Vilie Posté(e) 17 avril 2006 Posté(e) 17 avril 2006 Il y a maintenant une semaine, j'ai bataillé (et le mot est faible) avec un de mes élèves pendant une 1/2heure. Suite à une attitude et des propos non accptables, j'ai posé comme punition la non autorisation de sortir en récréation pour un certain temps à un de mes élèves de presque 10 ans. N'acceptant pas ma décision, il s'est mis à me répondre, à me bousculer. J'ai du le maintenir au sol. Il est sorti de la classe avant que la récréation ne sonne. Je ne l'ai pas suivi mais je gardais un oeil sur lui. Dans la cour, je suis allée le chercher mais il s'est mis à nouveau à me bousculer. Il m'a insulté. Il a levé la main sur moi à 2 reprises, m'a menacé de me frapper, a cherché à me mordre afin que je lâche prise. Je voyais bien que plus il restait avec moi, plus il s'énervait mais personne n'est venu m'aider. C'est une éducatrice qui passait par là et qui ne s'occupe pas de mes gamins qui a pris le relais. Il s'est calmé au bout de 10 minutes avec elle après l'avoir amené dans un autre lieu. Il a été exclu de ma classe pendant 2 jours (jeudi et vendredi). Il était chez les grands, ce qui lui convenait parfaitement. Donc côté sanction... Pendant ces 2 jours, il m'a cherché et a même failli recommencer. Je suis complètement dépassée . Je ne sais pas ce que je peux faire. Je sais que je ne dois pas céder mais, je ne pensais pas dire ça un jour, j'ai "peur". Peur de me faire taper et de ne pas savoir comment répondre sur le coup. Nous n'avons pas le droit de frapper un enfant mais en réflexe, ça risque de partir. Ca peut se retourner contre moi. Peur de ne plus avoir le dessus. Il sent que je suis dépourvue et veut me pousser à bout et/ou prendre le dessus. Je pense que je suis devenue sa bête noire. Je rappelle, pour ceux que seraient choqués et surpris, que je travaille dans un ITEP (Institut Thérapeutique, Educatif et Pédagogique pour enfants à problèmes); ce sont donc des enfants plus ou moins violents. J'en ai 8 dans ma classe et celui-ci est le plus âgé, le plus intelligent (tant au point scolaire que psychologique: il cerne très bien les comportements et les sentiments des adultes). Qu'est-ce que je peux faire? Comment réagiriez-vous à ma place ou bien comment avez-vous réagi si vous avez vécu la même situation?
téchiney Posté(e) 17 avril 2006 Posté(e) 17 avril 2006 Cela m'est arrivé il ya peu et j'ai ressenti également une grande peur.Je te conseille de prendre contact avec l'autonome de solidarité de ton département.C'est ce que j'ai fait:non seulement cela aide moralement mais c'est aussi une précaution en cas de dérapages ultérieurs.Sinon, ce que j'ai fait aussi est de convoquer les parents-qui ont été très longs à se bouger-cela a assaini la situation pour quelque temps.J'ai quand même l'impression que marquer le coup très vite est important.J'allais oublier:on m'a conseillé de prendre contact avec ma hiérarchie mais je ne l'ai pas fait.Je te souhaite bon courage.
Novana Posté(e) 17 avril 2006 Posté(e) 17 avril 2006 Ca m'est arrivée il y a trois semaines...Les faits sont vraiment similaires. J'ai appelé l'IEN pour qu'elle m'aide et elle a décidé de faire une équipe éducative exceptionnelle pour trouver une solution. (Dans ton cas ça peut être une réunion de synthèse exceptionnelle avec les éducs et le directeur de l'ITEP) Pour mon élève, la solution a été de l'exclure 3 jours (mais vraiment exclue, pas dans une autre classe), puis de revenir en classe avec un temps allégé, et on refait un point 1 mois après ( c'est une sorte de période d'essai). Moi à ta place je demanderais une réunion exceptionnelle pour poser les choses et éventuellement je demanderais à ce qu'il intègre la classe des grands (tu dis que c'est le plus âgé de ta classe, peut-être le vit-il mal). Il ne faudrait surtout pas le voir comme une défaite de ta part mais comme une solution pour LE calmer, pour TE calmer, et pour calmer les autres. Sinon, peut-etre qu'un temps allégé avec contrat à lui faire signer serait aussi possible, c'est à voir avec la direction de l'ITEP... En tout cas je vais te donner le même conseil qu'on m'a donné il y a 3 semaines: sors, aère toi, fais du sport, fais autre chose, ça m'a vraiment aidé,moi. Et ne te culpabilise pas. Ce n'est pas de ta faute. C'est lui, qui va mal, pas toi. Et enfin, si vraiment ça ne va pas, n'hésite pas à t'arrêter.
