Peut-on être un bon enseignant...

[mims]

Pour en remettre une couche, la seule personne habilité à te juger est ton IEN. Essaie de t'en convaincre

en l'occurence, mon IEN de l'an dernier m'a fait plus de mal que de bien...

de ce côté-là aussi, j'ai à me reconstruire...

Ce qui me fait peur aussi, c'est le nombre croissant de collègues qui se plaignent, sur ce forum ou ailleurs, de violences verbales ou même physiques de la part de parents... je sais pas où on va... je sais pas où je vais...

je pense qu'il faut être très fort pour avoir suffisamment confiance en soi pour ne pas être démonté par ce genre de rencontres...

[cilette]

On rencontre sur ce forum beaucoup de gens très positifs qui nous remontent le moral et nous font du bien. C'est une des grandes qualités de ce forum. Mais d'un autre côté il ne faut pas nier ou minimiser les problèmes quand ils existent, il faut les regarder en face et en parler : même si certains parents sont adorables, il faut quand même admettre qu'il y une montée du mépris envers l'enseigant actuellement. Et c'est rarement dû à la personnalité de l'enseignant mais à d'autres facteurs indépendants de notre volonté : contexte socio-économique difficile qui fait que l'on jalouse les fonctionnaires (et la jalousie même à la violence), statut de l'enfant-roi qui fait que l'on ne tolère plus la moindre contrariété faite à son enfant...

J'enseigne dans un milieu populaire mais pas trop difficile. C'est ma première année et je n'ai sûrement pas le recul des plus expérimentés, mais ce que j'ai vu cette année m'a fait peur. J'ai reçu pas mal de visites de parents vraiment pénibles. En autres reproches : pourquoi ma fille n'est-elle pas allée en informatique jeudi, c'est inadmissible!, comment ça se fait que mon fils n'a pu son travail à rattraper à la maison pendant son absence , c'est intolérable! (j'attends toujours deux jours pour transmettre le travail au cas où l'enfant reviendrai le lendemain. Il faut préciser que la mère ne s'est pas déplacée pendant l'absence de l'enfant), comment cela se fait-il que mon fils ait baissé les pantalons des autres enfants pendant la récréation, je demande une explication! (c'est l'enfant qui fait une bêtise mais c'est l'enseignant qui se fait "disputer"!!), comment cela se fait-il qu'il n'y ait jamais de leçons à apprendre, je n'ai jamais vu ça! (leçons régulièrement à apprendre et écrites dans le cahier de textes mais rayées par l'enfant qui dit n'avoir jamais rien à faire à la maison).... et j'en passe.

Alors bien sûr ça arrive dans toutes les classes, bien sûr avec le temps on apprend sûrement mieux à gérer ce genre de choses, mais le résultat c'est que quand je vois un parent frapper à ma porte ou demander un rendez-vous, je me dis maintenant "qu'est-ce qu'il me veut encore celui-là?", et je le regrette mais moins je les vois et mieux je me porte...

Tout cela pour dire à mims que oui je la comprends, que oui j'espère pour elle comme pour moi que nos sentiments changeront. MAis qu'ils sont là pour l'instant et que ça fait aussi du bien de pouvoir en parler.

[harpège]

Oui, Mims, je te comprends. Je suis un peu (ou beaucoup comme toi), mais comme je suis du genre à éviter les conflits (dans la vie en général), je pense que je dois avoir construit (à mon insu) des savoir-faire dans ce domaine, qui font que la sauce ne monte pas, que ça se désamorce très vite, et j'ai donc été peu confrontée à ce genre de désagrément (mais c'est arrivé quand même). Je pense qu'il faut avoir une sacrée confiance en soi pour ne pas être trop sensible au jugement des autres (positif ou négatif) et pouvoir prendre de la distance...

Allez, encore 7 ans de thérapie, et ça va s'arranger !

[mims]

je pense que je dois avoir construit (à mon insu) des savoir-faire dans ce domaine

et tu pourrais en faire profiter ? :P

[harpège]

je pense que je dois avoir construit (à mon insu) des savoir-faire dans ce domaine

et tu pourrais en faire profiter ? :P

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Ben non, puisque c'est "à mon insu", c'est instinctif. Ce que je peux en percevoir, c'est que c'est très calme, très concentré (attention danger!), bref je ne suis pas tentée de me mettre en colère, donc y a pas d'escalade. Je discute donc sans la moindre agressivité (mais pas sans la moindre culpabilité!), et donc, peut-être que c'est apaisant pour celui ou celle d'en face, qui se calme rapidement ? Donc, tu vois, rien de contrôlé, de délibéré.

Rarement, ça m'est arrivé de décider à l'avance de m'énerver (parce que je ressens le besoin de remettre des gens à leur place, par exemple), et alors là, je suis obligée de faire à moitié semblant (je fais du théâtre, quoi) d'être en colère, je la joue la colère, parce que je sais la ressentir mais pas la montrer (ma maman m'a pas appris !).

[mims]

Ben bravo, si tu as réussi à intégrer tout ça... instinctivement...

