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Le ras-le-bol des directeurs d'école, en grève invisible depuis six ans

LE MONDE | 19.09.05 | 13h49 • Mis à jour le 19.09.05 | 13h49

Pour la sixième rentrée scolaire consécutive, une majorité des quelque 52 000 directeurs d'écoles maternelles et élémentaires publiques sont en grève administrative pour obtenir une amélioration de leurs conditions de travail. Afin d'exprimer leur lassitude, ils refusent de répondre aux enquêtes statistiques de leur hiérarchie ­ une attitude sans conséquence pour les élèves et les enseignants, mais qui complique le travail de l'administration. A l'appel des principaux syndicats, ils entendent manifester leur mobilisation et accroître la pression sur le gouvernement en organisant, mercredi 21 septembre, des rassemblements dans tous les départements.

Les directeurs témoignent d'un "ras-le-bol" croissant face à la "course contre le temps" qu'ils se disent obligés de livrer. Dominique Griffaut, 49 ans, directeur d'école depuis six ans et autant d'années de grève administrative, réclame un allégement de son service d'enseignement. "Il faut gérer la classe et la direction en parallèle, ce qui est parfois quasiment impossible" , explique l'enseignant, qui s'occupe à mi-temps d'une classe de CE1 et pour l'autre mi-temps de l'administration de son école de dix classes, à Bailly-Romainvilliers (Seine-et-Marne).

"MILLE ET UNE" TÂCHES

Ce qui pouvait fonctionner il y a dix ou vingt ans n'est plus pertinent aujourd'hui, assure-t-il : "Nos missions se sont multipliées : il y a les langues vivantes, l'intégration des élèves handicapés, la prise en charge des malades, les relations avec le collège, les rapports avec les élus communaux et intercommunaux." Conséquence, l'organisation actuelle ­ avec une réduction du temps d'enseignement pour les directeurs d'école de plus de cinq classes ­ ne suffit plus.

Cette urgence permanente est décrite comme "épuisante" . "Avec une classe à temps plein et la direction, on a le sentiment de mal faire les deux" , explique Nathalie Lagouge, 39 ans, directrice d'une école de quatre classes à Rugles (Eure). Comme le prévoit la réglementation, son école ayant moins de cinq classes, elle ne dispose d'aucune décharge. "Si j'avais une demi-journée par semaine, je pourrais organiser le travail administratif correctement" , affirme-t-elle.

Les directeurs sont contraints de passer d'une tâche à l'autre en permanence sans disposer de moyens administratifs. Christine Gaudin, 46 ans, directrice d'une école maternelle de trois classes à Tours, décrit les "mille et une" choses accomplies en plus de ses 26 heures hebdomadaires d'enseignement : "Je suis DRH pour les personnels municipaux dans l'école. Je suis secrétaire, assistante sociale, standardiste, chef de travaux quand il y a une fuite, intendante pour les commandes, concierge pour surveiller l'entrée. Et météorologue, quand la mairie me demande en novembre combien de sacs de sel il faut commander pour les gels à venir dans la cour de recréation !"

Comme beaucoup de directeurs, Damien Godiet, 46 ans, en poste dans une école de six classes à Epernay (Marne), a le sentiment de se disperser dans quantité d'activités de faible importance mais qu'une personne doit impérativement assumer pour le bon fonctionnement de l'école : "Depuis ce matin, en plus de ma classe, j'ai dû gérer le bug de mon ordinateur au moment de sortir le listing des élèves pour leur participation aux ateliers du soir. J'ai accueilli des employés municipaux qui venaient réparer un problème de robinet. J'ai donné un coup de main à ma collègue de maternelle qui avait un problème avec la cartouche d'encre."

Là où tous les collèges disposent d'un principal, d'un conseiller principal d'éducation et d'un intendant, des écoles de taille comparable se contentent d'un poste de directeur. " Nos moyens matériels et humains n'ont pas évolué et restent ceux des années 1970" , résume Dominique Griffaut. La formation, qualifiée d'intéressante, se révèle très rapidement dispensée : quatre semaines pour prendre la mesure de toutes les responsabilités ­ y compris pénales en cas d'accident et de procès.

En bout de chaîne de l'administration de l'éducation nationale, les directeurs ont le sentiment de crouler sous les demandes de leur hiérarchie ­ ce que l'ancien ministre François Fillon avait résumé sous l'expression de "harcèlement textuel" . "J'ai redécouvert dans un placard la Charte pour l'école du XXIe siècle -lancée par Claude Allègre, en 1998- . Je l'ai jetée parce que ça ne sert plus à rien. Et c'est comme ça avec tous les ministres : ils font tous une réforme, vite oubliée, mais qui nous prend toujours du temps", explique Christine Gaudin.

