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CM: complément d'objet et attribut du sujet.


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Posté(e)
Comment un attribut du SUJET (donc attribut d'un nom ou d'un pronom dans la plupart des cas) peut-il être un complément de VERBE, à part dans des phrases telles que "Rire est nécessaire." ou "Pleurer de désespoir n'est pas interdit." ?

Il n'est pas "complément du verbe" mais fait partie du groupe verbal.

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Posté(e)

L’attribut du sujet fait effectivement parti du groupe verbal (ou syntagme verbal, c’est selon), car il occupe la même position structurale qu’un COD (on dit qu’il « sature » une position « post-verbale directe », c'est-à-dire qu’il se place en général immédiatement après le verbe être ou d’état, sans qu’une préposition ne les sépare).

D’ailleurs, comme le COD, l’attribut du sujet n’est ni effaçable, ni détachable, ni déplaçable (sauf cas particuliers) : il est lié au verbe, pas à la phrase.

Posté(e)

bon, c'est de plus en plus obscur pour moi.... :wub:

si je présente le classeur outil comme ça:

Les compléments:

- compléments d'objet ( cod, coi, cos)

- attribut du sujet

- compléments circonstanciels

c'est à dire en faisant des catégories séparées, c'est bon?

parce que du verbe ou non, l'attribut du sujet est bien un complément n'est ce pas?

Posté(e)

C’est vrai que l’attribut du sujet n’est pas un complément du verbe au sens traditionnel (il n’est pas « complément » puisqu’il est « attribut », à moins de dire "complément attributif" ?). Néanmoins certains enseignants le classent ainsi puisqu’il n’est ni effaçable, détachable, déplaçable… C’est la raison pour laquelle je préfère nettement l’opposition « complément essentiel » vs « complément non essentiel » (qui intervient après la recherche de l’attribut dans ma grille de raisonnement citée plus haut).

housse, tu peux éventuellement procéder comme suit :

- « groupe » qui dépend de la phrase : complément circonstanciel (déplaçable, effaçable, détachable)

- « groupe » qui dépend du verbe : attribut du sujet, COD/COI/COS, CED/CEI (généralement non supprimable, détachable, déplaçable) :

attribut du sujet (si le verbe est « être » ou un verbe d’état)

COD si le verbe est transitif direct

COI si le verbe est transitif indirect

COS si le verbe admet la double transitivité

CED si le verbe n’est pas transitif et est immédiatement suivi du complément

CEI si le verbe n’est pas transitif et est suivi d’un complément introduit par une préposition

Posté(e)
J'ai demandé à un agrégé de lettres, voici sa réponse :
L'attribut du sujet ("Ce café est bon") ou du complément d'objet direct ("J'ai trouvé ce café bon") n'est pas un complément "essentiel".

On appelle "compléments essentiels" le complément d'objet direct, indirect, et le complément d'objet second (complément d'objet indirect succédant à un complément d'objet direct, appelé aussi "complément d'attribution" et qui correspond au "datif" latin, grec et allemand : "J'ai offert un cadeau (cod) à ma femme (cos).

Le complément circonstanciel s'oppose aux compléments essentiels dont il se distingue, en général, par la mobilité et précise, comme son nom l'indique les circonstances de l'action (temps, lieu, moyen, cause, but, conséquence...) :

"Il a l'habitude de sortir le soir" = "Le soir, il a l'habitude de sortir"

Le verbe est dit transitif quand il admet un cod (transitif direct) ou un coi (transitif indirect)

ex. manger : transitif direct

parler : transitif indirect (parler à quelqu'un)

Le verbe est dit intransitif quand il n'admet pas de complément (ex. : s'envoler). Ce sont souvent des verbes pronominaux (qui se conjuguent avec un pronom réfléchi), mais pas toujours (voler par exemple est tantôt intransitif : l'oiseau vole, tantôt transitif : C'est Arsène Lupin qui a volé le collier"), mais le sens n'est pas le même (polysémie)

et du coup, comment classerais-tu ce qui va ensemble ou non?

l'attribut du sujet doit il être traité complètement à part, sans rapport avec les autres compléments?

