cendrillon Posté(e) 24 janvier 2006 Posté(e) 24 janvier 2006 Voilà, je vous en parlais il y a peu; c'est un père d'élève qui vient à l'école tous les jours, une odeur forte d'alcool dans son sillage. Depuis la rentrée de janvier, il semble que la situation s'aggrave. Son fils manifeste d'ailleurs des troubles du comportement. Ses troubles ont fait l'objet de plusieurs entretiens avec les parents. Depuis plusieurs semaines, je tirais la sonnette d'alarme, et vendredi soir, tout s'est précipité. Très éméché, le papa est arrivé à l'école et n'est pas parvenu à monter les escaliers. Il se tenait plié en deux, et se plaignait de violentes douleurs thoraciques. Je l'ai installé à l'abri du public, et j'ai filé appeler les secours. Les secours sont arrivés et ont constaté l'état d'ivresse, ainsi qu'un début d'infarctus... Ils l'ont emmené à l'hôpital. J'ai donc appelé son épouse, afin de l'informer des faits. Suite à cet épisode déjà douloureux, j'ai fait une note d'information à l'ASE. Et contrainte par mes obligations, j'ai informé la maman de tout ce que j'avais mis en place, de nos constats (comportement de l'enfant, état récurrent du père). Le moment a été très délicat à gérer. La maman a compris que j'avais obligation de faire ce signalement, elle a admis que son mari avait un "problème", elle a compris que je ne pouvais pas rester insensible à une situation témoin d'une détresse (le papa est au chômage depuis 8 ans) mais elle a aussi conclu que lorsqu'elle lui raconterait tout ça, il prendrait très mal la chose, et viendrait me trouver pour "s'expliquer". Elle m'a prédit cette petite entrevue <_< pour lundi, lorsqu'il se sentirait un peu plus solide. Ce papa n'est pas connu pour sa délicatesse, et a des relations difficiles avec le personnel féminin de l'école. J'ai averti mon ien, qui fait en sorte que je ne me "trouve pas seule" (RASED comme par hasard dans les locaux, police municipale prête à intervenir si toutefois...). Ce soir, je ne suis pas fière . Même si j'ai accompli mon devoir, je ne me sens pas très en sécurité. 2 signalements en l'espace de 2 mois (le précédent était très grave, et a conduit au placement des enfants), ça fait beaucoup pour mes nerfs. En tant que directeurs, je trouve qu'on encaisse beaucoup. Nos adjoints n'ont pas conscience de cette réalité...
Moustache Posté(e) 24 janvier 2006 Posté(e) 24 janvier 2006 Maigre consolation, dis toi que tu te serais sentie encore plus mal si tu n'avais rien fait... mhouais... pas toujours facile ! Bon courage.
cendrillon Posté(e) 24 janvier 2006 Auteur Posté(e) 24 janvier 2006 Merci, Mous, je savais bien que je trouverais un peu de réconfort dans tes papattes de Nounours... Mais tu as raison, je n'aurais pas été très en règle avec ma conscience si je n'avais pas bougé... <_<
dada Posté(e) 24 janvier 2006 Posté(e) 24 janvier 2006 Cendrillon j'ai vécu la même chose ma première année de direction, mon collègue directeur d'élémentaire était carrément au milieu du hall de l'école, la police nationale sur le parking, le papa est venu mais il n'a rien fait, j'ai tremblé je peux te l'assurer..... Si tu as vraiment très peur demande quelqu'un près de toi mais vraiment physiquement ..Et pour tes collègues ben dis leur que tu as peur, que tu n'es pas tranquille, l'an passé j'ai eu de gros soucis aussi, j'en ai beaucoup parler aux collègues, d'abord parce que ça me faisait du bien à moi ( ben oui des fois faut se l'avouer) et ensuite pour que justement ils se rendent compte qu'on n'est pas corvéable à merci Courage Cendrillon
Miss Philoména Posté(e) 24 janvier 2006 Posté(e) 24 janvier 2006 J'ai averti mon ien, qui fait en sorte que je ne me "trouve pas seule" (RASED comme par hasard dans les locaux, police municipale prête à intervenir si toutefois...). Ce soir, je ne suis pas fière . Même si j'ai accompli mon devoir, je ne me sens pas très en sécurité. 2 signalements en l'espace de 2 mois (le précédent était très grave, et a conduit au placement des enfants), ça fait beaucoup pour mes nerfs. En tant que directeurs, je trouve qu'on encaisse beaucoup. Nos adjoints n'ont pas conscience de cette réalité... Eh bin, Cendrillon ! Je te souhaite tout plein de courage. Tu me semble faire les choses calmement, rationnellement... Pour les adjoints, quand l'enfant est dans leur classe, c'est eux qui signent aussi les papiers et c'est eux qui peuvent éventuellement se retrouver au poste pour faire la déposition (j'ai donné l'an dernier). Donc, je comprends tout à fait ce que tu ressens (puisque je me faisais même raccompagner jusqu'à ma voiture)... Courage, Tu as fait ton travail pour protéger l'enfant et sa famille.
