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Posté(e)

A lire, c'est court, utile autant pour la culture de ceux qui passent l'histoire en mineure mais surtout utile pour ceux qui l'ont en majeure : il y a des textes qui peuvent aider pour la pédagogie.

http://www.education.gouv.fr/bo/2006/16/MENE0601128N.htm

Posté(e)

Je suis très fatiguée :blush: ..mais je ne vois pas l'article en question ...je tombe sur une page du Monde mais rien sur l'esclavage :huh:

Posté(e)

Savy, tu as au moins eu la chance de tomber sur une page du Monde, je tombée sur "impossible d'afficher la page" ;)

Je réessayerai demain.

Posté(e)
Savy, tu as au moins eu la chance de tomber sur une page du Monde, je tombée sur "impossible d'afficher la page" ;)

Je réessayerai demain.

Pareil... Il doit y avoir un problème avec le lien... JOE, si tu passes par là... ;)

Posté(e)

Il est vrai qu'en ce moment les liens mis sur le forum abouttissent souvent sur les pages du Monde.

Bien entendu, nous sommes entrain de vivre le 3e choc pétrolier. Il est prévu que le Brent soit à 100 dollars. Nous sommes à la porte d'une énième guerre... l'homme n'a jamais été parfait... celà se saurait.

Mais pourquoi les liens mis sur le forum sont ils déviés ? S'il y avait une âme charitable pour nous instruire !

Posté(e)

Je viens d'essayer et le lien fonctionne parfaitement les filles ! :)

Posté(e)

Oui, je constate un coup ça marche, un coup non.. Pour ceux qui veulent rechercher,

c'est le BO n°16 du 21 avril 2006 qui instaure le jour du 10 mai 2006 comme le jour de la mémoire de la traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions.

Ce qui donne au niveau de l'école :

"Le ministère de l'Education nationale demande d’insister sur le devoir de mémoire

Dans une circulaire parue lundi 14 novembre au bulletin officiel, le ministère de l’Education nationale demande aux enseignants d’insister sur la traite négrière, l'esclavage et leurs abolitions.

De l’école primaire jusqu’au lycée, les programmes d’enseignement se prêtent à une présentation diversifiée de ce sujet. Le ministère recommande ainsi aux enseignants d'éducation civique, de lettres, de philosophie et d'arts plastiques d'aborder ce thème de l'esclavage de manière transversales, au croisement des dimensions historiques, linguistiques, littéraires et artistiques."

source

Posté(e)

Les liens nous conduisent toujours vers le Monde. Je n'ai rien contre ce journal; je le lis tous les jours.

Joe, bien entendu, je suis passée par le site du ministère pour accéder à ce B.O qui, en effet, est très intéressant car il comporte une série de textes qui me plaisent beaucoup. J'en connaissais certains, d'autres non.

  • 2 semaines plus tard...
Posté(e)

http://www.education.gouv.fr/bo/2005/41/MENE0502383C.htm

Enseignements élémentaire et secondaire

DEVOIR DE MÉMOIRE

Mémoire de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions

NOR : MENE0502383C

RLR : 554-9

CIRCULAIRE N°2005-172 DU 2-11-2005

MEN

DESCO A9

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Texte adressé aux rectrices et recteurs d’académie ; au directeur de l’académie de Paris ; aux inspectrices et inspecteurs d’académie, directrices et directeurs des services départementaux de l’éducation nationale

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L’institution éducative accorde une place privilégiée aux réflexions sur la mémoire : à ce titre, le thème de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions s’inscrit dans la mission d’éducation, comme l’a rappelé le rapport du Comité pour la mémoire de l’esclavage remis au Premier ministre le 12 mai 2005. Cette mémoire participe en effet à la formation d’esprits éclairés et de citoyens responsables, tolérants et ouverts à autrui.

Il convient de souligner auprès de la communauté éducative l’importance de cette dimension de notre mémoire nationale et d’inciter à mieux la prendre en compte dans les enseignements et dans les actions éducatives.

1 - Les enseignements

De l’école primaire jusqu’au lycée, les programmes d’enseignement se prêtent à une présentation diversifiée de ce sujet. Ceux d’histoire-géographie, principalement en classe de 4ème et de première, offrent aux professeurs la possibilité de donner aux élèves de solides connaissances sur la traite négrière, l’esclavage et les révoltes qui ont précédé son abolition définitive.

Par ailleurs, les enseignements d’éducation civique, de lettres, de philosophie, de langues étrangères ou encore d’éducation musicale et d’arts plastiques permettent des éclairages nombreux et variés.

