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Un petit article de libé (www.liberation.fr), les inspecteurs sont en grève.....

Education: la grève discrète des inspecteurs en déprime

Ils font rarement parler d'eux. Mais depuis la rentrée, les inspecteurs de l'Education nationale crient leur ras-le-bol. Derrière leurs revendications salariales pointe le malaise d'une profession qui se sent désarmée, lassée par la succession de réformes dont elle ne voit plus la logique.

Par Emmanuel DAVIDENKOFF et Marie-Joëlle GROS

lundi 19 septembre 2005 (Liberation - 06:00)

L'inspecteur se rebiffe. Depuis la rentrée, les inspecteurs de l'Education nationale sont en grève administrative partielle pour demander des améliorations «statutaires et indiciaires» de leur sort, notamment à l'appel de leur syndicat majoritaire (le SIEN-Unsa). Derrière cette revendication, transparaît une énorme demande de reconnaissance de la part d'un métier qui estime être le dindon de la farce de la politique éducative de ces dernières années. Chargés de «circonscriptions» qui couvrent généralement entre 40 et 50 écoles (soit environ 300 instits et professeurs des écoles), certains alignent des semaines de plus de 50 heures, avec le sentiment que tout est fait pour rendre leur mission d'évaluation, d'animation et de contrôle impossible. Inquiétant pour l'Education nationale : ces cadres intermédiaires sont la cheville ouvrière de toute réforme puisqu'ils assurent le lien avec le terrain...

Alain Dogimont, 55 ans

En poste à Valenciennes Centre

«Notre grogne, c'est un appel»

«Le contexte actuel a encore durci notre tâche. Le discours public sur l'école est très négatif ces dernières années. Comment voulez-vous valoriser les enseignants qui s'impliquent, c'est-à-dire l'écrasante majorité, quand vous êtes confronté à la fois à un discours public négatif sur l'école, qui vient parfois des ministres, et à un système qui offre très peu d'outils de reconnaissance ? Dans ces conditions, les difficultés inhérentes à la fonction ressortent : la frustration de devoir suivre une multitude de projets sans pouvoir aller au fond, la saturation liée à une charge de travail toujours plus importante, notamment avec la multiplication du travail en partenariat avec d'autres structures ­ autant de réunions à caser, de rapports à rédiger. Résultat, tout ressort ­ notamment le fait que la carrière ne soit pas très attractive : nous terminons au même salaire que si nous étions restés professeurs des écoles. Notre grogne, c'est un appel. On ne bloque pas les rues ni les écoles. On demande juste un peu de reconnaissance.»

Jean-Pol Rocquet, 57 ans (1)

En poste à Perpignan Sud

«On nous demande de faire du chiffre»

«Le métier est atteint dans toutes ses dimensions. Avec, au quotidien, la multiplication des conflits entre enseignants ou bien avec des parents. Ce matin, j'ai été appelé par une école où une enseignante a été agressée par un père pour une affaire de touche-pipi entre enfants de maternelle. Avec des conditions de travail dégradées : je fais 5 000 km par an, on m'en rembourse 1 800 ; quand j'ai débuté, j'avais droit à 10 000 ! Avec l'inflation législative de ces dernières années. On fait des textes sur tout et on ne les applique pas. Et parfois les enseignants en demandent encore ­ on vient de me demander de trancher sur la question de la durée de la sieste en maternelle ! Mais le plus grave, c'est le gouffre qui sépare les injonctions de la réalité. La hiérarchie nous demande de faire du chiffre. Dans des réunions, j'ai entendu des responsables dire que «tous les indicateurs étaient au vert» au chapitre des enfants en échec. Ça n'existe pas ! Un autre se pavanait parce que 99 % des élèves suivaient des cours de langues vivantes. Quid de la qualité de ces cours ?

La hiérarchie ne sait poser les problèmes qu'en termes bureaucratiques ; il y a même une forme de lâcheté qui consiste à dire «oui» au ministre, quitte à freiner des quatre fers après. On applique les règles et c'est tout. Ça vaut d'ailleurs dans les deux sens : il est aussi rare d'être suivi quand on propose une mesure favorable à un enseignant que lorsqu'on demande une sanction ­ ce n'est pas fréquent : à 95 %, les instits font bien leur travail. Enfin... cette soumission aux normes a parfois des côtés amusants : je me souviendrai toujours de cette collègue qui, un jour que le ministre visitait une école, a passé son temps à déplacer subrepticement la seule plante verte de l'école pour faire croire qu'il y en avait dans toutes les classes...»