sahra Posté(e) 19 avril 2006 Posté(e) 19 avril 2006 Comment réagirions nous à ta place ? Comme tu l'as fait probablement. En contenant physiquement le gamin, en appellant à l'aide ses collègues... La peur peut faire partie du travail en ITEP. C'est naturel, très dur, d'autant plus qu'il faut la cacher aux jeunes... Les crises arrivent le plus souvent sur le temps de classe "lieu de tous les défis et les oppositions" . Nous, enseignants, les conduisons justement ou il ne veulent pas aller, là où ils souffrent : face à eux même, face au passé, à l'avenir, etc. à la rencontre de ce qui les empêche d'apprendre... Le mieux est d'isoler le plus rapidemant possible le gamin violent pour ne pas complétement déstabiliser le groupe provoquant des crises à répétition. Mais ce n'est pas toujours possible (chez nous les locaux ne s'y prêtent pas) et de ne pas rester seul : si un jeune en a après toi, un collègue peut prendre le relais le temps qu'il se calme. C'est logique, non ? Le bureau du directeur semble être un bon lieu d'isolement dans ce cas, surtout si celui-ci profite de l'occasion pour afficher son soutien à l'enseignant ! Je suis outrée par le comportement des différents professionnels dans ton établissement : si on offre des failles à un jeune présentant des TC, il s'y engouffre !!! La cohésion et la solidarité sont le seul remède à ça ! Comment conçoivent-ils leur travail ??? Je te souhaite bien du courage. Surtout, ne te mets pas en danger : tu sais que tes élèves peuvent passer à l'acte. Tiens le coup quelques jours (sans montrer tes craintes), au besoin impressionne le gamin violent, seul, sans le violenter bien sur... Mais s'il s'est construit sur le mode de la violence, si c'est un enfant abandonique, il peut chercher ce rapport de force, donne le lui, montre lui que tu détiens l'autorité et que tu ne la partageras pas quoi qu'il arrive !!! (plus facile à dire qu'à faire...). S'il te sent plus forte que lui, il te craindra peut-être et te respectera. Et puis repose toi quelques jours, sans scrupules. Sahra
NéoPhyte Posté(e) 19 avril 2006 Posté(e) 19 avril 2006 Alors moi à ta place j'aurais un autre type de réaction (qui je sais n'est pas trop conseillé avec ce genre d'enfant: je l'ignorerais pendant quelques jours; je pense que ca pourrait le faire se calmer: c'est le genre de gamin qui cherche à se faire remarquer, qui veut de l'attention... si c'est vraiment le cas, je l'ignorerais, meme si je sais que la méthode ne plait pas à beaucoup de monde...
