Concrêtement, comment être/devenir moins "frontale"?

[Invité mufab]

Dylan garde finalement son programme allégé à vie.

Tu sais quand Dylan il arrive dans mon Ce2 sans savoir lire, ben je n'allège ni d'adapte du tout les textes ou les exos pour lui. Ben non il est en Ce2, il a bien le droit d'atteindre les mêmes cîmes, quitte à s'y noyer (s'il est possible). Je le prépare pour le Cm1, faut qu'il s'habitue.

[Invité mufab]

Donc je fais ce que je peux avec ce que je trouve qui me semble le mieux, pour prendre en compte qui j'ai en face. Ne rien jeter en bloc, ça peut servir.

Ce n'est ni une histoire de Merveille du Monde, ni de dogmatisme.

[Mogwli]

Tu sais quand Dylan il arrive dans mon Ce2 sans savoir lire, ben je n'allège ni d'adapte du tout les textes ou les exos pour lui. Ben non il est en Ce2, il a bien le droit d'atteindre les mêmes cîmes, quitte à s'y noyer (s'il est possible). Je le prépare pour le Cm1, faut qu'il s'habitue.

Bon, Mufab, je comprends bien ton souci : j'ai connu le même quand j'avais des CE2 et même des CM. Je me suis échinée comme toi à chercher toutes sortes de solutions pour ces petits Dylan. Et puis un jour, je me suis dit que ce n'était peut-être pas normal que des gamins aussi intelligents que les autres se trouvent dans cette situation. Que ce n'était peut-être pas une fatalité. Et j'ai commencé à chercher des réponses à cette question et à m'intéresser de très près au CP.

Et puis j'ai fini par me lancer et à prendre un CP. Et depuis ce jour, je me moque complètement de savoir si ma pédagogie est ceci ou cela, si ce que je mets en place avec mes élèves s'appelle de la différenciation ou pas... Tout ce que je sais, c'est qu'il est hors de question qu'un seul de mes élèves quitte le CP sans savoir lire ou au moins déchiffrer convenablement. Et ce, quelles que soient son origine, son histoire ou ses difficultés. Même quand les "pronostics" des collègues de GS ne sont pas optimistes.

Je touche du bois, pour l'instant, même si je ne suis qu'une petite instit lambda, cet objectif, je le tiens et je ne le lâche pas.

Je rejoins donc complètement la réaction d'Akwabon sur ce point.

Bon courage à toi !

[Invité mufab]

OK, mais toi t'es trop forte.

Je suis que neuvième.

[Delphi]

le problème du frontal c'est que ça ne favorise que les bons élèves...

Au contraire, le frontal est la pédagogie qui marche le mieux pour les élèves en difficulté

Eleves en difficultés qui sont le plus perdus par la recherche, le constructivisme, capmaths, main à la pâte, pédagogie du projet, pemv... qui eux ne fonctionnent que chez les bons élèves !

Le contraire de ce que la majorité pense, mais la majorité n'est pas à jour sur les dernières pédagogies testées et comparées et sur la neuroscience, la manière dont on apprend...

Lis en entier le document joint, et SURTOUT tout ce dossier de la première à la dernière ligne et on en reparle:

http://www.inrp.fr/publications/edition-electronique/revue-francaise-de-pedagogie/INRP_RF150_7.pdf

Pourquoi mes anciens élèves réussissaient-ils aussi bien les évaluations nationales 6ème que les autres ????? Pourtant j'étais tout sauf frontale ! Ayant un cours triple, j'ai gardé certains élèves 3 ans... Bizarre ils s'en sortent très bien. Je remets complètement en doute la validité de ce document ou alors je n'ai rien compris... appelez moi Dylan et soyez explicites !!!!

[Delphi]

Les pédagogies coopératives, la PMEV tout cela m'attire vraiment, mais je n'arrive pas à me lancer. Je mets ça en place pour les CM2 au dernier trimestre, avant ou avec les autres, je n'y arrive tout simplement pas... la trouille de les lâcher, de les perdre, de ne pas savoir gérer l'institutionnalisation d'un parcours que je n'aurais pas suivi de A à Z...

Il ne faut pas imaginer que c'est le flou artistique dans ce genre de pédagogie. Bien au contraire ça demande beaucoup de rigueur. Tu peux savoir exactement où en sont chacun de tes élèves si tu as de bons outils.

[Delphi]

Et là, aujourd'hui, j'ai été épatée, ils chantent, ils dansent (si, si !), en respectant la chorégraphie (frontale, imposée), deux à deux, tournez, tapez dans les mains, etc. Et ils ont une joie à voir "comme ça fait beau" et "comme on y arrive bien" qui fait plaisir à voir.

Là, je ne sais plus si je suis tout à fait dans le sujet, mais c'était pour dire que "frontal" ne veut pas automatiquement dire "chiant comme la pluie" ou "avaler du BLED toute la journée".

Mmmm ça fera de parfaits petits citoyens !!! Mais où est l'esprit créatif dans tout ça ??? "Comme ça fait beau" de faire le pantin !!!!

[Delphi]

En même temps, le savoir, sans émaner du maître, est bien transmis par lui, alors...

