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Des idées de Fables qui ne soient pas


Charivari

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Invité mufab

Une graine voyageait

Une graine voyageait

toute seule pour voir le pays.

Elle jugeait les hommes et les choses.

Un jour elle trouva

joli le vallon

et agréables quelques cabanes.

Elle s'est installée sur l'herbe

auprès d'une fontaine,

et s'est endormie.

Pendant qu'elle rêvait

elle est devenue brindille,

et la brindille a grandi

puis s'est couverte de bourgeons.

Les bourgeons ont donné des branches.

Tu vois ce chêne puissant :

c'est lui, si beau, si majestueux,

cette graine.

- Oui, mais le chêne

ne peut pas voyager.

Alain BOSQUET

Le chat et l'oiseau de Jacques Prévert

Un village écoute désolé

Le chant d'un oiseau blessé

C'est le seul oiseau du village

Et c'est le seul chat du village

Qui l'a à moitié dévoré

Et l'oiseau cesse de chanter

Le chat cesse de ronronner

Et de se lécher le museau

Et le village fait à l'oiseau

De merveilleuses funérailles

Et le chat qui est invité

Marche derrière le petit cercueil de paille

Où l'oiseau mort est allongé

Porté par une petite fille

Qui n'arrête pas de pleurer

Si j'avais su que cela te fasse tant de peine

Lui dit le chat

Je l'aurai mangé tout entier

Et puis je t'aurais raconté

Que je l'avais vu s'envoler

S'envoler jusqu'au bout du monde

Là-bas c'est tellement loin

Que jamais on n'en revient

Tu aurais eu moins de chagrin

Simplement de la tristesse et des regrets

Il ne faut jamais faire les choses à moitié.

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  • 3 semaines plus tard...
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Les deux voyageurs

Le compère Thomas et son ami Lubin

Allaient à pied tous deux à la ville prochaine.

Thomas trouve sur son chemin

Une bourse de louis pleine ;

Il l'empoche aussitôt. Lubin, d'un air content,

Lui dit : pour nous la bonne aubaine !

Non, répond Thomas froidement,

Pour nous n'est pas bien dit, pour moi c'est différent.

Lubin ne souffle plus ; mais, en quittant la plaine,

Ils trouvent des voleurs cachés au bois voisin.

Thomas tremblant, et non sans cause,

Dit : nous sommes perdus ! Non, lui répond Lubin,

Nous n'est pas le vrai mot, mais toi , c'est autre chose.

Cela dit, il s'échappe à travers les taillis.

Immobile de peur, Thomas est bientôt pris,

Il tire la bourse et la donne.

Qui ne songe qu'à soi quand sa fortune est bonne

Dans le malheur n'a point d'amis.

Jean-Pierre Claris de FLORIAN

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  • 4 semaines plus tard...

Une nouvelle, de Maurice Carême :

Fable

En arroi de dentelle,

La très noble Isabelle

Traversait la forêt.

Un loup maigre paraît

Qui se jette sur elle.

- Malheureux, arrêtez !

Lui enjoint Isabelle,

Je suis princesse et belle.

Les plus grands chevaliers

Se courbent à mes pieds.

- Vous me contez merveille,

Dit le loup ébranlé.

Comment, vous ignorez

Que le loup affamé

N'a jamais eu d'oreilles ?

- Que si, vous en avez,

Beau sire, et pas vilaines !

Et moi de par la reine,

Et Jean de La Fontaine,

Je vous fais chevalier.

Pauvre loup ! Il la croit !

A la sortie du bois,

On le met en quartier.

Aimer fille de roi !...

Mieux valait la manger.

Maurice Carême

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Le jeune Lapin et le Renard

Un Lapin, dans cet âge heureux

Qui ne connaît soucis ni peine,

Folâtrait près de sa garenne.

Un ami cependant faisait faute à ses jeux :

Point de plaisir complet si l’on est au moins deux.

Tout à coup s’offrit à sa vue

Un animal d’une espèce inconnue ;

C’était maître Renard, qui lui dit : « Mon cousin,

Puisqu’un heureux hasard aujourd’hui nous rassemble,

Embrassons-nous, jouons ensemble.

J’ai toujours aimé le lapin :

Le lapin !... oh oui, je le prise

Seul plus que tous les animaux,

J’en fais serment. J’ai des défauts,

Mais ma vertu, c’est la franchise. »

Ces mots ont du Lapin décidé le refus.

Il s’enfuit au terrier, et là, par sa fenêtre :

« Toi franc !... Je le croyais peut-être ;

Tu l’as dit, je ne le crois plus. »

Une vertu dont on se vante

M’est suspecte ; elle m’épouvante.

Je vous suis inconnu, vous me tendez les bras !

Grand merci, mais n’approchez pas.

Charles-Guillaume Sourdille de la Valette

_______________________________________

L’Ane et le Chameau

L’Ane avec le Chameau faisait un jour voyage.

En bons amis, marchant du même train,

Tous deux allaient, dans un pays lointain,

Recueillir certain héritage.

Un torrent tout à coup s’oppose à leur passage.

La largeur du torrent et sa rapidité

N’arrêtent pas l’animal haut monté.

Son compagnon reste sur le rivage :

Il hésitait, en âne sage ;

Mais ayant vu son ami traverser,

« c’est bon, dit-il, je puis passer,

Puisqu’on n’en a que jusqu’au ventre. »

Dans le torrent bravement donc il entre :

Quelques pas faits, il avait perdu pied.