cendrillon Posté(e) 24 janvier 2006 Auteur Posté(e) 24 janvier 2006 J'ai averti mon ien, qui fait en sorte que je ne me "trouve pas seule" (RASED comme par hasard dans les locaux, police municipale prête à intervenir si toutefois...). Ce soir, je ne suis pas fière . Même si j'ai accompli mon devoir, je ne me sens pas très en sécurité. 2 signalements en l'espace de 2 mois (le précédent était très grave, et a conduit au placement des enfants), ça fait beaucoup pour mes nerfs. En tant que directeurs, je trouve qu'on encaisse beaucoup. Nos adjoints n'ont pas conscience de cette réalité... Eh bin, Cendrillon ! Je te souhaite tout plein de courage. Tu me semble faire les choses calmement, rationnellement... Pour les adjoints, quand l'enfant est dans leur classe, c'est eux qui signent aussi les papiers et c'est eux qui peuvent éventuellement se retrouver au poste pour faire la déposition (j'ai donné l'an dernier). Donc, je comprends tout à fait ce que tu ressens (puisque je me faisais même raccompagner jusqu'à ma voiture)... Courage, Tu as fait ton travail pour protéger l'enfant et sa famille. Aucun des enfants signalés n'étaient dans ma classe (heureusement, la tâche aurait été encore plus délicate pour moi) et aucun adjoint n'a pris les papiers pour faire un signalement. Pourtant, ils se justifiaient... Mais le principal est que les signalements aient été faits, que les enfants soient pris en charge éventuellement... D'ailleurs, l'élémentaire à côté était aussi concernée par une famille commune et n'a pas bougé. Pour certains, c'est plus facile de se voiler la face
cendrillon Posté(e) 24 janvier 2006 Auteur Posté(e) 24 janvier 2006 En fait, quand l'IEN m'en a parlé, j'ai proposé une présence discrète de la police. Mais tu as peut-être raison, Dada, peut-être vaut-il mieux qu'ils soient visibles, ça calme sans doute les ardeurs, et puis cela formalise peut-être encore plus auprès du père mon devoir de signaler ce fait? Il faut préciser que ces gens ont d'autant plus peur de se voir retirer leurs enfants, qu'ils auraient fait l'objet (la maman l'a vaguement évoqué) d'un signalement de la part d'une directrice "pas du tout humaine et qui n'avait rien compris" et que les services sociaux les connaissaient sur leur ancien lieu de résidence (j'ai vérifié, ces gens sont arrivés il y a 2 ans).
Maïs Posté(e) 24 janvier 2006 Posté(e) 24 janvier 2006 La situation n'est pas facile à vivre , mais comme les autres, je pense quee tu as bien fait, bon courage Cendrillon
darthwader2 Posté(e) 24 janvier 2006 Posté(e) 24 janvier 2006 Bravo tu l'as fait. Mais préviens quand même l'autonome. De toute façon ces angoisses là on les a tous à un moment donné. Si tu te sens seule appelle la psy scolaire ça fait aussi partie de ses fonctions de nous aider à gérer les situations délicates. Lundi soir avec la collègue de maternelle nous sommes allées porter plainte contre un enfant qui a cassé des vitres à l'école. Réponse de la mère "je suis assurée". La semaine prochaine elle va être convoquée au commissariat. alors pendant quelques temps on rasera les murs et on regadera nos roues.