(1) Il est l'auteur de L'inspection pédagogique aux risques de l'évaluation (L'Harmattan, 2005).

Rémy Bobichon, 54 ans

En poste au nord d'Angoulême, en milieu rural

«La vie de l'école est réduite à un formulaire»

«Je fais ce métier depuis vingt ans, après avoir été instituteur en milieu rural. En vingt ans, le métier d'inspecteur a évolué, passant d'une fonction d'échelon hiérarchique purement administratif à un métier en prise avec le terrain. J'essaie de faire en sorte que les gens se parlent à nouveau, de dénouer des situations, à la façon d'un médiateur. Malgré les tentatives de la hiérarchie pour nous instrumentaliser, faire de nous les rouages de la politique du gouvernement, je résiste. Aujourd'hui, l'Education nationale envoie tellement d'injonctions et de sollicitations aux instituteurs (par exemple, accueillir des enfants handicapés, mettre en place l'apprentissage de l'anglais, de l'informatique, etc., sans perdre de vue l'essentiel du métier) que les gens sont saturés. Ils ont besoin d'être accompagnés. L'administration, souvent en décalage avec la réalité scolaire, a tendance à réduire la vie d'une école à un formulaire. Mon rôle, c'est d'être aux côtés des enseignants pour les aider à faire le tri. On ne peut pas s'improviser prof de langue, éducateur spécialisé, ou infirmier, même avec beaucoup de bonne volonté. L'institution n'offre plus de lisibilité : elle fonctionne à vide, sans que personne ne sache qui pilote le navire. On passe du renforcement de l'enseignement des arts à la lutte contre l'illettrisme parce que le ministre a changé et met les décisions précédentes au placard. Les gens sont démobilisés par cette politique en accordéon.»

Josiane Laurent, 56 ans

En poste dans les Flandres, en milieu rural

«Nos horaires sont fous»

«Quand j'ai décidé de passer le concours des inspecteurs après avoir mené une carrière d'institutrice, je souhaitais exercer des responsabilités. Aujourd'hui, je les assume, mais je n'ai pas le pouvoir, c'est parfois frustrant. Pour travailler en milieu rural, il faut comprendre ce qu'est la ruralité. L'école n'y est pas un lieu isolé, mais en contact avec les élus et tous les partenaires de l'école. J'inspecte à la fois écoles publiques et privées. Ces dernières sont historiquement très nombreuses dans le Nord. On me sollicite pour toutes sortes de questions, qui dépassent de loin l'inspection elle-même. Je fais mon métier avec conviction. Mais je souhaiterais que ma hiérarchie prenne en compte notre implication et notre loyauté. Nous faisons des horaires complètement fous, nous circulons énormément pour aller expliquer, négocier, ici et là. Etre en prise directe avec le terrain, ce n'est pas facile tous les jours, mais c'est passionnant. Il faut savoir faire entendre sa voix.

Je voudrais qu'on cesse l'activisme : qu'on arrête d'assommer les gens avec des tas d'enquêtes. Je voudrais faire bouger les choses mais je n'ai pas toujours la possibilité d'imposer mes choix. Chacun traite isolément sa partie, mais au moment de l'articulation, ça ne marche plus. Et puis il y a ce fonctionnement stratifié qui empêche toute lisibilité à force d'accumulations de dossiers, de procédures... Notre quotidien s'en trouve très alourdi et c'est dommage.»

Je ne connais pas encore assez bien le métier et ces personnes pour avoir un avis tranché sur la question même si ça ne va pas tarder puisque logiquement je suis le prochain appelé pour une PE 0 sur la liste complémentaire du second concours interne dans l'aca de versailles

Posté(e)

Cela fait 5 ans que les directeurs d'école sont en grêve administrative, et une grande partie des arguments des inspecteurs se retrouvent dans les demandes des directeurs...

Peut-être que cette fois , et parce que ce sont les Inspecteurs...., les choses vont bouger, enfin je ne sais pas, je ne sais plus, ce que je sais c'est qu'hier avec mon mari on faisait le compte de ministre de l'EN depuis que je suis PE c'est-à-dire 2000 et là ben y'a de quoi se poser des questions, pourquoi tant de tête, sommes nous si compliqué que ça nous les enseignants qui faisons, comme le disent nos ien, correctement notre métier ( pour 95% d'entre nous) :cry::ninja::ninja:

Posté(e)

J'en connais deux, ça fait bizarre...

