie...) donc on s'implique plus avec eux qu'avec les élèves 'sans difficulté'. Pour autant, ils ne doivent pas se sentir mis de côté, oubliés, sans intérêt... C'est pour ça qu'en classe, je change souvent les groupes, les places, je donne des responsabilités... Je dis bonjour à tout le monde, un par un si possible, et surtout, j'essaie de parler une fois par jour à chaque enfant individuellement (bonjour du matin avec 'ça va mieux ton ventre ?', un clin d'oeil en classe, un p'tit 'viens voir' à la récré, un 'merci', un 's'il te plaît', un 't'es sûr de toi ?', un 'félicitation', un 'pffffff'...etc...)

Sinon, jamais eu de chouchou pour l'instant... ou alors plein à la fois

Et je ne suis pas du tout tactile

(sauf en classe découverte )

[mims]

C'est pour ça qu'en classe, je change souvent les groupes, les places, je donne des responsabilités... Je dis bonjour à tout le monde, un par un si possible, et surtout, j'essaie de parler une fois par jour à chaque enfant individuellement (bonjour du matin avec 'ça va mieux ton ventre ?', un clin d'oeil en classe, un p'tit 'viens voir' à la récré, un 'merci', un 's'il te plaît', un 't'es sûr de toi ?', un 'félicitation', un 'pffffff'...etc...)

J'admire...

J'essaie, mais j'arrive pas toujours...

Et là, même après 10 jours de congé, j'ai déjà des appréhension à retrouver F. ou N.... Non pas que je me laisse déborder, mais je sais qu'au bout de 10 minutes, j'aurai déjà du les reprendre 5 fois, et qu'ils vont me faire passer une journée pénible, puis une uatre, puis encore une autre... et j'ai un peu de mal..

C'est pas faute d'essayer d'évacuer l'affectif, mais quand on m'embête, j'ai du mal à faire table rase...

[Anwamanë]

Sur le sujet....

Il faut seulement continuer à être humain.

Le débat vient de l’utilisation du mot affectif, sur la notion de « je t’aime ».

Nous sommes tous d’accord et le message est en fait :

« tu es quelqu’un pour moi ».

Mais il faut aussi savoir dire  : "tu me casses le pieds".

Le prof n’est pas parfait, il a des états d’âmes. Les élèves doivent savoir qu’on est des êtres humains.

Je crois que cela résume bien ce que je pense