D'après toi il n'y a pas d'apprentissage possible sans la transmission du maître ????

C'est l'histoire de l'élève considéré comme un vase vide que le maître rempli...

[helenel]

Parce que vous pensez être les seul(e)s à avoir des gamins pour lesquels nulle pédagogie "classe ordinaire" n'aura d'impact ?

C'est pour ça qu'il faut surtout ne pas se remettre en question pour tenter coûte que coûte des différenciations, même moins abouties que ce qui est montré là ?

Pour différencier, je différencie, de toute façon pas le choix, entre les PAI, les PPRE et les 3 niveaux... mais je n'oppose pas la différenciation avec le "frontal". Sur mes 8 CE2 par exemple, il y a 3 niveaux d'exercices, je fais varier soit la longueur, soit la difficulté, X a souvent des exos à trous vu qu'il est incapable d'écrire plus de deux mots... une fois la consigne passée, reformulée etc, je m'attarde vers Y pour m'assurer qu'il a bien compris ce que j'attends de lui, je n'ai pas du tout l'impression de laisser mes "Kevin" patauger dans la soupe.

Donc différenciation, ok. Mes dictées sont "escalier", ils ont leurs listes de mots, la lecture est en ateliers, la résolution de problèmes aussi...

Par contre la mise en route d'une notion, l'explication, la passation de consigne, le recueil de proposition, la validation, la correction, tout passe par moi. Donc frontal.

Mais l'enseignant dans le doc qui disait que les débutants avaient du mal à accepter de ne pas avoir la mainmise sur la classe a complètement raison, je n'arrive pas du tout à lâcher prise, à les laisser "se perdre" (je parle plutôt des situations de découverte), je guide les recherches, je calibre les documents que je donne.

Je ne sais plus qui parlait de cours dialogué, ben je fais ça tout le temps, sauf en anglais où je me sens super à l'aise et où on a une "autre" manière de travailler.

[Delphi]

Je suis en train de regarder cette vidéo, et franchement, j'adorerais que mes élèves travaillent en "contrat", je me sentirais bien dans ce fonctionnement... mais honnêtement, est-ce qu'il n'y a que dans ma classe qu'il y a des mômes qui ne veulent pas bosser, qui n'ont pas envie, y compris quand il y a du travail de groupe?

quand je vois ces classes parfaites où tous les gamins sont partie prenante de leurs apprentissages, je me dis que je suis nulle et à côté de la plaque.

J'ai bien ce genre d'élèves dans ma classe, cette année tout particulièrement. Pour arriver à les faire bosser j'ai mis en place une classe coopérative... et ils adorent !!!

Imaginons que ça ne marche pas toujours... dans ta pédagogie frontale, est-ce que ces élèves se mettent au boulot ? Alors pourquoi ne pas tenter autre chose. Je suis loin d'être une super maîtresse mais ce qui se passe dans la vidéo arrive aussi dans ma classe. Un moment où la classe grouille silencieusement, et s'agite en travail ! Ce n'est pas un rêve et je n'ai pas une classe parfaite ! Essaie et tu verras !

[helenel]

En même temps, le savoir, sans émaner du maître, est bien transmis par lui, alors...

D'après toi il n'y a pas d'apprentissage possible sans la transmission du maître ????

C'est l'histoire de l'élève considéré comme un vase vide que le maître rempli...

C'est là tout mon questionnement, je sens bien que l'apport des pairs est trop juste dans ma classe, j'admire bcp les personnes qui se lancent dans la PMEV, dans les pédagogies coopératives de type Freinet, j'ai beaucoup lu là dessus, je me sens "proche" de ce type d'enseignement, mais je n'arrive pas à me lancer. J'ai peur de "perdre du temps", enfin de leur en faire perdre à eux... et je crois aussi qu'en plus d'un manque de confiance en moi,je manque de confiance en mes élèves, j'ai un paquet de loulous (sympas, hein, mais fainéants!!!) que je dois relancer sans arrêt... avec le "frontal", j'ai la sensation de "faire mon boulot", avec eux, il y avait un truc à expliquer, je l'ai expliqué, j'ai "enseigné", j'ai reformulé, on a pratiqué au TBI, sur les ordis, sur les ardoises, seul, à 2, s'ils n'ont pas compris, c'est qu'ils n'ont pas voulu et pas parce que je n'ai pas su les mettre au travail.

Je ne sais pas si je m'explique bien...

[helenel]

J'ai bien ce genre d'élèves dans ma classe, cette année tout particulièrement. Pour arriver à les faire bosser j'ai mis en place une classe coopérative... et ils adorent !!!

Imaginons que ça ne marche pas toujours... dans ta pédagogie frontale, est-ce que ces élèves se mettent au boulot ? Alors pourquoi ne pas tenter autre chose. Je suis loin d'être une super maîtresse mais ce qui se passe dans la vidéo arrive aussi dans ma classe. Un moment où la classe grouille silencieusement, et s'agite en travail ! Ce n'est pas un rêve et je n'ai pas une classe parfaite ! Essaie et tu verras !

Attention, je ne revendique pas une pédagogie frontale, je regrette justement de l'être trop et de ne pas savoir faire autrement!