simple témoignage

[Invité Troryskan]

Message effacé.

Modifié 14 juin 2011 par Troryskan

[tartinette]

Long mais très intéressant : encore un qui semble avoir trouvé le savant dosage et je suis jalouse du bonheur que cela semble procurer .

La 3e voie, malgré quelques fiches envoyées par Aravisse il y a quelques mois déjà, j'ai encore du mal à voir la différence avec une pédagogie transmissive "simple" (J'ai pourtant lu quelques liens vers des documents pédagogiques théoriques).

Mon esprit "indépendant" de nature m'incline peu vers l'adhésion à un groupe pédagogique, quel qu'il soit. J'ai peur de perdre mon esprit critique, de me reposer sur une démarche très (trop ?)systématique.

D'un autre côté, je suis curieuse de mieux connaître pour mieux comprendre et d'essayer.

Allez, je vais me lancer. Au pire, j'aurais perdu 15 euros. Au mieux, découvert une méthode qui fera (enfin) de moi une enseignante heureuse parce qu'en ce moment avec mes élèves, je traverse une période un peu .

J'ai l'impression que rien ne passe. Et pourtant, je décompose les contenus pour avoir une grande progressivité , je m'appuie sur des séances découvertes conseillées par des pros (qui parfois, ô miracle, socio-constructivistes ou transmissifs peuvent être d'accord), je fais de la différenciation pédagogique et de la systématisation. Je ne trouve même plus les mots pour expliquer. Quand je remédie à une erreur, ils en inventent une nouvelle (c'est surtout en maths ....). Je reviens souvent en arrière.

Un exemple : depuis fin janvier, nous avons vu le sens de la multiplication, les tables et la multiplication posée à un chiffre. Après un mois d'absence pour maladie, depuis mon retour fin avril, je donne tous les jours au moins une multiplication posée à faire au tableau et une à la maison (tandis que nous avons abordé la soustraction sens et technique). Je vois bien que certains ont déjà oublié. Je réexplique à chaque fois.

La semaine dernière, multiplication posée à 2 chiffres : presque tous avaient oublié la multiplication par 20, 30, 200 .... Je reprends avec exercices sur ardoise, je fais le lien avec le 0 de la deuxième ligne de la multiplication posée (et plus tard avec les 00 de la 3e ligne mais je n'y susi pas encore , j'explique, j'entraîne, je traque les erreurs, j'essaie d'y remédier : j'en ai encore une dizaine qui n'y arrivent toujours pas avec les tables de X sous les yeux !

Le désespoir pousse certains malades graves vers des médecines alternatives, moi, ce sera vers les pédagogies alternatives ....

[Zarko]

C'est curieux ces références pseudo-scientifiques et prétendues modernes...Certains "déphasés" poussent le vice jusqu'à une comparaison "artistique"...(qu'ils ne comprennent même pas en réalité !)

L'histoire du constructivisme par exemple....en étant méchant , pourquoi ne pas le comparer au "structuralisme" dont le texte de Lévi-Stauss n'apparait pas dans les IUFM....

Pourtant déjà vieux, le mec et le concept...Et à lire !!

se foutre du monde présent, c'est de moi !

[Anthéron]

Je reviens sur un point du témoignage très riche de Troryskan : celui de l’estime de soi.

En classe, nous prenons garde à ce que nos élèves cultivent leur estime de soi. Contrairement à ce que les pédagogues “actifs” ont affirmé pendant des années, l’estime de soi ne vient pas d’un climat affectif qui résulterait du fait que le maître se met au niveau des élèves, en devenant leur “copain”. L’estime de soi des élèves se construit dans leur propre réussite scolaire. Et pour qu’ils réussissent, il faut que le maître enseigne de manière efficace les connaissances et les habiletés dont les élèves ont besoin pour progresser. Ces moyens efficaces reposent sur un enseignement structuré, rigoureux, allant du simple au complexe, en un mot sur la pédagogie explicite revendiquée par “La 3e voie…”.