Où chameau passe, âne est noyé.

Charles-Guillaume Sourdille de la Valette

__________________________________________

La Goutte d’eau

Un orage grondait à l’horizon lointain,

Lorsqu’une goutte d’eau, s’échappant de la nue,

Tombe au sein de la mer et pleure son destin.

« Me voilà dans les flots, inutile, inconnue,

Ainsi qu’un grain de sable au milieu des déserts.

Quand sur faite du vent je roulais dans les airs.

Un plus bel avenir s’offrait à ma pensée :

J’espérais sur la terre avoir pour oreiller

L’aile du papillon ou la fleur nuancée,

Ou sur le gazon vert m’asseoir et briller… »

Elle pariait encore : une huître, à son passage

S’entr’ouve, la reçoit, se referme soudain.

Celle qui supportait la vie avec dédain

Durcit, se cristallise au fond du coquillage,

Devient perle bientôt, et la main du plongeur

La délivre de l’onde et de sa prison noire,

Et depuis, on l’a vue, éclatante de gloire,

Sur la couronne d’or d’un puissant empereur.

O toi, vierge sans nom, fille du prolétaire,

Qui retrempes ton ûme au creuset du malheur,

Un travail incessant fut ton lot sur la terre ;

Prends courage ! ici-bas chacun aura son tour :

Dans les flots de ce monde, où tu vis solitaire,

Comme la goutte d’eau tu seras perle un jour …

Pierre Casimir Hippolyte Lachambeaudie

_____________________________________________

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Une excellente de Pierre Gamarra, sur la politesse, et l'intérêt de se faire entendre :D :

La Puce et l’Eléphant

Une puce minuscule

Rencontra sur son chemin

Un éléphant majuscule

Qui s’en allait prendre un bain.

Elle lui dit : « Monsieur, reculez-vous, de grâce !

Ayez donc la bonté de me céder la place.

Je m’excuse… On m’attend et ne puis m’arrêter.

Accordez-moi, s’il vous plaît, la priorité. »

Elle mit dans ses mots tant de délicatesse

Que le géant se recula.

On peut comprendre après cela

L’intérêt de la politesse.

Une autre puce, en un autre moment,

Se trouva nez à nez avec un mastodonte.

L’insecte fort courtoisement

Lui demanda passage. Il ne se rendit compte

De rien et poursuivit sa route d’un pas lourd

En écrasant la pauvre puce

Qui succomba sans plus d’astuce.

Car cet éléphant était sourd !

Chers petits et chères petites,

N’oubliez pas d’être polis.

Essayez de savoir aussi

Si l’on entend ce que vous dites.

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Le Boeuf qui veut se faire aussi petit que la Grenouille

Un boeuf apercevant une alerte grenouille

Fut saisi de ravissement.

Il la contemple, il s'agenouille :

Quels bonds ! Même le firmament

Semble être à sa portée ! Le lourdaud se décide

A l'imiter.

Il marche, il saute, il court, il va dans le torride

Après-midi d'été,

Comme si mille taons le harcelaient sans cesse.

Trempé de sueur, le mufle bas, il demande : « Est-ce

Assez ? » Mais la grenouille rit,

Et semble s'envoler.

Alors, le boeuf est pris

D'un courage héroïque : il jeûne, il boude l'herbe

Verte, fraîche, superbe.

« Suis-je à votre niveau ? – Pas tout à fait encor !

- Ma taille est-elle fine ? – Accentuez votre effort ! »

Le balourd se résigne

A souffrir pour avoir la ligne.

En quelques jours il perd

Son port majestueux, sa peau flotte, il a l'air

D'une pauvre carcasse.

Ses flancs se sont creusés, ses os percent sa peau,

Il trépasse

Bientôt.

Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :

Les femmes bien en chair envient les fils de fer

Et jeûnent pour avoir l'air d'un haricot vert.

Les messieurs bedonnant s'agitent sur les plages

Comme des garçonnets ;

L'épais béton copie la dentelle de pierre ;

La pesante voiture envie la montgolfière ;

Sur scène on voit se contorsionner

L'énorme cantatrice

Voulant susurrer, en discrète actrice,

Sa terrible clameur.

Et l'on peut allonger la liste :

Le plus lourd des rimeurs

Singe le léger fabuliste.

Jacques Charpentreau

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alors, cette magnifique fable morale, de Françoise Sagan

C'est vrai qu'elle est à la fois drôle et moderne ! J'aime beaucoup cette réponse de la jeune bergère au vieux berger.

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Et puis, au début, tu ne voulais pas de pastiches, mais tu en as mis quand même...

Souvent femme Chari varie :D

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  • 6 années plus tard...

Un petit up parce que j'ai pris beaucoup de plaisir à relire cette sélection...

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oh merci merci merci 

exactement ce que je cherchais, des fables avec une morale, avec mes CM1, j avais l'habitude de faire le moqueur moqué et le laboureur et ses enfants (bon là c'est Jean de la Fontaine)

mais comme je vais avoir des CE2, je voulais varier mes fables avec moral, donc me voilà ravie de ce corpus, plus qu'à choisir

Tu as du lire dans mes pensées, car j'ai commencé ma recherche toute la soirée d'hier ...

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