Les approches transversales, au croisement des dimensions historiques, linguistiques, littéraires et artistiques, sont par ailleurs les bienvenues. Le thème de l’esclavage pourra ainsi être abordé, par exemple, dans le cadre d’une réflexion pluridisciplinaire sur les droits de l’homme ; ou encore celui de l’apport créatif des cultures métisses par le biais d’un projet d’éducation artistique et culturelle.

2 - Les actions éducatives

Les maîtres du primaire et les professeurs de toutes les disciplines dans l’enseignement secondaire sont invités à se saisir de cette question pour proposer aux élèves diverses activités à l’occasion de journées de commémoration, de classes culturelles à thèmes ou d’expositions. Ils pourront inscrire la journée internationale pour l’abolition de l’esclavage (le 2 décembre) dans un projet structuré conduit tout au long de l’année autour de grandes thématiques fédératrices (droits, mémoire, solidarité, etc.). Pour les aider, des outils pédagogiques seront disponibles en ligne

http://eduscol.education.fr et http://www.parcoursciviques.org.

Les sujets de l’esclavage, de la traite négrière et de la colonisation feront l’objet d’ateliers spécifiques dans le cadre d’un séminaire de formation intitulé “Comment dire ? Comment faire ? Quelles pratiques pour enseigner des questions sensibles dans une société en évolution ?”, qui se tiendra les 14 et 15 décembre 2005. En outre, un colloque pluridisciplinaire spécifique sera organisé. Il aura pour objectifs, d’une part de renouveler le regard scientifique sur le sujet et d’autre part de consolider les pratiques pédagogiques.

3 - La mise en valeur des actions engagées

Les académies sont invitées à valoriser les initiatives locales. Elles veilleront notamment à signaler les meilleures réalisations au titre de la mémoire de la traite négrière et de l’esclavage dans le cadre du Prix des droits de l’homme- René Cassin qui, outre les contributions des équipes autour du thème choisi annuellement, peut également récompenser des projets ou des actions concrètes réalisés dans les écoles et les établissements (cf. circulaire du B.O. n° 16 du 21 avril 2005).

À l’initiative du Comité pour la mémoire de l’esclavage, un prix annuel est dédié à une thèse sur l’esclavage ou ses abolitions. Les établissements d’enseignement supérieur veilleront à faire connaître ce prix, ainsi que les possibilités qu’il offre de publier les meilleurs travaux de recherche.

Je remercie l’ensemble des équipes éducatives de s’associer à ces orientations et demande notamment aux corps d’inspection territoriale de suivre avec attention les modalités de sa mise en œuvre.

Pour le ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche

et par délégation,

Le directeur de l’enseignement scolaire

Roland DEBBASCH

Posté(e)

ça c'est le contenu du 1er lien :

10 MAI 2006 : MÉMOIRE DE LA TRAITE NÉGRIÈRE, DE L’ESCLAVAGE ET DE LEURS ABOLITIONS N.S. n° 2006-068 du 14-4-2006NOR : MENE0601128NRLR : 554-9MEN - DESCO A9

Texte adressé aux rectrices et recteurs d’académie ; au directeur de l’académie de Paris ; aux inspectrices et inspecteurs d’académie, directrices et directeurs des services départementaux de l’éducation nationale

Le 30 janvier 2006, dans son allocution à l’occasion de la réception en l’honneur du Comité pour la mémoire de l’esclavage, le Président de la République a souhaité que la France métropolitaine honore le souvenir des esclaves et commémore l’abolition de l’esclavage. Il a choisi pour cela le 10 mai, date anniversaire de l’adoption à l’unanimité par le Sénat de la loi de 2001 reconnaissant la traite et l’esclavage comme un crime contre l’humanité.Le Chef de l’État a affirmé qu’“au-delà de l’abolition, c’est aujourd’hui l’ensemble de la mémoire de l’esclavage longtemps refoulée qui doit entrer dans notre histoire : une mémoire qui doit être véritablement partagée”. C’était en appeler d’abord à la responsabilité de l’éducation nationale.Le Président de la République a aussi tenu à souligner qu’au-delà de cette commémoration, l’esclavage devait trouver sa juste place dans les programmes de l’éducation nationale à l’école primaire, au collège et au lycée. La circulaire n° 2005-172 du 2 novembre 2005, publiée au B.O. n° 41 du 10 novembre 2005, a invité les rectrices et recteurs d’académie à sensibiliser tous les acteurs du monde éducatif à la mise en œuvre de projets relatifs à l’esclavage, à la traite et à leurs abolitions, dans le cadre des enseignements et des actions éducatives. Le 10 mai sera donc l’occasion de mettre en valeur les réalisations. Je rappelle à ce propos la possibilité offerte de distinguer les meilleures réalisations au titre de la mémoire de la traite négrière et de l’esclavage dans le cadre du Prix des droits de l’Homme - René Cassin qui, outre les contributions autour du thème choisi annuellement, peut également récompenser d’autres actions réalisées dans les établissements (cf. note de service n° 2005-053 du 7 avril 2005 publiée au B.O. n° 16 du 21 avril 2005). En outre, à l’initiative du Comité pour la mémoire de l’esclavage, un prix annuel est dédié à une thèse sur l’esclavage ou ses abolitions, offrant ainsi la possibilités de publier et faire connaître les meilleurs travaux de recherche.De nombreuses manifestations publiques marqueront cette journée commémorative.Dans les écoles et les établissements scolaires, les enseignants sont appelés à organiser un moment particulier de réflexion dans le cadre de la classe au cours duquel ils liront un texte choisi parmi ceux qui sont proposés ci-après. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une action de nature pédagogique ni didactique - même si les textes peuvent appeler des explications notamment sur le contexte historique et esthétique dans lequel ils s’inscrivent - mais d’un moment de fraternité dans le souvenir des longues et terribles “nuits sans nom” et “sans lune” qui furent celles des esclaves.