Mais, si on s’inquiète souvent de l’estime de soi des élèves, on évoque beaucoup moins l’estime de soi du maître. Or c’est un élément capital qu’il ne faut plus négliger. Démarrer le métier avec une formation professionnelle qui ne présente que le constructivisme comme façon d’enseigner est purement et simplement désastreux. En effet, le maître qui passe des heures à préparer des activités qui, le lendemain, dégénèrent très vite tant leur rythme est trop lent, tant la surcharge cognitive est permanente, tant les élèves sont noyés et ne comprennent rien, ce maître-là ne tarde pas à être complètement démoralisé. Et plus il va s’acharner à respecter l’orthodoxie constructiviste pour essayer de s’en sortir, plus il se “plantera” lamentablement. D’où la démoralisation, la dépression et le burn-out qui frappent nombre de nos jeunes (et moins jeunes aussi) collègues. C’est en cela que notre formation professionnelle univoque est désastreuse.

Sur ce point précis, “La 3e voie…” s’est fixé un objectif très simple : donner aux maîtres en perdition une pratique efficace et simple de mise en œuvre pour retrouver la joie d’enseigner. Parce que rien ne remplace le fait de voir ses élèves comprendre, être véritablement actifs dans leurs apprentissages, les voir progresser, les entendre dire « C’est facile ! » alors que l’on est en plein dans les exigences des programmes. La souffrance des enseignants dans l’exercice de leur métier est inacceptable : tout doit être fait pour y remédier.

Tartinette a un peu peur de s’engager. Je rappelle d’abord que nous sommes une association loi de 1901, et que les adhérents s’y sentent donc parfaitement libres. Que Tartinette prenne le temps de la réflexion, qu’elle consulte les très nombreux documents en ligne sur le site, qu’elle pèse le pour et le contre, et le jour où elle voudra véritablement s’engager dans la pédagogie explicite, elle pourra nous rejoindre sur “La 3e voie…”. Son expérience, ses interrogations, ses réussites seront utiles à la grosse centaine d’adhérents que nous sommes aujourd’hui. Nous sommes une association de professionnels, enseignant dans le Primaire ; nous voulons simplement que nos pratiques pédagogiques soient mieux reconnues au ministère et plus connues dans les écoles.

Après quoi, les résultats que nous obtenons feront la différence…

Cordialement.

[Invité]

Je rebondis sur le message de Tartinette qui nous fait part de ses hésitations et avoue être prête à « perdre » 15 € pour une ultime tentative.

Un constat général, d’abord. Un enseignant qui n’obtient pas l’efficacité souhaitée dans sa classe est obligé de se débrouiller tout seul. Qu’il ne s’imagine pas trouver aide et conseils utiles auprès de l’institution, laquelle aurait vite fait de le culpabiliser en lui faisant comprendre de manière plus ou moins directe qu’il n’est pas capable d’appliquer le dictat constructiviste. Dans quelle autre profession est-ce possible ? Comment l’enseignant peut-il développer une bonne estime de soi, dans des conditions pareilles ? Or, cela est indispensable pour une pratique efficace, comme évoqué précédemment. Et l’estime de soi de l’enseignant va de pair avec les résultats qu’il obtient auprès de ses élèves.

La "3ème Voie" (3ème Voie) a seulement pour but de diffuser et faire connaître la pédagogie explicite et de la mettre en œuvre dans les classes. C’est une association de personnes ayant, par des itinéraires divers et variés, abouti à ce choix pédagogique et décidé de participer à cette diffusion. Elles adhérent à la charte de l’association.charte L’adhésion à la "3ème Voie" est le fruit d’une réflexion que l’on peut mener grâce à tous les documents en accès libre sur le site. Je compte aujourd’hui quelques 180 documents, uniquement consacrés aux questions purement pédagogiques ; auxquels il faut ajouter des témoignages, des FAQ et toute autre information sur notre groupe. Il est certain qu’il faut du temps pour faire ce travail d’auto formation, mais cela est indispensable si l’on veut choisir en connaissance de cause. C’est ce qui doit caractériser l’enseignant professionnel : il est le seul responsable de ses choix pédagogiques, dont il doit rendre compte ; mais ces choix doivent être éclairés. Cela devrait être le cas d’ailleurs pour n’importe quel type de pédagogie : le fruit d’une réflexion argumentée. Il ne s’agit pas uniquement de piquer à droite ou à gauche quelques recettes, que l’on risque d’appliquer hors contexte et qui ne marcheront pas forcément. Mais, plutôt que de critiquer ces enseignants débutants ou presque qui cherchent des solutions urgentes, et ne veulent rien d’autre que des fiches clés en main, interrogeons-nous sur la formation professionnelle qu’ils ont reçue et qui ne leur a pas donné les outils pour faire des choix raisonnés, qui leur a imposé des outils inefficaces.

