Freinet

[vénie]

J'aimerais discuter avec des personnes qui pratiquent la pédagogie Freinet totalement ou partiellement.

Je pratique déjà le PMEV (donc les plans de travail). Juste en maths et en français. Pas en lecture, écriture et éveil.

Après la lecture du livre de Sylvain CONNAC "Apprendre avec les pédagogies coopératives", j'aimerais mettre en place cette pédagogie.

J'ai beaucoup de questions méthodologiques.

Merci.

[Charivari]

Il me semble que Sylvain Connac pratique plus du Fernand Oury que du Freinet, notamment avec ses "ceintures de compétences".

Il fait des choix d'hyper-individualisation de toutes les étapes d'apprentissage que je ne partage pas toujours (plus de détail ci-dessous : *) mais j'ai évidemment beaucoup moins d'expérience que lui.

J'avais fait du système d'éval par les ceintures mon sujet de mémoire de fin de PE2. J'en ai mis des bouts exploitables ici : http://charivari.eklablog.com/ceintures-de...l-ecole-a214774

* Avant de démarrer l'année, je m'étais renseignée sur le fonctionnement des classes qui utilisent l'évaluation par les ceintures[1] et j'avais notamment lu le site de la démarche PIDAPI (Parcours Individualisé et Différencié des Apprentissages et Pédagogie Institutionnelle)

Cette démarche propose des outils sous forme de fiches de travail, ordonnées selon des couleurs de ceintures. Les enfants choisissent la ceinture qu'ils souhaitent travailler et travaillent le plus souvent individuellement à l'acquisition des connaissances. Ces fiches ne contiennent donc pas seulement des exercices d'entrainement mais bien toute la démarche d'apprentissage, depuis le diagnostic, la découverte de la notion, l'institutionnalisation, jusqu'à l'entrainement.

Dans cette démarche, donc, l'élève découvre et apprend souvent seul (éventuellement aidé par le maitre).

Dans ma classe, au contraire, hormis la plage d'étude dirigée, le déroulement d'une journée de classe est classique (c'est-à-dire qu'en dehors de cette plage de travail différencié tous les élèves travaillent sur les mêmes sujets, ensemble). Très concrètement, il se peut très bien qu'un élève très faible en géométrie, qui n'a validé que l'étape jaune, travaille avec ses camarades et moi sur les acquisitions de l'étape verte (soit 3 ou 4 étapes plus loin).

J'ai choisi ce mode de fonctionnement traditionnel, opposé à un fonctionnement très individualisé de type PIDAPI, parce que je tiens aux apports du fonctionnement en groupe hétérogène. Sans rentrer dans les détails sur ces apports « socio constructivistes » (un deuxième mémoire n'y suffirait pas), il me semble que même un élève « en retard » (dans ses ceintures) gagne à fréquenter les notions des ceintures plus élevées et qu'il est « tiré vers le haut » en travaillant au côtés de ses camarades plus avancés. Non seulement cela prépare le terrain pour le moment où lui aussi atteindra ces étapes, mais je pense aussi que les occasions de se frotter à des travaux plus difficiles ou simplement différents peuvent parfois provoquer le déclic qui permettra à cet élève de progresser dans les étapes inférieures.

[Marevann]

Bonjour,

Des posts ont déjà été ouverts à ce sujet, peut-être y a-til déjà des débuts de piste pour toi...

Quoi qu'il en soit ce sujet m'intéresse, j'essaie de mettre en place cette pédagogie... je suivrai donc avec attention

[vénie]

Merci charivari. J'ai appris des choses en lisant ton blog. Petit à petit le brouillard se dissipe.

J'ai ouvert ce sujet pour discuter avec les gens qui mettent en pratique ce genre de pédagogie (comme toi) et qui se sont déjà frotté aux limites de de telles pédagogies.

J'avais essayer une année où j'avais tout le cycle 3 de mettre en place les ceintures. Mais j'ai pris peur face au gouffre qui séparait les premiers de ceux en difficulté, et cela dès Noël.

C'est pourquoi j'avais me semblait-il trouvé une alternative avec la PMEV.

Mais après 2 ans de cette pratique, je trouve que cela ne suit peut-être pas assez le rythme de chacun. Mon plan dure 3 semaines (je suis à mi-temps) et ensuite c'est le contrôle, le même pour tout le monde.

Et je passe au plan suivant car je n'ai pas le temps de revoir ce qui n'est pas acquis si je veux voir tout le programme.

Bref, je cherche quelque chose de plus souple, mais j'ai vraiment peur des écarts qui se creusent ...

De plus, juste 30 min par jour cela me parait très peu. Je fais environ 1h30 de plan de travail par jour. Sans compter découvertes et leçons.

Mais si j'ai bien compris, ton travail en autonomie est indépendant de ta progression en maths et français qui sont des temps collectifs (avec exercices d'applic et correction collective?).

Voilà j'ai encore mille et une questions, mais il est tard.

[Charivari]

Mais si j'ai bien compris, ton travail en autonomie est indépendant de ta progression en maths et français qui sont des temps collectifs (avec exercices d'applic et correction collective?).

Voilà j'ai encore mille et une questions, mais il est tard.

