Violence en PS

[Kristo]

Bonjour à tous,

J’ai un gros souci dans ma classe de petite section et j’ai vraiment besoin d’aide. J’aimerais recommencer à la rentrée dans de meilleures conditions.

Je suis en ZEP, dans un établissement très sensible. J’ai 25 PS, dont un noyau d’enfants d’une violence extrême. Exemple de violences quotidiennes :

Cheveux arrachés par poignées, étranglements, les doigts appuyés sur les yeux, morsures et coups à foison, ils prennent les petites voitures ou les chaises pour taper, ils crachent , menacent avec un crayon de couleur….

Pour un des élèves, c’est complètement gratuit : un enfant passe, il lui donne un coup de poing.

Un autre élève nous tape dessus (l’ATSEM et moi) : hématomes et bleus tous les soirs. Il est puni à longueur de journée.

Les autres, voyant cela deviennent très violents. Tu ne me prêtes pas le jouet, je t’étrangle…

Une maman vient de retirer son enfant de ma classe ce soir, pour le changer d’école. Il devient trop violent et est complètement traumatisé par cette violence (il fait des cauchemars).

J’ai signalé ces enfants à tout le monde. On est venu me voir, on m’a dit que ma méthode était la bonne et que j’étais assez ferme, mais qu’ils avaient besoin de temps pour comprendre les règles, le bien et le mal et qu’ils reproduisaient ce qu’ils voyaient chez eux ou dans la rue (Je suis à Bobigny, 93).

La plupart de ces enfants violents sont maintenant suivis par un psy (à ma demande) Mais j’ai besoin d’aide et de soutien. Je me remets tout le temps en cause, mais j’ai l’impression que rien n’évolue.

Merci d’avance pour vos réponses.

Christine

[Lee Van]

Juste pour te dire que ca ne vient tres probablement pas de toi.

Courage...

Modifié 9 août 2004 par Lee Van

[sourimimi]

Les bras m'en tombent...

Je suis aussi en ZEP mais vraiment de la violence à ce point... Je ne rencontre pas cryin cryin Et je ne vois pas bien quoi te dire pour t'aider :o

Quelles relations as-tu avec les parents ? Arrives-tu à communiquer ? Est-il envisageable de prévoir une réunion collective avec eux sur ce sujet ? Peux-tu envisager de les faire venir par deux ou individuellement dans la classe pour qu'ils se rendent compte ? Et qu'ils se responsabilisent un peu... Ils ont quand même un rôle éducatif important à mener et tu n'es pas la seule à devoir imposer des règles de vie en société : Lorsqu'on arrive à mettre les parents " dans notre poche" et qu'on leur fait prendre conscience de leur rôle, qu'on agit en partenariat... Ca s'arrange un peu... Parfois <_<

Bon courage

MCD

[Kristo]

Nous rencontrons les parents avec le directeur.

Ils admettent tous avoir les mêmes problèmes avec leurs enfants à la maison (personne n'arrive à se faire obéir).

Nous leur demandons d'être beaucoup plus fermes, mais je ne sais pas ce qui se passe chez eux.

Par contre ils ont tous accepté de voir un psy et tous ces enfants sont suivis.

Merci en tout cas pour vos messages.

Christine

[fab69]

Je ne peux pas te donner de réponse, mais moi aussi, je suis effarée par ce que tu racontes:

- en tant que maman de trois enfants

- et aussi parce que j'ai fini mon 1er stage en maternelle en sectin PS-Ms en zone (très) rurale. Là-bas, tout le contraire, des enfants autonomes et très bien dans leur peau. Un climat de confiance entre familles, élèves et instits. Des vrais échanges entre les mômes, sans violences, que quelques chamailleries sans conséquences et toujours dans le respect de tous...Cette France à 2 vitesses, ça me fait peur: comment ces citoyens de demain pourront vivre ensemble plus tard, alors qu'on dirait qu'ils ne vivent pas sur la même planète?? cryin

Moi, je suis en colère contre ce qui se passe pour les enfants que tu décris, et j'ai de la peine pour eux: ils partent dans la vie avec un handicap monstrueux . Et vu ce qu'ils te font endurer, y aura-t-il encore longtemps des instits près à se décarcasser pour eux?

[Kristo]

Ca me rassure de savoir que ça n'est pas partout pareil...

Je suis T1 et j'ai tendance à généraliser...

Merci

[sourimimi]

Ce qui me sidère le plus, c'est d'entendre des parents d'enfants de 2-3 ans dire qu'ils ne peuvent pas se faire obéir... Leurs enfants dirigent tout à la maison, décident s'ils vont se coucher ou non, choisissent les programmes TV et le menu des repas. Les rôles sont inversés -n_gri-

Que feront ces parents lorsque leurs enfants auront 15 ans ?

ILs croient leur témoigner de l'amour et être des parents modernes en étant " sympas ", en la jouant " cool " ... mais en réalité, il n'y a ni dialogue , ni éducation: c'est une fuite devant les responsabilités...

Et c'est comme ça que s'intallent les comportements violents chez des petits dieux qui sont dans la toute puissance et qui n'ont pas appris la frustration, le partage et l'attente... -dvl-w-

Je crois que c'est de notre devoir de le dire clairement aux parents... Il n'y a plus que nous enseignants pour le faire !