Tartinette dit redouter la perte de son esprit critique en adhérant à une mouvance pédagogique et revendique son indépendance. D’une part, chacun est libre d’adhérer ou pas à un groupe pédagogique, on ne force personne, on est aussi libre de le quitter si on réalise que ce n’était pas sa voie. Par ailleurs, la perte de l’esprit critique ne dépend pas du groupe auquel on adhère, sauf dans le cas extrême d’une secte. L’esprit critique, et c’est vrai aussi pour les élèves, s’acquiert d’abord par la connaissance d’un grand nombre de sujets. On ne peut pas prétendre avoir l’esprit critique si on n’a pas acquis un bon nombre de connaissances.

Elle nous dit aussi son désarroi face aux réactions des élèves, qui n’ont pas compris, ont oublié, inventent de nouvelles erreurs. L’oubli est normal, c’est pourquoi il faut accorder toute son importance à la mémorisation, aux révisions fréquentes, aux corrections raisonnées mais aussi à la manière d’expliquer …

Pour conclure, je peux vous assurer que la "3ème Voie" ne relève en rien des pédagogies alternatives, car pour rester sur la comparaison médicale, au contraire, elle s’appuie sur les plus récentes observations, études et enquêtes qui en ont montré toute l’efficacité.

[Dominique]

Pour conclure, je peux vous assurer que la "3ème Voie" ne relève en rien des pédagogies alternatives, car pour rester sur la comparaison médicale, au contraire, elle s'appuie sur les plus récentes observations, études et enquêtes qui en ont montré toute l'efficacité.

Est-il possible d'avoir les références de ces "récentes observations, études et enquêtes" ?

[barbotinne]

C'est la même personne angharad, Anthéron et Troryskan ? parce que là ça m'intrigue fortement cette histoire?

[Invité]

[[La plus connue est le projet Follow Through, plus vaste expérimentation jamais menée. Elle avait pour objectif d’analyser une vingtaine d’approches pédagogiques sur environ 70 000 élèves issus de 180 écoles. Elle mesurait les habiletés de base, les habiletés cognitives (raisonnement, résolution de problèmes) et les habiletés affectives (estime de soi, image de soi). Pour faire court, la seule méthode qui a montré son efficacité dans les 3 types d’habiletés fut l’enseignement structuré et explicite qu’est le Direct Instruction. Les pédagogies centrées sur l’enfant étaient nettement moins efficaces. Je vous renvoie ici (bas de page) pour plus de détails.

Pour la lecture ici

Pour les autres études c’est ici

Pour les mathématiques ici

Et enfin, une excellente synthèse de tous ces travaux ici dans Comment enseigne-t-on dans les écoles efficaces ?

Cordialement

[Invité]

Mon message étant mal passé le voici à nouveau entièrement, en espérant que ça marchera !