Oui, c'est ça. Le travail en autonomie était complètement indépendant de mes progressions. On progresse "tous ensemble" et on s'entraine "à son niveau", seulement 30-45 minutes par jour. Cela fonctionnait bien (les entrainements, c'était seulement en maths et français alors que j'avais mis les ceintures dans toute "mes" matières)

PS : Dans le cadre de mon mémoire, j'avais écrit à Sylvain Connac (j'avais dû trouver son mail sur internet quelque part) e il m'avait répondu longuement et très gentiment... Si tu as des questions précises, tu peux peut-être lui demander conseil ?

[genireves]

Mais si j'ai bien compris, ton travail en autonomie est indépendant de ta progression en maths et français qui sont des temps collectifs (avec exercices d'applic et correction collective?).

Voilà j'ai encore mille et une questions, mais il est tard.

Oui, c'est ça. Le travail en autonomie était complètement indépendant de mes progressions. On progresse "tous ensemble" et on s'entraine "à son niveau", seulement 30-45 minutes par jour. Cela fonctionnait bien (les entrainements, c'était seulement en maths et français alors que j'avais mis les ceintures dans toute "mes" matières)

Je fais un peu comme ça moi aussi, mais pour des plans de travail d'une semaine: comme Charivari, on découvre ensemble ensuite, les semaines suivantes, on réinvestit en fonction de son niveau: je propose 3 niveaux de difficulté dans chaque discipline (grammaire, ortho, numération...) en français et en maths, à raison de 2 x 30 min par jour, 3 jours/ semaine.

Le vendredi, on fait le point.

En fonction de leur resultat et de leurs difficulté, les eleves montent ou descendent de niveau.

Charivari, il faut que je trouve le temps d'aller lire ton travail.

[vénie]

Il n'empêche que lorsqu'on fonctionne avec les ceintures, que faites-vous face aux écarts qui se creusent.

Si un enfants n'arrive pas à passer une ceinture, il peut prendre des semaines de retard par rapport aux plus performants.

Faut-il se faire à l'idée qu'il ne sera pas évalué sur toutes les compétences ?

[Yaël]

Il n'empêche que lorsqu'on fonctionne avec les ceintures, que faites-vous face aux écarts qui se creusent.

Si un enfants n'arrive pas à passer une ceinture, il peut prendre des semaines de retard par rapport aux plus performants.

Faut-il se faire à l'idée qu'il ne sera pas évalué sur toutes les compétences ?

Je comprends ton inquiétude : en classe ordinaire, le programme prime souvent.

Or, quand on fait du spécialisé avec des élèves à troubles du comportement (et, par conséquence, des apprentissages) ou qu'on est en ordinaire avec une classe multi-niveaux, c'est plus facile de s'en détacher pour faire progresser les individualités plutôt qu'un collectif classe.

Faut pas avoir trop d'élèves sous peine de passer beaucoup de temps en corrections et en préparation de fiches...

C'est mon avis tout personnel...

[genireves]

Il n'empêche que lorsqu'on fonctionne avec les ceintures, que faites-vous face aux écarts qui se creusent.

Si un enfants n'arrive pas à passer une ceinture, il peut prendre des semaines de retard par rapport aux plus performants.

Faut-il se faire à l'idée qu'il ne sera pas évalué sur toutes les compétences ?

Je ne fonctionne pas en ceintures, donc je ne peux pas répondre à ta question.

Mais avant de me lancer dans ce plan de travail, ça m'a turlupiné longtemps, cette question.

Maintenant, je me rend compte qu'en mettant regulièrement des exercices sur le même thème (au pif la soustraction) , et en donnant un coup de main personnalisé aux gosses qui sont en difficulté pendant que les autres font leurs exercices en autonomie et se perfectionnent, l'écart ne grandit pas entre les élèves en difficulté et les autres.

En fait, les plus performants vont approfondire des notions, en croiser tandis que les eleves en difficulté resteront plus à la surface mais y arriveront petit à petit.

Les plus faibles ont moins d'exercices et ceux-ci sont plus faciles, mais le deal est clair: ils doivent essayer, faire de leur mieux pour pouvoir monter de niveau. Alors ils arrivent à avoir des "bien "ou des "très bien ", parviennent à changer de niveau dans une matière ou une autre et n'en sont pas peu fiers (Alors je sais qu'un "TB niveau 1" n'est pas la même chose qu'un "TB niveau 2 ou 3" mais n'empeche qu'ils ont eu leur TB). ça les motive.

Quand aux plus performants, ils savent que s'ils ne s'appliquent pas, ils vont se retrouver au niveau inferieur la semaine suivante et ils n'apprécient pas vraiment...

Je ne dis pas que c'est LA solution. C'est seulement la meilleure (pour moi) que j'ai trouvé en 10 ans de carrière pour personnaliser au mieux le travail, aider les plus faibles sans obliger les plus forts à "attendre".

Faut pas avoir trop d'élèves sous peine de passer beaucoup de temps en corrections et en préparation de fiches...

C'est un peu mon problème: c'est la 1ère année que je tente ça et j'ai 30 CM. C'est lourd.

Je me console en me disant que les années suivantes, j'aurai dejà préparé mes exercices. Et même si j'aurai des choses à modifier dans mon travail, le plus gros sera fabriqué. Il me restera "plus" que les corrections. Pis qui sait, peut-etre qu'un jour j'aurais un CM à 20 ou 22 gamins...