Posté(e)

Très sympa ton copain féru de latin, mais il a oublié de dire ce qu'était l'attribut du sujet :)

Posté(e)

Et je suis complètement d’accord avec ça ! Deux remarques tout de même :

1. J’avais classé l’attribut parmi les compléments essentiels ou compléments de verbe (bien qu’il n’en fasse pas partie) pour en faciliter l’identification par les enfants et par housse. En effet, l’attribut, comme les compléments essentiels, n’est ni déplaçable, ni effaçable, ni détachable par une virgule.

2. Les COD, les COI et les COS sont certes des compléments essentiels, mais on ne peut réduire les compléments essentiels aux COD, COI, COS. Pourquoi les grammaires structurales ont eu recours à l’appellation CED/CEI ? Parce qu’il existe des groupes syntaxiques (considérés comme des CC de lieu, de temps, ou de mesure par la grammaire traditionnelle) qui occupent une position sous-catégorisée par le verbe (position post-verbale directe ou indirecte) et qui ne sont pas effaçables (c'est-à-dire qu’ils occupent la même position qu’un COD, mais n’en sont pas un car le verbe n’est pas transitif) Exemples : ma robe coûte 100 euros ou… je vais à Paris.

Evidemment, je ne parle pas aux enfants en ces termes. Evidemment, je m’adapte à leurs capacités… Il n’empêche que l’appellation CED/CEI est très pratique car obéit à un classement beaucoup plus logique.

Comme le dit Eveline Charmeux : « A-t-on déjà entendu un scientifique parler d’exceptions, et dire que les poissons ont une exception, qui serait les baleines ? Ne sait-on pas qu’aucune règle ne peut avoir d’exception sans cesser d’être une règle ? Il faudrait alors une seconde règle pour savoir quand fonctionne l’exception ! »

housse, une autre proposition de classement :

1. Les fonctions au sein de la phrase :

- la fonction sujet

- les compléments circonstanciels

2. Les fonctions au sein du groupe verbal

- l'attribut du sujet

- les compléments essentiels : COD, COI, COS (ou CED/CEI)

Posté(e)

Bonjour,

Je savais que Mme Charmeux disait beaucoup de sottises, mais celle-là je ne l'avais pas encore entendue. Merci beaucoup : cela me permettra de faire rire mes amis.

Mais pour revenir aux choses sérieuses... J'ai lu avec attention les interventions des uns et des autres ici, qui font toutes la preuve du grand sérieux avec lequel la plupart des instituteurs préparent leurs leçons de grammaire. Mais à mon avis, deux écueils majeurs tendent à dilapider leurs efforts en vain :

1. Depuis quelques années la "manipulation" des phrases est devenue, sous la pression de quelques-uns, une véritable "manie-pulation", soutenue par quelques arguments séduisants, mais qui ne tiennent la route ni scientifiquement ni pédagogiquement. D'une part les enfants ne sont pas devenus de grands grammairiens depuis qu'on s'adonne aux manipulations... D'autre part, on aboutit souvent à des phrases sans queue ni tête, par dogmatisme, parce que tout simplement, ces histoires de déplacement, cela marche très mal. Essayez donc de déplacer les CC de "Longtemps, je me suis couché de bonne heure".

2. D'autre part, un certain nombre a voulu jeté l'opprobre sur le sens. Ils y sont si bien parvenu que "sémantique" est devenu un adjectif insultant. Or le sens, c'est ce qui importe dans la grammaire d'une langue, à côté de sa musique. Et tous les linguistes qui ont voulu se passer du sens ont fini par tomber dans un amphigouri pathétique. Or ce que certains appellent la "grammaire traditionnelle", avec une nuance de dégoût, et qui n'est certainement pas un vieux machin, mais le fruit assez récent d'une élaboration fine et intelligente, sait que les enfants comprennent mieux avec le sens...

Ainsi, depuis que j'explique que le complément d'objet d'un verbe est... l'objet de ce verbe, eh bien mes élèves de 6e y arrivent beaucoup mieux. On a inséré cette notion d'objet dans la grammaire scolaire dans l'entre-deux guerres, afin de corriger une nomenclature trop purement syntaxique, qui ne distinguait que compléments directs et complément indirects.

Au début, après qu'une collègue m'eut expliqué cette méthode, j'avais un peu de mal à y croire, mais peu à peu, je me suis aperçu qu'en leur expliquant peu à peu, progressivement, en commençant par les verbes les plus concrets, l'idée de l'objet de l'action exprimée par le verbe marche plutôt bien.