Je vous remercie de toute l’attention que vous accorderez à la réussite de cette journée.Pour le ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la rechercheet par délégation,Le directeur de l’enseignement scolaireRoland DEBBASCHAnnexe

TEXTE 1 Au Port-Louis de l’Île-de-France, ce 25 avril 1769.[...] p s. je ne sais pas si le café et le sucre sont nécessaires au bonheur de l’Europe, mais je sais bien que ces deux végétaux ont fait le malheur de deux parties du monde. On a dépeuplé l’Amérique afin d’avoir une terre pour les planter ; on dépeuple l’Afrique afin d’avoir une nation pour les cultiver [...]Ces belles couleurs de rose et de feu dont s’habillent nos dames ; le coton dont elles ouatent leurs jupes ; le sucre, le café, le chocolat de leurs déjeuners, le rouge dont elles relèvent leur blancheur : la main des malheureux noirs a préparé tout cela pour elles. Femmes sensibles, vous pleurez aux tragédies, et ce qui sert à vos plaisirs est mouillé des pleurs et teint du sang des hommes [...]Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, Voyage à l’Isle de FranceLettre 12Ce document est extrait de la base de données textuelles Frantext réalisée par l’Institut national de la langue française (INaLF)/CNRS, Gallica bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France.

TEXTE 2 Mes amis,Quoique je ne sois pas de la même couleur que vous, je vous ai toujours regardés comme mes frères. La nature vous a formés pour avoir le même esprit, la même raison, les mêmes vertus que les Blancs. Je ne parle ici que de ceux d’Europe ; car pour les Blancs des colonies, je ne vous fais pas l’injure de les comparer à vous ; je sais combien de fois votre fidélité, votre probité, votre courage ont fait rougir vos maîtres. Si on allait chercher un homme dans les îles de l’Amérique, ce ne serait point parmi les gens de chaire blanche qu’on le trouverait.Votre suffrage ne procure point de places dans les colonies ; votre protection ne fait point obtenir de pensions ; vous n’avez pas de quoi soudoyer les avocats : il n’est donc pas étonnant que vos maîtres trouvent plus de gens qui se déshonorent en défendant leur cause, que vous n’en avez trouvés qui se soient honorés en défendant la votre. Il y a même des pays où ceux qui voudraient écrire en votre faveur n’en auraient point la liberté. Tous ceux qui se sont enrichis dans les îles aux dépens de vos travaux et de vos souffrances, ont, à leur retour, le droit de vous insulter dans des libelles calomnieux ; mais il n’est point permis de leur répondre. Telle est l’idée que vos maîtres ont de la bonté et de leurs droits ; telle est la conscience qu’ils ont de leur humanité à votre égard. Mais cette injustice n’a pas été pour moi qu’une raison de plus pour prendre, dans un pays libre, la défense de la liberté des hommes. Je sais que vous ne connaîtrez jamais cet ouvrage, et la douceur d’être béni par vous me sera toujours refusée. Mais j’aurai satisfait mon cœur déchiré par le spectacle de vos maux, soulevé par l’insolence absurde des sophismes de vos tyrans. Je n’emploierai point l’éloquence, mais la raison ; je parlerai, non des intérêts du commerce, mais des lois de la justice.Vos tyrans me reprocheront de ne dire que des choses communes, et de n’avoir que des idées chimériques : en effet, rien n’est plus commun que les maximes de l’humanité et la justice ; rien n’est plus chimérique que de proposer aux hommes d’y conformer leur conduite.Condorcet, Épître dédicatoire aux Nègres esclaves, mes amisTexte publié en tête de la brochure intitulée “Réflexions sur l’esclavage des Nègres”, par M. Schwartz, pasteur du Saint Évangile à Bienne, membre de la société économique de B *** [berne], Neufchâtel, 1781 IV-XVIII-86 pages. Seconde édition en 1788.