La plus connue est le projet Follow Through, plus vaste expérimentation jamais menée. Elle avait pour objectif d’analyser une vingtaine d’approches pédagogiques sur environ 70 000 élèves issus de 180 écoles. Elle mesurait les habiletés de base, les habiletés cognitives (raisonnement, résolution de problèmes) et les habiletés affectives (estime de soi, image de soi). Pour faire court, la seule méthode qui a montré son efficacité dans les 3 types d’habiletés fut l’enseignement structuré et explicite qu’est le Direct Instruction. Les pédagogies centrées sur l’enfant étaient nettement moins efficaces. Je vous renvoie ici (bas de page) pour plus de détails http://3e.voie.free.fr/di.html

Pour les autres études c’est ici : http://3e.voie.free.fr/pedexplicite.htm

Pour les mathématiques Ici : http://3e.voie.free.fr/maths.html

Pour la lecture ici http://3e.voie.free.fr/lecture.htm

Il ne faut pas oublier aussi tous les apports de la psychologie cognitive avec les travaux de Sweller et de Geary sur la charge cognitive. Un exemple ici http://3e.voie.free.fr/appy/fran29.pdf

Et enfin, une excellente synthèse de tous ces travaux ici dans Comment enseigne-t(-on dans les écoles efficaces ? http://3e.voie.free.fr/bibliographie3v.htm#ced

Cordialement

[laurence93]

Contrairement à ce que les pédagogues “actifs” ont affirmé pendant des années, l’estime de soi ne vient pas d’un climat affectif qui résulterait du fait que le maître se met au niveau des élèves, en devenant leur “copain”.

Ce n'est qu'une citation parmi d'autres.

Il ne faudrait pas non plus faire dire n'importe quoi au constructivisme ou aux pédagogies actives. Ce genre d'excès ne vous rend pas plus crédibles.

[Anthéron]

Dans le projet Follow Through (dont Angharad a parlé plus haut), les neuf approches ou modèles pédagogiques les plus populaires utilisés aux fins d’analyse finale dans le cadre du projet Follow Through se divisaient en deux grandes catégories : des approches centrées sur l’enseignement et des approches centrées sur l’élève.

Les approches pédagogiques centrées sur l’enseignement étaient qualifiées de modèles académiques (Basics skills model), car elles étaient particulièrement orientées vers un enseignement systématique des apprentissages de base tels que la lecture, l’écriture et les mathématiques. Pour leur part, les approches pédagogiques centrées sur l’élève étaient regroupées sous l’appellation de modèles cognitivistes (Cognitive skills model) ou de modèles affectifs (Affective skills model).

L’évaluation finale des élèves, qui se faisait à la fin de la troisième année, mesurait les trois grandes dimensions de l’apprentissage réparties en trois types d’habiletés :

- les habiletés de base (Basics skills) telles que la lecture, l’écriture, les mathématiques et le vocabulaire ;

- les habiletés intellectuelles (Cognitive skills), comme le raisonnement non verbal et la résolution de problèmes ;

- et finalement, les habiletés affectives (Affective skills), soit l’estime et l’image de soi. Pour ce faire, cinq tests standardisés, sélectionnés à la suite d’une entente entre les promoteurs des différentes approches évaluées, ont été administrés à environ 15 000 élèves.

Il est à noter que les chercheurs qui ont rédigé le rapport produit par la firme indépendante chargée de l’analyse des résultats du projet Follow Through ont révélé avoir été particulièrement étonnés de constater l’incidence des approches pédagogiques centrées sur l’élève sur les dimensions affective et cognitive des élèves testés. Alors qu’un des objectifs premiers de ces modèles était de respecter le rythme et les besoins des élèves afin de favoriser, plus particulièrement, le développement de leurs habiletés affectives et cognitives, ceux-ci ont obtenu des effets négatifs sur leur estime et leur image d’eux-mêmes ainsi que sur leurs habiletés cognitives.

Je confirme donc que les modèles pédagogiques constructivistes ne sont pas performants – entre autres – pour ce qui est de l’estime et de l’image de soi des élèves. Et cela va à l’inverse de ce que les pédagogues “actifs” ont prétendu pendant des années, en mettant en avant la fausse camaraderie qu’ils entretenaient avec leurs élèves…

Cordialement

Site de “La 3e voie...”

[Zarko]

On peut en parler et en reparler....D'autres analyses (complémentaires ou contraires)

http://www.sauv.net/analyses.htm