Ah oui... au fait, cela veut dire qu'on accepte d'expliquer, pour commencer, que le verbe, mis à part les verbes d'état, exprime une action... Ce qui permet que les élèves construisent eux-même une image intuitive de ce que c'est qu'un verbe, au contraire des définitions formalistes.

Je mange une tarte aux pommes.

L'objet de l'action de manger, c'est la tarte aux pommes.

Je me souviens de mes vacances.

L'objet de mon souvenir, ce sont mes vacances.

Je pense à Juliette.

L'objet de ma pensée, c'est Juliette.

etc.

Et quand on a bien travaillé, on peut voir des cas plus délicats : recevoir (l'objet de l'action de recevoir, c'est...), avoir...

Bien sûr, la question S+V+ quoi ? est bien pratique, et il ne faut pas s'en priver, mais le sens prime, je crois.

Cordialement,

Posté(e)
Quelques documents envoyés par des collègues.

ton deuxième doc est hyper clair, merci.

J'avoue être séduite par cette entrée, expliquer que le complément est l'objet de .....

Cela me parle plus.

mais bien sûr, pour nous, c'est clair, on utilise d'ailleurs des expressions qui vont dans ce sens comme " l'objet de mon affection" par exemple.

Mais j'ai peur de ne pas savoir comment l'expliquer aux élèves, pour eux, un objet c'est : un truc, une chose comme une table une tasse non?

Comment leur faire comprendre cet autre sens de "objet" ?

euh là, pour le coup, c'est moi qui ne suis pas claire je crois....

deuxième question, le COS ou complément d'attribution.

après ces explications d'Akwabon et ses collègues, cela me semble en effet plus logique d'appeler ce complément un complément d'attribution, mais est ce une terminologie fréquement utilisée au collège?

Parce que je crains de les embrouiller en parlant de complément d'attribution, et qu'au collège ils entendent parler de COS ....

Posté(e)

Bonjour,

A mon avis, le plus important, c'est d'abord de faire repérer, quand on analyse un mot, quel autre mot il complète. "Pierre donne une bille à son frère". Quel mot le mot 'frère' complète-t-il ?

Bon... Pour faire sentir la relation entre 'donner' et le frère, il est difficile de se passer du sens de cette relation. Alors autant la nommer. Mais il est vrai qu'on est un peu obligé de dire à un moment "Certains professeurs l'appellent C.O.S." afin que les élèves ne soient pas déboussolés dans l'avenir. Et aussi, bien sûr, d'accepter la réponse de ceux qui disent COS. C'est une façon de nommer le Cpt d'attribution sans dire son sens.

Posté(e)

Bonjour,

nlm, même si je ne suis pas un admirateur inconditionnel d’Eveline Charmeux, force est de constater que la phrase citée dans mon message précédent a quand même du sens : quand une règle admet des exceptions qui ne sont pas justifiées, c’est peut-être que la règle est fausse, ou mal formulée…

Encore faut-il s’entendre sur l’objet de la grammaire scolaire (la syntaxe généralement, l’orthographe, la conjugaison et le vocabulaire bénéficiant souvent de séances leur étant spécifiquement consacrées), et ses objectifs : au service de la production d’écrit (oui, mais il n’est pas besoin de connaître les règles de grammaire pour bien écrire, puisque les notions de COD, complément d’agent, etc. n’étaient pas enseignées avant le XXème siècle sans que cela empêche les grands auteurs d’écrire leurs chefs-d’œuvre), à mieux s’exprimer (oui, mais un locuteur natif d’une langue n’a pas besoin de connaître les règles syntaxiques de sa langue maternelle pour s’exprimer correctement dans cette langue… Les enfants qui arrivent en CP n’ont jamais fait de grammaire, et pourtant ils s’expriment le plus souvent avec des phrases grammaticalement correctes ! Dans ce cas, la grammaire se confondrait avec la rhétorique, d’où elle est issue). Le but premier de la grammaire (au sens de syntaxe), c’est de trouver les règles qui régissent le fonctionnement de la langue, ce qui suppose un ensemble cohérent (« syntaxe » désigne l’ordre, le rangement en grec)… Je ne vois donc pas pourquoi on ne remettrait pas en cause une règle quand elle ne fonctionne pas, quel que soit le type de grammaire ! Sinon ce n’est plus cohérent… Quand à la « musique » de la langue, elle n’est pas un objet d’étude de la grammaire scolaire… Il faudrait parler de phonétique, la musicalité d’une langue étant une notion purement subjective basculant, par voie de conséquence, dans le domaine artistique (la poésie par exemple).