MCD

[Klo]

Il faut essayer de leur faire traduire leurs gestes en langage

Verbaliser tout le temps au moindre coup

Avec les petits qui n'ont pas encore l'idée de communication autrement que par le geste, il faut vraiment y aller tres fort niveau communication par les mots

Et puis aussi peut etre travailler à partir d'histoire terrrrible sur les quelles s'appuyer pour évacuer leur violence, là les contes peuvent jouer leur rôle psy ...

Te desespere pas, 1 c'est pas foutu, 2 non c'est pas partout pareil

N'hesite pas à t'appuyer sur les collègues

[fab69]

oui, je pense que j'essaierais aussi de "jouer" avec eux : théatre, jeux de lutte (mais organisés...). Trouver une situation de jeu qu'ils aiment et où ils ne peuvent pas jouer sans respecter la règle.

D'accord sur les parents démissionnaires: c'est dramatique et il ne reste que l'école pour tenter de leur transmettre les valeurs et combler leur besoin d'autorité. Car sans limites, les enfants se sentent en insécurité, ils en ont besoin pour grandir et devenir autonomes.

C'est dur, mais on le fait pour leur bien.

[stef]

les parents sont de plus en plus démissionnaires, certes. Ce n'est pas à l'école de faire toute l'éducation des enfants, nous n'en avons pas les moyens et ce n'est pas notre rôle, certes. J'ai aussi des enfants sans limites dans ma classe (heureusement leur "no-limit" ne se traduit pas par la violence mais plutôt par je fais ce que j'ai envie de faire au moment où j'en ai envie, la frustration je sais même pas que ça existe) et je suis bien démunie, je m'épuise à mettre en place des règles...

Mais quand je vois les parents de mes élèves, je n'arrive pas à leur jeter la pierre. Car en tant que parent, je sais combien il est difficile de dire non à son enfant. Les parents de ces enfants sont soit des gens qui n'ont rien d'autre dans la vie que leur petit bijou à s'occuper et qui n'ont eux-même plus aucun repère à part la Star Ac' et un avenir pas très rose, soit des gens qui travaillent du matin au soir et qui culpabilisent tellement de laisser leur enfant de 7h du matin à 18h30 le soir à la garderie et l'école qu'ils n'ont plus le courage le soir d'entrer en conflit avec leur enfant.

Que dire à ces parents sans forcément porter un jugement sur leur attitude ? Je ne sais pas. Les parents parfaits n'existent pas. Nous pouvons peut-être les conseiller mais ce n'est pas vraiment non plus notre boulot et moi, j'ai toujours peur d'être maladroite de me mêler de ce qui ne me regarde pas.

Vous l'aurez compris, ce message est plutôt une suite d'interrogations, mais vraiment je crois que nous sommes tous un peu démunis et qu'il faut réfléchir à ça...

[sourimimi]

Il y a une différence entre culpabiliser des parents démunis et paumés et les mettre en face de leurs responsabilités dans un partenariat éducatif.

Oui, il y a des parents dont la vie est si éparpillée qu'ils ne savent plus par quel bout prendre les choses :o .

Oui, les repères clairs de l'éducation ont disparu. On est passé par des étapes multiples et variées, de l'enfant objet à l'enfant roi, du père-despote au père-pote :P .

Non, l'école ne doit pas tout faire mais comme c'est le dernier bastion éducatif stable qui reste, on essaye de tout lui faire faire: donc, il ne faut pas avoir peur de dire les choses et d'expliquer à chacun le rôle qu'il a à tenir ( Et là, je pense qu'on se mèle de ce qui nous regarde et en plus on préserve notre avenir )

J'ai un exemple de comportement citoyen ( c'est un détail face à la violence du premier message ):

Il y a plusieurs années, je ne supportais plus les allées et venues des enfants et parents dans l'école, ne saluant personne, laissant les portes ouvertes derrière eux: l'école semblait être un espace libre, sans règles de passage et de rencontre, les enseignants avaient l'impression d'être transparents !

Après en avoir discuté avec mes collègues, nous avons instauré un salut ( bisou ) obligatoire et systématique le matin à l'accueil ( devant les parents ). Nous avons vu les choses progressivement changer d'année en année et maintenant on entend les parents dire à voix haute : " As-tu dis bonjour à ta maîtresse ? "

Cette année, j'en ai discuté avec mes GS et nous avons cherché tous les petits mots de courtoisie connus... Et maintenant , on se quittent en se souhaitant : bon appétit ! , A tout à l'heure ! , Bonnes vacances ! B)

Le matin, je leur demande de me regarder et on échange des petites phrases rituelles du genre "Bonjour maîtresse ! ", " Comment vas-tu ? "

Et je ne pense pas du tout que ce soir... ringard

MCD

[Nath]

Tout à fait d'accord avec toi sourimimi ! La première chose que je fais en entrant dans la classe c'est de dire "bonjour, comment allez-vous !?" et les élèves me répondent (en choeur...) bonjour !!!

Il faut établir des règles minimales de politesse (bonjour, merci, au revoir ...).

Malheureusement, l'éducation à la maison se perd de plus en plus et nous ne pouvons pas remplacer les parents. Mais il convient d'instaurer des limites.

Moi aussi je suis effarée en entendant le comportement de ces petits bouts. J'ai un fils en PS et cla se passe vraiment très bien. C'est vrai que chez les petits les coups, morsures etc... sont relativement courant car ils n'ont pas (encore) à appris à vivre "en société". Mais à ce point !

Ce qui est bien Kristo c'est que ton directeur te soutient, que tu as un dialogue possible avec les parents.