Sinon je que j'en pense, qu'on est vraiment dans la mélasse...mais ça ce n'est pas nouveau

Posté(e)

Pour reprendre ton message dada, cet article du Monde daté de demain :P

Le ras-le-bol des directeurs d'école, en grève invisible depuis six ans

LE MONDE | 19.09.05 | 13h49  .  Mis à jour le 19.09.05 | 13h49

our la sixième rentrée scolaire consécutive, une majorité des quelque 52 000 directeurs d'écoles maternelles et élémentaires publiques sont en grève administrative pour obtenir une amélioration de leurs conditions de travail. Afin d'exprimer leur lassitude, ils refusent de répondre aux enquêtes statistiques de leur hiérarchie ­ une attitude sans conséquence pour les élèves et les enseignants, mais qui complique le travail de l'administration. A l'appel des principaux syndicats, ils entendent manifester leur mobilisation et accroître la pression sur le gouvernement en organisant, mercredi 21 septembre, des rassemblements dans tous les départements.

Les directeurs témoignent d'un "ras-le-bol" croissant face à la "course contre le temps" qu'ils se disent ! obligés de livrer. Dominique Griffaut, 49 ans, directeur d'école depuis six ans et autant d'années de grève administrative, réclame un allégement de son service d'enseignement. "Il faut gérer la classe et la direction en parallèle, ce qui est parfois quasiment impossible" , explique l'enseignant, qui s'occupe à mi-temps d'une classe de CE1 et pour l'autre mi-temps de l'administration de son école de dix classes, à Bailly-Romainvilliers (Seine-et-Marne).

"MILLE ET UNE" TÂCHES

Ce qui pouvait fonctionner il y a dix ou vingt ans n'est plus pertinent aujourd'hui, assure-t-il : "Nos missions se sont multipliées : il y a les langues vivantes, l'intégration des élèves handicapés, la prise en charge des malades, les relations avec le collège, les rapports avec les élus communaux et intercommunaux." Conséquence, l'organisation actuelle ­ avec une réduction du temps d'enseignement pour les directeurs d'école de plus de cinq classes ­ ne s! uffit plus.

Cette urgence permanente est décrite comme "épuisante" . "Avec une classe à temps plein et la direction, on a le sentiment de mal faire les deux" , explique Nathalie Lagouge, 39 ans, directrice d'une école de quatre classes à Rugles (Eure). Comme le prévoit la réglementation, son école ayant moins de cinq classes, elle ne dispose d'aucune décharge. "Si j'avais une demi-journée par semaine, je pourrais organiser le travail administratif correctement" , affirme-t-elle.

Les directeurs sont contraints de passer d'une tâche à l'autre en permanence sans disposer de moyens administratifs. Christine Gaudin, 46 ans, directrice d'une école maternelle de trois classes à Tours, décrit les "mille et une" choses accomplies en plus de ses 26 heures hebdomadaires d'enseignement : "Je suis DRH pour les personnels municipaux dans l'école. Je suis secrétaire, assistante sociale, standardiste, chef de travaux quand il y a une fuite, intendante pour les commandes, concierge pour surveiller l'entrée. E! t météorologue, quand la mairie me demande en novembre combien de sacs de sel il faut commander pour les gels à venir dans la cour de recréation !"

Comme beaucoup de directeurs, Damien Godiet, 46 ans, en poste dans une école de six classes à Epernay (Marne), a le sentiment de se disperser dans quantité d'activités de faible importance mais qu'une personne doit impérativement assumer pour le bon fonctionnement de l'école : "Depuis ce matin, en plus de ma classe, j'ai dû gérer le bug de mon ordinateur au moment de sortir le listing des élèves pour leur participation aux ateliers du soir. J'ai accueilli des employés municipaux qui venaient réparer un problème de robinet. J'ai donné un coup de main à ma collègue de maternelle qui avait un problème avec la cartouche d'encre."

Là où tous les collèges disposent d'un principal, d'un conseiller principal d'éducation et d'un intendant, des écoles de taille comparable se contentent d'un poste de directeur. " Nos moyens matériels et humains n'ont pas évolué et restent ! ceux des années 1970" , résume Dominique Griffaut. La formation, qualifiée d'intéressante, se révèle très rapidement dispensée : quatre semaines pour prendre la mesure de toutes les responsabilités ­ y compris pénales en cas d'accident et de procès.

