fatiguée...

[sailoo]

je suis T2 avec un ce2. je suis titulaire du poste, l'equipe est geniale...

et pourtant depuis une quinzaine de jours le moral ne suit pas trop. mes eleves prennent le rythme, et moi aussi. ils sont adorables et je les adore.

mais j'ai l'impression que tout me touche trop personnellement. il faut dire que j'accumule beaucoup de choses difficiles a gerer... eleve hospitalisé et dont l'etat de santé empire, eleve faisant des crises d'hystérie quotidiennes (gros pb psy), deux eleves en proces pour pedophilie avec leur ancien maitre (autre ecole que la mienne. l'instit a avoué... pas vraiment de doute donc...), eleve dont le papa est en prison etc...

j'ai eu une reunion avec les parents ou je les recevais chacun leur tour pour discuter des evaluations. et la j'ai eu l'impression d'etre assistante sociale "mon mari et moi on ne s'entend plus" ou bien "dites-lui de se coucher tot, moi elle ne m'ecoute pas" etc...

tout ca pour dire que tout cela me bouffe, meme si a l'ecole je fais face. mes collegues m'ont dit ne jamais avoir vu ca en 25 ans de carriere...(en parlant de mon eleve faisant des crises d'hystérie. qui m'a d'ailleurs blessée il y a qq jours. je n'ai pas fait de declaration ne voulant pas "l'enfoncer". j'ai recu le pere pour en parler et il ss'est evanoui dans ma classe...)

mes collegues m'aident beaucoup. mais quand je rentre a la maison, je suis triste, fatiguée, et j'ai du mal a avoir l'air super dispo pour chouchou...

j'essaye de prendre du recul et de me dire que ce ne sont pas "mes" problemes. mais indirectement, ils le deviennent.

ajoutons a cela que je suis qq de tres perfectionniste, qui bosse beaucoup, et que j'ai, par nature, tendance a prendre tous les problemes du monde sur mon dos, et voila la miss qui commence deja (au mois d'octobre!) a fatiguer et a douter de sa vocation.

bien sur je pense faire de l'assez bon travail (meme si je debute et que l'on peut toujours faire mieux bien sur), mais j'ai l'impression que ce boulot m'empeche d'etre sereine dans ma vie privée.

et si je n'arrivais tout simpement pas a gerer ce metier d'instit...? ma santé va-t-elle tenir le coup? j'avoue etre un peu deprimée en ce debut de vacances.

je tente de faire bonne figure a l'exterieur mais le jour ou je vais craquer... je m'occupe des autres, mais qui s'interresse a ce que cela me fait a moi? la derniere fois, la psy scolaire a pris en charge mon eleve hysterique pour le calmer et me la ramené en classe comme si de rien etait car il etait pret a revenir. s'est-elle posé la question si MOI j'etais prete a le reprendre en charge (psychologiquement je veux dire)?

ca parait tres egoiste comme raisonnement et j'ai honte de penser ca, mais j'avais besoins de me confier, car je n'ose pas parler de ce genre de choses a mon entourage de peur d'etre jugée.

en tout cas merci de m'avoir lue.

[Elo1974]

Tu as je pense une classe avec des cas difficiles à gérer... Mais hélas ça arrive souvent. Tu es encore très jeune dans le métier et c'est normal que cela t'atteigne personnellement. Tu vas apprendre, comme les médecins, à prendre de la distance avec ce qu'il se passe autour de ta classe.

Y a-t-il eu des mesures de prises pour l'enfant hystérique? Scolarisation aménagée, Hopital de jour, SESSAD? Si rien n'a été engagé, organise d'urgence une équipe éducative pour pouvoir réaliser un PISA et faire des propositions concrètes pour cet enfant dont les problèmes ne pourront manifestement pas être réglés dans l'école.

Pour les parents qui te racontent leur vie, dis leur très gentiment que cela te touche beaucoup qu'ils aient autant de problèmes mais que tu n'es pas la bonne personne à qui s'adresser... Propose leur de consulter des médecins, des assistantes sociales qui pourront les aider à résoudre leur problème. Sinon tu vas te transformer en assistante sociale ou te retrouver comme moi à une époque à faire de surcroit l'écrivain public pour les parents illétrés ou non francophones... Et là je t'assure que c'est plus gérable!

Tu n'as pas besoin de dire à un enfant de se coucher tôt, de ne pas regarder la télé ou d'arrêter les jeux vidéos. Tu n'es pas leur mère. Ca aussi fais leur comprendre. Ils doivent reprendre leur rôle de parents! C'est normal que ces personnes se fassent déborder, ils démissionnent et délèguent les tâches qui leur incombe aux enseignants. Tu es enseignante! Tu gères ce qui se passe sur le temps scolaire, le reste c'est aux parents de le faire! Tu n'es pas responsable des enfants en dehors de ton temps de travail. Ces parents doivent aussi se responsabiliser! Ca me scie toujours de voir des parents qui délèguent tout aux enseignants comme ça. C'est cruel, mais parfois j'ai envie de leur dire : mais dites, si c'était pour vous décharger de vos responsabilités, fallait pas les faire ces mômes!!!

Evidemment c'est violent comme remarque et il n'est pas question que tu le dises de cette façon! Mais ILS DOIVENT PRENDRE LEURS RESPONSABILITES DE PARENT!!!!

Je ne pense pas que tu doives remettre en doute ta vocation... Ce que tu dois remettre en doute c'est ton implication! Tout ce dont tu parles dans ton message ou presque est extérieur au métier d'enseignant... recadre les choses pour te consacrer à ton métier, apprendre à des enfants c'est suffisemment dur comme ça, pour le reste il y a des psys, des assistantes sociales, des conseillers conjugaux, des écrivains publics, des policiers... Tu ne peux pas exercer toutes ces professions en même temps!

A mon avis dès que tu arriveras à être enseignante et seulement enseignante tu verras que tu iras mieux et que ta vocation n'est pas envolée!

Bon courage à toi!