aistellh Posté(e) 19 avril 2006 Posté(e) 19 avril 2006 vilie ne reste pas seule avec tout ça, profite d'être en Itep pour faire intervenir les corps de métier qui s'y trouvent. Des évènements de ce genre doivent se gérer de manière collégiale. Mets tout par écrit, met ton rapport dans le dossier du gamin, donne en un à ta direction et un autre à ton IEN. T'en gardes un exemplaire pour toi que tu " enrichis" au fur et à mesure des agissements de ton élève. Contacter l'autonome, oui, fais le. Tu es syndiquée? Rien qu'une écoute et quelques conseils de leur part pourrait te soulager. Je te mettrai en garde contre deux choses: l'isolement. Implique ta hiérarchie, celle de l'ITEP et de l'éducation nationale parce que si tu restes dans ton coin, ils ne viendront pas te chercher. J'en ai même vu que ça arrangeait de ne rien voir <_< Ne pas te laisser dominer par les élèves. Il y a beaucoup de non dit dans nos rapports avec les élèves et ceux scolarisés en ITEP ne font pas exception...au contraire serais-je tentée de dire. Si un élève sait que tu ne t'autorises pas à donner une gifle....il a pris le dessus sur toi. Il fera en sorte de te pousser à bout et de te faire passer à l'acte. Attention tout ça n'est pas calculé ou prémédité mais quand ils ont trouvé une " faille" ils s'y engouffrent. Il m'est arrivé de donner en dernier ressort une gifle à un élève qui m'avait donné des coups volontairement dans le but de faire mal. Il n'en a jamais reparlé et ça a eu le mérite d'en dissuader un autre.
NéoPhyte Posté(e) 19 avril 2006 Posté(e) 19 avril 2006 Si un élève sait que tu ne t'autorises pas à donner une gifle....il a pris le dessus sur toi. Il fera en sorte de te pousser à bout et de te faire passer à l'acte. Attention tout ça n'est pas calculé ou prémédité mais quand ils ont trouvé une " faille" ils s'y engouffrent. Il m'est arrivé de donner en dernier ressort une gifle à un élève qui m'avait donné des coups volontairement dans le but de faire mal. Il n'en a jamais reparlé et ça a eu le mérite d'en dissuader un autre. Complètement d'accord sur le fond!!! et j'irai meme plus loin, tu obtiendras sont "respect" s'il s'apercoit que tu te laisses pas faire et que tu n'as pas peur de lui! (propos vérifiés dans un centre pour grands ados très difficiles et à lourd passé judiciaire...)
Vilie Posté(e) 20 avril 2006 Auteur Posté(e) 20 avril 2006 Alors là! Merci! Je suis touchée par votre soutien et vos réponses aussi rapides D'avance, je vous prie de m'excuser si ma réponse contient quelques erreurs de syntaxe ou autres mais je suis morte de fatigue. :P J'ai envoyé un mail à l'autonome mais je n'ai pas encore de réponse. Pour avoir travailler avec des enfants en tant qu'animatrice pendant 4 ans, je sais que les élèves s'engouffrent vite dans les failles des adultes mais ils étaient faciles à recadrer. Par contre, là, c'est BEAUCOUP plus dur puisque c'est un combat de tous les jours. Ce qui est gagné un jour peut être perdu le lendemain. Il y a des traces mais elles ne sont visibles que sur le long terme. Je sais que cet enfant me teste à fond. Ce qui m'a rassuré, c'est que, contrairement à ce que je pensais, il n'agit pas comme ça qu'avec moi. Il le fait aussi maintenant avec les éducateurs. Mais eux, ils ont l'avantage d'être à 2 quand ils les ont tous ce qui leur permet de passer le relais plus facilement et plus vite, quitte à se relayer. J'aurais bien voulu l'isoler mais il est presque aussi grand que moi, une différence de 10kg et de la force (il a quand même réussi à me faire tomber). Toute cette semaine, j'ai appréhendé chaque jour, y compris celui de demain. Je pense que ce sera ainsi pendant longtemps. Mardi prochain, une synthèse à son sujet est prévue. Ils vont sûrement me demander si je trouve qu'il passe trop de temps en classe en ce moment et qu'il lui faudrait peut-être plus de temps éducatifs mais s'il est pareil à ces moments-là, c'est que la classe n'est pas le problème. On sait que chez lui c'est difficile (divorce, violence...) mais on n'a pas trop d'influence sur ça hormis l'assistante sociale. Le gifler s'il me fait mal, que je le veuille ou pas, je crois qu'il s'en prendra une par pur réflexe et pure défense. Est-ce que l'arrêtera? Là est la question. L'ignorer, je le fais dès qu'il se met à faire l'abruti et je l'ai fait les 2 jours où il a été exclu de ma classe mais comme vous l'avez dit, c'est parfois risqué dans ce milieu. Merci encore à vous tous. Ca fait du bien de voir que ce que je ressens et vis est normal. Que ce n'est pas seulement parce que je suis débutante et non formée.