Je n’ai pas d’aversion particulière pour les grammaires dites « traditionnelles », mais l’approche mentaliste (définitions par le sens) me semble parfois (mais pas toujours) limitée… D’ailleurs, les manuels scolaires subissent l’influence des courants linguistiques, et mélangent allègrement différents niveaux d’analyse, sans toutefois présenter un ensemble parfaitement cohérent…

Par exemple : on va définir le CC par des critères sémantiques (il indique les circonstances de l’action), et par ses propriétés syntaxiques (déplaçable, effaçable, etc.). On va donner aux enfants le test suivant : pour trouver le CC, il faut poser la question Sujet + verbe + où/quand/comment etc. Je reprends ma phrase « je vais à Paris » On explique aux enfants que « à Paris » est CC de lieu parce qu’il indique les circonstances de l’action (lieu) et qu’il répond à la question sujet + verbe + où : je vais où ? à Paris. Mais « à Paris » n’est ni déplaçable, ni effaçable. A un enfant qui demande pourquoi il s’agit quand même d’un CC de lieu, que lui répondre ? Que parfois ça marche, parfois ça ne marche pas, et que c’est le sens qui prime sur les tests manipulatoires ? D’accord, mais si je dis « La ville de Paris », « de Paris » indique bien un lieu, pourtant il n’est pas CC, puisqu’il est complément du nom « ville ». A un enfant qui demande pourquoi il n’est pas CC, on lui dira que « de Paris » ne réponds pas à la question « où » posée après le verbe, n’est pas déplaçable, effaçable… Oui, mais on avait dit avant que c’est le sens qui prime sur les manipulations syntaxiques ? Il y a donc une contradiction. Ou alors, il faut que les CC répondent toujours aux deux critères (sémantiques et syntaxiques). Dans ce cas, « à Paris » ne peut plus être considéré comme complément circonstanciel de lieu. Soit l’ensemble de la règle n’est pas cohérent, soit l’attitude que l’on adopte face à la règle n’est pas cohérente…

Même chose pour la définition du COD/COI (introduit par Condillac en 1775). Je ne pense pas que tout verbe, à l’exception du verbe « être » et des verbes d’état, exprime forcément une action… Ainsi, dans la phrase « J’ai reçu une lette », j’aurais fait l’action de recevoir une lettre ? De même, dans la phrase « Luc ressemble à son père », Luc aurait fait l’action de ressembler à son père ? « Ressembler » exprime ici un état, rien d’autre à mes yeux… De plus, le complément d’objet n’exprime pas toujours l’objet d’un verbe : par exemple, dans la phrase « Le plombier perce un trou », « un trou » n’est pas l’objet de percer, mais le résultat de percer, puisqu’on ne peut percer un trou, un trou étant du vide ! De même, dans la phrase « Luc crie sa douleur », « sa douleur » n’est pas l’objet de crier, mais sa cause (c’est la douleur qui le fait crier, et non le crie qui lui fait mal…)

On le voit, l’approche mentaliste n’est pas certainement pas insultante mais limitée car cette elle manque de rigueur (et je n’ai jamais méprisé qui que ce soit ayant recours à la grammaire traditionnelle dan sa classe…) Le recours aux manipulations syntaxiques est donc nécessaire (d’ailleurs, je suis curieux de connaître le nom de ces linguistes qui sont tombés dans un « amphigouri pathétique »). Et si « on aboutit à des phrases sans queue ni tête », c’est que la manipulation (déplacement, permutation, substitution/commutation, effacement, insertion, mise en paraphrase, clivage) a permis de découvrir que le complément ni pas déplaçable, effaçable ou détachable et est donc bien une procédure d’identification.