calinours Posté(e) 24 janvier 2006 Posté(e) 24 janvier 2006 Une mère d'élève est venue aujourd'hui me demander de la soutenir par écrit (suggestion de son avocat) pour appuyer sa procédure d'appel d'une décision de Mme la juge des enfants (placement imminent). J'ai refusé catégoriquement, en reconnaissant toutefois que le changement d'école qui suivrait pertuberait sûrement F., une gamine qui prenait petit à petit ses repères... Je n'ai jamais eu à téléphoner au proc dans l'urgence. Mais j'ai rendu compte aux éducateurs mandatés par le juge des enfants. Il m'est arrivé de rendre compte au bureau de police du comportement de certains de nos "clients" : agressivité, ivresse... J'ai rédigé des "fiches incidents". J'ai contacté les partenaires sociaux (médecins, puéricultrice ou AS) pour trouver de l'aide dans certains cas, gagner du temps, m'assurer que "tout a été tenté"... Ca n'est pas toujours possible et quand un inspecteur de police mandaté vient "chercher" un enfant à l'école pour un placement immédiat, ça m'est arrivé deux fois déjà, ça fait drôle, juste le temps de mettre une peluche (un ours si possible) dans les bras du petit et hop... Tu as bien fait cendrillon, ce ne sont jamais des situations faciles à vivre, encore moins pour une femme je crois, mais tu as bien fait ! Reste vigilante maintenant sans céder à l'angoisse, tu es très courageuse et ça, même si certains de tes collègues ont oublié de te le dire : ils le savent mieux que personne.
cendrillon Posté(e) 24 janvier 2006 Auteur Posté(e) 24 janvier 2006 Tu as bien fait cendrillon, ce ne sont jamais des situations faciles à vivre, encore moins pour une femme je crois, mais tu as bien fait ! Reste vigilante maintenant sans céder à l'angoisse, tu es très courageuse et ça, même si certains de tes collègues ont oublié de te le dire : ils le savent mieux que personne. Je ne crois pas que les collègues mesurent. Je pense que l'an prochain, mon poste sera vacant. Cette misère, je ne suis pas capable de l'assumer. J'ai demandé à mon ien si mes signalements lui semblaient justifiés, si je n'étais pas en train de virer parano. Elle m'a confirmé que sur cette école, les signalements se justifiaient (je suis nouvelle ici)... Bref, moi, cette réalité, je ne peux pas la porter seule sur mes épaules. Le précédent signalement (maltraitance physique avec preuves, une petite soeur au comportement autistique...) j'ai vu mes ATSEMs se monter contre moi: "il fallait comprendre, une petite claque, quand même... Et puis retirer les enfants au moment des fêtes, c'était un peu gros, non?" ... Bref, une honte... J'ai fini par leur renvoyer à la figure leurs responsabilités de citoyennes, après tout, elles connaissaient les enfants depuis 2 ans, elles, et elles ont tu une réalité qui les encombrait... Je trouve qu'on est parfois très seuls, avec ce fardeau de direction... Je me sens bête de venir vous balancer ça... Mais je vous remercie tous pour vos messages. Votre soutien, vos encouragements représentent beaucoup...
dada Posté(e) 24 janvier 2006 Posté(e) 24 janvier 2006 Cendrillon pour les ATSEM, la prochaine fois rappelle leur gentiment mais fermement qu'elles auraient pu être condamnées pour non assistance à mineur en danger, déjà ça les refroidira Par ailleurs comme tu le suggères Darth, appelle l'autonome, ça mange pas de pain comme on dit mais c'est un petit plus de ton coté. La psy scolaire pareille, l'an passé je l'ai appelé pour discuter et me soutenir ( elle est très très bien ) Et moi je te le dis , tu as bien fait , pour habiter dans un secteur où malheureusement depuis trois ans il a été demantelé quelques réseaux je t'assure que je n'ai aucun remords à faire un signalement et le médecin scolaire de l'ia non plus , comme elle m'a dit l'an passé, elle a vu et entendu des horreurs, et c'est l'école qui a permis de soulever le panier de crabes dans certains cas Au final même si j'en suis malade quand il faut appuyer sur "envoi" au procureur de la république ( 4 fois en 3 ans quand même...) je me dis que ce sont des enfants ( petits chez moi puisque maternelle) et que l'enquête derrière ce n'est pas moi, j'ai fait mon travail de directrice, d'enseignante, de maman, de citoyenne... pour toi Cendrillon
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