Les directeurs, comme les enseignants, ont le sentiment de perdre une énergie précieuse pour des sollicitations extrascolaires. "On voit passer tellement de projets ministériels ou départementaux ! Une fois, c'est la semaine de la faim dans le monde, l'autre fois, la sécurité routière... J'en suis à ouvrir mon courrier dehors, pendant la récréation" , note Catherine Lerigoleur, 43 ans, directrice d'une école de deux classes à Villers-en-Vexin (Eure).

Pour accomplir ces tâches, les directeurs reçoivent des indemnités fixes (115 euros par mois) et d'autres déterminées en fonction de la taille de l'école (de 10 euros pour les écoles à classe unique à 144 euros pour les écoles de plus de dix classes). L'incitation est jugée insuffisante. Après vingt-cinq ans d'exercice, Damien Godiet perçoit 2 030 euros par mois, dont 10 % environ pour sa fonction de directeur. Après seize années, Nathalie Lagouge ne touche que 1 700 euros, mais bénéficie d'un logement de fonction.

La plupart des directeurs font état d'un minimum de 45 heures hebdomadaires de travail. "Je vois des collègues directeurs qui abandonnent leurs fonctions à 50 ans parce qu'ils n'en peuvent plus. Ils se disent : tant d'efforts pour si peu de reconnaissance..." , glisse Christine Gaudin.

A la rentrée, 4 200 postes de directeurs d'école étaient dits "vacants" : personne, dans les établissements concernés, ne s'est porté candidat, et le ministère a donc dû désigner un enseignant "faisant fonction" de directeur.

Luc Bronner

je ne cherche pas à lancer un débat j'informe mais on pourrait peut-être le mettre aussi dans graffiti?

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:blush::blush::blush::blush:
Posté(e)
  darthwader2 a dit :

Non, non, non, ne rougis pas, non, ne rougis pas.

Tu as, tu as toujours de beaux yeux.

Ne rougis pas, non, ne rougis pas.

On ne peut pas tout lire

:whistling::whistling:;):wub:

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surtout quand on est en grève adaministrative et que l'on en fait pas tout.alors ceux qui font tout ils font comment? :blush::blush::cry:

Posté(e)

Pour une fois un article qui dit bien les réalités du terrain ;) genre le courrier ouvert sur la cour :P enfin moi c'est en mangeant le midi :(

Le pire c'est que j'aime ce que je fais mais bon sang que les journées et les semaines sont courtes :(

Avantage on voit les vacances arrivées bien plus vite, désavantage, et ma classe quand est-ce que j'ai le temps d'y réfléchir, et ma vie de famille...... :(

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Un reportage sur la 2 ce matin. :) Court, mais qui rend bien compte du boulot et de la réalité du terrain. :)

Posté(e)

S@lut,

Le 15 est paru un article dans l'EXPRESS

où notre grève est qualifiée de longue et méconnue.

Et le Monde a édité une suite à son article:ici

Enfin, une dépêche sur Vous Nous Ils:

  Citation
Journée de mobilisation des directeurs d’école

Les syndicats des directeurs d'école appellent à une journée nationale d'action unitaire aujourd'hui, mercredi 21 septembre. Ils entendent à nouveau dénoncer leurs conditions de travail, notamment le manque de moyens et leurs emplois du temps surchargés. Ce mouvement est relancé à chaque rentrée scolaire depuis sept ans.

Outre des rassemblements prévus dans les différentes académies, les syndicats appellent à la grève administrative. Les directeurs d'école bloqueront toutes les remontées d’informations et refuseront de répondre aux enquêtes des académies et rectorats. Le mouvement ne devrait avoir aucune conséquence dans le fonctionnement des établissements, en revanche il vise à entraver le travail de l'administration.

Sources  Nouvel Obs, AP

:zorro:

Posté(e)

J'ai aussi entendu parler de notre grève ce matin sur france inter et pas seulement un entre-filet, ils ont pris le temps de développer et d'interwiewer un directeur ( bon décharger complètement car sur Paris...mais déjà bien ;) )

La bouteille à l'encre n°89 il y a quelques explications sur la base école, visiblement affaire à suivre de près <_<

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