Peut-être que les élèves ne sont pas devenus de meilleurs grammairiens (je ne connais aucune enquête objective et indépendante qui en parle), mais l’attitude « scientifique » d’observation, de manipulation et de validation d’hypothèses participe à la formation du citoyen, enjeu majeur de l’école…

Enfin, concernant le déplacement des CC de la fameuse phrase « Longtemps je me suis couché de bonne heure » : rappelons d’abord les critères de reconnaissance des CC : ils sont facultatifs (donc effaçables), déplaçables, ne sont pas pronominalisables (à part certains CC de lieu) et ne sont pas affectés par la négation (exemple : hier, je faisais mes courses -> hier, je ne faisais pas mes courses. Pour affecter le CC par la négation, il faut faire un clivage : ce n’est pas hier que je faisais mes courses).

Ainsi, pour « longtemps », pas de problème : je me suis longtemps couché de bonne heure. Là où ça se complique, c’est pour « de bonne heure ». Deux solutions s’offrent à nous : je peux dans un premier temps considérer qu’il s’agit d’un CC de temps, puisqu’il donne une information temporelle. Maintenant, j’essaie de repérer ses propriétés syntaxiques : je ne peux pas le déplacer, détacher, ni même le supprimer, la phrase n’aurait plus de sens. Il s’agirait d’un CC de temps non déplaçable parce qu’il existe déjà un autre CC de temps (longtemps). En effet, comme une seule position par catégorie sémantique est réservée aux compléments circonstanciels, il ne peut y avoir dans une phrase qu’un seul CC de lieu ou de temps à moins qu’il y ait une relation d’inclusion entre les différents compléments (progression dans la précision) : ici, « longtemps » recouvre une durée non définie (autorisant la répétition d’un procès ou d’une action) plus large que « de bonne heure », qui s’inscrit dans la journée et qui implique un procès ou action semelfactif (qui ne s’est produit qu’une fois). Par conséquent, « longtemps » doit être placé avant « de bonne heure » si l’on veut éviter une confusion de sens. Dans un deuxième temps, si je supprime « longtemps », je dois pouvoir déplacer « de bonne heure » (mais a priori je ne dis pas « de bonne heure, je me suis couché »), je dois pouvoir le supprimer (mais si je dis « je me suis couché », je change le sens de la phrase). « de bonne heure », comme tous les CC (à part certains CC de lieu) n’est certes pas pronominalisable, mais contrairement aux CC, il est ici affecté par la négation (« Je ne me suis pas couché de bonne heure »), car la négation porte sur le sens véhiculé par le verbe. Le complément « de bonne heure » est ici appelé par le verbe, il en complète le sens, c’est pour ça qu’on ne peut changer sa position ou l’effacer sans modifier le sens de la phrase. Il s’agirait donc d’un complément de verbe, ou d’un complément essentiel direct.

J’admets parfaitement que l’on ne puisse pas être d’accord avec moi, j’essaie simplement d’adopter une attitude cohérente - j’allais dire « scientifique » - face à la langue, pour mieux en comprendre le fonctionnement. Et si la démonstration n’est pas logique, cohérente, et comporte des erreurs, et bien soit, il faudra alors reprendre l’ensemble.

Voilà, désolé pour ce long post, mais je tenais seulement à expliquer ma démarche, en priant ceux qui se sont sentis visés de bien vouloir m’excuser si j’ai pu paraître insultant ou méprisant. Et avec ça, housse n’est pas plus avancé…

Chomsky

Posté(e)
Bonjour,

nlm, même si je ne suis pas un admirateur inconditionnel d’Eveline Charmeux, force est de constater que la phrase citée dans mon message précédent a quand même du sens : quand une règle admet des exceptions qui ne sont pas justifiées, c’est peut-être que la règle est fausse, ou mal formulée…