TEXTE 3 Pour Alejo CarpentierIl est des nuits sans nomil est des nuits sans luneoù jusqu’à l’asphyxiemoiteme prendl’âcre odeur du sangjaillissantde toute trompette bouchéeDes nuits sans nomdes nuits sans lunela peine qui m’habitem’oppressela peine qui m’habitem’étouffeNuits sans nomnuits sans luneoù j’aurais voulupouvoir ne plus doutertant m’obsède d’écœurementun besoin d’évasionSans nomsans lunesans lunesans nomnuits sans lunesans nom sans nomoù le dégoût s’ancre en moiaussi profondément qu’un beau poignard malaisLéon-Gontran Damas, Pigments, Paris, Les éditions Présence africaine, 1937.

TEXTE 4 [...]POURQUOI EN VOULOIR A TOUS CEUX DONT JE SUISqui retrouvent enfinle fil du drame interrompuau bruit lourd des chaînesdu brigantin frêlemouillant dans l’aube grise de l’Anse aux KLOUSSMASKILILISmalins qui dansentm’expliquerez-vous pourquoi tou-jours sur cet immense fond rougede sang d’hommes jusqu’au der-nier armés de sagaies et de flèchesà l’usage inutilesÊtre de ceux qui jamais n’ont cessé d’êtreun souvenir qui soudain retrouve enfinle fil du drame interrompuau bruit lourd des chaînesdu brigantin frêlemouillant dans l’aube grise de l’Anse aux Kloussc’est bel et bien restituerle parfum fort du rythme des heures clairesbattu le rythmecoupé le rythmeetrefoulé le rythmeÊtre de ceux qui jamais n’ont cessé d’êtreun souvenir qui soudain retrouve enfinle fil du drame interrompuau bruit lourd des chaînesdu brigantin frêlemouillant dans l’aube grise de l’Anse aux KloussMaskililismalins qui dansentm’expliquerez-vous pourquoi tou-jours sur cet immense fond rougede sang d’hommes jusqu’au der-nier armés de sagaies et de flèchesà l’usage inutiles[...]Léon-Gontran Damas Black-Label, IV (Extrait), Gallimard, NRF, Paris, 1956 , 2ème édition 2004.

TEXTE 5 Ah ! me soutient l’espoir qu’un jour je coure devanttoi, Princesse, porteur de ta récade à l’assemblée despeuples.C’est un cortège plus de grandeur que celui même del’Empereur Gongo-Moussa en marche vers l’Orientétincelant.O désert sans ombre désert, terre austère terre de pureté,de toutes mes petitessesLave-moi, de toutes mes contagions de civilisé.Que me lave la face ta lumière qui n’est point subtile,que ta violence sèche me baigne dans une tornadede sableEt tel le blanc méhari de race, que mes lèvres de neufjours en neuf jours soient chastes de toute eauterrestre, et silencieuses.Je marcherai par la terre nord-orientale, par l’Égyptedes temples et des pyramidesMais je vous laisse Pharaon qui m’a assis à sa droiteet mon arrière grand-père aux oreilles rouges.Vos savants sauront prouver qu’ils étaient hyperboréensainsi que toutes mes grandeurs ensevelies.Cette colonne solennelle, ce ne sont plus quatre milleesclaves portant chacun cinq mithkals d’orCe sont sept mille nègres nouveaux, sept mille soldatssept mille paysans humbles et fiersQui portent les richesses de ma race sur leurs épaulesmusicales.Ses richesses authentiques. Non plus l’or ni l’ambre nil’ivoire, mais les produits d’authentiques paysans etde travailleurs à vingt centimes l’heureMais toutes les ruines pendant la traite européenne desnègresMais toutes les larmes par les trois continents, toutesles sueurs noires qui engraissèrent les champs decanne et de cotonMais tous les hymnes chantés, toutes les mélopéesdéchirées par la trompette bouchéeToutes les joies dansées oh ! toute l’exultation criée.Ce sont sept mille nègres nouveaux, sept mille soldatssept mille paysans humbles et fiersQui portent les richesses de ma race sur leurs épaulesd’amphoreLa Force la Noblesse la CandeurEt comme d’une femme, l’abandonnement ravie à lagrande force cosmique, à l’Amour qui meut lesmondes chantants.Léopold Sédar Senghor, Chants d’ombre, Que m’accompagnent Kôras et Balafong, VIII, in Œuvre poétique, Éditions du Seuil, Paris, 1945, réédition 2006.