En bout de chaîne de l'administration de l'éducation nationale, les directeurs ont le sentiment de crouler sous les demandes de leur hiérarchie ­ ce que l'ancien ministre François Fillon avait résumé sous l'expression de "harcèlement textuel" . "J'ai redécouvert dans un placard la Charte pour l'école du XXIe siècle -lancée par Claude Allègre, en 1998- . Je l'ai jetée parce que ça ne sert plus à rien. Et c'est comme ça avec tous les ministres : ils font tous une réforme, vite oubliée, mais qui nous prend toujours du temps", explique Christine Gaudin.

Les directeurs, comme les enseignants, ont le sentiment de perdre une énergie précieuse pour des sollicitations extrascolaires. "On voit pa! sser tellement de projets ministériels ou départementaux ! Une fois, c'est la semaine de la faim dans le monde, l'autre fois, la sécurité routière... J'en suis à ouvrir mon courrier dehors, pendant la récréation" , note Catherine Lerigoleur, 43 ans, directrice d'une école de deux classes à Villers-en-Vexin (Eure).

Pour accomplir ces tâches, les directeurs reçoivent des indemnités fixes (115 euros par mois) et d'autres déterminées en fonction de la taille de l'école (de 10 euros pour les écoles à classe unique à 144 euros pour les écoles de plus de dix classes). L'incitation est jugée insuffisante. Après vingt-cinq ans d'exercice, Damien Godiet perçoit 2 030 euros par mois, dont 10 % environ pour sa fonction de directeur. Après seize années, Nathalie Lagouge ne touche que 1 700 euros, mais bénéficie d'un logement de fonction.

La plupart des directeurs font état d'un minimum de 45 heures hebdomadaires de travail. "Je vois des collègues directeurs qui abando! nnent leurs fonctions à 50 ans parce qu'ils n'en peuvent plus.! Ils se disent : tant d'efforts pour si peu de reconnaissance..." , glisse Christine Gaudin.

A la rentrée, 4 200 postes de directeurs d'école étaient dits "vacants" : personne, dans les établissements concernés, ne s'est porté candidat, et le ministère a donc dû désigner un enseignant "faisant fonction" de directeur.

Luc Bronner

Les inspecteurs protestent aussi

Les inspecteurs de l'éducation nationale (IEN) chargés des circonscriptions du premier degré ont commencé, à la rentrée scolaire, un mouvement de "grève administrative" . Ces fonctionnaires, qui ont la responsabilité d'évaluer les professeurs des écoles et d'animer les équipes pédagogiques, réclament une amélioration de leurs conditions de travail, en particulier sur le plan de la rémunération. Comme les directeurs d'école, les inspecteurs ne font pas remonter certaines informations (enquête, rapports...)! à leur hiérarchie et boycottent une partie des réunions.

Article paru dans l'édition du 20.09.05

Posté(e)

tiens j'en connais un ( c'est lui qui m'a inspecté en t2 :) ). très sympathique et humain...

j'aime bien l'anecdote de la plante verte :P

euh, bon, sinon, j'ai rien à dire :blush:

Posté(e)

"Nous terminons au même salaire que si nous étions restés professeurs des écoles."

Ca, ça ressemble à du mépris pour les PE. <_<  En ce qui me concerne, j'ai 17 ans d'expérience dans l'industrie en PME, d'abord comme technicien supérieur en informatique (4ans), ensuite comme ingénieur développeur(4ans), puis comme chef de projets(6ans) et enfin comme responsable d'un bureau d'études de 8 personnes(3ans). Je viens de passer le concours de PE (envie depuis longtemps, viré et marché du travail archi-bouché) et l'Etat s'en tamponne, de toute mon expérience. :cry:  Mon salaire va être divisé par 2 et tout le monde trouve ça normal. Alors les inspecteurs, malgré tout le respect, n'ont pas forcément à se plaindre. Tout est relatif... ;)

Pour le reste, c'est intéressant, on apprend des choses sur leur métier. Je retrouve des plaintes que je formulais lorsque j'exerçais des responsabilités dans le privé. Mais moi, je n'avais pas le droit de grève et j'ai fini par me faire virer du jour au lendemain... :ninja:

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