Novana Posté(e) 20 avril 2006 Posté(e) 20 avril 2006 Après peut-être que je vais en choquer certains mais dans un ITEP de mon département il y a des sanctions très très disuasives, dont une "marche de réflexion"de 50 km, en cas de manquement grave au réglement. Ca marche bien car les élèves craigent vraiment la sanction et se contrôlent mieux... Après je comprends que ça puisse choquer...
le dauger Posté(e) 20 avril 2006 Posté(e) 20 avril 2006 Alors moi à ta place j'aurais un autre type de réaction (qui je sais n'est pas trop conseillé avec ce genre d'enfant: je l'ignorerais pendant quelques jours; je pense que ca pourrait le faire se calmer: c'est le genre de gamin qui cherche à se faire remarquer, qui veut de l'attention... si c'est vraiment le cas, je l'ignorerais, meme si je sais que la méthode ne plait pas à beaucoup de monde... euh si je puis me permettre la méthode "je t'ignore puisque tu veux que je m'occupe de toi" pour des mômes en ITEP ça m'étonnerait que ça marche , juste pour rappeler que ces enfants là sont en grande souffrance psychologique et qu'ils expriment à leur manière, ou comme ils ont vu ou appris, leurs sentiments. S'ils sont là c'est pour des bonnes raisons. Ce qui m'étonne c'est que tu décris la situation de la classe comme si tu étais toute seule pendant le temps de classe ??? n'y a-t-il pas un éducateur avec toi ??? et bien sûr qu'il faut avertir la hiérarchie de la situation, et ne pas attendre (une semaine ça me paraît beaucoup trop long) sinon ça ne prend plus de sens de sanctionner. La seule solution en cas de dérapage de l'enfant c'est d'immédiatement l'isoler à l'instant des faits et rien d'autre sinon c'est l'escalade vers la violence et c'est ce qu'il cherche de toutes les façons, le conflit étant son seul moyen de communication. bon courage
aistellh Posté(e) 21 avril 2006 Posté(e) 21 avril 2006 Ca fait du bien de voir que ce que je ressens et vis est normal. Que ce n'est pas seulement parce que je suis débutante et non formée. Bien sûr que non! Et puis dis toi bien que tu as l'obligation de moyens, pas de résultats. Ce n'est pas de toi uniquement que dépend la solution...si jamais il y en a une...Alors chacun à son niveau de l'instit en passant par l'éduc, le psy, le directeur et l'inspecteur doit se retrousser les manches et ne pas " faire la pie crevée" comme on dit par chez nous. Garde courage et discernement
NéoPhyte Posté(e) 21 avril 2006 Posté(e) 21 avril 2006 Alors moi à ta place j'aurais un autre type de réaction (qui je sais n'est pas trop conseillé avec ce genre d'enfant: je l'ignorerais pendant quelques jours; je pense que ca pourrait le faire se calmer: c'est le genre de gamin qui cherche à se faire remarquer, qui veut de l'attention... si c'est vraiment le cas, je l'ignorerais, meme si je sais que la méthode ne plait pas à beaucoup de monde... euh si je puis me permettre la méthode "je t'ignore puisque tu veux que je m'occupe de toi" pour des mômes en ITEP ça m'étonnerait que ça marche , juste pour rappeler que ces enfants là sont en grande souffrance psychologique et qu'ils expriment à leur manière, ou comme ils ont vu ou appris, leurs sentiments. S'ils sont là c'est pour des bonnes raisons. Tu as surement raison, je me rends pas tout à fait compte! Sinon il faut lui tenir tete, montrer que tu n'as pas peur, je pense que comme ca tu pourras obtenir son respect...
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