TEXTE 6 [...] Le 27 avril 1848, un peuple qui depuis des siècles piétinait sur les degrés de l’ombre, un peuple que depuis des siècles le fouet maintenait dans les fosses de l’histoire, un peuple torturé depuis des siècles, un peuple humilié depuis des siècles, un peuple à qui on avait volé son pays, ses dieux, sa culture, un peuple à qui ses bourreaux tentaient de ravir jusqu’au nom d’homme, ce peuple-là, le 27 avril 1848, par la grâce de Victor Schoelcher et la volonté du peuple français, rompait ses chaînes et au prometteur soleil d’un printemps inouï, faisait irruption sur la grande scène du monde.Et voici la merveille, ce qu’on leur offrait à ces hommes montés de l’abîme ce n’était pas une liberté diminuée ; ce n’était pas un droit parcellaire ; on ne leur offrait pas de stage ; on ne les mettait pas en observation, on leur disait : “Mes amis il y a depuis trop longtemps une place vide aux assises de l’humanité. C’est la vôtre.”Et du premier coup, on nous offrait toute la liberté, tous les droits, tous les devoirs, toute la lumière. Eh bien la voilà, l’œuvre de Victor Schoelcher. L’œuvre de Schoelcher, ce sont des milliers d’hommes noirs se précipitant aux écoles, se précipitant aux urnes, se précipitant aux champs de bataille, ce sont des milliers d’hommes noirs accourant partout où la bataille est de l’homme ou de la pensée et montrant, afin que nul n’en ignore, que ni l’intelligence ni le courage ni l’honneur ne sont le monopole d’une race élue. [...]Aimé Césaire, extrait du discours prononcé le 21 juillet 1945 à l’occasion de la fête traditionnelle dite de Victor Schœlcher, publié dans Victor Schœlcher et l’abolition de l’esclavage, éditions Le capicin, Lectoure, mars 2004, p. 58.

TEXTE 7 La tristesse du diableSilencieux, les poings aux dents, le dos ployé,enveloppé du noir manteau de ses deux ailes,sur un pic hérissé de neiges éternelles,une nuit, s’arrêta l’antique foudroyé.La terre prolongeait en bas, immense et sombre,les continents battus par la houle des mers ;au-dessus flamboyait le ciel plein d’univers ;mais lui ne regardait que l’abîme de l’ombre.Il était là, dardant ses yeux ensanglantésdans ce gouffre où la vie amasse ses tempêtes,où le fourmillement des hommes et des bêtespullule sous le vol des siècles irrités.Il entendait monter les hosannas serviles,le cri des égorgeurs, les te deum des rois,l’appel désespéré des nations en croixet des justes râlant sur le fumier des villes.Ce lugubre concert du mal universel,aussi vieux que le monde et que la race humaine,plus fort, plus acharné, plus ardent que sa haine,tourbillonnait autour du sinistre immortel.Il remonta d’un bond vers les temps insondablesoù sa gloire allumait le céleste matin,et, devant la stupide horreur de son destin,un grand frisson courut dans ses reins formidables.Et se tordant les bras, et crispant ses orteils,lui, le premier rêveur, la plus vieille victime,il cria par delà l’immensité sublimeoù déferle en brûlant l’écume des soleils :- les monotones jours, comme une horrible pluie,s’amassent, sans l’emplir, dans mon éternité ;force, orgueil, désespoir, tout n’est que vanité ;et la fureur me pèse, et le combat m’ennuie.Presque autant que l’amour la haine m’a menti :j’ai bu toute la mer des larmes infécondes.Tombez, écrasez-moi, foudres, monceaux des mondes !Dans le sommeil sacré que je sois englouti !Et les lâches heureux, et les races damnées,par l’espace éclatant qui n’a ni fond ni bord,entendront une voix disant : Satan est mort !Et ce sera ta fin, œuvre des six journées !Leconte de Lisle, Poèmes barbares, 1872

Ce document est extrait de la base de données textuelles Frantext réalisée par l’Institut national de la langue française (INaLF)/CNRS, Gallica bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France.

Posté(e)

Et on n'oublie pas d'avoir une pensée sur ce sujet le 10 mai bien que personnellement je le fête déjà tous les 20 décembre.

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