Encore faut-il s’entendre sur l’objet de la grammaire scolaire (la syntaxe généralement, l’orthographe, la conjugaison et le vocabulaire bénéficiant souvent de séances leur étant spécifiquement consacrées), et ses objectifs : au service de la production d’écrit (oui, mais il n’est pas besoin de connaître les règles de grammaire pour bien écrire, puisque les notions de COD, complément d’agent, etc. n’étaient pas enseignées avant le XXème siècle sans que cela empêche les grands auteurs d’écrire leurs chefs-d’œuvre), à mieux s’exprimer (oui, mais un locuteur natif d’une langue n’a pas besoin de connaître les règles syntaxiques de sa langue maternelle pour s’exprimer correctement dans cette langue… Les enfants qui arrivent en CP n’ont jamais fait de grammaire, et pourtant ils s’expriment le plus souvent avec des phrases grammaticalement correctes ! Dans ce cas, la grammaire se confondrait avec la rhétorique, d’où elle est issue). Le but premier de la grammaire (au sens de syntaxe), c’est de trouver les règles qui régissent le fonctionnement de la langue, ce qui suppose un ensemble cohérent (« syntaxe » désigne l’ordre, le rangement en grec)… Je ne vois donc pas pourquoi on ne remettrait pas en cause une règle quand elle ne fonctionne pas, quel que soit le type de grammaire ! Sinon ce n’est plus cohérent… Quand à la « musique » de la langue, elle n’est pas un objet d’étude de la grammaire scolaire… Il faudrait parler de phonétique, la musicalité d’une langue étant une notion purement subjective basculant, par voie de conséquence, dans le domaine artistique (la poésie par exemple).

Je n’ai pas d’aversion particulière pour les grammaires dites « traditionnelles », mais l’approche mentaliste (définitions par le sens) me semble parfois (mais pas toujours) limitée… D’ailleurs, les manuels scolaires subissent l’influence des courants linguistiques, et mélangent allègrement différents niveaux d’analyse, sans toutefois présenter un ensemble parfaitement cohérent…

Par exemple : on va définir le CC par des critères sémantiques (il indique les circonstances de l’action), et par ses propriétés syntaxiques (déplaçable, effaçable, etc.). On va donner aux enfants le test suivant : pour trouver le CC, il faut poser la question Sujet + verbe + où/quand/comment etc. Je reprends ma phrase « je vais à Paris » On explique aux enfants que « à Paris » est CC de lieu parce qu’il indique les circonstances de l’action (lieu) et qu’il répond à la question sujet + verbe + où : je vais où ? à Paris. Mais « à Paris » n’est ni déplaçable, ni effaçable. A un enfant qui demande pourquoi il s’agit quand même d’un CC de lieu, que lui répondre ? Que parfois ça marche, parfois ça ne marche pas, et que c’est le sens qui prime sur les tests manipulatoires ? D’accord, mais si je dis « La ville de Paris », « de Paris » indique bien un lieu, pourtant il n’est pas CC, puisqu’il est complément du nom « ville ». A un enfant qui demande pourquoi il n’est pas CC, on lui dira que « de Paris » ne réponds pas à la question « où » posée après le verbe, n’est pas déplaçable, effaçable… Oui, mais on avait dit avant que c’est le sens qui prime sur les manipulations syntaxiques ? Il y a donc une contradiction. Ou alors, il faut que les CC répondent toujours aux deux critères (sémantiques et syntaxiques). Dans ce cas, « à Paris » ne peut plus être considéré comme complément circonstanciel de lieu. Soit l’ensemble de la règle n’est pas cohérent, soit l’attitude que l’on adopte face à la règle n’est pas cohérente…

Même chose pour la définition du COD/COI (introduit par Condillac en 1775). Je ne pense pas que tout verbe, à l’exception du verbe « être » et des verbes d’état, exprime forcément une action… Ainsi, dans la phrase « J’ai reçu une lette », j’aurais fait l’action de recevoir une lettre ? De même, dans la phrase « Luc ressemble à son père », Luc aurait fait l’action de ressembler à son père ? « Ressembler » exprime ici un état, rien d’autre à mes yeux… De plus, le complément d’objet n’exprime pas toujours l’objet d’un verbe : par exemple, dans la phrase « Le plombier perce un trou », « un trou » n’est pas l’objet de percer, mais le résultat de percer, puisqu’on ne peut percer un trou, un trou étant du vide ! De même, dans la phrase « Luc crie sa douleur », « sa douleur » n’est pas l’objet de crier, mais sa cause (c’est la douleur qui le fait crier, et non le crie qui lui fait mal…)

On le voit, l’approche mentaliste n’est pas certainement pas insultante mais limitée car cette elle manque de rigueur (et je n’ai jamais méprisé qui que ce soit ayant recours à la grammaire traditionnelle dan sa classe…) Le recours aux manipulations syntaxiques est donc nécessaire (d’ailleurs, je suis curieux de connaître le nom de ces linguistes qui sont tombés dans un « amphigouri pathétique »). Et si « on aboutit à des phrases sans queue ni tête », c’est que la manipulation (déplacement, permutation, substitution/commutation, effacement, insertion, mise en paraphrase, clivage) a permis de découvrir que le complément ni pas déplaçable, effaçable ou détachable et est donc bien une procédure d’identification.