Moi, j'ai l'impression de jouer un rôle (difficile) chaque fois que j'ai un rendez-vous avec un parent. Tout du moins, durant les premières minutes... Je teste le terrain, j'essaie de voir si le parent est plutôt "de mon côté" ou plutot "contre moi"... après, si je le sens bien, je peux me relâcher, je me sens mieux...

C'est difficile...

[romy]

bonjour,

si tu as choisi ce métier et que tu y es depuis 13 ans, c'est que tu l'aime et que tu aime enseigner aux enfants.

perso, je ne suis que T2, j'ai une clis en zep, c'est pas facile tous les jours et je ne suis pas plus sûre de ce que je fais que quelqu'un dautre. les parents sont souvent inexistants soit exaspérants. la première année j'ai eu que des parents super et contents de mon travail avec leurs bambins.

ici c'est un peu différent, en plus j'ai 25 ans donc les parents surtout magrébins ont eu un peu de mal en début d'année "ah, c'est vous ? vous êtes si jeune!" ben oui.

ça m'est arrivé que certains parents (enfant roi) viennent en se plaignant d'une punition (enfant qui avait donné un coup de poing par ex... donc grave) que leur pauvre petit ne maîtrisait pas ses gestes (10 -12 ans quand même!!) et qu' à cause de la punition il se faisait taper par le père (attention, ce n'est pas la faute de l'enfant <_< )

bref, au début ça fait bizarre, je me suis dis "mince, j'applique les règles et les parents justifient non pas les règles mais leur gamin". résultat c'est presque toi le coupable.

et bien j'ai hésité cette première fois mais c'était la seule : maintenant, je dis aux parents ce que je pense. si leur chérubin fait une bêtise (en général pas des moindre) je les rappelle à l'ordre EUX pour leur dire de faire le nécessaire en complément de l'école. en général les parents acceptent mes paroles car je leur montre que j'ai raison et que je suis juste aussi bien dans mes sanctions que dans mes félicitations.

et si certains parents refusent de voir les difficultés de leur enfant c'est simple : pas d'effort et de soutien des parents = tant pis pour eux. nous ne sommes pas formés pour être psy ni assistante sociale. vu comme je me suis investie cette année et le temps que ça me prend je me concentre sur les enfants. c'est eux ma cible, même sans les parents! et je suis très fière d'eux quand je les vois progresser parfois avec leur parents qu'ils trainent comme un boulet!!!!

bref, tout ça pour dire que tous nous avons plus ou moins été dans un cas comme celui-là, bien sûr ce n'est pas facile, mais n'oublie pas que ce sont les enfants qui ont besoin de nous. si les parents sont derrière, tant mieux mais sinon on fait sans.

c'est des enfants que tu vas tirer ta satisfaction...

bon courage, ne lache pas

[mims]

merci pour les encouragements...

[kai]

Je comprends aussi cette méfiance envers les parents. Y a des parents qui viennent me voir en me disant que leur gamin a peur de venir en classe qu'en c'est moi l'instit. Tout ça parce que je "tiens" ce gamin agité. Franchement ça me fait trop peur que les enfants déforment ainsi les choses. et du coup j'appréhende énormément le contact aux parents. Je finis même par me méfier des gamins. On leur dit quelque chose en classe, ils déforment et les parents nous tombent dessus et on passe pour le bourreau ou je ne sais quoi: on nous demande de nous justifier .

Je donnerai n'importe quoi pour avoir ne serait-ce qu'un livre d'apprentissage sur "comment gérer les parents d'élèves".

Sans ça je ne vois pas comment résoudre mon problème de méfiance. Il ne nous faut pas de la psychologie mais des outils, de la méthode, une formation un peu sociale sur la psychologie des parents peut-être.

[aistellh]

Je donnerai n'importe quoi pour avoir ne serait-ce qu'un livre d'apprentissage sur "comment gérer les parents d'élèves".

tout à fait d'accord!!

Personne sur ce forum n'aurait reçu des cours dans un IUFM un peu à la pointe?

[flo]

Je comprends aussi cette méfiance envers les parents. Y a des parents qui viennent me voir en me disant que leur gamin a peur de venir en classe qu'en c'est moi l'instit. Tout ça parce que je "tiens" ce gamin agité. Franchement ça me fait trop peur que les enfants déforment ainsi les choses. et du coup j'appréhende énormément le contact aux parents. Je finis même par me méfier des gamins. On leur dit quelque chose en classe, ils déforment et les parents nous tombent dessus et on passe pour le bourreau ou je ne sais quoi: on nous demande de nous justifier .

Je donnerai n'importe quoi pour avoir ne serait-ce qu'un livre d'apprentissage sur "comment gérer les parents d'élèves".

Sans ça je ne vois pas comment résoudre mon problème de méfiance. Il ne nous faut pas de la psychologie mais des outils, de la méthode, une formation un peu sociale sur la psychologie des parents peut-être.

idem!! même si je pense qu'il n'existe pas de méthode unique, car on travaille toujours avec de l'humain. J'ai aussi une très grande méfiance envers les parents, dûes à de mauvaises expériences cette année. C'est encore plus dur à gérer que les enfants.