Peut-être que les élèves ne sont pas devenus de meilleurs grammairiens (je ne connais aucune enquête objective et indépendante qui en parle), mais l’attitude « scientifique » d’observation, de manipulation et de validation d’hypothèses participe à la formation du citoyen, enjeu majeur de l’école…

Enfin, concernant le déplacement des CC de la fameuse phrase « Longtemps je me suis couché de bonne heure » : rappelons d’abord les critères de reconnaissance des CC : ils sont facultatifs (donc effaçables), déplaçables, ne sont pas pronominalisables (à part certains CC de lieu) et ne sont pas affectés par la négation (exemple : hier, je faisais mes courses -> hier, je ne faisais pas mes courses. Pour affecter le CC par la négation, il faut faire un clivage : ce n’est pas hier que je faisais mes courses).

Ainsi, pour « longtemps », pas de problème : je me suis longtemps couché de bonne heure. Là où ça se complique, c’est pour « de bonne heure ». Deux solutions s’offrent à nous : je peux dans un premier temps considérer qu’il s’agit d’un CC de temps, puisqu’il donne une information temporelle. Maintenant, j’essaie de repérer ses propriétés syntaxiques : je ne peux pas le déplacer, détacher, ni même le supprimer, la phrase n’aurait plus de sens. Il s’agirait d’un CC de temps non déplaçable parce qu’il existe déjà un autre CC de temps (longtemps). En effet, comme une seule position par catégorie sémantique est réservée aux compléments circonstanciels, il ne peut y avoir dans une phrase qu’un seul CC de lieu ou de temps à moins qu’il y ait une relation d’inclusion entre les différents compléments (progression dans la précision) : ici, « longtemps » recouvre une durée non définie (autorisant la répétition d’un procès ou d’une action) plus large que « de bonne heure », qui s’inscrit dans la journée et qui implique un procès ou action semelfactif (qui ne s’est produit qu’une fois). Par conséquent, « longtemps » doit être placé avant « de bonne heure » si l’on veut éviter une confusion de sens. Dans un deuxième temps, si je supprime « longtemps », je dois pouvoir déplacer « de bonne heure » (mais a priori je ne dis pas « de bonne heure, je me suis couché »), je dois pouvoir le supprimer (mais si je dis « je me suis couché », je change le sens de la phrase). « de bonne heure », comme tous les CC (à part certains CC de lieu) n’est certes pas pronominalisable, mais contrairement aux CC, il est ici affecté par la négation (« Je ne me suis pas couché de bonne heure »), car la négation porte sur le sens véhiculé par le verbe. Le complément « de bonne heure » est ici appelé par le verbe, il en complète le sens, c’est pour ça qu’on ne peut changer sa position ou l’effacer sans modifier le sens de la phrase. Il s’agirait donc d’un complément de verbe, ou d’un complément essentiel direct.

J’admets parfaitement que l’on ne puisse pas être d’accord avec moi, j’essaie simplement d’adopter une attitude cohérente - j’allais dire « scientifique » - face à la langue, pour mieux en comprendre le fonctionnement. Et si la démonstration n’est pas logique, cohérente, et comporte des erreurs, et bien soit, il faudra alors reprendre l’ensemble.

Voilà, désolé pour ce long post, mais je tenais seulement à expliquer ma démarche, en priant ceux qui se sont sentis visés de bien vouloir m’excuser si j’ai pu paraître insultant ou méprisant. Et avec ça, housse n’est pas plus avancé…

Chomsky

non, c'est vrai, :wink: quoi que, ça me fait me poser des questions que je ne m'étais jamais posées, et cette discussion m'intéresse beaucoup, alors continuez, moi j'apprends, c'est déjà super.....

après tout, y a pas que les élèves qui doivent apprendre. :wub:

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